Follow your fire

By NeoQueenSerenity28

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"Il faut suivre son coeur, suivre sa flamme, faire de notre feu intérieur le phare de notre vie. Quitte à se... More

Un petit mot & TW
Playlist
1 - El : Falling apart
2 - Phoebe : Back home
3 - El : A way out
4 - Phoebe : I need a drink, please.
5 - El : Never let a boy get you down
6 - Phœbe : I knew you were trouble
7 - El : Stand up
8 - El : To smile again
9 - Phœbe : Your fault
10 - El : Fall back and get up again
11 - El : Let's do this
12 - Phoebe : A stranger or a ghost ?
13 - Phoebe : Dance with me
14 - El : Dancing till dawn
15 - Phoebe : Talk to me
16 - El : Not alone anymore
17 - El : Scream if you want to
18 - Phoebe : Good person, good time
19 - Phoebe : I need you
20 - El : Hold me tight
21 - El : Take care of you
23 - Phoebe : Lost without you
24 - El : A full heart
25 - Phoebe : I wasn't ready to say goodbye
26 - El : Where I belong
27 - El : I See You
28 - Phœbe : Afraid of myself
29 - Phœbe : Don't Let The Fear Win
30 - Phoebe : Are You Flirting With Me ?
31 - El : Let there be the light
32 - Phoebe : Better a heartbreak than nothing
33 - El : Feeling the wave
34 - Phœbe : Only You
35 - Phoebe : Are we too far gone ?
36 - El : The final countdown
37 - Phoebe : Cause you make me feel alive
38 - El : Something just like this
39 - El : Whose side are you on ?
40 - El : You lied.
41 - Aspen
42 - Connor

22 - Phoebe : Did you give up on me ?

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By NeoQueenSerenity28

Un poids lourd et chaud sur le bas de mon dos me réveille. Je remue légèrement, mais retiens un gémissement de douleur qui ne fait que me réveiller davantage. Mes muscles sont tout endoloris, et ma tête me fait un mal de chien. Je tente d'ouvrir les paupières, mais mes cheveux brouillent ma vision, et ce que je distingue d'abord n'est qu'une tignasse brune — la mienne, sûrement. Mais je réalise une seconde plus tard, lorsque mes yeux sont adaptés à la luminosité, que ce ne sont pas les miens.

Connor est allongé à côté de moi. Il est encore endormi. Mon souffle se coupe — et je ne sais pas si c'est par peur de le réveiller ou par surprise de le trouver ici, dans le même lit. Je tente de me détendre, pour ne pas le réveiller avec mes mouvements brusques, et me rallonge délicatement. Je n'ose respirer, encore moins bouger. Mes yeux se perdent dans la contemplation de la lumière du matin qui traverse ses mèches brunes, et met en valeur ses longs cils noirs caressant le haut de ses pommettes. Son visage est dénué de toute tension, et cela lui donne un air candide, enfantin. Il est paisible.

Nous sommes tous deux allongés sur le ventre. Je réalise que le poids chaud sur mon dos est son bras — et que nous sommes dangereusement proches l'un de l'autre. Seuls quelques centimètres nous séparent, et je les éprouve comme si une tempête électrique avait lieu entre nos deux corps. J'en ai la chair de poule. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. J'observe avec stupeur la rencontre de sa peau avec la mienne — l'une, mordorée, l'autre, ivoire. Quelques-unes de mes longues mèches châtains recouvrent son bras. Lorsque je redresse légèrement la tête, elles glissent et retombent contre le matelas. Connor remue légèrement, et je me fige.

Ses yeux ambrés me découvrent avec surprise et incompréhension. Les images et les émotions défilent dans ses prunelles encore à peine réveillées. Son regard suit la ligne de son bras sur mon dos, dénudé par mon t-shirt, qui s'est relevé pendant la nuit. Il se fait plus profond, plus noir. Je réprime un tressaillement, tandis qu'une vague de chaleur me traverse, comme si le passage de ses yeux laissait un incendie derrière eux. Un léger sourire relève le coin de sa lèvre, et découvre ses dents blanches. Nous restons un moment silencieux, à nous observer, comme si nous nous trouvions devant un tableau étrange, une photographie qui n'aurait jamais dû exister. Je crois mourir sous le poids de ce silence qui tient en haleine, et après quelques secondes qui paraissent durer une éternité, je murmure :

— Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?

— Comme ça, quoi ? réplique-t-il, l'air de rien, mais une lueur moqueuse éclairant son regard.

— Ce que tu peux être agaçant, ronchonné-je en enfonçant mon visage dans l'oreiller, en espérant que cela suffirait à cacher mes joues roses.

— Tu ne m'as toujours pas demandé de retirer mon bras, pourtant, me fait-il remarquer.

Sa réplique me laisse aussi figée que le marbre. Je rouvre un oeil, et constate qu'il me regarde désormais avec un franc sourire. Cramoisie, je me dégage brusquement, et il ricane. Je secoue la tête, mais ne quitte pas le lit pour autant. Mon corps me trahit — je suis trop bien, là où je suis. Un ange passe, et je m'obstine à ne pas le regarder, concentrant mon regard sur les quatre coins de sa chambre. Malheureusement pour moi, il n'y a pas grand-chose à voir. J'ai rarement vu une chambre aussi impersonnelle. Un mur en béton, des luminaires modernes en métal, des draps gris anthracite, un bureau en verre sur lequel s'amoncellent les classeurs. Je remarque cependant quelques photographies, accrochées au-dessus de sa table de travail, seuls indices sur le propriétaire des lieux. En plissant les yeux pour mieux voir, je m'aperçois que ce sont des photos de la bande, de lui et Aspen, et... de nous deux.

Une sonnerie de téléphone balaie la quiétude de la chambre. Connor émet un grognement agacé, et décroche.

— Oui ?

Une voix grave se fait entendre au bout du fil, mais je suis trop loin pour l'entendre. Je ne mets cependant pas longtemps à connaitre l'identité de l'interlocuteur ; le visage de Connor se ferme complètement, et ses yeux se vident de leurs émotions. Il n'y a qu'une seule personne au monde ayant cet effet sur lui, et c'est son père. James Parker, CEO du cabinet d'avocats Parker & Sons, domicilié à Sydney.

— Oui, Père, je révise. Je serai prêt pour mes examens.

Il ferme les yeux, débitant ses réponses sans trembler comme s'ils les avaient apprises par coeur. À l'autre bout de la ligne, le ton semble monter, car les muscles de Connor se font plus saillants de seconde en seconde.

— Non, je ne surfe pas. Je vous l'ai promis. Père, si c'est pour me faire une énième fois la leçon... Que voulez-vous ? Pourquoi avoir appelé ?

Il y a un moment de pause, puis Connor acquiesce. Sa mâchoire se serre, et il raccroche.

— Qu'y a-t-il ? m'enquis-je.

— Ça aurait pu être pire, soupire Connor en retombant contre le matelas, étirant ses bras derrière lui. Il m'a demandé de sortir le bateau, pour vérifier le bon fonctionnement du moteur.

J'opine, et lui jette un regard désapprobateur :

— Tu ne devrais pas lui mentir.

— La vérité ne fonctionne pas, avec lui, bougonne-t-il. Pour mon père, il n'y a que le droit et son cabinet qui comptent. Le bonheur de son fils est secondaire. Si je dois proférer un petit mensonge une fois par mois, quand je l'ai au téléphone, pour que nous soyons tous les deux tranquilles, alors ainsi soit-il.

— Ce n'est qu'une solution temporaire, reproché-je, en levant les yeux au ciel. Il se rendra bien compte un jour que tu ne travailles pas. Ne serait-ce que parce que l'université va appeler, parce que tes résultats seront en baisse...

— Jusqu'à présent, je m'en sors très bien sans avoir jamais révisé, ou très peu, m'annonce-t-il en quittant le lit, d'un ton irrité. Je suis douzième de ma promo, sans avoir jamais ouvert un cahier. Je suis biberonné à tout ce merdier depuis l'âge où je peux marcher, Phoebe, ne l'oublie pas.

Il enfile et un t-shirt d'un mouvement rapide et agile, et quitte la chambre en m'annonçant faire du café. Je soupire en le regardant s'éloigner, et me décide à quitter le lit à mon tour.

Il est vrai que Connor est très bon pour faire l'imbécile, multipliant les blagues et les plans foireux, révisant au dernier moment — ou pas du tout. Mais au lycée, ses notes étaient exemplaires, le genre qui demande des heures de travail. C'était d'ailleurs quelque chose qu'il adorait me faire remarquer, moi qui travaillais énormément — et autant préciser : je détestais cela.

Ma vision est encore floue tandis que je descends les escaliers, et je dois me concentrer pour marcher droit. Ce n'est pas chose évidente quand on a le sentiment que quelqu'un s'amuse à vous marteler le crâne telle une enclume.

— Tout va bien ?

Connor, sa tasse de café à la main, me regarde bizarrement. Toute trace de son récent agacement a disparu, tandis qu'il quitte la cuisine pour me rejoindre. J'opine, mais ma réponse ne doit pas être très convaincante, car il secoue la tête et murmure un juron. Sans me permettre de protester, il me prend le bras et m'oblige à m'appuyer contre lui. Il m'assoit ensuite sur un fauteuil dans le salon, et me tend ma tasse de café.

— C'est ta tête qui te fait mal ?

— Oui. Mais ne t'inquiète pas, je vais bien. C'est...

— Je savais que j'aurais dû t'y emmener hier soir.

— Connor, bon sang, répondis-je d'une voix agacée, je viens de te dire...

— Je t'ai entendu, me coupe-t-il, sur le même ton.

Nous levons les yeux au ciel, et je sirote doucement mon café. Le salon est si calme que nous pouvons entendre les vagues déferler sur la plage, à travers la baie vitrée ouverte. Une certaine culpabilité me gagne tandis que je détaille le visage de Connor, marqué par l'inquiétude.

— Désolée.

Il me jette un regard, presque surpris que je m'excuse, et me murmure que ce n'est rien. Nous replongeons tous deux dans notre mutisme, avant que sa voix grave ne résonne à nouveau :

— Je t'emmène chez le médecin dans un quart d'heure. Sois prête.

Un grognement retentit dans ma gorge, et je laisse ma tête retomber dans le fauteuil, les joues rouges. Pour autant, je ne trouve pas de quoi le contredire. Je suis la première à savoir, en tant qu'étudiante en médecine, qu'un examen après un ou plusieurs chocs à la tête est important. Même si ces chocs semblent insignifiants.

Une heure plus tard, je ne peux retenir une remarque sarcastique tandis que nous sortons du cabinet médical.

— Tu vois ? Je n'ai rien.

Connor lève les yeux au ciel. D'un mouvement souple, il ouvre sa portière et se glisse derrière le volant. Je m'assois à mon tour, et il grommelle, d'un ton sans appel :

— Je veux quand même t'avoir à l'oeil, aujourd'hui. Tu viens avec moi sur le bateau.

Même si je n'aime pas son attitude vindicative, je ne refuse pas pour autant. Au fond de moi, je suis contente qu'il me le propose. Malgré mes airs, le souvenir de la veille est encore vif dans mon esprit, et sa présence me rassure.

— Tu ne devais pas t'entrainer, aujourd'hui ? articulé-je tout de même, sans laisser poindre mon soulagement.

Il ne prend pas la peine de me répondre à voix haute, et se contente de nier de la tête. Je réfrène mon irritation face à son mauvais caractère, et m'occupe en regardant par la fenêtre. Je réalise alors que je n'ai pas de quoi me divertir sur le bateau — à part le livre que j'ai eu la bonne idée de glisser dans mon sac hier soir, avant de partir au bar. Et, plus embêtant encore, je ne suis qu'en t-shirt. Il a beau faire plus de trente degrés, le vent peut être frais.

— On devrait faire un crochet chez Fallen et Kaia, pour que je cherche un pull.

— Il y a mon sweat dans le coffre.

J'acquiesce, et me retourne vers la vitre. Après quelques minutes, le silence est si pensant que j'allume la radio — mais le manque de réseau la fait grésiller, et je finis par l'éteindre, encore plus agacée. Connor ne dit pas un mot de tout le trajet jusqu'au port de Whitepearl. Lorsque nous montons sur le bateau, je suis à bout :

— Dis-moi ce qui ne va pas.

— Rien.

Je dois me mordre la lèvre pour ne pas répliquer d'un ton sec. Et c'est reparti. Je suis trop fatiguée pour me battre. Même si je n'ai pas de commotion, je ressors tout de même d'hier soir avec un joli souvenir sur le front : un hématome de la taille d'une balle de ping-pong, violette bien comme il faut. Je suppose que je devrais être reconnaissante qu'elle n'ait pas encore viré au jaune ou au vert.

Pendant que Connor s'occupe du bateau — tirant les voiles, enroulant des cordes ou dirigeant le gouvernail — je m'allonge sur l'un des matelas blancs sur le pont, et ouvre mon roman. Je mets un moment à retrouver ma page, et une fois celle-ci trouvée, je me rends vite compte que je ne suis pas concentrée. Je ne fais que lire la même ligne depuis bien vingt-minutes. Et je refuse de croire que c'est à cause du torse nu de Connor, qui transpire juste sous mes yeux. Tandis que j'essaye d'oublier le froid du vent océanique, me ratatinant dans son sweat-shirt, Connor se parade en bermuda, en plein soleil. La vue serait encore plus agréable s'il n'était pas d'une humeur aussi massacrante. Je finis par fermer les yeux, renonçant à l'idée de réussir à lire quoique ce soit aujourd'hui.

Un soupir et l'affaissement du matelas à côté de moi me tirent de ma sieste improvisée. Je me redresse légèrement. Connor est assis à ma droite, se tordant les mains d'un air préoccupé. Il a remis son t-shirt. Je l'observe une seconde, curieuse de découvrir s'il va se décider à parler — tout en ayant bien conscience que ce n'est pas chose facile pour lui. Il n'y a qu'à voir son père, James, pour s'en rendre compte. Ce dernier ne lui aura certainement pas transmis la faculté de communiquer, encore moins sur ses sentiments.

— Il aurait pu te tuer. Ce salaud aurait pour te tuer.

Ses yeux ambre me toisent, et je déglutis. La colère que j'y lis est dévorante.

— J'ai cru que je ne te reverrai jamais... que j'allais te perdre comme j'ai perdu Emy. Je ne pourrais pas supporter de le vivre deux fois.

Mon coeur se brise. Sans un mot, je le prends dans mes bras, et il me serre contre lui, de toutes ses forces — si bien que je suis obligée de lui faire comprendre que je n'arrive plus à respirer. Il desserre sa prise, mais ne me lâche pas.

— Je ne t'abandonnerai jamais, Connor. Même quand je suis partie pour Sydney. Je ne t'ai jamais abandonné.

— C'est faux.

Il ricane, et je me détache, les sourcils froncés.

— Connor. Non, je...

— Arrête, Phoebe. Tu me connaissais mieux que personne. Tu as vu que j'étais seul, que je n'allais pas bien. Tu as toujours su voir au travers de mes mensonges. Sauf que cette fois, tu n'as pas réagi.

Je hoquette, partagée entre l'envie de hurler et celle de pleurer.

— J'étais en deuil, moi aussi, au cas où tu l'aurais oublié...

— Oh, je t'en prie, tu n'as pas lâché une larme, m'interrompt-il d'une voix grinçante. Vous n'étiez pas aussi proches.

— Bien sûr que si. Tu ne me connais pas aussi bien que tu le prétends pour affirmer une chose pareille. J'ai souffert, moi aussi, sauf je devais gérer mes études, à côté, ma vie. On n'a pas tous le luxe de s'arrêter de vivre et de demander de l'argent à Papa.

Ma main se plaque sur ma bouche. Au moment où je réalise ce que je viens de dire, il se lève d'un bond. Son visage est déformé par la fureur, mais dans ses yeux, ce n'est pas de la colère que je vois. C'est de la douleur. Je lève le bras pour le retenir, sentant les larmes monter à toute vitesse, mais il rejette mon contact d'un mouvement de recul brusque.

— Tu ne sais pas ce que ça fait que d'être obligé d'étudier quelque chose que tu détestes, crache-t-il, tout ça pour répondre aux attentes de tes parents. Toi, tu as le luxe de faire ce qui te plait vraiment. Tes parents avaient à peine assez d'argent pour te payer tes études, mais ça n'est rien pour eux parce qu'ils t'ont toujours encouragée et ils t'aiment. Tu n'as pas idée de ce que c'est que de vivre constamment sous la pression de ne pas être assez...

Il se détourne. Je fais un pas pour me rapprocher, tendant le bras vers son dos pour le ramener à moi, mais il s'écarte et ne recule que davantage.

— Connor... je suis désolée, ce n'est pas ce que je voulais dire...

Ma voix est misérable, mais je m'en fiche. Je guette son regard, et il regarde au loin, agissant comme si je n'existais pas. La frustration et la tristesse me rongent la poitrine, et je pourrais fondre en larmes, de colère ou de chagrin — je ne suis pas sûre. Ma tête en est encore à se demander comment nous avons pu autant dériver, depuis ce matin. Le sourire qu'il m'avait adressé à son réveil me semble maintenant irréel, comme s'il n'avait jamais existé.

— Tu vois ? M'exclamé-je, faisant au mieux pour dissimuler les tremblements dans ma voix. Tu fais ça tout le temps. Dès que quelqu'un essaye de se rapprocher de toi, tu le repousses. Tu agissais de la même manière, il y a deux ans. Tu...

— Quoi, c'est de ma faute maintenant ?

— Oui ! hurlé-je, la gorge serrée. Tu me reproches de ne pas avoir insisté, de ne pas t'avoir aidé, mais comment aurais-je pu ? Tu n'étais pas seulement en deuil, Connor, tu étais... est devenu un connard. L'été dernier, j'ai cru halluciner. Toutes ces filles dans ces bars, que tu prenais et jetais, que tu embrassais à pleine bouche, devant moi ! Même si j'avais vu que tu n'étais pas dans ton état normal, que ce n'était qu'un appel à l'aide... j'étais incapable de faire quoique ce soit.

Son regard change, mais je suis trop ivre de douleur pour m'en préoccuper. Ma respiration est haletante. Je vomis toutes ces pensées noires qui me rendent malade depuis deux ans.

— Pourquoi ? demande-t-il alors, et je crois avoir mal entendu, alors il répète : Pourquoi est-ce que tu étais incapable de faire quoique ce soit ?

Je blêmis. Le bateau est brusquement silencieux. Il attend ma réponse, mais je suis incapable de la lui donner.

Parce que j'étais folle de jalousie. Parce que j'ai vu dans ces filles tout ce que je ne suis pas, tout ce que je n'aurais jamais.

Il s'est rapproché, et je n'en ai rien vu, perdue dans mes pensées. Ses yeux semblent me crier quelque chose, mais, bien que nos corps ne soient qu'à deux pas l'un de l'autre, nos esprits sont si loin.

— Ce n'est pas ce pourquoi qui importe, finis-je par répliquer, d'un ton sec. Ce que je veux savoir, moi, c'est pourquoi tu as agi ainsi ? En quoi est-ce que cela t'aidait ?

Je me recule, et c'est à son tour de baisser les yeux, et d'éluder ma question. Mon coeur bat fort dans ma poitrine, et je crains qu'il ne s'en décroche. Ma tête me fait encore plus mal qu'hier soir, et mes paroles m'arrachent la langue tandis que je lui demande :

— Est-ce que tu étais amoureux d'Emy ?

Il se fige, et me contemple comme si j'avais dit une absurdité. Mes joues sont brûlantes, mais je ne me démonte pas. Je le fixe en retour, sans faillir, attendant qu'il parle. Sa pomme d'Adam roule dans sa gorge, et il croise les bras sur son torse, l'expression un peu folle.

— Sois tu ne comprends rien, soit tu fais exprès de ne pas comprendre... quoiqu'il en soit, je suis fatigué.

Il me dépasse, non sans me donner un coup d'épaule au passage, et se repositionne à la barre.

— Je te redépose sur la terre ferme.

— Parfait. Je veux rentrer chez moi.

— Parfait.

Une furieuse envie de pleurer me fait plisser les yeux, mais je détourne la tête assez vite pour qu'il ne voie pas une larme pointer. Je me laisse retomber contre le matelas, et ramène mes genoux contre mon ventre. J'aimerais pouvoir me départir de son sweat sur mes épaules, mais il fait trop froid. J'inspire et expire plusieurs fois pour calmer le monstre que je sens fulminer dans mon ventre, mais rien n'y fait. Quand nous accostons, je saisis mon sac, retire son pull et saute hors du bateau, sans lui accorder un regard.


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