Mélodie désaccordée

By ClaireTimgorsen

4.3K 699 6.1K

Prête à tout pour s'éloigner de la relation toxique qu'elle entretient avec son petit ami du moment, Thea Løv... More

𝄞 Avant-propos 𝄞
𝄞 Chapitre 1 : Göteborg 𝄞
𝄞 Chapitre 2 : La Suède à l'honneur 𝄞
𝄞 Chapitre 3 - Une journée au studio 𝄞
𝄞 Chapitre 4 : Diana Ekern 𝄞
𝄞 Chapitre 5 : La tournée 𝄞
𝄞 Chapitre 6 : Édimbourg 𝄞
𝄞 Chapitre 7 : Showtime 𝄞
𝄞 Chapitre 8 : Carmen Odden 𝄞
𝄞 Chapitre 9 : Celtic Park* 𝄞
𝄞 Chapitre 10 : Le contrat 𝄞
𝄞 Chapitre 11 : Stockholm 𝄞
𝄞 Chapitre 12 : Un dénouement inattendu 𝄞
𝄞 Chapitre 13 : Dépôt de plainte 𝄞
𝄞 Chapitre 14 : Mauvaise surprise 𝄞
𝄞 Chapitre 15 : Retour à l'hôtel 𝄞
𝄞 Chapitre 17 : Argentina 𝄞
𝄞 Chapitre 18 : Kidnapping 𝄞
𝄞 Chapitre 19 : La pampa 𝄞
𝄞 Chapitre 20 : La positive attitude 𝄞
𝄞 Chapitre 21 : À cœur ouvert 𝄞
𝄞 Chapitre 22 : Vacances bien méritées 𝄞
𝄞 Chapitre 23 : Créations 𝄞
𝄞 Chapitre 24 : Le destin 𝄞
𝄞 Chapitre 25 : Toxicité 𝄞
𝄞 Chapitre 26 : Einar Roed 𝄞
𝄞 Chapitre 27 : Les sœurs de Søren Hedgeland 𝄞
𝄞 Chapitre 28 : Midsommar 𝄞
𝄞 Chapitre 29 : Un show pas comme les autres 𝄞
𝄞 Chapitre 30 : Paris 𝄞
𝄞 Chapitre 31 : Le mariage 𝄞
𝄞 Épilogue : Toutes les histoires ont une fin 𝄞
𝄞 Mots de l'auteure 𝄞

𝄞 Chapitre 16 : Breakfast 𝄞

96 13 152
By ClaireTimgorsen

Point de vue de Thea :

En raison de nombreux tracas, j'ai à peine réussi à fermer l'œil de la nuit. Ce qu'a subi Søren m'est insupportable. Personne ne mérite de vivre ça. J'ai vraiment hâte de quitter la Suède. Peut-être qu'en Argentine, la mentalité sera différente ? Plus avenante ?

Ou peut-être pas. Le pays a accueilli des nazis après la Seconde Guerre Mondiale. Il doit y avoir des pourritures. J'imagine que je le découvrirai bien assez tôt lorsque je débarquerai sur leur sol.

D'une allure déterminée, je prends l'escalier et dévale les marches jusqu'au rez-de-chaussée. Je suis motivée pour faire du sport dès le matin on dirait !

Arrivée en bas, je tire la porte coupe-feu vers moi et pénètre dans le hall spacieux. Seule une femme robuste est affalée sur les banquettes confortables près de l'accueil. Sa position jure d'ailleurs avec son physique impressionnant : sa taille digne d'une Autrichienne et sa forte corpulence.

Je l'aurais davantage vue se tenir le dos droit et la poitrine large et opulente bombée vers l'avant. Les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil qui lui mangent le visage, elle m'observe avec la plus grande des attentions. Son regard insistant, inquisiteur me rend mal à l'aise. Lorsque je passe près d'elle et la fixe de plus près, j'ai l'impression de la connaître.

Son teint pâle et sa tête ronde me disent vaguement quelque chose. Mais où aurais-je pu la croiser ? Hormis assister aux shows de Søren, je sors très peu. C'est donc peu probable.

Je dois m'imaginer des scénarios catastrophes toute seule, me faire des films comme d'habitude. Je ne peux pas m'en empêcher. C'est plus fort que moi. Qu'est-ce-que je peux m'exaspérer des fois...

Je continue mon chemin comme si de rien n'était et rejoins Søren dans la salle privatisée pour nous. Aussitôt, il se fige. Devient livide. Ses lèvres bleuissent. Je ne comprends pas tout de suite et fronce les sourcils. Pourquoi réagit-il comme ça ? Il semble avoir vu un fantôme.

— Thea ! hurle-t-il à pleins poumons alors que je sens un courant d'air derrière moi.

Vite, je fais volte-face. Je parviens à éviter in extremis le coup de poing de la forcenée de l'accueil. Je n'ai en revanche pas le temps de contrer le tacle qui me fait m'écraser lourdement au sol. Encore moins le réflexe pour parer une énième attaque. Tandis qu'elle me saisit par le t-shirt et me secoue comme un prunier, Søren appelle à l'aide. Les prunelles de mon assaillante sont animées par une lueur malsaine. De la bave dégouline de ses babines retroussées. Sa respiration bruyante et saccadée m'effraie.

Elle serait prête à me tuer ! Le cœur battant à tout rompre, je tente de me défaire de son emprise. En vain. Elle a trop de force. Ou c'est moi qui n'en ai pas assez et qui ne peux pas rivaliser.

Prêt à en découdre, Søren se met en position. Il a repris du poil de la bête. Tout n'est pas perdu. Il va me défendre pendant que le personnel rapplique.

— Lâche-la espèce de monstre ! rugit-il.

Avec une facilité déconcertante, l'inconnue accède avec plaisir à sa demande et m'envoie planer sur une des tables dressées. Sous mon poids, les assiettes se fendent, les verres roulent par terre puis se brisent dans un immense fracas.

Je n'aurais pas donné cher de ma peau si les morceaux étaient entrés dans ma chair.

Soudain, j'aperçois un détail qui me remet les idées en place. Sous sa perruque blond platine, une mèche rousse s'est fait la malle. Cette femme qui me disait quelque chose, c'est Ilda.

L'ancienne nounou à enfermer du pauvre Søren ! Mais que fait donc la sécurité de l'hôtel ?

Prenant mon courage à deux mains, je charge sans réfléchir dans sa direction. Il est tout bonnement hors de question qu'elle approche le musicien une nouvelle fois. Elle lui a fait assez de mal comme ça. Ses jambes fléchissent lorsque je lui rentre dedans de plein fouet. Elle vacille, perd l'équilibre tente de se rattraper au vide et m'entraîne dans sa chute.

Advienne que pourra maintenant. Complètement affolé, Søren sort en trombe de la pièce et cherche du secours sans nul doute. Cette seconde d'inattention permet à Ilda de reprendre le dessus.

Avec violence, elle me plaque sur la moquette et resserre ses doigts épais et crasseux autour de mon cou. Pour son âge, elle en a à revendre. J'ai le sentiment qu'elle broie ma gorge, ma trachée. Je suis en train de m'accrocher à la vie mais je crains que ce soit peine perdue. Personne à l'horizon.

Elle resserre encore son emprise. Resserre. Resserre. Puis plus rien.

Dans un cri de rage, elle se débat. Even, Olav, Nils et Lars sont là. Ils se penchent au-dessus de moi. Une voix familière m'appelle. Je dois reprendre mes esprits. C'est terminé. Je ne suis pas morte. De nombreuses formes floues dansent devant mes yeux puis disparaissent. Je vois nettement à nouveau. Je vois Ilda s'éloigner entourée de molosses. Je la vois m'adresser une dernière œillade assassine. Il faudrait que la police s'occupe d'elle. Cette femme est dangereuse.

Søren est en sécurité. Il n'est pas blessé. Il semble bien aller, compte tenu de la situation.

C'est tout ce qui importe pour l'instant. C'est le plus important.

— Comment tu te sens ? m'enquiers-je, d'une voix fluette.

— C'est surtout à toi qu'il faut demander ça, me répond le DJ en s'agenouillant près de moi.

— Je ne sais pas trop.

— Olav, tu peux appeler un médecin ? J'aimerais qu'il ausculte Thea.

— Je m'en occupe. Il faut qu'elle mange. Veillez sur elle pendant que je contacte quelqu'un.

En douceur, Søren me prend sous les aisselles, m'aide à marcher puis m'assoit sur la chaise face à lui. Nils, Even et Lars nous laissent un peu d'intimité. Ils se sont installés près du buffet.

— Tu devrais porter plainte, lui suggéré-je entre deux bouchées.

— Même si c'est ce que je veux plus que tout au monde, je ne peux pas. Tu imagines ? Je ruinerais la carrière de mes parents et la mienne par la même occasion. Ils m'en voudraient, me tiendraient pour responsable d'avoir bousillé tous les sacrifices qu'ils ont faits durant toutes ces années.

— Mais ça ne peut pas continuer comme ça. Regarde à quel stade c'est arrivé. La prochaine étape tu la devines ?

— Ne pense pas à ça. Je suis sûre que ça va rentrer dans l'ordre.

— Non, Søren. Ce n'est que le début au contraire. Cette femme n'est pas normale. Elle va essayer de s'en prendre à toi, de te retrouver par tous les moyens et aller encore plus loin. Elle serait capable de te tuer. Si tu laisses faire, elle n'hésitera pas à revenir à la charge.

— Elle n'est pas Einar. Ne mélange pas tout.

Ses derniers mots ont l'effet d'une douche froide sur moi.

Non seulement il ne me prend pas au sérieux mais en plus il m'attaque sur ce sujet douloureux. Cet épisode dont je me remets difficilement. Et il le sait.

Il a appuyé là où ça fait mal pour qu'on arrête d'échanger de façon abrupte. Il peut être fier. Ça a eu l'effet escompté. Je mange en silence, le nez dans mon assiette et l'ignore superbement. Le médecin m'entraîne un peu plus loin une poignée de minutes plus tard.

Un regard désapprobateur vissé au visage, je me retourne vers Søren une dernière fois et lui montre à quel point il m'a blessée. Je le vois à son expression, il s'en veut.

Les mots ont dû dépasser sa pensée mais le mal est fait.

Peut-être aurons-nous l'occasion d'avoir une discussion avant de partir ? Je l'espère en tout cas. 


Continue Reading

You'll Also Like

2.3K 98 10
" 𝑱𝒆 𝒓é𝒄𝒖𝒑è𝒓𝒆 𝒍'𝒆𝒏𝒗𝒆𝒍𝒐𝒑𝒑𝒆 𝒆𝒕 𝒍𝒂 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒆𝒎𝒑𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒂𝒕𝒕𝒆𝒏𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒆𝒕 𝒂𝒑𝒑𝒓é𝒉𝒆𝒏𝒔𝒊𝒐𝒏 𝒂𝒗𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒍'...
6.9K 736 45
Le sport est une passion, le volley-ball est la sienne. Hector Jaggeron est un lycéen de Los Angeles avec un don pour le volley qui fait de lui le ga...
1.5K 110 23
5 ans. C'était l'âge qu'aurait dû avoir son enfant. 5 ans, qu'elle se retrouvait enfermée dans cet hôpital sans vraiment en comprendre la raison, enc...
1.1M 46.7K 88
Dans les bras d'un autre, je me demande, est-ce que tu m'oublies ?