Je sens comme un truc qui me chatouille le visage. J'ouvre alors les yeux et remarque que c'est la queue démoniaque de Natsu. Je la pousse délicatement et baisse les yeux. Il est paisiblement endormi en boule sur mon torse, le visage enfantin et le poing devant son visage. Je souris, attendri. Alors il s'est déplacé en pleine nuit pour dormir avec moi...
Je le prends délicatement pour pouvoir me lever et le repose sur mon lit. Je pars ensuite m'habiller et préparer mon petit déjeuner. Je mange et retourne ensuite vers le petit démon. Cinq minutes plus tard, il ouvre les yeux et m'agrippe le T-shirt, à quatre pattes au bord du lit et se frottant l'œil. Je suis d'abord surpris mais finis par sourire. Il me lâche, s'étire, et lève le regard vers moi.
Moi : Salut Natsu. Bien dormi ?
Natsu : Oui.
Moi : Alors comme ça tu t'es déplacé cette nuit ?
Natsu : J'arrivais pas à dormir. J'ai vu que toi oui alors je suis venu dormir avec toi.
Moi : D'accord, je vois.
Natsu : Dis, grand-frère ?
Moi : Euh... oui ?
Natsu : On fera quoi aujourd'hui ?
Ses poings sont serrés devant lui, ses yeux sont brillants, comme s'il y avait des étoiles à l'intérieur, et son sourire est jusqu'aux oreilles.
Moi : Gajil viendra ce matin pour m'aider à solidifier ton panier. Et Juvia passera ensuite la journée ici.
Natsu : Génial !
Il court partout avant de buter sur un livre.
Natsu : Oh ?
Il se retourne vers moi, la première de couverture face à moi.
Natsu : C'est marqué quoi ?
Euh...
Moi : Euh bah « Le démon du village maudit ».
Natsu : Tu peux me la lire ? S'te plaît, s'te plaît, s'te plaît !
Son regard illuminé et son grand sourire plein d'espoir me laissent convaincre et je soupire.
Moi : Ouais, c'est d'accord.
Natsu : Ouaiiiiiiiis !
Je m'assois alors sur le lit. Il pose le bouquin à côté de moi, monte sur mes genoux et balance ses pieds joyeusement. Je saisis alors l'histoire et commence la lecture.
S'il me demande de la lui lire, c'est qu'il ne sait pas le faire. Par conséquent, lorsqu'il lisait le manga hier dans le panier, il ne faisait que regarder les images. J'en conclus alors que les effets du sort des conseillers magiques s'étendent bien plus loin qu'on ne le pensait. Ils ont l'air d'affecter le comportement du rose, lui donner celui d'un enfant de cet âge-là. C'est vrai que j'avais remarqué la même chose hier... Peut-être pour l'éducation... Va donc falloir qu'on fasse gaffe. Mais je pense que pour le domaine de la magie, ça ne l'affecte pas vraiment.
Natsu : *chuchote* 'Nii-saaaaan... J'ai envie de faire pipi...
Je soupire, le regard blasé. Effectivement, son comportement est bien affecté... Et je sens que je vais en baver...
Moi : Bon, va aux toilettes et reviens. C'est pas compliqué...
Il acquiesce joyeusement mais je l'entends m'appeler en criant quelques minutes plus tard. Je me lève alors en soupirant et le rejoins.
Moi : Quoi ?
Natsu : Je peux pas monter hehe...
Moi : Ah...
J'avais oublié ce léger détail : sa taille de jeune enfant... Évidemment qu'il ne peut pas y monter...
Je le porte alors pour l'asseoir. Une fois qu'il ait terminé, je le redescends au sol et nous repartons dans la chambre.
Il faudra que je lui achète un mini marchepied pour ce genre de choses.
* * *
On toque soudain à ma porte. Je me stoppe alors dans ma lecture, pose le livre sur le lit et place Natsu à côté pour pouvoir me lever. J'ouvre ma porte et Gajil entre après m'avoir salué.
Gajil : Dis, tu répondais pas à mes messages, tu foutais quoi ?
Moi : Je te signale que je dois m'occuper d'un gosse démoniaque dans mon appart. Si t'es pas content, tu prends ma place et on verra ce que tu en diras. Et puis, j'avais pas envie de saigner des yeux, moi.
Gajil : Dis que j'écris mal tant que t'y es ! En parlant de lui, il est où ? Il dort ?
Moi : Non, il est dans ma chambre. Je lui lisais une histoire.
Il me suit alors jusque celle-ci. Lorsque Natsu aperçoit Gajil, il sourit grandement et se jette dans ses bras en courant. Fin plutôt vers ses jambes.
Ce visage illuminé me fait sourire. Je préfère largement le voir heureux à ce point, plutôt que triste comme la dernière fois. D'ailleurs, avant toute cette histoire, il n'aurait jamais montré un tel enthousiasme à l'égard de Gajil ou encore du mien.
Natsu : 'Nii-san !
Gajil : Euh... Cousin ?
J'éclate de rire. Il est si mal à l'aise ! Pas étonnant, Natsu ne l'avait jamais appelé de la sorte. Des insultes, oui, mais jamais "grand-frère".
Le petit démon lâche enfin la jambe du clouté pour lever la tête vers lui, tout excité, les poings serrés et les jambes légèrement fléchies.
Natsu : Dis, tu connais l'histoire du démon du village maudit ?
Gajil : *sourit* Ce serait pas toi par hasard ?
Natsu : Mais... Mais non... Pourquoi tu es méchant tout à coup...?
En voyant ses yeux s'humidifier, il se met à paniquer.
Gajil : Je-Je plaisantais hein ! Te mets pas à chialer ! C'était une blague !
Le rose se calme puis lui sourit. Je soupire de soulagement et frappe la tête de ce crétin qui s'énerve aussitôt.
Gajil : Eh ! Mais ça va pas ?!
Moi : T'avais qu'à pas le faire chialer. C'était moins une.
Il râle puis baisse le regard vers le rose.
Gajil : Sinon, elle te plaît cette histoire ?
Natsu : Oh ouiii !
On rit et Gajil se retourne vers moi, tandis que Natsu raconte l'histoire en imitant les combats, concentré, avec des onomatopées.
Gajil : C'est pas trop dur ? J'veux dire... Il ne crame rien ?
Moi : Non, pas encore. Ça ne fait que depuis hier qu'il est sous cette forme-là après tout. Mais je n'm'en fais pas. C'est pas ce petit truc qui va incendier mon appart ! Enfin, j'crois...
Gajil : Fais gaffe, le karma pourrait te–
Mon alarme incendie se met à sonner et une odeur de brûlé nous parvient. Je me retourne alors vers Natsu qui se tient fortement les oreilles, les yeux fermés, à cause du bruit. À côté de lui, un livre est en train de brûler. Je jette vite fait un regard à Gajil qui se retient de rire. Je m'avance ensuite lentement vers ce livre en feu, le regard blasé et ennuyé, après avoir soupiré. Gajil, lui, s'occupe de l'alarme. J'utilise ma glace pour éteindre le feu et empoigne le bouquin. Je me retourne face à Natsu qui retire ses mains de ses oreilles. Il ne lui faut que quelques secondes pour réaliser la situation. Il lève alors le regard vers moi mais le baisse immédiatement, le visage triste et le regard coupable.
Natsu : Pardon... 'suis désolé...
Je soupire une énième fois avant de sourire.
Moi : C'est rien. Ce n'est qu'un livre heureusement. Et puis je pense que l'alarme et la perte de ce livre t'ont suffit comme leçon. Pas vrai ?
Il hoche timidement la tête et je pose ma main sur ses cheveux.
Gajil : Tu as raison. Ce petit truc ne devrait pas incendier ton appart.
Moi : Garde ton sarcasme pour toi, crétin...
Il se marre et c'est là que je remarque l'absence de Natsu. Je le cherche alors du regard et l'aperçois au loin en train de monter sur la commode. Je m'avance alors vers lui d'un air ennuyé et l'attrape par la taille pour le poser par terre.
Moi : Mais qu'est-ce que tu foutais toi ?
Natsu : Bah je montais sur l'armoire ! Je voulais m'entraîner à sauter ! *chuchote* On sait jamais...
Moi : *soupire* Déjà, c'est une commode... Et tu pourrais te blesser.
Natsu : D'accord. Donc il faut pas monter sur les armoires...
Moi : C'est une commode !
Ce gosse n'apprendra jamais rien !
Il me sourit et j'ai subitement une idée.
Moi : Dis, et si tu dessinais ? Tu pourrais faire un joli dessin pour Gajil, non ?
Son sourire s'agrandit davantage, ce qui me suffit comme réponse. Gajil, lui, me lance un regard peu serein. Je vais alors lui chercher des feuilles ainsi que des crayons et il se met par terre pour commencer son œuvre.
Gajil : Bref, nous aussi on devrait se mettre au boulot, non ? Son panier ne se solidifiera pas tout seul.
Moi : T'as raison, aller, au boulot !
On se met alors au travail, lui usant de son acier pour le renforcer, et moi utilisant ma glace pour le refroidir. Deux heures plus tard, le résultat est plaisant. Je me retourne alors vers Natsu pour lui dire que c'est terminé mais fronce les sourcils, pensant comprendre ce qu'il fait.
Il est assis en tailleur, et il semble très concentré à dessiner, mais sur ses mains. Je soupire, fatigué, et m'avance vers lui, tandis qu'il met le crayon à sa bouche, puis sa main.
Eh bah ça n'a pas tardé on dirait...
Moi : Eh, dis donc toi... Tu crois vraiment que c'est là qu'il faut gribouiller ? Ta feuille n'est même pas remplie...
Il lève le regard vers moi, toujours sa main dans sa bouche.
Natsu : Z'ai... Débodé...?
Moi : *un sourire amusé* Oui... bien-sûr Natsu... Je vais te croire... Bon, aller, viens là, on va te nettoyer ça. Et ne mets pas tes mains à ta bouche, imbécile... Ce n'est pas propre et puis on comprend rien à ce que tu dis...
Je l'emmène donc dans la salle de bain après lui avoir retiré le crayon des mains et avoir fait une grimace, et le porte pour qu'il puisse se laver les mains.
Moi : C'est pas mieux comme ça ?
Natsu : Si.
Moi : Aller, va rejoindre Gajil. Je nettoie l'eau que t'as foutu partout et j'arrive.
Il s'en va alors en courant et je nettoie ses conneries.
Lorsque je retourne auprès du clouté, Natsu n'est pas là.
Oh putain, faut que je le retrouve avant qu'il ne se blesse !
C'est dans la cuisine que je le vois, près de l'aquarium. Trop près. Beaucoup trop près. J'avance alors d'un pas rapide pour l'en éloigner et je l'aperçois alors avec la bouffe pour poisson entre ses mains et je comprends qu'il vient de s'en mettre dans la bouche.
Moi : Non non non non non Natsu ! Faut pas manger ça, c'est pas bon ! Aller, faut que tu craches ça !
Il crache alors, mais à mes pieds.
Merde, j'ai pas précisé où...
Je retire mes chaussures tandis qu'il lève le regard vers moi, l'air de se demander si c'est bon ou pas, si c'était bien ça qu'il fallait faire. Même s'il me fait tourner en bourrique depuis ce matin, je ne peux pas m'empêcher de le trouver chou à croquer avec son regard si innocent et son expression si calme. Pourquoi les enfants mettent toujours tout à la bouche sérieux...?
Je réalise ensuite qu'il est toujours aussi près de mon aquarium et j'aimerais bien qu'il survive à ce gosse... Alors je prends Natsu dans mes bras et retourne dans la chambre.
Natsu : J'allais nourrir les poissons ! Ils ont faim !
Moi : Ah oui ? Je pense plutôt que c'est toi qui a faim...
Natsu : Mais je voulais voir les poissoooooons !
Moi : Tu peux les voir, oui, mais pas trop près. Loin c'est super aussi.
Soudain, j'entends toquer à ma porte. Natsu toujours dans mes bras, je l'ouvre et fais en sorte que le rose ne soit pas exposé à la lumière solaire, lui se blottissant dans mon cou. Juvi' entre ensuite après un bisou et je ferme la porte. Et oui, Juvia et moi on sort ensemble. Cela depuis hier soir. Vous vous en souvenez ?
Juvia : Bonjour Grey-sama et Natsu-san.
Moi : Salut mon ange.
Natsu : Bonjouuuur !
Elle rit de son si beau rire cristallin et part poser son sac près de mon armoire. Je dépose alors Natsu, et Gajil, intrigué, nous rejoint. Il salue alors son amie de Phantom Lord avant de m'annoncer qu'il allait partir, sous la mine triste du rose. Je le salue alors également et conduit ma belle dans mon appart pour lui faire une visite, après avoir déposé l'enfant.
Lorsque nous avons terminé, nous allons dans la cuisine pour boire un peu en discutant. Soudain, Natsu débarque, ses vêtements ayant changé.
Tiens... Ces vêtements me disent quelque chose...
Juvia : Ce ne seraient pas les habits de Grey-sama ça ?
Elle rit et je réalise ses paroles. Si. Si si, ce sont bien les miens... Il porte un de mes shorts qui lui fait un pantalon et un T-shirt bien-sûr trop grand.
Moi : *amusé* D'où tu vas fouiller dans mon armoire toi...
Juvia : Il ne faut pas mettre les affaires de Grey-sama, Natsu, c'est pas adapté pour toi...
Natsu s'en va alors en courant. Dix minutes plus tard, on l'entend pleurer. On court alors voir ce qui lui arrive, moi ayant peur qu'il se soit blessé. On le retrouve dans ma chambre, allongé sur le ventre par terre et en pleurs, mais le plus surprenant c'est qu'il porte une robe de Juvia, qui est évidemment trop grande pour lui. Je comprends alors qu'il a volé cette robe et l'a mise mais est tombé en trébuchant. J'explose alors de rire avec Juvia devant ce sacré phénomène avant de le relever et le consoler dans mes bras. Il finit par se calmer et Juvia sort de la chambre pour que je puisse le changer. Je vais ensuite rejoindre Juvia après avoir assis Natsu sur le tapis avec des livres.
Une heure plus tard, je vais vérifier si tout va bien du côté du démon, mais tout ce que je trouve, ce sont les livres en bordel ainsi que la boîte de maquillage de Juvia ouverte. Je me tape alors le front et secoue la tête. Incorrigible...
Je rejoins alors Juvia dans la cuisine pour lui demander si elle l'a vu. Question inutile, puisqu'il est justement là, un rouge à lèvre rouge dans les mains.
Natsu : C'est quoiiiii, grande-soeur ??
Juvia : Euh... un rouge à lèvres.
Elle rit et je me poste derrière le petit garçon, les poings sur les hanches et le sourire moqueur.
Moi : Alors comme ça, tu aimes le maquillage de Juvi' ?
Il incline sa tête en arrière et me regarde avec ses grands yeux verts. Il se retourne ensuite et lève le rouge à lèvres.
Natsu : Mais non 'Nii-san ! C'est pas ça ! C'est du rouge à lèvres ! Pfff... N'importe quoi !
Moi : T'es vraiment un petit voyou toi... Tu voles les autres...
Natsu : Moi ?
Je ris puis rends le rouge à lèvres de ma sirène. Elle m'embrasse ensuite et je me retourne vers le petit démon. C'est là que je le vois fouiller, sur la pointe des pieds, dans un des tiroirs de la cuisine, puis en sortir un couteau. Nos yeux s'écarquillent et je m'empresse de le lui reprendre et de le ranger. Je me poste ensuite contre le tiroir pour l'empêcher de le ressaisir.
Moi : Wow wow wow ! Non non non Natsu ! Faut pas toucher à ça ! C'est dangereux !
Natsu : Mais... Toi tu le fais bien !
Je n'arrive pas à croire que je vais dire ça...
Moi : Oui mais moi je suis grand ! Je sais m'en servir ! Mais entre les mains d'un enfant, c'est trop dangereux !
Il faut vraiment que je fasse plus gaffe à lui. J'ai tendance à oublier qu'à présent, il est un enfant, et que par conséquent, il est plus fragile et curieux qu'avant. Les enfants ont tendance à s'amuser avec tout ce qu'ils trouvent et à imaginer les bêtises les plus improbables qui soient. Il ne faut pas que j'oublie ça. Je comprends maintenant la frustration des parents...
Moi : Et... Et si on jouait aux cartes ? Ça occupera Natsu et il évitera de se faufiler pour continuer ses conneries.
Juvia : Excellente idée !
Moi : Tu veux bien le garder le temps que j'aille chercher les cartes ?
Juvia : Oui, avec joie ! Il est si mignon !
Elle le pose alors sur ses genoux et je pars chercher le paquet de cartes à jouer.
Une heure plus tard, la partie se termine sur une victoire de ma princesse aquatique.
Moi : Toutes mes félicitations, ma belle ! T'es vachement forte !
Juvia : Juvia trouve que tu es très fort aussi, mon cœur !
Natsu : 'Nee-saaaaan ?? Est-ce que toi et 'Nii-san êtes amoureux ?
Nous nous mettons à rougir de plus belles. Ce gosse n'a aucun filtre... Il manque de tact on dirait... En tout cas, plus qu'avant...
Juvia : Et bien, on...
Moi : Oui. On est faits l'un pour l'autre.
Elle me sourit et Natsu agite ses jambes en applaudissant et le grand sourire sur le visage.
Natsu : Vous êtes amoureux !!
Juvia : Au fait, Grey-sama ? Pourquoi Natsu nous appelle frères et sœurs subitement ?
Moi : Bonne question...
Natsu : Bah, vous êtes ma famille !
Je...
Moi : Natsu, seuls les démons et les ennemis de la guilde sont tes ennemis. C'est-à-dire que le reste de la population, la guilde et les autres guildes alliées sont tes amis. Ou plutôt, comme des membres de ta famille. Donc tu dois les protéger et non leur faire du mal, d'accord ?
Mais oui ! Il a dû entendre et assimiler mes paroles ! Elles ont eu de l'effet ! Par conséquent, il nous voit tous comme sa vraie famille ! Ce qui explique sa tendance à nous nommer ainsi !
Moi : Il a dû adopter dans sa vision des choses mes paroles d'hier soir après les avoir entendu dans son sommeil. Je lui ai expliqué qui étaient ses véritables ennemis et que nous étions comme sa famille.
Juvia : Juvia voit... Alors il nous voit de cette façon. C'est rassurant.
Je confirme. Le Conseil ne devrait pas mettre trop de temps à comprendre qu'il n'est nullement une menace, mais un atout. Et puis, ce n'est pas lui la menace pour les autres, mais ses conneries pour lui-même... J'en ai fait l'expérience aujourd'hui...