Lorsque j'ouvre les yeux, je m'assois et m'étire en bâillant. Je regarde face à moi vers la cellule. Mais qu'est-ce qu'il fout ? Et puis, il est déjà réveillé ?
Natsu est dos à moi, assis sur les genoux et les mains sur le sol devant lui, ce qui fait qu'il est légèrement penché en avant. Et sa queue, elle est remuée de droite à gauche à une vitesse assez lente. Je me repose la question, qu'est-ce qu'il est en train de faire ? Il regarde quoi ?
Je me lève en silence et contourne la cellule vers le côté pour voir ce qu'il fait. Je me fige soudain, désespéré, comme refroidi. Alors il m'avait pris au sérieux hier ? Mais je faisais que plaisanter !
Il est en train de lire les histoires pour gamins... Je les ai sûrement embarqué involontairement hier avec les autres bouquins.
Je me tape le front, exaspéré. Il est vraiment incorrigible... Et le pire, c'est qu'il semble apprécier, vu les mouvements de sa queue...
Moi : Salut Natsu ! T'es vachement matinal aujourd'hui !
Il sursaute et manque de tomber en avant, mais se prend la paroi. Il se redresse, accroupi, se tenant le front rouge, et la queue relevée, l'extrémité enroulée.
Natsu : Aïe... Eh ! T'aurais pu prévenir ! Tu m'as fait peur !
Moi : Désolé, j'étais curieux de savoir ce que tu faisais. T'es au courant que je rigolais quand j'ai dit ça ?
Natsu : Quoi ? Les histoires ? Euh... Ah ouais ? Hehe...
Moi : Bon, tant que ça te plaît... J'vois pas pourquoi je m'y opposerai.
Natsu : Eh, tu savais que cette maison était comestible ? J'suis trop jaloux ! J'veux la même moi !
Moi : Tu parles d'Hansel et Gretel ? Tu sais que lorsque j'ai lu ce livre, j'avais cinq-six ans ?
Natsu : Ouais, j'en rêverai ! Une maison qui se bouffe, j'en bave déjà !
Il ne m'a pas écouté...
Moi : Tu sais que c'est un piège... Pour les petits enfants trop gourmands, comme toi.
Natsu : Pas si tu bottes le cul du méchant. Tu fais d'une pierre deux coups !
Moi : M'ouais... Si tu l'dis... Oh, d'ailleurs, il serait temps de te retirer tes bandages, tu crois pas ?
Natsu : Ouais, j'suis totalement guéri.
Moi : Aller, viens. Tu peux sortir, j'vais te les enlever.
Il me sourit de son fameux sourire de trois kilomètres et je le libère. Il retire son haut et je me souviens d'un coup de l'objet de Levy. On ne lui a pas encore mis. Certes sa magie est bloquée, mais bon.
Moi : Je vais en même temps te mettre l'artefact de Levy, d'accord ?
Natsu : Ouais ouais, t'inquiètes. Vas-y.
Je le lui place alors, lui retire les bandages, et il renfile son T-shirt. Il n'est seulement vêtu que d'un T-shirt vert, un short rouge bordeaux, et il est pieds nus.
Natsu : Merciiiiii !
Moi : Tu veux - Ah oui c'est vrai... Tu ne peux pas... Le temps que je déjeune, tu n'as qu'à faire ce que tu veux. Mais je te préviens, ne casse rien, et surtout, pas de craies sur mes murs, merci.
Natsu : Roh ça va, j'pensais que ça marchait pas sur les murs mais que sur les feuilles ce jour-là...
Moi : Tu sais quoi ? Profite plutôt de ce temps pour réfléchir à comment cacher ta queue. Ensuite je me préparerai et on ira à la guilde.
Il râle un peu et retourne vers la chambre. Je soupire et me mets au boulot.
J'étais en train de me changer quand il apparaît en trombes, freinant avec ses pieds. Il sautille sur place, ses genoux légèrement repliés, sa queue secouée de partout, les poings serrés sur les côtés, et le sourire jusqu'aux oreilles. Je l'ai pas vu si enthousiaste depuis un bon moment, ça m'intrigue.
Natsu : Grey ! Grey ! Grey !
Moi : Oui Natsu ?
Natsu : J'suis trop content !! J'ai trouvé !! J'ai trouvé la solution et tout seul !!
Moi : Ah ouais ? Montre.
Il relève son haut.
Natsu : Tadaaaaa !!
Sa queue est enroulée autour de son torse. Je souris, fier. Pas con comme idée. Simple et efficace. À mon sourire, il devine mon avis positif et il saute en criant de joie.
Moi : Haha, aller, va te préparer, idiot.
Natsu : Tout de suite !
Et il repart, aussi rapidement qu'il est arrivé. Je ne sais jamais réellement quoi penser de lui. Parfois il est fatiguant, parfois mignon, parfois sérieux, ce qui est plus rare, mais surtout, très con.
Je finis de m'habiller et pars le rejoindre. C'est admirant dehors par la fenêtre fermée que je le retrouve, la queue baissée. L'extérieur lui manque on dirait. Il porte le même survêtement rouge et noir que la dernière fois. Alors il lui plaît vraiment hein ?
Moi : T'inquiète pas, va. Tu vas pouvoir aller dehors, dans deux minutes, le temps qu'on se chausse.
Il se retourne et me sourit.
Natsu : Dis-moi... À part l'équipe... Qui est au courant pour moi et E.N.D. ?
Moi : Arrête de te tracasser, il n'y a que l'équipe, Mest, et le Vieux. C'est tout. Personne d'autre. Même pas Guildarts, Luxus ou Mira.
Natsu : Je vois...
Je lui ébouriffe les cheveux avant de prendre mes chaussures et de me les mettre.
Moi : Ah, et on dit "E.N.D. et moi". Pas "moi et E.N.D.".
Il me regarde, ennuyé, avant de m'imiter et cacher sa queue. Nous sortons ensuite pour la guilde. Je pose ma main sur la porte mais me retourne vers lui sans l'ouvrir.
Moi : Rappelle-toi que tu es sous ma responsabilité. Donc tu restes à la guilde et tu n'en sors pas tant que je ne te l'ai pas dit.
Il acquiesce et je poursuis.
Moi : Et garde ton côté démoniaque en laisse. N'oublie pas que seule une petite partie de la guilde sait pour ton pouvoir donné par ton frère. Les autres pensent juste à des pertes de contrôle dûes à l'amélioration de ta magie. Alors, garde à l'esprit que tu dois te maîtriser. Qui sait ce qui pourrait se passer si tu laissais à nouveau ton pouvoir te consumer. Même si ta magie est bloquée, tu restes un mage très fort et E.N.D. peut très bien prendre le dessus.
Il baisse le regard et acquiesce encore. Je pose ma main sur son épaule et lui souris. Il y répond de la même manière et j'ouvre les portes.
Erza : Salut, alors comme ça tu l'amènes déjà ? Tant mieux.
Moi : Ouais, il est aussi inoffensif qu'un enfant en basage.
Natsu : Eh !
Gajil : T'énerve pas, l'animal.
Natsu : Grrr...
Gajil pouffe derrière sa main, ce qui énerve encore plus le rose.
Erza : Bref, Grey j'ai besoin de te voir. Natsu, tu veux bien nous laisser s'il te plaît ?
Moi : On sera pas longs, promis.
Il acquiesce et part s'asseoir à une table où y'a personne. Je suis ensuite l'écarlate avec le reste de l'équipe.
Erza : Alors ? Jusque-là, tout va bien avec Natsu ?
Moi : Oui, parfaitement. Il est comme d'hab' à peu près.
Lucy : À peu près ?
Moi : Depuis qu'il s'est réveillé, il est beaucoup plus émotif, mais jusque-là rien de grave. Ce matin, il était tout excité juste parce qu'il avait trouvé tout seul une soluce pour cacher sa queue.
Erza : Je vois... D'un côté, c'est avantageux, mais de l'autre, c'est embêtant...
Moi : J'en suis venu à la même conclusion. Ça pourrait représenter un point faible. Mais aussi un repère pour savoir ce qu'il ressent.
Lucy : Hm. Ça risque de nous compliquer la tâche...
Notre discussion se termine quinze minutes plus tard et nous nous séparons. Lorsque je me retourne vers Natsu, je remarque qu'il parle tout seul. Je le rejoins et le salue et il sursaute.
Natsu : Tu m'as fait peur, enfoiré !
Moi : Qu'est-ce que tu baragouines, tout seul ?
Natsu : Euh... Je... Je réfléchissais... C'est tout. Je réfléchissais à comment m'entraîner à me maîtriser. Hehe...
Moi : Oh, bonne initiative ! Je vais voir Levy pour savoir comment régler ton problème de nutrition. Je reviens.
PDV Natsu
- Alors il est parti ?
Moi : Ouais...
- Sinon, tu disais ?
Moi : J'comprends pas... On est pas censé avoir fusionné ?
- Si, on a fusionné justement.
Moi : Bah alors qu'est-ce que tu fous là ? Tu n'es pas censé apparaître de façon détachée à moi.
- Bah justement, je me pose aussi la question.
Moi : Attends... Tu veux dire que tu sais pas non plus pourquoi tu es là depuis avant-hier ?
- Bah ouais, je n'en ai pas la moindre idée.
Moi : Ah bah on risque pas d'avancer...
- Mais bon, je vais pas m'en plaindre. Au lieu de discuter dans ton subconscient, on peut le faire en face à face.
Moi : C'est surtout toi qui tenait à fusionner...
- Pas faux. Mais tu n'as pas l'air si malheureux, après tout.
Moi : Comment ça ?
- Tu t'es rapidement familiarisé avec ta nouvelle apparence. Et puis, tu as été capable de protéger ta chère blonde.
Moi : Ouais... Tu n'as pas vraiment tort...
Grey : Natsuuuu ! J'suis de retour !
Moi : Ah ?
Grey : Ouais, elle y réfléchit et me contactera lorsqu'elle aura la soluce.
Moi : D'accord, merci !
Grey : Y'a pas d'quoi. De la pêche, ça te dit ?
Moi : Ouais ! J'pêcherai un plus gros poisson qu'toi !
Grey : Ah bah pour ça va falloir déjà arriver à en attraper un seul.
- Il a pas tort.
Moi : Tss. La ferme.
Grey : Arrête de râler et viens...
Moi : Ouais !
Je le suis donc jusque la rivière de d'habitude.
Grey : Tu t'es amélioré niveau concentration ?
Moi : Tu sais, ma concentration était perturbée à cause d'E.N.D. Plus précisément les changements de couleur de ma magie.
Grey : Ah je vois.
Moi : À cause de lui j'me suis fait électrocuter...
- Et glacer !
Ta gueule.
Grey : J'en ai encore envie de rire. La gueule que t'avais ! Mort de rire !
Moi : J'aimerai t'y voir toi.
- Du con.
Grey : Eh ! En attendant, c'est pas moi qui ai lu des histoires pour enfants !
Moi : Pff... Ouais, mais Hansel et Gretel, c'est un beau texte !
- Et j'aime bien moi !
Grey : M'ouais... Oh ! Ça mord !
Moi : Sale chanceux...
- On va se le faire, ce tricheur...
Grey : C'est pas de la chance, t'as juste le karma.
Au final, il en a pêché qu'un et moi pas un seul. On a passé toute l'aprèm à cette activité.
Gajil : La Salamandre à la pêche... J'ai envie d'voir ça tiens !
Moi : Arrête de te foutre de ma gueule !
Gajil : Ça tombe bien, ton papa Grey est avec Erza, j'vais pouvoir me mesurer à toi !
- On se le fait ?
Moi : Ouais !
- Et si tous les coups étaient permis ?
Moi : Non, tu n'emploies pas ce genre de moyens !
Gajil : Hein ?
- Et pourquoi pas hein ? Tu sais, j'ai beaucoup apprécié le combat qu'on a mené contre ce mage meurtrier. C'est plus fort que moi, j'veux recommencer. Aller, j'te promets que je ne le tuerai pas. Il sera pas trop amoché.
Moi : Non non non et non !
E.N.D. empoigne le couteau qui se trouve sur la table à côté.
Gajil : Euh... J'crois pas que "ne pas trop m'amocher" convient bien à la situation là...
Moi : Tu n'as aucunes chances ! Gajil est bien trop fort, tu ne le vaincras pas !
Gajil : Ton compliment me touche mais n'est pas dans le bon contexte...
- Tu rigoles ? Face à moi, c'est lui qui n'a aucunes chances ! Il est faible ! Bien trop faible !
Gajil : Euh... merci... Faudrait savoir...
- Te fais pas de soucis, ça ne sera pas douloureux.
Moi : Non !
J'essaie de l'en empêcher mais il se jette sur le Clouté, bien décidé à le toucher. Heureusement, il le loupe, à chaque fois, parfois de peu. Mais il revient à la charge, et ses coups deviennent de plus en plus rapides.
Moi : Arrête !!
Gajil : *esquivant* Mais à qui tu parles à la fin ?!
Le démon se stoppe mais garde le couteau en main.
Moi : Bah à lui, E.N.D. ! À ton avis, c'est lui qui s'est jeté sur toi avec cette arme !
Gajil : E.N.D. ? Mais voyons Natsu... Il y a personne... Il n'y a que nous deux...
Makarov : Natsu !! Lâche ce couteau, s'il te plaît. Reprends-toi !! Tu crois vraiment que le blesser va arranger les choses !! Il te contrôle et te manipule pour ses intentions !! Te laisse pas faire !!
Il se met à tousser et Mirajane se précipite vers lui.
Je sursaute et regarde ma main. Le couteau s'y trouve. Je le lâche et il tombe dans un bruit sourd. Mon regard est choqué et je tremble. E.N.D. a disparu.
C'est pas possible... Il était là. Juste là ! Mais pourtant... Gajil semblait entendre ses paroles...
Je relève mon regard perdu vers Gajil, qui s'essuie la joue. E.N.D. a réussi à le toucher plusieurs fois, vu les quelques petites coupures qui le parcourent...
Moi : J'comprends plus rien... Il était là...
Gajil : Natsu, ce que tu pensais que ce démon faisait et disait, c'était en réalité toi. Tu dois te contrôler. Ne le laisse pas t'avoir avec de belles paroles. C'est le propre des démons.
Mirajane : Oh non, son problème cardiaque l'épuise et revient ! Maître, reposez-vous ! À ce train là... Vous ne pourrez plus user de la magie.
Ces paroles me font comme un choc. Une main se pose sur mon dos.
Grey : Aller, viens, on rentre.