Les mots de Kiran tournent en boucle dans ma tête. Est ce que je lui fais confiance? Malheureusement, oui, je lui fais confiance. J'ai envie de lui répondre que oui je lui fais confiance. Cependant la doctrine de mon grand-père revient au galop dans mon esprit et me rappelle de mauvais souvenirs. Comme le nombre de fois où j'ai pu faire confiance à des personnes que je ne connaissait pas assez (pendant nos entraînements) et ils m'ont pratiquement tous conduis à la mort et la souffrance.
Ma cicatrice vient peut-être d'un de ces trucs là. Mon cerveau bouillonne de réflexion. J'ouvre la bouche plus vite qu'il ne réfléchit. Trois lettres sortent de mes lèvres. Je les regrette déjà quand les bras de Kiran quittent mon corps. Sa chaleur n'est plus là. Il ne prononce pas un mot en se retournant mais je sais qu'il est déçu. Je le suis aussi.
Putain, quelle conne tu fais Déliha. Tu as peur certes mais il pourrait t'apprendre. Il pourrait te montrer ce que ça fait d'être aimé. Parce que oui... ce n'est plus qu'une stupide question d'amour. J'ai enfin compris et merde, j'ai tellement peur. Je ne sais pas ce que ça fait d'être aimé ou du moins j'ai oublié et effacé parce qu'il n'y a que ma maman qui m'aimait pour de vrai. Je sais que les garçons m'aiment mais pas d'un amour....comme ça. Je ne sais pas comment l'expliquer. Les garçons m'aiment d'un amour fraternel. Du genre, je peux me prendre une balle pour toi mais tu peux rêver que je te passe mon verre d'eau. L'amour que Kiran veut m'offrir est bien différent de celui-ci. Je le sens et ça me fais peur. Je dois lui parler mais je veux mettre mes idées aux claires. Je pourrais lui parler que de cette façon.
Kiran s'est déplacé jusqu'au lit. Je le rattrape facilement. Ma main se pose sur son poignet. Il me regard avec des yeux interloqués mais blessés à la fois par ce mot qu'il a entendu. Il ne se retire pas de ma prise tant mieux je ne veux pas me battre. Je fais ce que je voulais faire. Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un baiser rapide et enfantin sur ses lèvres charnues. Je libère son poignet de ma prise et sors de la chambre sans me retourner. Des milliers de questions sont en train de lui traverser l'esprit. En referment la porte, je prononce juste quelques mots.
- Je promets de répondre à tes questions prince. Mais, plus tard.
Je ne sais pas s'il m'a entendu mais je file dans ma chambre. Je défait le peignoir et enfile rapidement des fringues. Ce qui consiste en un jean et mon tee-shirt de sport qui traîne. Je me retrouve dehors avec mon casque à la main. Il est tard mais j'ai besoin de parler à une personne bien précise. Tout le monde pense que c'est Fin, parce qu'il est mon frère et que c'est plus simple de se confier à lui sur ce que je ressens. Mais non, je ne vais pas parler à Fin, je vais voir Morgan.
Morgan a une histoire difficile. Ses parents sont morts dans un accident de voiture quelques mois après sa naissance. Depuis, il a été ballotté entre foyer et famille d'accueille. La plupart du temps, les familles où il était envoyé, étaient violentes avec lui. Il ne recevait pas d'amour. Sur le plan sentimental, on est (presque) pareil. Il ne montre pas ses émotions, je ne pourrais pas décrire ce qu'il ressent à moins que je prenne dix minutes pour l'analyser. Bref, c'est lui qui comprendra le mieux ce que j'ai à lui raconter du moins je l'espère. Le trajet entre mon domicile et le sien est rapide. Je gare ma moto nonchalamment sur le parking de l'immeuble où il vit. J'analyse comme toujours ce qu'il se trouve autour de moi. Il n'y a qu'une voiture que je ne reconnais pas. Des nouveaux voisins ou des invités, je suppose. J'appuie sur le bouton de l'interphone pour qu'il puisse m'ouvrir. Je sais qu'il est tard, qu'on est jeudi soir mais c'est pas grave. Demain est notre dernier jour de cours de la semaine et Morgan ne dort pas beaucoup, pratiquement jamais. La porte s'ouvre. Je grimpe au deuxième étage. Je toque à la porte. On m'ouvre.
Ce n'est pas Morgan qui m'ouvre mais un garçon blond de son âge.
- Heu... Salut, je croyais que c'était Morgan. Je pensais qu'il avait oublié son Badge comme d'habitude. Tu es ?
- Salut, Morgan n'est pas là ?
- Non, il est sorti faire un footing, Y'a vingt minutes à peu près.
- D'accord. Euh, je vais y aller. Pas grave.
- Attend, tu veux l'attendre, il rentre dans dix minutes, je pense.
- Je veux pas te déranger.
- T'inquiète, entre. Je vais pas te laisser sur le pallier...Heu
- Ah, oui, mes bonnes manière. Déliha Daumann
- Déliha, enchanté de faire ta connaissance. Morgan parle souvent de toi et du gang. Il aimerait que je l'intègre pour que je partage au plus son quotidien mais de l'autre côté il a trop peur pour moi.
- Tu es qui ?
- Je m'appelle Priam.
- Enchanté Priam.
Le jeune homme me conduit dans l'appartement de Morgan. Je n'ai jamais vu cet homme avec Morgan mais je suis sure de l'avoir déjà croisé sur le campus, les maigres fois où j'y suis allée depuis la rentrée. L'appartement est différent des fois où je suis venue. C'est à dire pratiquement jamais et jamais à l'improviste surtout. Morgan préfère qu'on le prévienne quand on passe. Son appartement contient quelques photos sur les murs. Il y a toujours la même bibliothèque qui sépare le salon de la salle à manger. Des vêtements que Morgan ne porterait jamais à moins d'y être forcé sont en train de sécher. J'ai l'impression de découvrir un nouveau Morgan. C'est étrange et déstabilisant. Priam me laisse faire le tour de l'appartement. Je le rejoins dans la cuisine où il se sert un verre d'eau.
- Tu veux un truc ?
- Non, merci. J'ai une question ?
- Vas-y dis moi ?
- Tu vis ici ?
- Bien sûr que je vis ici. Ça va faire deux ans, pratiquement.
- Sérieusement ?
- Bah oui, un problème ?
- Non, pas de problème. C'est juste que Morgan nous a jamais parlé de toi. C'est tout.
- Oui, il ne veut pas.
D'accord, Morgan vit avec un mec inconnu du bataillon. Il souhaite qu'il intègre le gang mais ne veut pas parler de lui. Qu'est ce qu'il me cache ce garnement ? Un son sort du boîtier pour ouvrir la porte de l'immeuble. Je vais avoir mon explication. Le blondinet va appuyer sur le bouton. Cette fois, c'est vraiment Morgan qui revient. Deux minutes plus tard la voix du jeune homme se fait entendre.
- Mon cœur, t'es où ?
- Dans la cuisine. Morgan.
- Il t'a appelé mon cœur ? Vous êtes ensemble ?
Le jeune homme pénètre dans la cuisine. Ses yeux s'ouvrent grands comme des soucoupes quand il me voit.
- Déliha. Qu'est ce que tu fous là ?
- J'ai besoin de te parler.
- Merde, t'aurai pu me prévenir avant.
- Non, Morgan, je n'aurais pas pu. Je n'ai pas le temps
- Si, tu aurais même dû le faire. J'aime pas qu'on vienne à l'improviste. Tu le sais très bien.
- Pourquoi, j'aurai dû le faire ? Tu m'expliques ? Parce que si c'est pour cacher Priam ou je ne sais quoi ? Ma parole que tu es stupide.
Je ne mâche pas mes mots et c'est pas grave. Il ne m'en voudra pas comme je ne lui en voudrais pas de nous avoir cacher son copain, si je comprends tout.
- Et merde, tu fais chier Déliha.
- Je sais, je suis toujours là quand il ne faut pas. Tu me racontes ou sinon je lui arrache les vers du nez.
- On va éviter. Ça serait gentil.
- Viens, on va discuter au canapé. Priam, vient aussi prend de l'eau s'il te plaît. Merci cœur.
Je suis Morgan jusqu'au canapé et m'installe sur un des multiples coussins moelleux qui le recouvre. Morgan se pose à côté de moi. Priam nous rejoint, avec une carafe d'eau et trois verres. Morgan se sert un verre d'eau et le vide d'une traite. Il recommence mais cette fois il laisse la moitié du verre. Mes yeux interrogateurs sont toujours posés sur lui et jonglent parfois avec le blond qui se trouve à ses cotés.
- Bon, tu me racontes ?
- Priam est mon copain. Depuis trois ans.
- Pardon ? Depuis trois ans ? Pourquoi tu me le dis que maintenant ? Enfin, je suppose que si je n'étais pas venue à l'improviste, je ne saurai toujours pas.
- Bonne supposition.
- Développe Morgan!
- Je ne veux pas que les garçons sachent que je suis gay.
- Pourquoi tu ne veux pas que les gars le sachent ?
- Parce que j'ai peur de leur réaction. Avoir une pédale dans les rangs ce n'est pas toujours bon.
- Pardon, j'ai mal entendu ? Tu n'es pas une pédale. Sort toi cette idée rapidement de ton crâne. Les gars sont les gens les plus ouvert que je connaisse. Bordel, pourquoi tu penses qui te renierait parce que ta préférence sexuelle, c'est les mecs plutôt que les nanas. Tu m'expliques ?
- Je ne sais pas. Je ne sais pas. Tous les gens que j'ai croisé dans ma vie m'ont abandonnés parce que je préférais les mecs. J'ai trouvé une famille avec vous et je ne veux simplement pas la perdre alors je ne vous l'ai pas dit.
- Merde, Morgan. Tu t'entends parler. On est une famille, on se sert les coudes et on s'aime comme on est. Bordel! Retiens ça. Et puis tu crois pas que les gars se posent des questions ? Tu ne t'éclipses jamais pendant les soirées avec quelqu'un à ton bras. Ils ne sont pas stupides et si tu ne leurs dis pas, ils vont se faire des théorie fumeuses sur ta vie sexuelle. Tu devrais en parler. Ça ne changerai à la famille qu'on forme, un membre en plus c'est tout.
- T'as raison.
- J'ai souvent raison. Parle aux garçons avant ce week-end, c'est l'ordre de ta boss, pas te ton amie. Priam, c'est ça ?
- Yep, c'est ça.
- Bienvenue dans la famille.
- Ce week-end, Déliha ? Après la Suisse au moins ?
- Non, je veux aller au lac ce week-end. Priam est invité, il est un membre de la famille comme je te l'ai dit.
- Tu fais chier sérieusement. tu débarques à l'impro et puis tu m'imposes une date butoir.
Il soupire et me regarde. Je lui lance un regard aussi, un regard protecteur et d'amour fraternel. Lourd de sens. Il hoche la tête, signe de compréhension. Son copain, nous observe étrangement face à notre discussion silencieuse. Il rompt le silence.
- Déliha ?
- Oui ?
- Je vais avoir une veste comme lui ou pas ?
- Tranquille, on verra.
- Tu passeras un test pour voir dans quoi tu te débrouilles le mieux. Tu sais combien j'aimerai que tu partages ça avec moi et combien j'ai peur aussi. Dél ne lui fait pas passer de teste.
- C'est son choix Morgan, il est majeur et vacciné.
- Alors je veux passer le teste.
Il me sourit et comprend ce que je veux lui dire. Priam est souriant, heureux, il fait un bisou sur la joue de Morgan. Je les regarde et me dis que je veux ça avec Kiran. Je sais ce que je souhaite, une relation même si c'est dangereux, c'est pas grave, je veux voir où ça me conduira.
- Je vais pouvoir sortir de mon placard.
- Oui, ma boss ne me laisse pas le choix.
- J'adore déjà ta patronne.
- C'est rapide. Tu vas voir que tu vas changer d'avis rapidement.
- Hahaha, on verra. Merci de m'accepter.
- C'est normal Priam. Tu fais parti de la famille.
- Je vais vous laisser parler tous les deux. Je suppose que notre relation n'en est pas encore aux petites confidences.
- Effectivement, contente de t'avoir rencontré. À plus.
- Salut. À tout à l'heure.
- A tout à l'heure.
Priam se lève du canapé et dépose ses lèvres sur celle de Morgan. Les yeux de ce dernier pétillent. Je crois bien que j'ai la réponse de ce que je suis venue chercher sans avoir eu à exposer mes sentiments et mes pensées à Morgan. J'ai quand même besoin de savoir, besoin d'avoir des conseils. La porte de la chambre claque. Morgan m'interroge du regard. Je me lance.
- Ça fait quoi te tomber amoureux ?
- C'est quoi cette question ? Tu es sérieuse ?
-On ne peut plus sérieuse. Ça fait quoi ?
- ça fait un truc dans ton cœur et ton cerveau que tu ne peux pas expliquer. C'est ce qu'il s'est passé avec Priam. Je n'ai jamais connu l'amour d'une famille ou de parents. Les relations que j'ai eu avant Priam n'étaient pas saine. C'est lui qui m'a fait connaître ce sentiment si particulier qui part de ton cœur et reste pour toujours. Il pointe son cœur. Priam a fait tomber toutes les barrières que j'avais construite avant qu'il arrive dans ma vie. Tu regardes la personne comme si elle était devenue une des merveilles du monde. Elle compte encore plus que les autres pour toi. Pourquoi cette question Déliha ?
- Parce que, je voulais savoir. J'ai besoin de savoir pour être sure que je ne fasse pas de bêtise.
- Qu'es ce qui se passe ? Dis moi ? Tu n'as pas besoin de faire la forte tout le temps Del. Malgré le manque d'émotion que tu as, tu éprouves des sentiments comme les autres. tu n'es pas un robot.
- Il se passe que... Il y a un truc avec Kiran. Je ne sais pas l'expliquer. Il... il me procure un truc que je ne connais pas. Je sais pas, je suis à l'aise avec lui. Mes barrières sont pratiquement toutes tombées. Je me sens bien avec lui. Puis, il y a ce truc qui fait qu'il arrive à calmer mes crises. L'autre jour sur le campus, pendant un entraînement de foot des gars, je me suis prise la tête avec un groupe de nana. Il a vu que je faisais une crise. Il m'a emmenée à l'écart et m'a parlé. Ça m'a fait du bien. La crise est passée. Je n'ai pas pris de cachet.
- Déliha, tu sais très bien ce que c'est. Tu t'en es rendu compte avant que tu me parles, en me voyant avec Priam. Hein ?
- Oui, mais je ne le connais pas.
- Je crois que tu le connais énormément, plus que ce que tu voudrais. Ton cerveau a juste peur car il ne connaît pas le sentiment amoureux. Il n'a connu que haine, peur et colère depuis bien trop d'années. Tu es en train de tomber amoureuse de lui. Malheureusement, ton cerveau et ton cœur savent tous les deux que dans un monde comme le notre l'amour peut être à la fois notre plus grande force mais aussi notre plus grande faiblesse.
- Je sais, je sais. Je veux juste pour une fois essayer quelque chose que tous le monde peut connaître.
- Essaye alors. Si tu es bien avec lui ; fonce. Parle lui avant de tout. L'écoute et la compréhension c'est la base Déliha.
- Merci, Morgan.
- De rien. Retourne voir Kiran et parle lui. Peut-être pas en rentrant mais ce week-end par exemple.
- T'es drôle toi.
- Je te rend la monnaie de ta pièce.
- Tu vas voir toi. Bonheur pour toi et Priam. Il a l'air d'un gars sympa.
- Il l'est. Tu vas l'adorer. Je parle aux gars demain. Au moins ce week-end, on sera tranquille.
-Parfait alors. On se voit demain. Prends soin de toi.
Je ressors de l'appartement de Morgan patraque mais heureuse. Je tombe amoureuse qui aurait cru un truc pareil. Je renfile mon casque et mes gants pour retourner à la maison. Je ne sais pas si j'ai fais le bon choix. L'avenir me le dira. Pour l'instant, je veux juste apprendre à connaître se sentiment et vaincre les démons qui se sont appropriés mes émotions. Je rentre silencieusement chez moi. La maison est calme. Kiran doit dormir. Je me rends dans ma chambre et retire mon pantalon. Je colle mon oreille à la porte de Kiran. Sa respiration est lente et saccadée comme d'habitude. Je pousse doucement la porte pour ne pas faire de bruit et risquer de le réveiller. Je monte dans le lit sans aucune difficulté. Je pose un bisou sur sa joue et me positionne pour dormir. Mes paupières se ferment. Des images me reviennent. Un bras musclé m'entoure la taille et tout disparait.
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Salut,
je signe mon retour ce week-end avec ce nouveau chapitre.
On avance bien dans l'histoire et les bases se consolident de plus en plus.
je suis fière de pouvoir vous écrire ces quelques mots, Vandetta a pratiquement atteint les 4k de lecture.
Bises
M.
Ps: le prochain chapitre est prêt, il arrivera très prochainement.