RENAISSANCE

By elamyre

82.7K 2.4K 2.1K

Naviguer dans les ombres de son passé et souffrir d'un présent sans avenir, tel est le quotidien d'Isabella d... More

Préface
1. Rencontre
2. Vrai visage
3. Amer soir d'hiver
4. Douce mélodie
5. Secrets
6. Délivrance
7. Révélations
9. Empreinte indélébile
10. Le froid
11. Sombrer
12. La soirée
13. Sans échappatoire
14. 0101
15. Garder à l'oeil
16. Mutisme
17. Virée nocturne
18. Illusion
19. Hésitation
20. L'ignorance
21. Le dîner
22. Différent
23. Older
24. Chaude pluie
25. Les Ellington
26. Casino
27. Désarmé
28. Le chant du chaos
29. L'océan glacé
30. Apparition
31. Confessions interdites
32. Tulipes
33. Appât
34. Libère-toi
35. Moto
36. Petite fête
37. Si belles sont les fleurs
38. L'amour
39. Sans titre
40. Sans titre
41. Sans titre
42. Isaac
ENGLISH VERSION
Preface
1. Meeting
2. True color
3. Bitter winter evening
4. Sweet melody
5. Secrets
6. Deliverance
7. Revelations
8. Reprisals
9. Indelibly borrows
10. Cold
11. Sink
12. The party
13. No escape
14. 1204
15. Keep an eye
16. Mutism
17. Night trip
18. Illusion
19. Hesitation
20. Ignorance
21. The dinner
22. Different
23. Older
24. Warm rain
25. The Ellington
26. Casino
27. Disarmed
28. The song of chaos
29. Cold ocean
30. Apparition
31. Forbidden confessions
32. Tulips
33. Bait
34. Be free
35. Motorcycle
36. Rave-up
37. Beautiful are the flowers
38. Love
39. No title
40. No title
41. No title
42. Isaac

8. Représailles

1.8K 67 55
By elamyre

Deux jours s'étaient écoulés depuis l'incident et mon seul souhait était de ne plus jamais recroiser le chemin de ce psychopathe. La peur qui m'avait saisi au ventre était une sensation que je ne souhaitais plus jamais revivre. Ses yeux continuaient d'hanter mes pensées tandis que je luttais pour les fuir comme la peste.

Je me rappelle être restée éveillée toute la nuit, assise sur le bord de mon lit, écoutant chaque petit bruit, chaque craquement suspect, craignant qu'il puisse revenir. Le matin suivant, mes paupières étaient lourdes, mes yeux rougis par le manque de sommeil. J'étais devenue paranoïaque à cause d'eux. 

Le soir-même, j'étais aller me coucher dans mon lit, or celui-ci avait les draps imprégnés de son odeur, alors je m'étais relevé pour dormir sur le canapé. J'étais agacée, je ne voulais rien qui puisse me rappeler son souvenir, ou son éphémère présence ici. Je voulais tout oublier et faire comme si rien ne s'était jamais passé.

Le lendemain, j'avais lavé les draps. Il ne restait plus rien qui puisse me rappeler son horrible présence dans ma vie.

Je vis soudainement du coin de l'oeil Carlos, mon patron, venir dans ma direction.

Le voir descendre de son bureau était déjà un événement en soi. Carlos était un homme imposant, avec une présence qui remplissait toute la pièce lorsqu'il entrait. Son visage, habituellement buriné par des rides de fatigue et de frustration, semblait aujourd'hui plus fermé encore. Il travaillait rarement en même temps que moi, puisqu'il était généralement dans son bureau à l'étage, durant les mêmes horaires qu'Anne. Durant ces rares fois, je l'entendais passer le plus clair de son temps hurler des injures mexicaines, ou de se plaindre de vouloir rentrer au pays.

J'espérais qu'il ne venait pas m'annoncer ce que je redoutais le plus, même si je savais au fond de moi que c'était inévitable.

La peur monta en moi, insidieuse et lancinante. Je tentai de me concentrer sur mes tâches, faisant mine de compter l'intérieur de la caisse vide, mais l'attente de cette rencontre imminente m'envahissait de plus en plus. Chaque seconde qui s'écoulait paraissait interminable, comme si le temps s'était figé dans une ambiance lourde de conséquences.

- Dis, il faut que j'te parle Isabella.

Quand il finit par arriver à ma hauteur, je levai les yeux pour rencontrer son regard. Il n'était pas du genre à user de mots inutiles. Son regard dur et résolu ne laissait place à aucun doute. Je vis dans ses yeux une combinaison de compassion et de résignation, ce qui ne fit qu'accroître mon malaise. Je savais que les mots allaient bientôt tomber.

- Je n'ai plus de quoi te payer ton salaire petite, j'suis navré.

Voilà, il l'avait dit. Ce n'était qu'une petite phrase, et il n'avait pas besoin d'en dire plus à vrai dire.

L'impact de ces mots me frappa comme une gifle. Tout ce que j'avais craint se réalisait enfin. Mes pensées tourbillonnaient alors que j'essayais de comprendre comment j'allais m'en sortir maintenant.

« J'suis navré ». Il n'y avait pourtant pas une once de regret ou de peine à mon égard. Mais il avait raison, après tout, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre que j'me retrouve sans rien ? Il était lui-même dans la galère et se soucier d'une gamine comme moi était le cadet de ses soucis actuellement. Dans ce monde, c'était chacun pour sa gueule. C'est comme ça.

Je ne lui répondis rien, puisqu'aucun mot ne parvenait à sortir de ma bouche. Et puis que dire ?

Je pouvais voir dans son regard qu'il en avait déjà trop dit à son goût. Carlos n'était pas un homme de sentiments, et la compassion ne faisait pas partie de son vocabulaire quotidien. Il tourna les talons sans attendre de réponse ou de réaction de ma part, et retourna plonger le nez dans ses affaires. Pour lui, c'était une chose de faite. Pour moi, c'était le début de nouvelles emmerdes.

Le reste de la journée se déroula dans une sorte de brume floue. Les clients défilaient, mais je ne les voyais pas vraiment. Mes gestes étaient mécaniques, répétitifs, vidés de toute émotion. D'un côté je m'y attendais, de l'autre, je pensais que cela me tomberait dessus bien plus tard, et pas si soudainement. J'avais l'envie de me réjouir d'avoir enfin quitter ce job de merde, mais je ne devais pas. Parce que maintenant, j'étais sans rien.

L'infime partie que j'avais mise de côté ne me suffirait pas à rester sans travail plus de trois mois si je comptais mes quelques dépenses quotidiennes.

Je repensai alors aux 20 000$ qui étaient toujours cachés précieusement dans l'arrière boutique. Au pire des cas, je pourrais tenir un an et demi, voire deux ans si je me contentais du sticte minimum au quotidien.

Je soufflai d'agacement. Me contenter d'encore moins allait être compliqué, puisque je vivais déjà du strict minimum.

À la fin de mon service je décidai d'enfin emmener avec moi cette mallette, quoique je n'avais plus vraiment le choix.

Et l'angoisse était à son comble.

L'arrière-boutique était silencieuse, sombre. Chaque pas que je faisais résonnait comme un coup de marteau sur une enclume. 

À vrai dire, je n'avais pas eu le courage de la sortir plus tôt, n'étant pas très à l'aise à l'idée de me balader seule tard la nuit avec une telle somme dans un quartier qui craignait autant. Le courage n'était pas encore au goût du jour chez moi.

Je me rendis dans l'arrière cave abandonnée, et soulevai les quelques parquets sous lesquels se trouvait le précieux. La mallette était toujours là, intacte. Je la pris, mes doigts tremblant légèrement. 

J'éteignis ensuite les lumières avant de fermer la porte à clé derrière moi. Carlos se chargera de descendre le rideau métallique en sortant.

Je soufflai un bon coup et m'engageai alors dans cette nuit glaciale, tout en serrant l'objet aussi fort que possible contre ma poitrine.

Autour de moi, la brume s'élevait des ruelles, enveloppant les bâtiments dans un voile grisâtre, comme pour accentuer la mélancolie ambiante du quartier. Les réverbères vacillaient faiblement, projetant des ombres dansantes sur le sol gelé. Le vent soufflait tristement, transportant avec lui des murmures d'une solitude palpable.

Je tentai de dissimuler tant bien que mal la mallette sous mon manteau à la doublure défraîchie, même si cela n'était qu'en vain.

Il ne me restait qu'à presser le pas.

Mon regard se glissai fréquemment par-dessus mon épaule, scrutant l'obscurité environnante avec méfiance. Une inquiétude grandissante émanait de chaque fibre de mon être, alimentée par le sentiment persistant d'être suivie. Mon pas s'accélérait imperceptiblement, tandis que je tentai de m'éloigner de cette présence qui me hantait.

Les rues étaient désertes, et les rares passants que je croisais semblaient tout aussi pressés de rentrer chez eux, évitant tout contact visuel. La tension dans l'air était presque palpable. Après quelques minutes de marche, je me sentis tirée sauvagement par derrière, avant d'être trimballée lâchement dans une impasse entre deux murs d'immeubles. Et voilà. Aucun bruit ne put sortir de ma bouche, une main me la tenant fermement.

L'individu me plaqua contre le mur, et une fois devant moi, la lumière de la lune l'illumina, et le souvenir de son visage me frappa de plein fouet.

- Tu te souviens de moi pas vrai ? me demanda-t-il sournoisement.

Ce n'était pas un homme qui en voulait à ma mallette, non. C'était l'homme de la supérette, celui que j'avais insulté, rien que ça.

L'expression de son visage était perverse et malaisante. Ses yeux étaient grands ouverts, et sa bouche entre-ouverte comme si j'étais en cet instant son plat de résistence. Il respirait vite comme s'il avait couru un marathon, ou bien n'était-ce que le fruit de son excitation.

Sa peau pâle était parcourue de rides sinueuses, donnant à son visage une apparence vieillie et malsaine. Ses sourcils épais et broussailleux se courbaient en un arc menaçant, accentuant son expression sinistre.

Ce qui rendait son visage particulièrement dérangeant, c'était le sourire en coin qu'il arborait en permanence, une grimace perverse qui étirait ses lèvres minces et révélait une rangée de dents jaunies.

Mon esprit cherchait désespérément une solution, mais aucune échappatoire ne semblait possible. Moi je ne pus rien dire tant sa main m'en empêchait. J'étais paralysée. C'était la première fois qu'une chose pareille m'arrivait. 

- Bien sûr que tu te souviens de moi, non mais matez-moi ce regard, dit-il admirativement. Je n'ai oublié pas ce qu'il s'est passé la dernière fois, alors me revoilà comme promis ma jolie, ajouta-t-il en sortant un couteau de sa poche.

La vue de l'arme blanche me fit frissonner de peur et je me tentai de me défaire de son emprise. Lui continua de me tenir fermement, sa main pouilleuse m'étouffant de peu. J'en ai marre.

Nous n'étions que deux, et seuls des poubelles en métal ornaient le cul de sac autour de nous. Mon cœur battait violemment dans ma poitrine, tandis que mes yeux cherchaient frénétiquement une échappatoire, un espoir de salut.

Je me débattais comme je le pouvais mais il était clair que mon corps frêle ne faisait pas le poids face à lui.Chaque mouvement semblait inutile. Il pressa son corps contre le mien, bloquant tout espace de fuite, et enleva mon masque tandis que je bougeai la tête dans tous les sens pour l'en empêcher. La cadence de mon souffle s'accéléra et mes muscles se crispèrent.

- Laissez-moi partir... parvins-je à dire la voix tremblante.

Au pire, qu'il prenne la mallette, mais qu'il me laisse m'en aller. Par pitié, j'en ai juste marre.

Il rabattu sa main sur ma bouche pour me faire taire, et la sensation de sa main sur ma peau me crispa encore plus.

À cause des mes débattements, mon corps était transpirant malgré le froid, et je me sentais souillée et sale. Des gouttelettes de sueur perlèrent sur mon front et s'écoulèrent le long de mes tempes, créant des traînées humides sur mon visage. Mes cheveux en désordre tombaient et collaient en mèches emmêlées autour de mon visage en larmes.

- Oh que non gamine, je n'ai qu'une parole. Tu vas le regretter, point barre.

Son visage était proche du mien, et me laissait son horrible haleine me parvenir jusqu'aux narines.

À en voir son expression, c'était comme si ma panique ou ma résistance accentuait son excitation à mon égard. Il m'observait avec un sourire sadique qui dansait sur ses lèvres. Ses yeux étincelaient d'une jouissance perverse tandis qu'il me contemplait en proie à la douleur et à la détresse.

Chaque larme qui glissait sur mon visage semblait nourrir le plaisir malsain qui illuminait son regard. Il se délectait de mon désarroi, trouvant une satisfaction presque démoniaque dans ma souffrance.

Chaque soupir de désespoir, chaque gémissement de tristesse, alimentait le feu qui brûlait en lui. Il savourait chaque seconde de mon tourment, je le voyais dans ses yeux.

Je priais intérieurement pour qu'il ne remarque pas la mallette.

- Chuut... ne pleure pas, me dit-il en ramenant une mèche de mes cheveux derrière l'oreille. Tu vas voir, je suis très doux... 

Un sourire étirait ses lèvres. 

- Ou pas, ajouta-t-il dans un dernier rire avant de m'enlever mon manteau de force.

Voilà. Il allait le faire.

Il tenta de me prendre la mallette des mains tandis que je la maintenais du mieux que je le pouvais, mais elle s'ouvrit sous la pression qui l'étirait des deux côtés, et les billets flottèrent dans le ciel jusqu'à tomber sur le sol blanc, comme de vulgaires bouts de papiers.

Certains s'envolèrent au loin, emportés par le vent rugueux, d'autres n'y parvînrent pas et effleurèrent lamentablement le sol jusqu'à disparaître plus loin. Heureux seront ceux qui les retrouverons au petit matin. 

Je me débattai du mieux que je le pouvais et profitai de son inattention pour lui mettre un coup dans l'intimité qui lui valut une grimace.

Lorsque son étreinte se desserra sous le coup de la douleur, j'en profitai pour me sauver mais il me rattrapa par les cheveux avant même que je n'atteigne le début ce cette impasse.

Il me fit alors chuter par terre et se mit à califourchon sur moi.

- Ça, tu vas me le payer salope.

Il sortit l'arme qu'il avait rangé plus tôt dans sa poche. Mon cœur s'arrêta un instant à la vue de la lame étincelante sous la lumière lunaire. Le voyant s'approcher de mon visage j'eus le réflexe de le repousser de la main ce qui projetta le couteau loin derrière nous.

Agacé que je sois plus coriace que prévu, il coinça également mes deux bras sous son poids. J'étais maintenant complètement à sa merci, et je ne pus m'empêcher de larmoyer en m'apitoyant sur mon sort. À me demander pourquoi tout cela m'arrivait à moi. Moi qui n'avais jamais rien demandé, qui n'avais jamais fait de mal à personne.

Pourquoi le monde s'acharnait autant sur moi ? Je veux dire, tout ça ? N'est-ce pas un peu trop ?

La vie était tout simplement... injuste.

Alors que la détresse m'étreignait de toutes parts, je me trouvai plongée dans une étrange et saisissante introspection. Comme un film en noir et blanc qui défile, ma vie passée se dévoilait devant mes yeux, révélant des souvenirs lointains qui me semblaient presque oubliés.

Les images venaient à moi avec une clarté troublante, transportant son esprit dans des moments jadis vécus. Oui, je voulais les voir, ces bons moments, une dernière fois.

L'air froid qui caressait mon épaule gauche me ramena à la réalité.

Il venait de déchirer le haut de mon t-shirt à manches longues, ne pouvant me l'enlever par le bas. J'aurais dû mettre quelque chose de plus épais. Je me mis à me détester face à cette pensée. C'est de ma faute.

Tout était de ma faute.

Je remarquai que je ne pleurais plus, et que je ne me débattais plus non plus, comme si mon corps avait cessé de répondre. Comme si j'étais devenue insensible à la souffrance, à la tristesse et à la douleur. Mes émotions étaient éteintes, comme si j'avais perdu la capacité de ressentir quoi que ce soit. Tout avait disparu dans les abysses de mon néant intérieur.

Je regardais le ciel,  en me laissant envelopper par la mélancolie de l'instant, cherchant peut-être une réponse ou un réconfort dans l'immensité du ciel. Le froid mordant du sol gelé pénétrait mon corps, mais je ne réagissais pas, engourdie par la douleur intérieure.

L'homme me disait des choses et je crois même qu'il m'hurlait dessus, mais cela me parvenait juste comme un bruit lointain, une réalité qui ne me touchait plus. La neige continuait de tomber, tandis que mon esprit semblait s'enfoncer dans une obscurité sans fin.

Le poids de l'homme s'enleva soudainement de mon corps, mais je ne bougeai toujours pas.

Je gisais immobile, étendue sur le sol tel un fragile éclat de porcelaine brisée. Mon corps semblait être devenu une simple marionnette, abandonnée par les fils invisibles de la vie. Mes membres inanimés reposaient dans une position sans grâce, et sans volonté de mouvement.

Ce n'est que lorsque je crus entendre une voix familière, que je décidai de relever nonchalamment le haut de mon corps en m'appuyant sur mes mains.  Ma vue était embuée mais je parvins à le voir le distinguer lui.

Je ne voyais pas son visage, mais je le voyais lui et sa carrure imposante. Tel un gardien silencieux.

J'eus un léger rictus sarcastique. Bordel, lui ? Sérieusement ? Cette vie allait vraiment finir par m'achever.

Que faisait-il encore ici ?

Et puis, j'eus un petit pincement au coeur, je ne savais pas ce que cela était, mais peut-être était-ce cette chose que l'on appelait l'espoir.

Il ne m'avait pas encore vu, puisque je me tenais semi-allongée sur le sol enneigé, en retrait dans l'ombre de l'impasse telle une malpropre.

Il jeta ensuite le sale type au sol et lui tira dessus en une fraction de seconde, sans ne prononcer un seul mot.

Une balle entre les deux yeux.

La rapidité de l'événement ne me laissa aucun temps pour la réflexion ou la compréhension. C'était un meurtre rapide, un moment si bref et si intense qu'il semblait irréel, comme un rêve violent qui s'efface au réveil. En un clin d'œil, la violence avait éclaté et s'était éteinte, laissant derrière elle un silence lourd et une confusion profonde.

Étonnement, je n'avais ni sursauter ni même cligner des yeux, comme si mon cerveau ne répondait plus à son tour.

Le sang s'étendait lentement en une flaque pourpre autour de son crâne.

Je n'avais rien vu venir tant l'action s'était déroulée vite. À quel moment avait-t-il sortit son arme ?

Je devais peut être être horrifiée ou même m'empresser d'aller vomir, mais rien.

La mort. Un concept qui me hantait depuis si longtemps, une compagne qui m'avait accompagnée à travers les jours sombres de ma vie. J'avais été témoin de sa danse macabre, j'avais vu son visage insondable se refléter dans les yeux de mes parents qui avaient succombé à son étreinte froide, ou plutôt chaude sur le moment.

Je réalisai en cet instant qu'au fil des années, la mort m'était devenue familière, presque banale. Depuis ce soir-là. Je m'étais habituée à son souffle glacial qui caressait ma nuque, à sa présence insaisissable qui se faufilait silencieusement entre les vivants. Je ne ressentais plus la terreur qui autrefois paralysait mon être. La mort m'avait endurcie, avait créé une carapace autour de mon cœur.

Les souvenirs des funérailles se succèdent, les tombes s'alignent dans ma mémoire comme les pages d'un livre sombre.

La vie et la mort s'entremêlaient dans une danse éternelle, et j'étais celle qui observait, qui portait le fardeau de cette connaissance intime. La mort avait pris ses quartiers dans mon existence, en faisant une compagne taciturne, toujours à mes côtés. Je connais ses visages multiples, sa présence omnisciente.

Mais malgré cela, une part de moi se demandait en ce moment-même si j'étais encore humaine, Ai-je perdu ma sensibilité, mon empathie dans ce tourbillon funeste ?

Peut-être que c'était ça, la clé de ma résilience face à la mort. Je l'acceptais, je l'embrassais comme une vieille amie. Je laissais ses voiles sombres se draper autour de moi, m'envelopper de sa mélancolie éternelle. Et ainsi, je continuais d'avancer, les pas légers malgré le poids des disparus.

La mort ne me faisait plus rien.

Continue Reading

You'll Also Like

The Elites By Cade

Teen Fiction

2.1M 60.8K 62
After flying overseas to enroll in a prestigious boarding school, Blake Graham assumes that she can finally catch a break. Instead, she encounters t...
49.1K 1.8K 37
They say fate is something that happens beyond someone's control, something people can plan for, but never completely expect. So what does fate have...
717K 35.5K 47
When young Diovanna is framed for something she didn't do and is sent off to a "boarding school" she feels abandoned and betrayed. But one thing was...
7.7M 4.4K 7
Je pensais passer ma première année d'université de la façon la plus banale que ce soit, concentrée sur mes études, avec deux ou trois amis. Pas me...