Les sens aux aguets, Arwen descend lentement les escaliers menant au centre de la Terre.
D'une voix sans appel, elle avait décidé qu'elle serait la seule à descendre. Beaucoup avaient insisté pour l'accompagner, mais elle n'a ni hésiter, ni abdiqué.
Les quelques enfants qui les accompagnaient étaient suffisamment effrayés par l'environnement cauchemardesque qu'ils foulaient pour accepter d'être séparés de leurs parents, peut-être définitivement.
Car Arwen ne pouvait prévoir ce qui allait suivre sous leurs pieds. Elle ne savait ni l'ampleur des dangers qui les attendait, ni même le nombre d'êtres ou de créatures vivant probablement dans les entrailles de leur terre.
Malgré son peu de foi, elle ne peut s'empêcher d'apporter une certaine importance et une part de mystères non découverts de ce monde a l'origine de bien des histoires et croyances terrifiantes. Elle a côtoyé un peuple où beaucoup considérait ce monde comme un châtiment terrible pour une vie majoritairement guidée de mauvais actes. Mais ceux avec qui elle avait vécu n'en croyait plus rien, guidés par des mœurs ancrées profondément dans leur être et une seule peur maladive : les Surnaturels. Ils n'avaient peur ni de la mort, ni de ce qui pouvait bien se passer après.
Elle savait également que la race à laquelle elle appartenait réellement avait sa propre opinion de ce monde recelant beaucoup de mystères. Ils savaient pertinemment que son existence n'était plus à prouver, quelques rares de ses accompagnateurs possédant le sang de démon ou d'ange. Pourtant, ils vivaient eux aussi en dehors de leurs mondes respectifs, et n'en savait donc pas plus que ce que leur camarades ont pu apprendre dans de minces ouvrages.
Arwen allait être la première à découvrir de ses yeux un des deux mondes cachés des yeux des Mortels. Car elle se doute bien que ces environnements n'abritent que des personnes jouissant de la vie éternelle.
L'amas de gravats bouchant l'entrée qu'elle avait percé à renfort de magie s'était aussitôt réformé derrière elle, la plongeant dans une obscurité quasi totale.
Seuls les quelques écoulements de lave sur les parois du couloir éclairait son chemin de leur lueur faible mais brûlante.
Quelques gouttes de sueur finissent par recouvrir le front de l'elfe alors qu'elle s'enfonce toujours un peu plus vers les profondeurs de la terre.
La chaleur augmente à chacun de ses pas, semblant la guider au cœur même d'un immense brasier où devraient brûler des centaines d'âmes de peuples différents purgeant leur peine éternelle.
Dans un petit coin de sa tête, elle se demande toujours si les histoires de nombreux peuples reflétaient pas une part de réalité. Car pourquoi deux tels monde existeraient si ce n'est pour juger les actes de notre vie juste après notre mort et décider de nous récompenser par une vie de repos éternelle, ou alors nous punir d'une torture infinie ? Arwen se le demandait réellement. Comme si les Déesses avec qui elle avait pu communiquer étaient eux aussi de ses êtres qui nous jugeraient après notre mort.
Elle du mettre ses questions de côté lorsque le couloir prit enfin fin et qu'elle foula le sol rocheux d'une chaleur presque insupportable pour ses plantes de pieds.
Relevant sa tête de cet environnement que son corps ne connaît pas et auquel il a du mal à s'adapter, bien trop éloigné de ses forêts luxuriantes qu'elle a toujours vues et appréciés, elle remarque être dans une grotte souterraine.
Mais pas n'importe laquelle : il s'agit là du dessous du volcan aperçut plus tôt.
Un seul étroit chemin de roche mène au centre d'un bassin de lave, assez souvent touché par de nombreuses éclaboussures de la lave en fusion explosant, faisant rougeoyer le bout de chemin touché et fondre la pierre qui rejoint dans un unique son d'adieu l'eau brûlante.
Arwen fait fit du danger environnant et se concentre sur le cercle de pierre au centre de l'antre du volcan.
Plissant les yeux, forçant ses capacités lupines à percevoir plus loin que la moyenne humaine, elle semble apercevoir sans certitude un cercle gravé à même le sol dans la pierre et des milliers de signes dans une langue qu'elle ne connaît pas le remplir.
-Ceci est le portail menant aux Enfers, la renseigne une voix la faisant sursauter et se retourner, genoux fléchis et poings serrés.
Sans poser plus de questions, profitant du silence, elle observe l'homme, où plutôt la "chose" se tenant devant elle.
Elle n'arrive pas à y voir un démon. Du moins pas à part entière. Il possède bien une peau aussi rouge que le brasier brûlant à quelques mètres d'eux, des cornes noires immenses en spirales, une queue de démon fourchue et le plus effrayant : des yeux aussi noirs que l'ébène où celui qui aurait le malheur de s'y attarder trop longtemps perdrait toute lumière d'espoir, ses pupilles ne reflétant que les ténèbres pures et dures.
Pourtant à l'inverse, il possède des pieds avec cinq doigts, aucune barbe noire comme le récits, un visage fin et presque doux, et une auréole, bien que noircie, qui flotte au-dessus de ses cornes. Ses ailes, bien que rouges également, n'ont pas l'allure de celles des chauve souris, mais étonnamment, celles... Des anges ? De magnifique ailes dotées de belles et grandes plumes, qui au lieu d'être blanches, semblent avoir été baignées de sang, au point où toute trace de leur précédente pureté fut effacée.
Arwen fronce les sourcils.
L'homme devant elle ne semble pas méchant. Pourtant il ne semble pas pour autant digne de confiance.
Toujours sur ses gardes, elle le défie finalement du regard, quêtant la raison de sa présence ici.
-Je t'attendais Arwen. Bien que tu ais mis énormément de temps.
L'inconnu semble la connaître, mais Arwen, bien qu'il lui semble en effet familier et que son inconscient lui souffle avec insistance qu'elle sait très bien de qui il s'agit, elle préfère l'entendre de sa bouche.
-Qui êtes vous ?
-Je pense que tu le sais très bien, répond-il avec un sourire narquois.
Arwen ne répond cependant rien. Le démon souffle et présente sa paume de main en direction du cœur du volcan, faisant brusquement apparaître un portail duquel sortent deux Démons tenant d'une poigne ferme la raison de leur long voyage et de la présence de nombreux hybrides au dessus de leur tête.
-Claire ! S'écrit-elle en abandonnant sa position et tournant le dos au démon pour aller rejoindre l'Hybride.
Cependant, une boule de feu frôle son visage de peu, laissant une belle trace rouge sur sa joue, pour aller finir sa course dans un des murs de la grotte faisant voler des éclats de roche dont se protège rapidement Arwen.
Elle se tourne vers le démon, auteur de cette attaque.
-Nous ne sommes pas ici pour fêter des retrouvailles futiles, claque sèchement sa voix en réponse au regard noir d'Arwen. Claire n'a pas été maltraitée et est en pleine possession de ses capacités, tout à fait comme vous l'avez quittée la dernière fois.
-Pourquoi l'avoir prise alors ?
-Selon les nombreuses visions de la sorcière à ton sujet, tu sembles une personne faible à la détresse des autres se jetant tête baissée dans la gueule du loup pour aider quiconque demande ton aide. Elle a donc été l'appât. A ce succès visiblement, puisque tu te tiens là, devant moi, comme espéré.
Arwen ne peut s'empêcher de gronder, ses yeux se teintant de la couleur si particulière du deuxième être vivant en elle, très mécontente d'être insultée de faible.
Pourtant, elle ne le contredit pas pour autant. On lui a bien trop souvent répété qu'elle était trop téméraire et ne pouvait s'empêcher d'aller secourir toute personne en danger, même si cela signifiait mettre sa propre vie en jeu. Mais c'est ainsi qu'elle avait décidée de vivre, un moyen de trouver une rédemption pour ses propres péchés, et elle avait juré de continuer à le faire, envers et contre tous. Et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle ne tiendra pas parole, même si elle était consciente de se jeter dans la gueule du démon.
-Je suis là. Laissez la rejoindre les siens maintenant.
-Je ne sais pas... Fait mine de réfléchir le démon.
-Vous ne lui vouliez rien, alors puisque je suis là, elle ne vous est plus d'aucune utilité, renchérit Arwen.
-En effet. Et à ce titre je peux tout aussi bien m'en débarrasser, annonce le démon tout aussi naturellement que l'on souhaite le bonjour à un ami.
Arwen tressaille avant de finalement abdiquer. Mais quelques détails l'ont marqués et ses yeux prennent finalement une lueure mesquine sous le regard étonné de l'homme en face d'elle.
-Tu l'as protégée tout ce temps avec une certaine attention, alors je te vois mal la tuer simplement maintenant. Et si tu la laissais et me disais ce que tu me veux réellement Raphaël ? Gronde Arwen.
Le démon hausse les sourcils, un peu surpris, avant que la grotte ne s'emplisse de son rire rauque.
-Je ne vois pas où tu vas pêcher pareilles idées, mais tu es bien naïve. Il y a bien longtemps que je n'ai plus éprouvé une quelconque pitié à éliminer quelqu'un, ajoute-t-il en reportant son regard sur elle. Comme tes parents par exemple. Voir leur peur puis leur résignation fut assez jouissif, comme l'air perdu de tout ceux qui ont assistés à leur dernier jours, clame-t-il avec un sourire sadique.
Les poings d'Arwen se serrent alors qu'une rage incontrôlable s'empare de son être. Elle sent ses veines bouillir, prémices d'une métamorphose. Alors qu'un duvet commence à apparaître sur son corps et que son visage commence à changer, la mutation s'arrête brutalement puis refait lentement chemin inverse, et elle rouvre ses yeux redevenus verts.
Inspirant et expirant longuement, elle s'assure de reprendre son calme, se rappelant qu'elle n'est pas venue chercher une vengeance.
-C'est ce dont tu essaies de te convaincre du moins, émet-elle en reportant son regard sur Raphaël qui hausse un sourcil.
Celui-ci est en effet très surpris de la voir ignorer ses provocations qui l'auraient pourtant fait sortir de ses gonds il y a à peine quelques semaines.
-Tes sentiments, continue-t-elle. J'ai moi aussi cru pendant longtemps être dépourvue de compassion. Mais comme moi, tu te mens à toi même.
-Sottises...
-Tu sembles oublier que je suis à moitié Louve, et qu'à ce titre, je peux traduire les changements de rythme cardiaque, l'interrompt-elle. Le tien s'est accéléré, signe que tu mens.
C'est au tour du démon de serrer des poings.
D'un signe sec de la main à ses subalternes, ceux-ci relâchent Claire qui s'éloigne doucement, peu sûre que le démon daigne la relâcher juste comme ça.
Arrivée finalement aux côtés d'Arwen sans aucun geste de la part de ses geôliers, celle-ci se permet de la scruter minutieusement et est satisfaite de constater que le démon n'a pas menti sur ce point : Claire n'a subi aucun sévice.
-Les tiens t'attendent dehors, la sort-elle des ses pensées. Ne m'attendez pas et rentrez chez vous. Je vous rejoindrais là-bas.
Claire acquiesce après l'avoir remerciée chaleureusement du regard. Avant de tourner définitivement les talons, elle serre l'épaule de l'elfe entre sa main et plonge son regard captivant dans le sien.
Elle se devait de mettre les idées de la jeune femme au clair avant de la laisser comme elle le souhaite régler des histoires, qui malgré qu'elle ne veuille l'admettre, ne concerne qu'elle.
-Ta compassion n'a jamais été une faiblesse Arwen, et même si je suis convaincue que tu le sais, je préfère te le rappeler. Continues de suivre ton cœur comme tu l'a toujours si bien fait jusqu'à présent. Car ce n'est pas la raison la meilleure voie, mais belle et bien celle du cœur.
Arwen sourit tristement et répond sur le même ton de confidence :
-Mais si mon cœur est en milles morceaux, que le morceau dois-je suivre, dis le moi ?
Claire maintient son regard avant de secouer la tête.
-Je sais les épreuves que tu viens de traverser et je comprend à quel point il semble difficile de s'en remettre. Mais Arwen, si ton cœur a en effet été brisé, tu l'a réparé depuis bien longtemps... Et ça aussi tu le sais.
Sur ces dernières paroles et avant que le démon ne les interrompent une nouvelle fois, Claire lui adresse un sourire d'encouragement accompagné d'une légère tape sur l'épaule qu'elle a lâchée, avant de suivre le couloir qu'elle a descendue pour arriver jusqu'ici.
-Maintenant nous pouvons parler Raphaël, se retourne-t-elle vers son interlocuteur s'étant soudainement rapproché d'elle, un dernier mètre les séparant.
-Je ne me prénomme plus Raphaël, mon véritable prénom est Yaldabaot, qui signifie...
-Maître des forces du mal et engendreur de démons... Termine Arwen, les sourcils haussés.
***
Et voilà mes louveteaux !
Un nouveau chapitre rien que pour vous ?
Surpris de l'identité du l'auteur du meurtres des parents d'Arwen et de tout ce bordel ?
Quoi qu'il en soit, vous verrez que son histoire est assez compliquée... Le prochain chapitre y sera totalement dédié.
La nature d'Arwen et son sentiment de différence seront aussi révélés !
Alors ? Pressés ?
Va falloir patienter encore un peu ! Bisous ! 🐺💕