Je rentrai à l'appartement aux alentours de 21h. La sieste m'avait donné chaud et, me sentant encore un peu vaseuse, je décidai d'aller prendre une douche. Je baissai un peu la température de l'eau, me mis toute entière sous le jet et penchai la tête en arrière laissant l'eau ruisseler sur mon visage. Celle-ci me paraissait fraîche au contacte de mon cuir chevelu et me faisais du bien.
Au bout d'une vingtaine de minutes, je me décidai enfin à en sortir, puis, enroulant respectivement mon corps et mes cheveux dans une serviette, pressai le pas en direction de ma chambre. Je me séchai, m'habillai en pyjama, tressai mes cheveux et allai me préparer une infusion. Tandis que l'eau était en train de bouillir, je lançai le live d'Amine sur la télé. Alors que je retournai à la cuisine, la voix d'Amine se mit à retentir dans la salon.
Amine : Bon, attendez j'récupère le réact.. Eh ! Jurez que c'est pas les meilleurs bonbons au chocolat de l'histoire ça ? Les schokobons white, franchement ils ont fait ça bien Kinder hein.
Je jetai un coup d'oeil à l'écran et vis Amine qui agitait le paquet de schokobons devant la caméra d'un air fier, m'arrachant un sourire.
Amine : Eh mais j'ai mis où mon téléphone ? Continua-t-il en regardant partout autour de lui. Wsh.. Mais.. Hein ? J'ai perdu mon téléphone, je vais serrer..
Machinalement, je vérifiai le miens. 1 message non-lu. Amine. Mince, j'avais oublié de le prévenir.
Amine : T'es rentrée ?
Moi : Oui désolée je prenais une douche !
Moi : Tu leur as laissé aucune chance aux schokobons mdrrr
Au même moment, Amine se leva de son siège, laissant apparaitre son fameux pyjama.
Amine : Oui j'suis en pyjama, j'suis en pyjama ça y est c'est bon ! S'exclama-t-il d'un air faussement aigri, avant de disparaître du champs.
Je retournai alors à la cuisine, versai l'eau brûlante dans ma tasse puis revins m'assoir au salon. Une fraction de secondes plus tard, il réapparut à son tour dans la champs de la caméra, brandissant son téléphone.
Amine : Ça y est c'est bon ! Dit-il en mettant son casque. Ah Karnage c'est un bon, il m'a appelé pour m'aider à le retrouver. Attendez je lui envoie un message, ajouta-t-il tandis que ses pouces commençaient à s'agiter sur le clavier. « Karnage merci pour l'appel, mais maintenant me dérange plus. » Voilà.
J'explosai de rire, puis, alors que le réact venait de commencer, mon téléphone se mit à vibrer.
Amine a ajouté « ❤️ » à votre message.
Amine : Mdrrr eh vas-y arrête de regarder mes streams toi
Moi : Mdrrr trop tard j'suis un viewer je t'ai dis
Amine : Bah lâche des subs alors
Moi : Vas-y
Amine : J'rigole envoie rien !
Trop tard. Mon paiement venait d'être validé et 5 personnes du chat venaient de recevoir un abonnement.
Amine : T'es une galère
Moi : 😌
Amine a ajouté « ❤️ » à votre message.
Je le vis reposer discrètement son téléphone et replonger dans le réact, et je fis de même. Une heure plus tard, alors que mes paupières devenaient de plus en plus lourdes, je m'avouai vaincue et éteignis la télé. Dix minutes plus tard, l'appartement était plongé dans le noir et je glissais vers le pays des songes.
Le lendemain matin, je m'étais levée à 7h puis, après m'être préparée et habillée, j'étais passée récupérer Mickaël qui avait eu une énième panne de réveil.
Mickaël : Toi si je t'attrape pas ! Dit-il en ouvrant la portière.
Moi : Hein ? Mais ça va pas ou quoi
Mickaël : Cousine j'ai attendu que tu m'appelles tout le week-end !
Moi : Ah oui mince ! Désolée j'te jure que ça m'était sorti de la tête
Mickaël : Bon bah j'imagine que ça s'est bien passé du coup ?
Je lui racontai mon week-end, du repas chez Amine jusqu'au stream de la veille, en passant par les messages de Marc.
Mickaël : Franchement Amine bonhomme, carrément j'ai rien à redire !
Moi : Ouais.. En plus je lui ai pas répondu quand il a dit qu'il était piqué le pauvre
Mickaël : Ouais mais il doit se douter que c'est pareil pour toi, sinon il aurait pas pris de risque je pense
Moi : Ouais sûrement, dis-je riant nerveusement. Par contre, parenthèse, tu viens à la soirée du personnel du coup ?
Mickaël : Euh bah j'avoue que j'avais un peu oublié, mais si t'y vas j'y vais
Moi : Bon bah on ira ensemble alors
Mickaël : Mais c'est pas bizarre que l'équipe de Strasbourg vienne ? C'est pas une soirée pour Adidas France
Moi : J'sais pas si toute l'équipe viens. Pour l'instant y'a que Marc qui m'a contactée
Mickaël : Ah d'accord. Remarque, vu qu'il est au siège, c'est peut-être normal qu'il soit invité
Moi : Ouais c'est ce que je me suis dis
Le reste du trajet c'était déroulé tranquillement. Malgré notre retard, Mickaël avait insisté pour passer au Starbucks et, foutu pour foutu, j'avais fini par céder. Nous étions ensuite arrivés comme des fleurs au travail et avions entamé notre journée comme si de rien n'était.
Le reste de la semaine, en revanche, s'était avéré être moins tranquille. J'avais dû traiter une tonne de mails en attente depuis ma visite à Strasbourg, assister à un nombre incalculable de réunions et, comme si ça ne suffisait pas, ma voiture avait refusé de démarrer mercredi matin, me forçant à m'en séparer jusqu'au week-end. Seul point positif, Amine s'était montré particulièrement disponible et avait proposé à plusieurs reprises de venir me chercher au travail. J'avais décliné une première fois, puis, après mon deuxième refus, nous avions convenu qu'il me déposerait à la soirée prévue par Adidas qui aurait lieu vendredi soir.
*vendredi, 19h37*
Je terminais tout juste de me préparer lorsqu'un appel vint couper la musique qui résonnait sur l'enceinte du salon. Je saisis rapidement mon téléphone et regardai l'écran. Amine. Je décrochai.
Moi : T'es là ?
Amine : Ouais tu peux descendre
Moi : J'arrive, à tout de suite
Amine : Vas-y à tout de suite
Je raccrochai, puis enfilai mes chaussures, pris mes affaires et sortis. J'arrivai en bas de mon immeuble quelques minutes plus tard, repérai la voiture d'Amine garée en double file au coin de la rue et grimpai à l'intérieur. Alors que j'enlevais ma veste, je remarquai qu'il m'observait.
Moi : Qu'est ce qu'il y a ?
Amine : Comment ça qu'est ce qu'il y a ?
Moi : Bah j'sais pas tu me regardes
Amine : Ah donc j'ai pas le droit de te regarder ? Dit-il avec un petit sourire en coin. Vas-y attache toi là, ajouta-t-il en démarrant.
Je rigolai et m'exécutai. Puis, après avoir cherché dans ma bibliothèque quelques instants, c'est sur Gwan Gou de Kalash que nous avions pris la route. Le trajet avait duré une bonne quarantaine de minutes car le lieu était à Paris et, au vu du jour et de l'heure, la circulation était très dense. Il était près de 21h lorsque j'arrivai enfin à destination. Tandis que je remettais ma veste, Amine se mit en warning un peu plus loin.
Amine : T'es sûre que tu veux pas que je revienne te chercher ?
Moi : Ouais t'inquiète, je sais même pas à quelle heure ça va finir
Amine : Ça me dérange pas wsh, je dors tard moi tu sais très bien
Moi : Mais nan je vais prendre un Uber, répondis-je en attrapant mon sac. C'est gentil
Amine : Comme tu veux, se résigna-t-il. Tu connais des gens là bas au moins ?
Moi : Ouais y'a Mickaël qui est déjà arrivé
Amine : D'accord. Bon, dit-il en se penchant vers moi, m'embrassant le front, bonne soirée, fais attention
Moi : Oui promis, répondis-je en souriant.
Alors qu'il s'adossait de nouveau dans son siège, je me penchai à mon tour vers lui. Puis, posant ma main sur sa joue, tournai légèrement son visage vers moi et l'embrassai. Je le sentis sourire contre mes lèvres, probablement pris par surprise, puis saisit mon menton et me rendis mon baiser.
Amine : Appelle moi si y'a un problème, je dormirai pas
Moi : Oui chef, le taquinai-je alors que j'ouvrais la portière.
Je sortis de la voiture, marchai jusqu'à l'entrée de la boîte qu'Adidas avait privatisé pour l'évènement et m'y engouffrai. Après le sas d'entrée, je descendis de longs escaliers éclairés de néons bleutés. Une fois en bas, alors que mes yeux peinaient à s'habituer à la pénombre, je distinguait plusieurs visages qui m'étaient familier. À ma droite, je reconnu Denzel et Marianne assis sur une banquette en cuir discuter, un verre à la main, et un peu plus loin, Estelle accoudée au bar en compagnie d'un homme qui m'était inconnu. Alors que j'analysais la pièce, quelqu'un m'attrapa par l'épaule. Je fis volte-face et me retrouvai nez-a-nez avec Mickaël. Ce dernier explosa de rire en voyant mon air apeuré.
Moi : Putain mais tu m'as fait peur !
Mickaël : Mais wsh tu croyais que c'était qui ?
Moi : Bah justement je sais pas ! Et arrête de rire j'ai envie de te frapper
Mickaël : Vas-y c'est bon j'arrête, dit-il en reprenant son souffle. Mais j'te jure t'as pas vu ta tête
Moi : T'es là depuis combien de temps ? Viens on va boire un truc
Mickaël : Ça doit faire une demi-heure. J'ai déjà bu un Moscow Mule et un Mojito mais je t'accompagne
Moi : En une demi-heure ? Ça fait pas beaucoup ?
Mickaël : J'ai déjà fait pire mais j'avoue que je commence à me sentir bien là, dit-il en rigolant.
Nous étions allés au bar et après commandé un Virgin Mojito, la boisson incontournable des non-buveurs d'alcool en soirée, nous étions allés nous assoir sur l'une des banquettes en cuir qui bordaient la salle. Nous discutions depuis un bon quart d'heure déjà lorsque Mickaël jeta un regard par dessus mon épaule. Intriguée, je me retournai et vis Marc, tout sourire, qui se dirigeait vers nous.
Mickaël : Tu le connais ? Me glissa-t-il alors que Marc n'était plus qu'à quelques mètres de nous.
Moi : Oui, c'est lui Marc
Mickaël : Ahhhhh d'accord ! Ça va hein il est pas mal, dit-il d'un air malicieux
Moi : J'peux vous laisser si tu veux hein, dis-je en rigolant
Mickaël : Nan arrête la honte
Marc : Hey ! *t/p* comment ça va ? Ça fait plaisir de te voir ! Dit-il en m'attrapant l'épaule pour me faire la bise.
Moi : Ça va et toi ? Je te présente Mickaël, dis-je en me retournant vers Mickaël. Mickaël, Marc.
Mickaël : Enchanté, dit-il en lui tendant la main. Tu viens de Strasbourg toi c'est ça ?
Marc : Ouais c'est ça, on t'a parlé de moi à ce que je vois, ajouta-t-il en me faisant un clin d'oeil.
Un peu gênée, je ne relevai pas et jetai un coup d'oeil autour de lui.
Moi : Naëlle est pas là ?
Marc : Nan elle avait déjà quelque chose de prévu ce week-end, je suis venu tout seul
Moi : Ah d'accord. Bon sinon ça va ? T'as fait bon voyage ?
Marc : Ouais ça va 3h de train c'est tranquille, c'est le retour de demain soir qui va être compliqué
Moi : Pourquoi ? T'as un changement ?
Marc : Nan mais 3h de train sobre c'est pas pareil que 3h de train quand tu décuves, dit-il en riant.
Mickaël : Tu m'étonnes. Bon toi tu bois j'imagine ? Dit-il en s'adressant à Marc.
Marc : Ouais pourquoi ? *t/p* tu bois pas toi ?
Moi : Nan je bois pas
Marc : Ah ouais ? Même pas un verre ?
Moi : Même pas un verre, répétai-je.
Marc : Bon bah dommage pour toi, tu rates quelque chose !
Sur ces mots, Marc et Mickaël s'étaient dirigés vers le bar et avaient commandé deux cocktails chacun. De mon côté, j'avais commandé un coca puis avais rejoint Denzel et Marianne pour discuter. Après plusieurs heures à enchaîner les shooters et enflammer la piste de danse, Mickaël et Marc étaient finalement revenus s'assoir sur la banquette sur laquelle nous nous étions initialement installés et je les avais rejoins. Alors que je m'asseyais à côté de Mickaël, je remarquai que celui-ci se trouvait dans un état second.
Moi : Mickaël t'as mangé avant de venir ?
Mickaël : Nan j'ai rien mangé.. Je me sens pas .. très bien, hoqueta-t-il.
Moi : Tu veux pas rentrer ? Je te prend un Uber
Mickaël : Mais non .. ça va
Moi : Nan nan là ça va pas. Viens avec moi, dis-je en lui tendant la main pour l'aider à se lever.
Marc : Vous allez où ?
Moi : Je raccompagne Mickaël, il va rentrer
Marc : Quoi ? Mais non faut qu'il reste ! Mickaël reste je paye ma tournée !
Moi : Nan il va rentrer, vous ferez ça une autre fois. Allez viens debout, dis-je en aidant Mickaël à se lever.
Marc : Bon bah Mickaël, on se refait ça très vite mon frérot ! Dit-il en tapant dans la main de celui-ci.
Saisissant mon bras, Mickaël se hissa sur ses jambes avec difficulté.
Mickaël : Ouais t'inquiète frérot .. Quand tu reviens on se refait ça
Tant bien que mal, j'étais parvenue à lui faire monter les escaliers jusqu'à la sortie et l'avais fait assoir sur le trottoir en attendant que son Uber arrive. Celui-ci arriva une dizaine de minutes plus tard, et, voyant Mickaël assit par terre, ouvrit sa fenêtre à ma hauteur.
Chauffeur : C'est pour vous la course ?
Moi : Non c'est pour lui, dis-je en désignant Mickaël.
Chauffeur : Ah nan désolé je peux pas le prendre, si il vomit ça va me pourrir ma soirée
Mickaël : Mais non monsieur, je vomis pas, j'ai jamais vomis à cause de l'alcool
Chauffeur : Ouais vous dites tous ça
Moi : Tenez, dis-je en lui tendant deux billets de 20 euros. C'est au cas où il vomit, ça vous paiera le nettoyage.
Chauffeur : Bon, allez-y faites le monter, dit-il en prenant l'argent.
Mickaël : Merci, je te rembourserai..
Moi : Tais-toi et monte au lieu de dire n'importe quoi, dis-je en l'aidant à s'assoir. Et bip moi quand t'es rentré !
Je refermai la portière et regardai le Uber de Mickaël s'éloigner. Quelques instants plus tard je rentrai de nouveau dans la boîte et allai me rassoir sur la banquette. Alors que je m'apprêtai à prendre mes affaires pour aller rejoindre Denzel et Marianne, je remarquai soudain que les deux n'étaient plus là. Bon, tant pis. Je sortis mon téléphone et vérifiai l'état de la course de Mickaël. Celui-ci se trouvait à une bonne heure de chez lui. Je devais donc attendre que sa course se termine pour pouvoir rentrer à mon tour. Au même moment, Marc refit son apparition.
Marc : Tu bois quelque chose ? C'est ma tournée !
Moi : Non merci c'est gentil, j'ai pas trop soif
Marc : Allez vas-y viens ! J'te paye un soft
Moi : Bon d'accord, mais je vais pas trop tarder à rentrer je pense..
Marc : Mais oui, allez viens ! Dit-il en me tirant par le bras pour me lever.
Je le suivis jusqu'au bar et ce dernier commanda un Tequila Sunrise ainsi qu'un Virgin Mojito.
Marc : Allez santé ! S'exclama-t-il en entrechoquant son verre avec le miens, renversant un peu de son cocktail au passage
Je me contentai de lui sourire et porta la paille à mes lèvres. Marc fit de même et, ne me quittant pas du regard, commença à siroter son cocktail. Au bout de quelques gorgées, commençant à me sentir mal à l'aise, je brisai le silence.
Moi : Je pense que je vais rentrer, je suis vraiment fatiguée
Marc : Mais nan reste, dit-il en se rapprochant de moi. La soirée vient juste de commencer !
Alors que j'étais sur le point de répondre, je sentis sa main se poser sur mon bas du dos. Un frisson de dégoût me parcouru tout le corps et j'eus un mouvement de recul.
Moi : Nan je vais vraiment rentrer là
Marc : Tu vas rentrer comment ? Je peux te ramener chez toi si tu veux, dit-il en souriant, se rapprochant encore plus.
Son haleine sentait l'alcool et son regard était vitreux. Je ressortis instinctivement mon téléphone de ma poche pour vérifier l'état de la course de Mickaël. Le périphérique étant fermé, il restait 45 minutes avant l'arrivée à destination. J'étais bloquée. Il ne me restait qu'une seule solution. J'ouvris ma conversation avec Amine et commençai à taper frénétiquement sur le clavier.
Moi : Viens me chercher stp
Mon téléphone vibra une fraction de secondes plus tard.
Amine : J'arrive. Ça va ?
J'eus tout juste le temps d'ajouter « 👎🏼 » à son message que Marc passa sa tête par dessus mon épaule pour regarder l'écran. Je le verrouillai immédiatement.
Marc : Amine ? C'est ton mec ?
Moi : Oui, il va venir me chercher. Excuse-moi, dis-je en lui passant devant pour récupérer mes affaires qui se trouvaient encore sur la banquette.
Je récupérai précipitamment mon sac, enfilai ma veste et me dirigeai d'un pas décidé vers la sortie. Une fois dehors, la fraîcheur de l'air me fit frissonner et tandis que mon coeur tambourinait dans ma poitrine, je jetai de temps à autres des regards derrière moi afin de vérifier si Marc ne m'avait pas suivie. Vingt minutes plus tard, un bruit familier de moteur raisonna à l'autre bout de l'avenue et Amine fit son apparition. Tandis que ce dernier se mettait en warning, je jetai un dernier regard derrière moi puis rentrai dans la voiture.