J'étais arrivée chez moi et avait commencé à vider ma valise. Je m'affairai depuis une vingtaine de minutes lorsque mon téléphone vibra. 1 message non-lu. Amine.
Amine : Je suis rentré
J'ajoutai un « ❤️ » à son message puis, ne voulant pas entamer de discussion, reposai mon téléphone afin de terminer mon rangement. Je passai ensuite à la douche, me séchai, m'habillai en pyjama et me rendis dans la cuisine. Je n'avais rien mangé depuis midi et je mourrais de faim. J'ouvris le frigo, attrapai un Tupperware de riz et un autre de sauce que j'avais fait quelques jours plus tôt, versai le tout dans une assiette et la mis à réchauffer au micro onde. Une fois mon repas prêt, j'allai m'assoir au salon, posai mon assiette fumante sur la table basse et allumai la télé.
Alors que je cherchai de quoi me divertir un peu, mon téléphone vibra de nouveau. Linkedin. « Et une de plus », pensai-je mais alors que je m'apprêtai à reposer mon téléphone, le nom d'utilisateur attira mon attention. « Marc Suvelier et deux autres personnes ont vu votre profil. ». N'en pensant pas grand chose, je verrouillai l'écran et cliquai sur une série au hasard. Après manger, je débarrassai mon assiette, et m'affalai enfin dans mon lit après un rapide passage par la salle de bain. J'envoyai un message à Sanaa et Mickaël pour leur dire que j'étais rentrée, puis posai mon téléphone et sentis le sommeil m'emporter quelques instants plus tard.
*samedi 21 janvier*
J'ouvris les yeux et regardai l'heure. 10h47. Je m'étirai et jetai un coup d'oeil à mes notifications. 4 messages non-lus. Mickaël. Sanaa.
Sanaa : D'accord
Sanaa : Alors c'était bien ?
Mickaël : Ça va t'es rentrée tôt !
Mickaël : Au fait y'a du nouveau ?
Je me levai de mon lit et pris mon téléphone avec moi. Pendant que mon café était en train de couler, je m'accoudai au plan de travail et entrepris de répondre à mes messages. Je commençai par Sanaa.
Moi : Ouais j'ai bien aimé
Je basculai ensuite sur la conversation avec Mickaël :
Moi : Il m'a appelée jeudi soir et il a insisté pour venir me chercher à la gare hier
Moi : Rien n'est encore réglé, je crois qu'il veut juste pas que je parte à Strasbourg en fait
Je pris ma tasse de café et allai m'assoir au salon pour le boire. Mon téléphone vibra quelques instants plus tard.
Mickaël : Comment ça ? Il s'est pas excusé ?
Moi : Si mais il se trouve trop d'excuses alors que clairement y'en a pas
Moi : Il m'a invitée chez lui ce soir pour se rattraper apparemment
Mickaël : Et tu comptes faire quoi ? Tu vas y aller ?
Moi : Ouais je vais y aller
Moi : Mais si il fait pas ses preuves je pourrai pas continuer
Moi : Je veux plus de ça dans ma vie, pas à mon grand âge
Mickaël : T'as grave raison
Mickaël : En vrai c'est pas plus mal finalement
Mickaël : Bah écoute vois ce qu'il a à dire et après t'aviseras
Moi : Ouais voilà
Mickaël : Force en tout cas, tiens moi au courant
Moi : Ouais t'inquiète
Mickaël a ajouté « ❤️ » à votre message.
J'avais ensuite passé la journée à me reposer. J'étais physiquement épuisée, émotionnellement drainée et je devais être en pleine possession de mes moyens pour ce soir. Après avoir fais une sieste, regardé quelques épisodes de The Haunting of Hill House et fais quelques soins, je commençai doucement à me préparer.
Après m'être lavée, habillée, coiffée et maquillée, je me posai enfin dans mon canapé en attendant l'heure de partir. Tandis que je repensai à l'état de ma vie depuis ces dernières semaines, une notification me fit sursauter. Linkedin. « Vous avez une nouvelle relation ». Je cliquai dessus afin de voir le profil de l'utilisateur qui venait de me suivre. Marc Suvelier. Je haussai les sourcils. Bizarre. De tous les collègues que j'avais pu rencontrer cette semaine, Marc était le seul à m'avoir suivie. Bon, pourquoi pas.
Je regardai machinalement l'heure. 18h38. Mince. Je devais partir rapidement pour ne pas être en retard. Je me levai du canapé, enfilai mes chaussures et ma veste, attrapai mon sac et quittai l'appartement.
J'arrivai devant chez lui une bonne vingtaine de minutes plus tard et me garai un peu plus loin. Je coupai le moteur, récupérai mon téléphone et sortis de la voiture. J'arrivai devant chez lui quelques instants plus tard, ouvrit le portillon qui n'était pas fermé à clé puis me dirigeai jusqu'à la porte d'entrée.
Alors que je frappai à la porte, des bruits stridents attirèrent mon attention. Quelques instants plus tard, un bruit de clé se fit entendre et Amine ouvrit la porte. Je l'observai quelques instants. Il avait troqué ses survêtements habituels contre un cargo vert et un t-shirt noir et avait plaqué ses cheveux avec soin. Même sa barbe paraissait mieux taillée que la veille. Il baissa les yeux vers moi et me sourit. Il paraissait étrangement agité.
Amine : Ça va ?
Un bruit de fracas raisonna dans la cuisine. Je fronçai les sourcils.
Moi : T'es pas tout seul ?
Amine : Si si t'inquiète, dit-il en se décalant pour obstruer l'entrée de la pièce.
Moi : Nan Amine t'es pas tout seul là j'entend du bruit, dis-je en avançant dans le couloir.
Au même moment, la porte s'ouvrit brusquement et Billy et Abdel en sortirent en courant, les bras chargés de sacs poubelle remplis d'emballages et d'autres déchets en tout genre.
Billy : Vite, Abdel, tes chaussures ! Dit-il en se ruant vers la porte, cognant les murs avec ses sacs poubelle au passage.
Abdel : Attends, t'as pas fermé la porte de la cuisine sale chien, s'exclama-t-il en faisant demi-tour.
Il attrapa la poignet et la claqua derrière lui. Tandis que tous deux s'empressaient d'enfiler leurs chaussures, Amine me jeta un regard, et, au vu de mon air incrédule, étouffa un éclat de rire. Quelques instants plus tard, ils avaient disparu.
Amine : Je t'ai dit, je suis tout seul, dit-il en essayant de garder un air sérieux.
Moi : Ah ouais, désolée de pas t'avoir cru.. répondis-je de manière tout aussi sérieuse.
Il posa sa main sur mon épaule et me fit un signe de tête en direction du salon.
Amine : Viens on va s'assoir, dit-il en me conduisant en direction du salon.
Alors que je descendais la petite marche qui menait au salon, je remarquai que l'ambiance de la pièce avait changé. Sur la table basse, le couvert avait été mis pour deux personnes et des bougies se trouvaient de part et d'autres de la pièce. La lumière agressive du plafonnier avait également été remplacée et laissait maintenant place à celle d'un lampadaire. Je réprimai un sourire et allai m'assoir sur le canapé. Amine m'imita, puis se pencha vers la table basse et saisi une petite bouteille en verre de coca.
Amine : Je t'en sers ? Me demanda-t-il.
Moi : Ouais je veux bien s'il te plait.
Il hocha la tête, puis décapsula la bouteille et versa son contenu dans mon verre. Il fit ensuite de même pour lui, en bu une gorgée, puis s'enfonça un peu plus dans le canapé.
Amine : J'étais pas sûr que tu viennes.. commença-t-il. Jsuis vraiment content que tu sois là
En guise de réponse, je me contentai de le regarder, esquissant un léger sourire.
Amine : Tu sais, hier quand je suis rentré j'ai beaucoup réfléchis et sah t'as raison je peux plus continuer d'agir comme un gosse. Faut que je prenne conscience de mes défauts, de mes gros défauts même et que je commence à travailler dessus sérieusement parce qu'après ça mène à des situations comme ça. Et c'est vrai, t'as raison, peut-être que je réalise pas ce que ça t'as fait et je m'en excuse parce que tu mérites tout sauf ça. T'as toujours été droite envers moi, t'as fait des sacrifices et je me suis pas montré digne de toi, je te l'ai trop mal rendu mais c'est terminé tout ça.
Moi : Mais y'a pas que ça.. T'as dit des choses qui m'ont vraiment fait mal et je sais pas, on aurait dit que nous deux ça comptait pas vraiment pour toi.
Amine : Je sais, tu parles de quand j'ai dit que c'était « juste une rencontre » et sah, ce que j'ai dit c'est un truc de fdp.. Quand c'est sortit de ma bouche j'ai regretté instant. Et le pire c'est que je le pensais même pas, j'me suis tiré une balle dans le pieds tout seul, je sais même pas pourquoi j'ai dit ça..
Moi : Ouais mais même ton histoire de démentis là..
Amine : Eh mais même là dessus, même là dessus.. J'te l'ai dit j'ai été une merde de A à Z j'ai aucune excuse.
Il marqua une pause, puis continua.
Amine : J'ai parlé direct de démentis à croire jsuis quelqu'un mais frère jsuis personne, jsuis strictement personne, j'suis juste un petit bouffon qui réalisait pas ce qu'il avait entre les mains. Eh, c'est bon, je m'en fou je le dis, j'suis piqué frère, j'suis amoureux et j'me suis mangé un claque de fou quand t'es partie à Strasbourg. Maintenant je sais que c'est égoïste ce que je vais dire mais je veux pas que tu partes, j'te demande juste de me faire confiance et de me laisser une dernière chance de faire les choses bien.
Moi : Mais Amine tu sais ce que ça veut dire de faire les choses bien.. ?
Amine : Oui je sais et j'suis prêt
Moi : Tu sais que ça va prendre un peu de temps avant que je puisse te refaire confiance, je peux pas m'engager avec toi comme ça j'ai besoin de preuves là
Amine : Ouais je comprend et carrément c'est normal, mais voilà juste sache que quand tu seras prête et quand tu seras d'accord surtout, bah j'irai voir tes parents.
Je restai sans voix, submergée par les émotions et ne réalisant pas ce que je venais d'entendre.
Moi : Je sais même pas quoi te dire.. commençai-je.
Amine : Je sais que ça fait beaucoup d'entendre tout ça, me rassura-t-il, juste dis moi que tu restes et tu le regretteras pas, wAllah tu le regretteras pas.
Moi : Amine me fait vraiment pas regretter parce que..
Avant que je n'ai pu finir ma phrase, il prit mon visage entre ses mains et pressa ses lèvres contre les miennes, poussant un soupire de soulagement. Son étreinte était plus ferme et son baiser plus appuyé. Au bout de quelques secondes, il se recula légèrement et, tenant toujours mon visage entre ses mains, posa ses lèvres sur mon front.
Amine : Tu le regretteras pas, j'te promet que tu le regretteras pas, murmura-t-il.
Quelques instants plus tard, il me relâcha et me lança un regard espiègle.
Amine : Bon.. Est-ce que t'as faim ? Me demanda-t-il avec un petit sourire en coin.
Moi : Ouais trop, j'ai rien mangé aujourd'hui
Amine : Vas-y bouge pas je reviens, dit-il en se levant du canapé.
Il se leva et alla dans la cuisine. Pendant ce temps, Baki, qui était au salon, m'avait tenu compagnie. Au bout de quelques minutes, Amine revint avec un plat dans les mains. Il le posa sur la table et me regarda d'un air fier.
Moi : T'as fait ça tout seul ?
Amine : Ouais ouais, bah t'as bien vu j'étais tout seul cet après-midi..
Moi : Ah oui c'est vrai, t'étais tout seul..
Amine : Bon, vas-y passe ton assiette, dit-il en tendant la main tout en découpant une part de lasagne.
Il me servit, puis se servit à son tour. Alors que je prenais ma première bouchée, je le vis m'observer du coin de l'oeil.
Amine : Alors ?
Moi : Franchement c'est bon !
Amine : Sah ? En plus en vrai c'était même pas difficile à faire. Enfin sauf la béchamel, ça c'était chaud de ouf on a recommencé 3 fois
Moi : Bah tu diras aux personnes qui étaient pas là que c'était super bon
Amine : Vas-y je leur dirai, dit-il en rigolant.
Alors que nous mangions, mon téléphone, qui était posé sur la table, s'illumina. Je vérifiai rapidement l'écran. Linkedin. « Marc Suvelier vous a envoyé un message ». Je fronçai les sourcils. Amine, qui était à côté de moi, regarda mon écran à son tour.
Amine : Ça continue ? S'inquiéta-t-il
Moi : Nan c'est pas ça, c'est un collègue de Strasbourg là
Amine : Ah ton collègue d'hier là ?
Moi : Tu l'as vu ? J'étais loin pourtant
Amine : Ouais je l'ai vu ouais.. Et il veut quoi ?
Moi : Je sais pas justement, il vient de m'envoyer un message là.
Amine : Vas-y ouvre ?
Moi : Attends, dis-je en posant ma fourchette pour prendre mon téléphone à deux mains. Alors..
Amine : Comment ça il veut savoir ce que tu fais demain ? Me coupa-t-il. Il veut que j'le fume ou quoi ? Eh frère c'est Linkedin ici, pas Tinder !
Moi : Alors déjà doucement, commençai-je, il me demande sûrement ça parce qu'il veut qu'on fasse un trucs avant que lui et Naëlle repartent.
Amine : Nan nan, les hommes je les connais, il va pas me la faire
Moi : Attend je réponds..
Amine : Tu vas lui dire quoi ?
Moi : Bah je vais lui dire que je fais rien
Amine : T'es sérieuse ?
Moi : Eh tu me fais confiance ou pas ? La confiance ça marche dans les deux sens. Si Naëlle est là aussi je vois pas le mal
Amine : Vas-y fais comme tu veux, marmonna-t-il. J'te laisse faire ta propre expérience mais tu verras que j'avais raison
Moi : Et bah on verra bien, en attendant mange et arrête de faire cette tête, le taquinai-je.
Amine était contrarié mais, ne voulant pas céder, j'avais décidé de faire comme si de rien n'était. Après l'avoir aidé à ranger la cuisine qui était en piteux état, j'avais préparé un plateau et y avait posé du thé et les crêpes que les garçons avaient préparées pour le dessert. Nous nous étions ensuite rassis au salon et avions passé le reste de la soirée à manger et profiter l'un de l'autre.
Il était maintenant près de deux heures du matin et je commençai à fatiguer. Je m'étirai donc puis me redressai.
Moi : Bon, je vais y aller il est tard
Amine : Tu veux pas rester ? Se risqua-t-il. J'ai changé les draps tout à l'heure.
Moi : C'est gentil mais je pense que je vais rentrer..
Amine : T'es sûre ? T'es fatiguée tu vas pas conduire comme ça
Moi : Mais si c'est tranquille, dis-je en me levant.
Tandis que je me dirigeai vers la porte d'entrée, Amine se leva à son tour et me suivit. J'enfilai mes chaussures et ma veste, pris mon sac et me tournai vers lui. À son tour il enfila des claquettes et déverrouilla la porte.
Amine : Vas-y je t'accompagne, dit-il en ouvrant la porte.
Je passai devant lui, traversai la cour et ouvris le portillon. Il me rejoignit quelques instants plus tard puis, refermant le portillon, me suivit jusqu'à la voiture. J'ouvris la portière côté passager pour y jeter mon sac puis me retournai vers lui.
Moi : Merci pour ce soir.. commençai-je.
Amine : Vas-y arrête, dit-il en passant ses bras derrière ma nuque, m'attirant vers lui. C'est moi qui devrait te remercier là, ajouta-t-il en déposant un baiser dans mes cheveux. Allez, fais attention sur la route et dis-moi quand tu rentres.
Moi : Oui t'inquiète, répondis-je en me dégagement doucement de son étreinte.
Je montai ensuite dans ma voiture, mis la musique en route pour me tenir éveillée puis démarrai à contre coeur. Bien évidemment que j'aurai aimé rester, mais il était encore trop tôt pour ça.