14 octobre 2023
Esmée n'a même pas le temps d'esquisser le moindre mouvement pour récupérer sa valise que le pilote l'en empêche. Il l'attrape de lui-même en ouvrant les compartiments au-dessus de leurs sièges dans l'avion.
- Je pouvais le faire, râle-t-elle.
Pierre secoue la tête en attendant que les gens devant eux descendent de l'avion. Il a pris un vol commercial, n'ayant pas envie d'utiliser un jet pour relier Paris à la mégalopole qu'est New-York.
- Arrête de râler, p'tit cœur.
- Je fais ce que je veux c'est mon anniversaire.
- Ta journée d'anniversaire va durer cinq heures de plus avec le décalage horaire, souligne Pierre. Stylé quand même.
Elle esquisse un faible sourire en le suivant vers la sortie de l'avion. Lorsqu'ils posent un premier pied sur le tarmac de l'aéroport, le pilote ne peut s'empêcher de glisser à l'oreille de la brune :
- Bienvenue aux USA, bébé.
- Retire cet horrible surnom immédiatement.
- C'était mignon.
La pianiste secoue la tête, elle donne un coup de coude dans ses côtes pour manifester son mécontentement mais son sourire ne faiblit pas. Elle frissonne un petit peu suite à la différence de température par rapport à l'intérieur de l'avion, elle passe le contrôle des frontières avec Pierre et elle ne peut s'empêcher de souligner :
- Imagine le policier, la chance qu'il a eu de contrôler Pierre Gasly.
- Parle moins fort, je suis célèbre.
- Est-ce qu'il t'a reconnu ?
- Non, ou alors il a tout fait pour ne pas le montrer, sourit Pierre.
Il glisse tout de même des lunettes de soleil sur son nez malgré le temps grisâtre. Il pose également une casquette sobre sur le haut de son crâne avant d'attraper la main de la pianiste dans la sienne pour sortir de l'aéroport.
Esmée l'observe s'occuper de tout depuis le début de la journée : il s'est occupé des billets d'avion, de garder les passeports quil vient de ranger dans son sac à dos et elle l'observe héler un taxi pour se rendre à l'hôtel qu'il a réservé.
- C'est immense !
Esmée s'allonge de tout son long sur le matelas sous le regard amusé du pilote. Il s'installe à ses côtés, sa main glisse sur son ventre par dessus l'épaisseur du pull qu'elle porte et il dépose un baiser sur sa joue.
- Mademoiselle, il faudra s'habiller autrement pour le restaurant de ce soir.
- Dis que je suis moche avec mon survêtement, c'est pareil.
Elle est faussement vexée, Pierre le sait bien puisqu'elle l'embrasse sur les lèvres avant de se lever. Elle se dirige vers la salle de bain et avant de fermer la porte derrière son passage pour se préparer, elle supplie d'un regard implorant :
- Mets une chemise s'il te plaît.
- A vos ordres, Mademoiselle.
Elle sourit en enfilant une robe de grossesse dans la salle de bain, elle ne prend pas le temps de se maquiller n'ayant tout simplement pas envie depuis que son acnée est revenue parsemer son visage. Elle s'attache simplement les cheveux en un chignon lâche et quand elle ressort de la pièce, ses yeux s'arrêtent sur Pierre attendant son tour pour rentrer dans la salle d'eau.
Il sourit en l'apercevant, Esmée s'arrête à sa hauteur. Elle pose une main sur son flanc gauche et elle se blottit contre lui pour une étreinte que Pierre lui donne instantanément. Il comprend immédiatement qu'elle en a besoin, il ne la questionne point, ses bras musclés encerclent les épaules de la pianiste et ses lèvres se déposent sur sa joue.
- Je n'ai pas envie de me maquiller, avoue-t-elle.
- Ce n'est pas grave puis t'es très belle comme ça.
- Je te plais toujours ?
- Quelle question, répond Pierre en levant les yeux au ciel.
La pianiste le remercie en embrassant ses lèvres tendrement, elle relâche son étreinte pour libérer Pierre. Il se dirige dans la salle de bain, elle l'observe quelques instants recoiffer ses cheveux dans le miroir, puis il plié correctement le col de sa chemise avant de ressortir. Un sourire solaire toujours accroché à ses lèvres.
- Avant qu'on parte je vais te donner quelque chose, commence Pierre. Ce n'est pas un cadeau, je n'ai rien acheté.
Esmée fronce les sourcils tandis qu'il attrape son portefeuille pour en sortir une carte bleue. La brune est consternée quand il lui tend cette dernière afin qu'elle la saisisse, elle questionne sans la prendre entre ses doigts :
- Qu'est-ce...
- La dernière fois, tu avais vu des peluches et tu ne les as pas achetées mais j'ai bien vu qu'elles te plaisaient quand je suis venu avec toi pour les acheter, l'interrompt Pierre. Je ne veux pas que l'argent te bloque sur ce genre de choses, alors que de mon côté, c'est le cadet de mes soucis.
- Pierre, je ne peux pas accepter et tu le sais très bien.
Il soupire en passant une main dans ses cheveux qu'il décoiffe après avoir passé autant de temps à les dompter, Pierre se pince les lèvres avant d'attraper les mains de la pianiste dans les siennes. Ses yeux azur se plantent dans les siens avec intensité et il souffle :
- Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on se marie et que notre bébé arrive. Cette carte est reliée à un de mes comptes, et je veux vraiment que tu l'utilises. Je ne veux pas que tu t'empêches d'acheter ce que tu veux pour toi ou pour le bébé, pour un problème d'argent alors que ça n'en est pas un de mon côté, d'accord ?
Esmée ne répond rien, elle se contente de fixer le pilote. Ses lèvres se mettent à trembler et Pierre comprend qu'elle ne va pas tarder à pleurer, il a peut-être été trop direct dans ses propos.
- P'tit cœur, dit-il d'une voix plus douce. Ça ne veut pas dire que tu es dépendante de moi en acceptant, on en reparlera plus tard, ça te va ?
Esmée acquiesce en essuyant ses yeux humides, elle murmure qu'elle est soulagée de ne pas s'être maquillée au risque de voir tout son maquillage gâché à la moindre larme. Elle ravale ses larmes avant de lancer un sourire rassurant au pilote, sa main se glisse dans la sienne montrant qu'elle est prête à partir.
En arrivant dans le restaurant, Esmée aperçoit la table réservée par le rouennais. Ses yeux se posent sur les personnes déjà attablées et elle jure que son cœur rate un battement quand ils se lèvent à l'unisson pour lui souhaiter un joyeux anniversaire.
Esmée ne peut contenir ses larmes en voyant tout ce beau monde. Il y a Céleste près d'Ilies, Benjamin qui s'est même déplacé à New-York, les monégasques, sans oublier Carlos et sa copine. Elle ne s'y attendait pas, encore moins à recevoir autant de compliments sur la robe qu'elle porte malgré son ventre arrondi, elle s'assoit rapidement aux côtés de Pierre.
Sa main s'aggripe fermement à la sienne pour le remercier, Pierre esquisse un sourire signifiant que ça n'a rien d'anormal comme surprise. Céleste et Benjamin se sont déplacés depuis Paris jusqu'ici et Esmée n'avait rien remarqué, elle leur avait pourtant dit qu'elle et Pierre partiraient plus tôt afin de visiter New-York avant le grand-prix à Austin.
- Alors ! On veut savoir !
Charles s'exclame d'une voix forte, il fait sursauter la pianiste qui se tourne vers lui. Instinctivement, elle pose une main protectrice sur son ventre arrondi, ses sourcils se froncent ne comprenant pas l'interrogation du monégasque.
- C'est une fille ou un garçon ?
Sa question paraît évidente et Esmée ne peut retenir un sourire qu'elle partage avec Pierre assis à ses côtés. Un seul regard suffit pour se mettre d'accord pour révéler ce petit secret, Pierre glisse :
- C'est un garçon.
Les exclamations raisonnent immédiatement et Charles se renfrogne en disant qu'il avait misé sur une fille avec Carlos.
- T'as parié ce genre de choses ? s'exclame Esmée mi-choquée mi-amusée.
- Il a aussi parié qu'il serait le parrain, révèle Carlos.
- C'est Pierre qui choisit le parrain, murmure la pianiste. Je choisis la marraine, il faut réussir à le convaincre.
Ils se sont décidés sur le retour du grand-prix du Qatar. Pierre a pu y participer après que ses contusions se soient résorbées quelques jours auparavant. Le monégasque reporte un regard chargé de menaces sur Pierre, déclenchant un rire hilare du rouennais qui lâche :
- Tu n'es pas le seul prétendant, mec.
- Comment ça ? Tu veux que je te fasse la liste de toutes les choses qui feront de moi le meilleur parrain.
- Ça ira, je vais m'en passer.
Esmée ne s'arrête plus de rire durant le reste de la soirée. Il n'y a pas de meilleure manière de fêter ces vingt-huit ans avec les gens qu'elle aime. Elle n'oublie pas de remercier Pierre après avoir planté sa cuillère dans son tiramisu sous ses protestations.
- Tu n'avais qu'à t'en prendre un, maugrée-t-il.
- Je n'avais plus faim, mais maintenant si.
Un sourire discret étire les lèvres du pilote qui n'échappe pas à la pianiste, elle se permet ainsi de prendre une autre cuillère de ce merveilleux dessert.
- Pierrot, souffle-t-elle en rentrant dans leur chambre d'hôtel.
Il se tourne vers elle tout en retirant la veste qu'il porte, Esmée se pince les lèvres intimidée par l'intensité de son regard azur comme à chaque fois qu'il la regarde trop longtemps.
Pierre sourit doucement tandis qu'elle se blottit dans ses bras. La question qu'elle a depuis le début de la soirée brûle ses lèvres si bien qu'elle ne peut se retenir de le questionner :
- Tu as déjà choisi le parrain, n'est-ce pas ?
Elle pense l'avoir compris depuis son échange avec le monégasque, mais elle n'est pas certaine que ce soit le cas. Pourtant elle sent le pilote hocher la tête.
- Il faut que je lui demande s'il est d'accord, mais oui, j'ai choisi.
- Ce n'est pas Charles ?
- Non, souffle-t-il.
Esmée pense immédiatement à Ilies ou l'un de ses frères pourtant Pierre rajoute pour dissiper ses questions :
- C'est Benjamin.
Son cœur s'arrête presque, elle s'éloigne un court instant pour plonger son regard dans le siens. Pierre se met soudainement à douter de son choix face à ses yeux humides de larmes.
- C'est peut-être maladroit de lui proposer après ce qu'il s'est passé avec Timéo, mais je suis persuadé que ça lui fera plaisir.
- Ça lui fera énormément plaisir, assure Esmée d'une voix émue. A moi aussi ça me fait plaisir, ça me touche beaucoup.
Pierre pose ses mains sur les joues de la brune pour essuyer ses paupières humides et il se penche pour capturer ses lèvres dans un doux baiser, scellant ainsi le choix qu'ils approuvent tous les deux.
- Et la marraine ? souffle-t-il contre ses lèvres.
- La question ne se pose même pas.
- J'aurais du m'en douter, Ilies sera aussi le parrain par extension maintenant qu'ils sont ensembles.
- Presque d'après Céleste, corrige Esmée. Ce n'est pas encore officiel.
Le couple ne peut s'empêcher de rire, ils ont très bien compris ce qu'il se passe entre leurs amis depuis longtemps même si ces derniers refusent de mettre les termes sur leur relation.
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27 octobre 2023
Mexique
- Ce n'est pas parce que Céleste est repartie après Austin que tu dois déprimer, se moque Esmée.
Il a air un penaud en attendant le couple devant leur chambre d'hôtel, il maugrée en ayant les bras croisés sur son torse :
- J'aime pas tenir la chandelle.
- Parfois, c'est moi qui la tient, soupire Esmée. Regarde hier, vous avez fait un tennis avec Pierre, qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai compté les points.
- Ou du moins, tu as essayé parce que les règles n'étaient pas trop acquises quoi.
Esmée se tourne vers le pilote venant de sortir de la chambre qu'il claque. Il porte une casquette à l'effigie de son écurie et Esmée le réprimande d'une tape sur l'épaule face au ton qu'il vient d'employer pour se moquer d'elle.
- Ça va je rigole p'tit cœur.
Elle effectue une moue boudeuse et Pierre glisse son pass autour de son cou pour qu'ils puissent se rendre tous les trois au circuit dans la voiture Alpine de Pierre qui se gare non loin du circuit.
Esmée s'arrête après avoir passé les tourniquets pour attendre le pilote car elle ne sait pas où aller comme à chaque fois qu'elle se retrouve sur le paddock en étant perdue. Elle l'observe s'arrêter auprès de supporters avec Ilies l'aidant à signer des casquettes qu'il lui tend avant de les rendre à leurs propriétaires.
- Elle est grosse, lâche une voix en espagnol. Même pour une femme enceinte.
Esmée se tourne vers les barrières où elle a entendu sa langue natale, ses yeux se posent sur quelques jeunes femmes tenant des casquettes entre leurs mains. Esmée baisse les yeux vers ses pieds qu'elle l'aperçoit presque plus en raison de son ventre arrondi. Elle se retient de pleurer, elle espère que Pierre arrivera vite pour ne pas rester une minute de plus ici.
- Ça fait quoi, un an et demi qu'on l'a vu la première fois sur les circuits, elle est déjà enceinte.
- Normal c'est une pute, c'est sûr qu'elle a fait exprès de tomber enceinte juste pour l'argent.
Ses lèvres se mettent à trembler, elle aperçoit Pierre qui se rapproche un peu plus, remontant les barrières tout en continuant de signer des autographes. Il n'est qu'à une dizaine de mètres, les jeunes femmes se mettent à l'appeler et Pierre s'approche d'elles pour déposer sa signature sur leurs casquettes.
Esmée a la gorge nouée en effectuant un pas vers lui, elle s'arrête ne souhaitant pas s'approcher plus de l'endroit où elle entendu toutes les insultes à son encontre. Elle appelle le pilote d'une voix mal assurée :
- Pierre !
Il se tourne en reconnaissant sa voix, son regard bleu croise le sien et ses sourcils se froncent en constatant les lèvres tremblantes de sa fiancée. Il ne connaît que trop bien l'expression sur son visage signifiant qu'elle ne va pas tarder à exploser en sanglots.
Esmée l'observe venir à sa rencontre, ses mains se posent aussitôt sur ses épaules frêles. Il paraît vraiment inquiet et Esmée ne veut pas l'embêter pour de telles futilités. Elle ne devrait pas les écouter, elle ne devrait pas se laisser atteindre si facilement, mais peut-être qu'il y a une part de vérité blessant Esmée.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je... j'ai entendu des insultes... en espagnol...
Pierre se pince les lèvres en jetant un rapide coup d'œil derrière lui. Il n'a rien entendu mais il voit bien l'état de la brune. Il l'attire contre lui dans une courte étreinte et Esmée balbutie difficilement :
- Je suis sûre que c'était pour moi, je te jure que...
- Je te crois, on va s'en aller d'accord ?
Elle acquiesce faiblement alors que les larmes commencent à rouler silencieusement sur ses joues. Ses mains se resserrent sur le t-shirt du pilote tandis qu'elle blottit sa tête contre son épaule pour ne pas voir les barrières devant elle. Elle est tétanisée par tout ce qu'elle a entendu et Pierre le remarque bien.
- Elle l'a appelé pour pas que Pierre vienne nous voir, quelle sombre pute !
Cette voix surplombe le reste de la foule si bien qu'Esmée est certaine que le pilote l'a entendu, elle souffle en français contre Pierre :
- Elles ont dit que...
- Esmée, l'interrompt Pierre. T'as pas besoin de traduire, j'ai compris la fin. Allez, on s'arrache.
Sa voix est sans équivoque. Il passe un bras autour des épaules de la brune pour qu'elle puisse rester collé contre son flanc droit. La brune se pince les lèvres en s'en voulant face aux protestations des supporters qui se font entendre au fur et à mesure que le pilote s'éloigne d'eux. Esmée s'en veut.
- Tu devrais y retourner, tu as oublié des gens, souffle la pianiste d'une voix étouffée. Ce n'est pas si grave si...
- C'est hors de question.
Son ton est froid, Esmée relève la tête vers lui lorsqu'ils passent enfin les portes de l'hospitalité Alpine. Les traits de Pierre sont tirés, il est énervé par la situation. La pianiste ne mesure pas l'ampleur de ce qu'il vient de se passer jusqu'au moment où Pierre s'approche de son attaché de presse et que sa voix raisonne dans le hall de l'hospitalité :
- Je veux une réunion avec l'équipe de communication.
- Je te fixe ça après les essais libres un, murmure-t-elle en jetant un coup d'œil à sa montre. Le timing est un peu serré...
- Maintenant ou je monte pas dans la voiture, pose Pierre comme ultimatum.
Hé hé me revoilà !
alors le parrain et la marraine ? vos retours ?
la réaction de Pierre suite aux insultes .... ?