04 août 2023
Côme
Le paysage est surprenant. Esmée est fascinée par les milles nuances de la surface de l'eau, l'eau est parfois d'un bleu clair avec des reflets verts qu'elle n'avait rarement vus. Elle se sent si petite prise entre ses montagnes immenses et cette étendue bleue.
Elle ne peut s'empêcher de sourire en pensant que cette semaine a été intense. Pierre a gagné une course qu'il a enfin pu célébrer cette deuxième victoire avec l'entièreté de sa famille. L'annonce de sa grossesse a été accueillie avec joie, elle ressasse encore les sourires de la veille au soir. Les exclamations de joie des frères de Pierre, l'étreinte de ses parents et leurs regards brillants d'émotions.
Son regard s'arrête sur Pierre discutant avec sa mère à l'arrière du petit bateau qu'ils ont pris pour l'après-midi afin de s'arrêter au milieu du lac de Côme. Il tourne la tête vers elle, sentant son regard sur lui et il offre un sourire sans égal à la pianiste.
Il finit par s'éloigner de sa mère, il s'approche d'Esmée pour s'asseoir à ses côtés sur la petite banquette du bateau. Il se décalle de manière à ce que leurs cuisses se touchent et Esmée passe une main le long de son dos musclé, elle finit par poser sa tête contre l'épaule du pilote Alpine.
- Merci pour ces vacances.
- Je crois qu'on méritait bien une pause après ce début de saison incroyable, répond simplement Pierre.
- Ce n'est pas moi qui pilote, soulève-t-elle en riant.
- Non mais tu supportes mes absences et tu m'encourages tous les jours.
Sa main se lie à la sienne faisant sourire la brune. Elle remonte son autre main jusqu'à la nuque du pilote où ses doigts frôlent la peau de cette dernière le faisant frissonner, le rajoute doucement :
- Tu devrais mettre de la crème solaire avant de souffrir ce soir.
- J'aime pas, râle-t-il.
Esmée se redresse légèrement pour chercher un tube de crème solaire du regard. Elle en aperçoit un non loin d'elle dans un sac appartenant à la mère de famille, elle attrape la tube en demandant à Pierre de se tourner.
La pianiste se redresse sur ses genoux pour appliquer la crème solaire sur le dos de son fiancé. Elle remonte ses mains jusqu'à ses larges épaules qu'elle masse en même temps tout en recouvrant sa peau de la crème de protection.
- J'aime bien finalement, soupire Pierre d'aise.
Esmée esquisse un sourire en n'oubliant pas la nuque de son compagnon, elle est toujours estomaquée de constater à quel point son cou est épais. Elle finit par se pencher pour déposer un baiser sur sa joue pour lui signifier qu'elle a terminé.
- Et le devant ? quémande Pierre.
- Ça tu te débrouilles.
Pierre effectue une moue boudeuse en lui faisant de nouveau face, il dépose toutefois un baiser sur ses lèvres pour la remercier. Il récupère le tube pour se recouvrir les bras d'un geste rapide. Une fois chose faite, il se tourne vers Esmée, ses yeux azurs sont cachés derrière une paire de lunette qui lui va à merveille et il demande :
- Est-ce que c'est bon ?
- Tu devrais aussi en mettre ici, murmure-t-elle en touchant le bout de son nez de l'index.
Il s'effectue devant elle puis il se lève afin de se jeter dans l'eau bleue qui l'appelle depuis le début de l'après-midi.
- Est-ce que tu viens dans l'eau ?
Pierre propose tout de même à la brune par politesse, il est surpris quand elle acquiese d'un faible mouvement de la tête. Il s'arrête aussitôt en la voyant poser les mains sur l'ourlet de son t-shirt qu'elle retire dans une petite hésitation.
Esmée se retrouve en maillot de bain sous le regard azur du jeune homme face à elle, elle paraît soudainement fragile et intimidée. Son ventre n'est pas encore arrondi, seule une cicatrice est présente sur sa peau juste au-dessus de la culotte de son maillot.
Pierre a conscience de l'effort qu'elle effectue pour qu'elle puisse venir avec lui se baigner, il sait qu'elle n'aime pas s'exposer en raison de ses nombreuses cicatrices, que ce soit celle de sa précédente césarienne et celles des nombreuses vergetures s'échouant sur ses cuisses. Le pilote la rassure en soufflant dans le creux de son oreille :
- T'es si belle p'tit cœur.
Les joues d'Esmée prennent instinctivement une teinte rosée face à ses mots qui réchauffent son cœur, encore plus quand ces derniers sont accompagnés des mains de Pierre se déposant dans le creux de ses reins. Il l'attire doucement vers lui pour l'embrasser tendrement sur les lèvres, laissant leurs bouches glisser l'une contre l'autre durant un court instant.
Il finit par attraper sa main dans ma sienne afin de traverser le ponton pour se retrouver à l'arrière du bateau. Ils s'assoient tout deux sur le bord de la poupe pour plonger leurs jambes dans l'eau bleue, Pierre est le premier à plonger complètement dans le lac tandis qu'Esmée reste quelques minutes assise.
Il reste près d'elle en posant ses avants bras sur le rebord le temps qu'elle se laisse glisser dans l'eau. Esmée s'approche aussitôt de Pierre pour s'accrocher à ses épaules, tandis qu'ils passent ses bras autour de sa taille.
- Il ne restera qu'à le dire à mes parents et à nos amis, souffle-t-elle tout près de lui.
- Je n'ai qu'à proposer à Charles de venir à Milan quand on rentrera là-bas, tu peux inviter Céleste, propose Pierre.
Elle acquiesce avant de déposer un baiser sur ses lèvres pour le remercier d'être aussi précieux. Il pense toujours à tout et Esmée ne voit pas le temps passer à ses côtés. Elle pourrait rester indéfiniment dans cette eau de la même couleur que ses yeux azur sans jamais se sentir lassée de nager à ses côtés.
En sortant de l'eau, Pierre tend immédiatement une serviette à la brune. Il l'enroule à l'intérieur avant d'embrasser son front tandis que le petit bateau regagne la rive où se trouve l'hôtel. Il jette un coup d'œil à la pianiste recoiffant ses cheveux mouillés en une tresse lâche, il murmure :
- Je connais quelqu'un qui a hâte de rentrer à l'hôtel.
Elle secoue la tête en retenant un sourire mais Pierre a très bien compris qu'elle souhaite s'approcher du piano qu'elle a vu la vieille en arrivant. Elle se sèche activement en remettant son t-shirt au dessus de son maillot de bain et son pantalon en toile.
Quand ils regagnent l'hôtel, Esmée et Pierre rejoignent immédiatement leur chambre pour retirer leurs maillots mouillés. La pianiste se surprend à observer Pierre se recoiffer les cheveux dans le miroir, elle avoue soudainement :
- J'espère qu'il aura tes yeux.
Le cœur de Pierre vient de rater un battement. Son regard s'ancre dans celui de la brune dans le miroir. Il n'arrive pas à esquisser un sourire en étant bien trop submergé par ses aveux qui le touchent en plein cœur, il ne s'y attendait pas. Il n'avait pas encore mesuré l'idée que cet enfant puisse leur ressembler, il n'avait pas encore imaginé tout ceci contrairement à la pianiste qui l'observe avec bienveillance.
- Esmée...
- J'espère qu'il aura ton sourire, continue-t-elle. Tu as un très beau sourire.
Pierre se tourne pour pouvoir l'observer directement, ses yeux deviennent humides sous le coup de l'émotion en sachant qu'elle pense vraiment ce qu'elle a dit. Il ne trouve pas les mots, il se contente d'étreindre la pianiste dans ses bras. Sa bouche s'écrase sur sa joue pour y laisser un baiser humide et ses lèvres se délient pour murmurer :
- Je t'aime mon dieu.
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11 août 2023
Milan
Esmée entend la dispute raisonnant dans le salon entre Ilies et Pierre. Ils se chamaillent pour des subtilités concernant le choix des biscuits apéritifs présents dans les placards de l'appartement milanais, Ilies déclare :
- Sérieux, on aurait pu acheter des petits fours.
- Je n'y ai pas pensé, raille Pierre. Ça fait deux mois que je n'ai pas mis les pieds dans cet appart, je te rappelle.
Esmée retient un sourire en rentrant dans la cuisine pour attraper un cracker qu'elle engloutit en suivant leur conversation avec intérêt.
- Il y a des tuc goût nature, c'est dégueulasse, râle le jeune homme.
- De toute façon, t'as rien à dire. Ce n'est pas toi qui doit faire une annonce ce soir.
- J'espère que je serais le parrain, lâche Ilies.
- On verra, on n'a pas encore réfléchi mais il faudra peut-être augmenter ton intelligence avant au lieu de pousser à la salle, déclare Pierre tandis que la sonnerie retentit.
Esmée ne peut plus contenir son fou-rire en voyant le visage d'Ilies se décomposer face aux propos de Pierre. Il croise les bras sur son torse en lançant un regard noir au pilote avant de se diriger vers l'entrée pour ouvrir la porte de l'appartement.
- T'as été vexant, rit Esmée à son fiancé.
- Il se sent trop chez lui, rétorque le normand en levant les yeux au ciel.
Ils reportent leur regard vers la porte d'entrée s'ouvrant sur les monégasques et Carlos les accompagnant.
- Calamar !
Charles sautille presque sur place pour saluer le rouennais d'une accolade tandis qu'Esmée se dirige naturellement vers Charlotte pour l'embrasser. Elle est heureuse de revoir la monégasque, puis elle salue Carlos.
La sonnerie retentit une seconde fois pour laisser apparaître la contrebassiste. Céleste n'est pas timide en saluant toutes les personnes présentes et le regard qu'elle porte sur Ilies n'échappe pas à Esmée.
- J'espère qu'on sort en boîte, s'exclame Charles. Je vous rappelle qu'on a la victoire de Pierrot à fêter.
Pierre se tourne vers sa brune en se pinçant les lèvres, embêté par la situation. Il souffle à son oreille pour que les autres ne puissent pas écouter :
- Ça ne te dérange pas ? J'ai peur que tu ne t'amuses pas.
Esmée secoue la tête, ça ne la gêne absolument pas puis elle peut tout aussi bien s'amuser sans boire une goutte d'alcool. Elle rassure son fiancé d'un sourire et déclare aux autres :
- Je ne bois pas, je serai votre chauffeur de retour.
- Tu sais conduire, toi ? déclare Carlos en fronçant les sourcils.
- Figure-toi que j'ai mon permis, et que j'ai du conduire cinq fois depuis que j'habite Paris, mais je sais conduire, rétorque Esmée.
Pierre n'est pas très convaincu mais il ne dit rien. Il dépose simplement les valises de ses amis dans son appartement milanais avant de fermer ce dernier à clés. Leur petite troupe monte dans deux voitures avant d'arriver en boîte de nuit, ils s'installent immédiatement dans un carré réservé à l'écart pour commander leurs premières consommations.
- À la victoire de Pierrot ! trinque Charles.
- Et au bébé en route, rajoute Esmée en regardant le rouennais.
Les mêmes réactions ont lieux que lorsque Pierre l'avait annoncé à sa famille. Céleste est sous le choc, un hurlement s'échappe de ses lèvres. Elle est la première à réagir en se levant pour serrer sa meilleure amie dans ses bras, elle n'y croit pas et s'exclame :
- Tu le mérites tellement après tout ce qui est arrivé et... mon dieu je suis si heureuse pour vous !
Pierre se laisse étreindre à son tour mais ses yeux sont rivés sur le monégasque attendant sa réaction, ce dernier est toujours sous le choc malgré que ses yeux soient humides de larmes.
- Je m'y attendais pas, souffle-t-il bouche-bée. Déjà quand tu m'as dit que tu voulais te marier, j'étais sur le cul mais alors-là...
Il en perd ses mots avant de les féliciter tout comme sa compagne, Pierre le remercie d'une accolade fraternelle avant d'ajouter :
- C'est pas par hasard que je t'ai mis la pression pour que tu viennes.
Un sourire étire leurs lèvres avant que Pierre ne se tourne vers la brune pour lui proposer une danse qu'elle accepte aussitôt en sachant qu'il a besoin de parler. Une fois qu'ils se retrouvent en tête à tête, Esmée se laisse aller contre lui en déposant sa tête sur son torse.
- Je suis soulagé, ça va mieux maintenant qu'ils sont au courant. Il ne reste que tes parents.
Elle acquiesce en continuant de danser tout en jetant des coups à Céleste pour savoir si cette dernière n'est pas trop exclue. Elle sourit en la voyant discuter avec Ilies autour du carré réservé et elle ne peut s'empêcher de les désigner à Pierre qui pense comme elle :
- Il est piqué, ça se voit.
- Je n'aurais pas pensé, évite de le chambrer par rapport à ça pour ne pas gêner Céleste.
Pierre acquiesce en attirant un peu plus la pianiste contre elle tandis que la soirée se poursuit. Au bout de plusieurs danses, Esmée finit par dire au pilote :
- T'as le droit de boire, je te vois prendre des softs depuis toute à l'heure.
- Je t'accompagne dans tes privations, murmure-t-il pour qu'elle soit la seule à l'entendre.
- Tu n'es pas obligé.
- J'te rappelle qu'on est enceinte.
Elle retient un petit rire et l'embrasse pour le remercier. Son cœur bat la chamade face à cet acte mignon.
Quelques heures plus tard, ils sont de nouveau dans les voitures pour regagner l'appartement. Il est plus de trois heures du matin quand Esmée prend le volant d'une des deux voitures. Elle démarre sans problème jusqu'à arriver au premier feu rouge où elle est incapable de redémarrer sans caller. Elle vient de caller deux fois et Pierre s'exclame :
- Mais ne relâche pas l'embrayage si tôt !
La pianiste lance un regard noir au pilote sous les rires de leurs amis assis à l'arrière. Elle réessaye avant de caler une nouvelle fois alors que des klaxons raisonnent. Ils témoignent de l'énervement des véhicules la suivant.
- D'accord, reprend Pierre plus calmement. Tu mets la première, tu débrayes. Tu accélères légèrement et tu relâches l'embrayage doucement en maintenant le point de patinage, ok ?
Esmée réitère avant de caler une nouvelle fois. Elle se sent oppressée alors qu'elle y arrivait très bien au début. Ses mains deviennent moites face au stress la gagnant, elle lance un regard paniqué à Pierre face à l'intensité des klaxons augmentant derrière eux.
- On inverse ?
Elle s'empresse d'acquiescer en sachant qu'il n'a pas bu une goutte d'alcool. Pierre ouvre la portière passagère alors que le feu passe une nouvelle fois au rouge, il descend de la voiture en faisant un signe d'excuse aux voitures qui patientent derrière eux.
Sans un mot, Pierre se dirige du côté conducteur pour ouvrir la portière de la brune. Son regard azur lui intimide de se décaler, elle enjambe le levier de vitesse pour se retrouver à l'ancienne place de Pierre en soupirant. Il s'installe et referme sa portière. Il lance un regard rassurant à la brune alors que Charles, complètement ivre, se moque d'elle à l'arrière.
- C'est pas grave, rassure Pierre en prenant le volant en main.
Il lance un regard à Esmée, elle a les lèvres pincées et Pierre attrape sa main dans la sienne pour la rassurer quant aux moqueries de leurs amis à l'arrière. Ses lèvres tremblent légèrement et Pierre sait qu'elle se retient de pleurer suite à ce stress.
- C'est rien, souffle-t-il. J'espère que juste que notre bébé n'aura pas tes talents de conductrice sinon je suis loin de former un as du volant.
Il arrache un sourire à la brune qui ravale ses larmes. Elle est fatiguée, il le sait en voyant ses yeux rouges sinon il est persuadé qu'elle aurait réussi à démarrer.