𝐄𝐌𝐏𝐈𝐑𝐄 𝐑𝐎𝐔𝐆𝐄 (SOR...

By venomglazed

177K 5.2K 4.6K

Le royaume d'Elaria est séparé en 3 terres. Depuis la guerre qui a déchiré l'univers, les populations qui vi... More

Introduction / note auteure / playlist
Prologue / Personnages / Map
1 ✧ Jeux au clair de lune ✧
2 ✧ Traque rouge ✧
3 ✧ Terre Royale ✧
4 ✧ Réponse et illusions ✧
5 ✧ Convoitée ✧
6 ✧ Compromis ✧
7 ✧ Le masque tombe ✧
8 ✧ Sceau D'Argent ✧
9 ✧ Combat au pouvoir ✧

10 ✧ Obsidienne ✧

3.9K 230 359
By venomglazed


Après cette révélation, la silhouette du prince s'était comme fondue dans les ombres du palais et évaporée dans l'air qui devenait un peu plus lourd à chaque instant autour de moi. Des fourmillements rongeaient chaque parcelle de ma peau et des bouffées de sueurs tantôt froides, tantôt chaudes s'emparaient de moi me rendant fébrile.

Je me retenais au mur à proximité et tentais maintes fois de reprendre un rythme cardiaque et respiratoire normal avant de pouvoir réfléchir. Je pouvais sentir que mon corps ne fonctionnait plus de la même manière qu'il y a quelques semaines. Je pouvais sentir que mon esprit ne vivait pas les choses de la même manière.

Tout changeait à mesure que la lune rouge et l'arène approchaient. Demain soir, se tiendra l'arène annuelle, acclamée par une foule de spectateurs et crainte par une foule de participants qui devront s'entretuer et je n'ai toujours aucune nouvelle de mes proches.

Psionique.

Je possède des facultés psioniques.

Je ne me souvenais pas avoir auparavant déjà entendu ce terme ou cette faculté. Aucun être de ce type n'avait foulé ces terres depuis des millénaires et je me retrouvais à laisser cette magie circuler dans mes veines.

Le prince a mentionné plusieurs fois leur nom ce qui laisse à penser qu'ils ont dû faire sa connaissance ou du moins apprendre son implication dans ma disparition ou tout cela. Jusqu'alors, rien de grand ni de dangereux ne s'était manifesté. Seul des images et sensations m'apparaissais quand je souhaitais explorer quelque chose.

Ou quelqu'un.

Avais-je la faculté de m'immiscer dans les pensées d'autrui ? Ce n'est pas assez grand. Le prince a parlé de vie et de mort avant de quitter la pièce d'un air effréné et précipité.

Je donnerais la mort.

Ce que je ne voulais pas expérimenter à nouveau. La dernière unique vie que j'avais pu retirer tourne encore en boucle sous mes yeux chaque fois que mes paupières se referment. Je ne pourrais enlever aucune vie à un ou une innocente sous les yeux de milliers de spectateurs, mais surtout sous les yeux de mes sœurs.

Je ne pourrais enlever aucune vie à un ou une innocente sous les yeux de milliers de spectateurs, mais surtout sous les yeux de mes sœurs. Mon cœur se resserrait et mon estomac se renversait.

Des gardes royaux venaient me récupérer dans la bibliothèque royale afin de m'escorter jusque dans mes appartements dans lesquels je m'asseyais sur les dalles froides au sol et observais l'extérieur. Tout semblait calme. Vide. Froid. Le calme avant la tempête.

Un bruit fin et quasi-inaudible attirait mon attention.

Je détournais le regard de l'extérieur et le portais vers la porte de la pièce de sous laquelle une forme glissait. Une forme fine, rectangulaire et blanche.

Je me relevais en hâte et accourais vers ce qui semblait être une lettre. Le cachet rouge profond qui maintenait le courrier scellé indiquait une lettre. « I ».

Je fronçais des sourcils et passais mes doigts sur le cachet. Encore tiède.

La cire venait d'être versée récemment. Je glissais la lettre dans mon vêtement et ouvrais furtivement la porte. Seul les deux gardes postés à ma porte me faisaient face.

- Un problème ? Une demande Madame ? Demandait l'un d'entre eux sa lance à la main.

Il n'avait pas l'air de savoir quoi que ce soit à propos de la lettre qui venait d'être glissé sous ma porte. J'observais les alentours quelques instants. Le couloir était long, large, et surtout désert. Peu de personnes avaient accès à l'aile du prince excepté sa garde rapprochée et quelques guérisseurs en temps voulu.

- Non. Rien. Je marmonnais avant de refermer la porte et de m'éloigner de cette dernière en entrant dans la salle d'eau pour l'ouvrir.

Je cassais le cachet rouge et dépliais le morceau de parchemin vieilli. De l'encre noire encore fraîche était posée sur le parchemin qui formait un message.

« 𝑆𝑜𝑢𝑠 𝑙'𝑎𝑠𝑡𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑛𝑢𝑖𝑡, 𝑠𝑐𝑖𝑛𝑡𝑖𝑙𝑙𝑒𝑟𝑎 𝑙𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑔 𝑟𝑜𝑢𝑔𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑠𝑒́ 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑏𝑜𝑢𝑟𝑟𝑒𝑎𝑢𝑥.

𝐿'𝑒𝑠𝑝𝑜𝑖𝑟 𝑠𝑒 𝑙𝑒̀𝑣𝑒𝑟𝑎 𝑒𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑏𝑎𝑡𝑡𝑟𝑎 𝑗𝑢𝑠𝑞𝑢'𝑎̀ 𝑙'𝑎𝑢𝑏𝑒. 𝐿𝑒𝑠 𝑠𝑎𝑐𝑟𝑖𝑓𝑖𝑐𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑛𝑡𝑒𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑎𝑢𝑥 𝑐𝑖𝑒𝑢𝑥 𝑟𝑒𝑗𝑜𝑖𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑟𝑡𝑦𝑟𝑠. 𝐿𝑒 𝑠𝑜𝑙 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡𝑒́ 𝑑𝑒 𝑟𝑜𝑢𝑔𝑒, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑛𝑜𝑠 𝑐œ𝑢𝑟𝑠 𝑑'𝑖𝑣𝑜𝑖𝑟𝑒.

𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑎𝑓𝑓𝑟𝑜𝑛𝑡𝑒𝑟 𝑙'𝑒𝑛𝑛𝑒𝑚𝑖 𝑑'𝑎𝑢-𝑑𝑒𝑙𝑎̀, 𝑚𝑢𝑛𝑖𝑠𝑠𝑒𝑧-𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑡𝑒́𝑔𝑒𝑟𝑎𝑠.

𝑅𝑒𝑛𝑑𝑒𝑧-𝑣𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑢 𝑐œ𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑏𝑎𝑧𝑎𝑟, 𝑎𝑢 𝑐ℎ𝑒𝑚𝑖𝑛 𝑑'𝐴𝑠𝑡𝑟𝑎𝑙𝑒́, 𝑑𝑒𝑠𝑐𝑒𝑛𝑑𝑒𝑧 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑟𝑐ℎ𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒𝑧 𝑙𝑒 𝑗𝑜𝑎𝑖𝑙𝑙𝑖𝑒𝑟. 𝑅𝑒́𝑐𝑢𝑝𝑒́𝑟𝑒𝑧 𝑣𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑑𝑢, 𝑎̀ 𝑙'𝑎𝑏𝑟𝑖 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑟𝑒𝑔𝑎𝑟𝑑.

𝑄𝑢𝑒 𝑗𝑢𝑠𝑡𝑖𝑐𝑒 𝑡𝑟𝑖𝑜𝑚𝑝ℎ𝑒. »

La lettre n'était pas signée. Ni datée.

Je la relisais plusieurs fois sans comprendre certains passages. L'expéditeur mentionnait des « bourreaux ». Qui étaient ils ? Qui combattra ? Qu'est ce que je devais récupérer afin de recevoir de la protection face au mal ?

Rien ne faisait de sens.

Dans ce château ; rien ni personne ne chercherait à protéger les êtres dans mon genre. Il était impossible que ce courrier me soit destiné. Je me trouvais dans les appartements du prince.

La personne avait sûrement dû penser lui faire joindre cette lettre.

Je devais la rendre à son destinataire. Je la tournais dans tous les sens afin d'essayer de remarquer quelconque détail qui me mettrait sur une piste.

Mais le parchemin était vierge. Soudain, l'encre se liquéfiait et s'éclaircirait un peu plus à chaque instant avant de complétement disparaître, ne laissant qu'un bout de parchemin vierge entre mes mains.

- Non ! Je m'exclamai en frottant contre le parchemin pour essayer de faire reparaître le message, mais rien n'y faisait.

Son expéditeur voulait rester caché.

Et je voulais chasser.

─━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━─

L'après-midi, après que la servante m'eût apporté mon plateau-repas, je préparais mes affaires. J'avais au préalable adressé un courrier au prince, en lui adressant une demande concernant une sortie au bazar de la ville.

Je mentionnais mon ennui et ma folie grimpante et lui expliquais en détail comment je comptais les mouches et les carreaux du plafond, avant de lui écrire le nombre exact de mosaïque et carrelage. Sa réponse fût brève et immédiate.

Un membre de la garde royale m'accompagnerait le temps d'une seule heure, au bazar afin que je puisse y prendre l'air. Je n'avais l'autorisation d'aucun contact avec quiconque, par risque de me faire démasquer avant la lune rouge.

J'enflais ma longue cape sombre, et remontais la capuche sur mes cheveux, et la tirais jusqu'à mes yeux avant que la porte de mes appartements de toque.

J'allais ouvrir et apercevais le garde rapproché du prince. Vêtu de son costume noir, resserré à la taille et de ses longues bottes en cuir sombre, un poignard incurvé pendait à sa taille. Son regard droit et sérieux sondait le mien.

- Arel pour vous servir aujourd'hui Madame. Sa majesté Osman m'a chargé de veiller sur vous durant votre sortie. Vous disposez d'une heure. Pas de contact. Pas de retard. Ne vous séparez pas de ma surveillance et ne mangez ou ne buvez rien sur place. Des questions ?

- À combien de bouffées de respiration ai-je le droit, et les clignements de paupières sont ils autorisés ?

- Bien. Je vous prie d'avancer jusqu'au carrosse qui nous attend à l'extérieur.

Je levais les yeux au ciel et marchais devant ce dernier qui se collait déjà à ma semelle.

─━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━─

Le bazar royal était somptueux. Au milieu du désert, sous la chaleur ardente du soleil, une tente sur plusieurs hectares s'étendait à perte de vue sous laquelle des milliers de venants et vendeurs se bousculaient, parlaient, riaient et échangeaient.

Les habitants des terres royales étaient différents de ceux d'Ankatra. Ils étaient souvent un peu plus aisés et pouvaient donc se confectionner ou se provisionner de jolis accoutrements.

Les femmes portaient de longues robes amples, en tissus fin et colorés, un long tissu de la même couleur que leur accoutrement couvrant la moitié de leurs cheveux qu'elles décoraient parfois de breloques ou de bijoux. Les hommes s'habillaient de tenues simples et sobres, comme des longues chemises de lin et des pantalons clairs sans aucune imperfection.

Les étals étaient remplis de toute sorte de marchandises possible. Une odeur de cannelle et d'épice flottait dans l'air et des mélodies de tambour emplissaient l'atmosphère. Des figues séchée, du riz parfumé des feuilles de vignes et des gâteaux saupoudrés de sucre remplissaient les étals me donnant l'eau à la bouche.

Sous ma cape, je marchais entre les stands et regardais chaque spectacle qui s'offrait à ma vue.

- Venez-vous souvent ici ? Je demandais au garde qui avait une main posée sur son arme, comme prêt à la dégainer à tout moment, et les yeux partout à la fois tel un rapace en pleine traque.

- Nous avons mieux à faire au palais. Il répondait tout en épiant les alentours sans m'adresser un regard.

- N'avez-vous donc jamais volé un fruit avec vos amis d'enfance ? Ou même dansé avec les orchestres jusqu'à vous en faire mal aux pieds ?

- Aucun moment ne nous ai accordé pour le perdre futilement.

- Ce n'est pas futile que de profiter de vos instants de vie.

- Dans votre monde. Son regard croisait le mien avant de s'en détacher rapidement.

Nous continuions à marcher dans le silence en écoutant seulement le brouhaha autour de nous. Mes yeux profitaient du spectacle et épiaient aussi l'adresse du parchemin.

Un joaillier.

Le chemin d'Astralé, un joaillier et des marches, étaient les trois éléments que je devais trouver afin de voir de quoi la lettre s'agissait. Je gardais espoir de me débarrasser d'Arel jusqu'à ce que je trouve ce qui est caché.

- Depuis quand servez vous la couronne ? Je demandais en marchant entre les étals sous ma cape.

- Depuis l'âge ou vous pouvez tenir une épée.

- Pourquoi avez-vous décidé de poursuivre cette voie-là ?

- Décidé ? Vous avez de drôles de perceptions de vie chez les vôtres si je puis me permettre. Nous ne choisissons pas Madame Arslan. Nous exécutons.

Je ravalais ma salive quelque peu agacée.

- Pourquoi servez-vous le prince ?

- Sa majesté Ezra Osman et moi entretenons des liens cordiaux depuis fort longtemps. Dédier ma loyauté à sa personne n'était pas une question, mais une évidence.

- Êtes-vous son meilleur ami en quelque sorte ?

- Un ami est une présence dans le bon et le mauvais. Une épaule sur laquelle compter. Je suis la barrière et le bouclier, à quelconque mal envers celui que je sers.

- Vous suivriez ses directives sans même réfléchir aux conséquences s'il vous le demandait ?

- Serais-ce un interrogatoire ou aimez vous simplement écouter le son de votre propre voix comme le disait sa majesté Ezra ?

- Excusez-moi ? Je m'exclamais en arrêtant de marcher et il manquait de me rentrer dedans. Votre majesté est grossier s'il parle des personnes qui l'entourent sans qu'elles ne soient présentes. Je croisais les bras d'un air renfrogné.

- Ça tombe bien. Il n'en parle pas. Il en rigole.

Je plissais des yeux. Avant de sortir une réplique cinglante à mon tour, mes yeux trouvaient une plaque de fer avec inscrit « Astraé ».

Le nom du lieu inscrit dans la lettre. C'était à l'intersection de deux étals desquels s'échappaient des fumées de narguilés, rendant la plaque floue. Puis transparente.

Le nom d'Astraé venait de disparaître sous mes yeux du panneau l'indiquant.

J'écarquillais les yeux. Arel se retournait pour essayer d'apercevoir ce qui retenais mon attention avant que je ne trébuche volontairement afin de détourner son attention ; et qu'il ne me rattrape à la vitesse lumière.

- Vous allez bien ? Son regard se teintait d'inquiétude tandis que ses mains relâchaient doucement mes épaules.

- Oui- Oui excusez moi, j'ai marché sur ma cape. Tout va bien. Pourrions-nous aller de ce côté ? J'ai entendu qu'il y avait des cracheurs de feu qui se produisaient vers ces heures-là.

Il hésitait quelques instants en jetant un œil vers les étals que je pointais du doigt avant d'acquiescer. Je souriais et me dirigeais vers le lieu où j'avais aperçu le mystérieux panneau qui venait de se volatiliser.

Une grande tente à l'intérieur même de la principale tente qui abritait le bazar indiquait :

« 𝐊𝐀𝐃𝐈𝐍𝐋𝐀𝐑 𝐏𝐀𝐙𝐀𝐑𝐈 ».

Le marché des femmes. Je me retournais vers Arel.

- Je souhaiterais visiter cette partie.

- Les hommes ne sont pas autorisés à pénétrer dans cette zone. Je suis navré.

- Je ne sais pas comment je dois le prendre, mais je vous affirme que je ne suis pas l'un des votre.

- Je ne peut pas y entrer Madame Ar-

- Vous êtes un grand garçon Arel. Votre majesté vous a bien éduqué non ? Vous pourrez patienter quelques minutes à grignoter des figues confites pendant que je jette un œil.

- Hors de ques-

Avant qu'il ne termine sa phrase, je souriais et me reculais rapidement en franchissant les portes du second bazar. Arel tentait d'attraper mon bras doucement avant que je ne m'exclame.

- Lâchez-moi bon sang ! Qui êtes-vous ?

Le membre chargé d'assurer la sécurité des entrées et sorties des femmes dans leur zone s'approchait et nous demandait de quoi il s'agissait.

- Cet homme me suit depuis mon entrée ici, je souhaite simplement rejoindre ma sœur dans le bazar alors qu'il ne me laisse pas y accéder. C'est inadmissible.

- Cette femme me connaît Monsieur elle-

Le garde coupait Arel en détachant sa prise de la mienne.

- Si elle vous connaît elle peut bien décider de si elle décide de vous suivre ou non. Il tranchait sévèrement de son mètre quatre-vingt.

- Vous vous adressez à la garde royale- Arel se faisait une nouvelle fois couper par le garde.

- Je travaille au service de la couronne, et mon métier est d'assurer la sécurité de toute entrée et sortie, tu seras un gentil petit garçon et t'iras patienter en mangeant des figues confites comme tout le monde.

Je riais sous ma cape à l'expression que le garde venait d'utiliser tandis que la mâchoire d'Arel se crispait, je disparaissais dans l'allée. Mes pas étaient rapides et mon souffle court.

Je savais qu'il trouverait d'une manière ou d'une autre une solution pour venir me chercher ici. Il me fallait être rapide et furtive. Aucun œil ne devait remarquer ma présence.

À l'intérieur des femmes chantaient en cœur, jouaient des instruments à cordes ou se produisaient en spectacle de danse sur des scènes en hauteurs sous les yeux du public assis sur des coussins au sol, un verre de thé à la main.

Des étals vendaient des extraits de rose, des fleurs à vertus ou encore des tentes exiguës dans lesquelles des voyantes lisaient dans les lignes de la main étaient étalées par-ci par-là. L'ambiance était festive et légère.

Quelques magasins ornaient également le paysage, mais aucun joaillier. J'avançais sans regarder, captivée par le spectacle splendide qui s'offrait à moi et trébuchais sur une marche que je ratais.

- Attention ma petite ! Criait une vendeuse de parfums boisés à l'autre bout des stands.

Je baissais les yeux et apercevais des marches en contrebas qui menaient vers un lieu éclairé de bougies en sous-sol. Un sourire se dessinait sur mes lèvres.

Je jetais un regard autour de moi et vérifiai que tout le monde avait bien repris le cours de ses activités avant de dévaler les marches au pas de course. Une fois en bas, un labyrinthe de boutiques en sous-sol s'offrait à moi.

Des vendeurs de costumes, tapis, huiles, parfums, et même livres s'entassaient tandis que des habitants se pressaient. Je me fondais dans la foule de femmes et lisais les vitrines pour y trouver ce que je cherchais.

Une vitrine scintillante attirait mon attention.

De l'or solide et pur était entreposé en vitrine. Des colliers, bracelets, chaînes et diadèmes, sculptés dans l'or massif et parsemé de pierres précieuses trônaient en vitrine. Mes iris brillaient de mille feux avant que je ne pousse la porte de la boutique vide et que la cloche au-dessus de la porte ne tinte.

Quelques instants plus tard, une femme d'une soixantaine d'années sortait de derrière le comptoir. Cheveux grisâtres mais parfaitement coiffés en un chignon tiré à quatre épingles, de grandes lunettes allongées qui lui donnaient un regard félin et un accoutrement élégant posait son regard sur moi.

- Puis-je vous aider ? Elle demandait en passant son regard de haut en bas sur moi.

Je m'approchais à pas feutrés.

- Oui je... J'ai une demande de la part... De la part d'un admirateur secret. Je dois récupérer quelque chose. Ici. Rue d'Astré. Vous êtes la seule joaillerie ?

Elle me regardait en silence plusieurs secondes qui me semblait être une éternité. Son regard glissait vers la vitrine et la porte de la boutique derrière moi. Je commençais à douter de me trouver au bon endroit et de m'adresser à la bonne personne.

La veille dame n'avait pas l'air de comprendre ce à quoi je faisais référence.

- Avez-vous perdu quelque chose ? Demandait elle en me faisant signe de regarder derrière moi de la tête.

Je me retournais vers la vitrine à mon tour. Dans la foule, Arel fondait sur tout le monde, le regard dur et la mâchoire contractée.

Des gardes lui ordonnaient de sortir, mais il n'écoutait rien ni personne. Ses yeux ne cherchaient que ma personne. Je me retournais vers la dame paniquée.

- Entrez. Elle ouvrait la porte derrière son comptoir et j'y plongeais sans réfléchir.

Elle entrait à son tour et refermait la porte. Nous étions dans une pièce tamisée, aux odeurs d'encens, des tapis ornant le sol et un grand coffre contre le mur.

Elle se dirigeait vers ce coffre et le déverrouillait à l'aide d'une grande clé. Je la regardais faire en silence en tripontant nerveusement ma manche. Elle cherchait quelques instants avant de ressortir une boite en bois massif du coffre et me la tendait.

- Merci. Je marmonnais en récupérant la boite dont j'ignorais le contenu que je glissais dans la poche de ma longue robe sombre et ample.

- Prudence et courage à vous.

Je fronçais des sourcils incompréhensive à sa réplique. Elle se dirigeait vers la porte de laquelle nous venions d'entrer dans la pièce.

- Qui êtes-vous ? Je demandais dubitative.

- Une simple âme sur le long chemin qui se dresse devant vous Madame Arslan. Sur ces paroles, elle franchissait la porte.

Je me hâtais et la suivais à mon tour en pénétrant à nouveau dans la boutique, vide.

Elle n'était plus là. Comme volatilisée. Je regardais aux alentours, mais la boutique ne possédait aucune autre porte et la cloche de la porte d'entrée m'aurait alerté si elle avait emprunté celle-ci.

Ma respiration s'accélérait avant que la porte de la boutique ne s'ouvre dans une volée bruyante et brusque. Le regard du garde Arel me foudroyait. Il s'approchait rapidement et attrapait mon bras.

- Vous ne pouvez pas-

- Cessez ! Où étiez-vous ?! Vous n'avez pas le droit de vous promener seule dans ces lieux, que faisiez-vous ?! Il vociférait les sourcils froncés et le regard dur.

- Je visitais ! Lâchez mon bras, vous me faites mal. Je crachais froidement.

Son regard sondait le mien quelques instants comme pour chercher, je ne sais quelle information avant qu'il ne lâche son emprise et ne souffle bruyamment pas.

- Sortez. Nous rentrons.

- Il me reste dix minutes de promenade.

- Il ne vous reste rien du tout. Sortez.
Maintenant.

Je soupirais et sortais de la boutique en jetant un dernier regard à la boutique vide dans laquelle je voyais la porte de la pièce se refermer seule.

─━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━─

Après un trajet dans le silence le plus total, seulement rythmé par le bruit des sabots des chevaux qui tiraient le carrosse, nous rentrions au palais. En pénétrant par les grandes portes dorées, nous arrivions dans le grand hall d'entrée dans lequel la silhouette d'Arkan se dessinait. Il s'approchait un sourire aux lèvres.

- On prend du bon temps Arel ? Il demandait d'un air moqueur au garde qui m'escortait.

- Tout le contraire. Répliquait ce dernier encore sur la défensive.

- Je te sens quelque peu tendu. Mon Cher Frère, te fatiguerait-il à te faire travailler comme son larbin ?

Arel se retournait brusquement vers Arkan dont le sourire ne faisait que s'agrandir un peu plus.

- Garde à vos paroles. Ordonnait Arel une main sur son épée à la taille.

- Aïe ... Il ne lésine pas sur vos heures supplémentaires. Sont-elles payées au moins ? Le traitement de votre mère ne va pas se rembourser seul ...

- Retourne raser les murs Arkan. Une voix résonnait depuis l'autre bout du hall.

Le foulard bleu azur du prince apparaissait.

Dans son costume sombre, arboré des médailles de bataille sur son torse, il approchait une main dans sa poche et l'autre le long du corps.

- N'as-tu pas une prétendante à charmer Ezra ? Comment s'appelle-t-elle déjà ? Havva oui, c'est cela. Quoi, a-elle aussi déserté ? Une discussion avec toi à du lui suffire à enchaîner les paralysies nocturnes.

Le prince avait donc écourté notre séance afin de passer du temps avec la prétendante à l'alliance arrangée que le Sultan lui avait préparé lors du dernier bal.

- Quel ennui. La nuit n'a pas autant porté conseil que ça si tes seules répliques se résumment à me sortir tes mêmes remarques chaque quatre matin. Je vais commencer à m'ennuyer Arkan.

- Je suis de mon côté occupé à déchiffrer ce qui s'est passé au bal dernier.
Pendant que tu te balades dans les jardins avec l'autre pimbêche.

- Tes mots. Le mettait en garde le prince.

- Quoi ? On éprouve quelque chose petit frère ?

- Oui. De la peine pour ta posture.

Arkan avançait dangereusement vers son frère avant qu'Arel ne s'interpose le regard dur et un poignard à la main. Je me reculais de plusieurs pas.

- Demande à ton animal de compagnie d'aller renifler ailleurs. Crachais Arkan à l'intention d'Arel.

- Pesez vos mots. Répliquais Arel.

- Sinon ?

Arel jetait un regard envers le prince qui hochait de la tête doucement. Arel baissait lentement son arme. Arkan souriait comme satisfait.

- C'est cela. Bon toutou. Son regard dérivait vers moi. Que fait-elle encore ici ?

- Ça ne te regarde en rien. Rappliquait le prince.

- Je vis ici, je te signale. J'aimerais savoir qui entre et ressort de mes espaces de vie.

- Tu t'en fiche royalement quand des femmes défilent par dizaines en une journée dans tes chambres. Ne me fait pas le gardien de la paix à présent. Suivez-moi Madame Arslan je vous prie. Répliquait le prince en se retournant pour m'indiquer la route.

- Je pourrais te donner quelques contacts ! Histoire de te détendre un peu ! Ou de tester la gente féminine ! L'humain ! Le contact, tu sais Ezra ! Le touch-

Le prince se retournait furtivement et une pointe de flèche traversait l'air rapidement, trancher la fine couche de peau de l'oreille d'Arkan avant de venir se figer dans le mur derrière ce dernier qui portait ses doigts à son oreille blessée.

- Moins de paroles, plus de travail. Crachait le prince avant de disparaître dans les couloirs.

Je restais quelques instants sonnée avant de suivre ce dernier sans un mot. Nous marchions dans un silence, seul le bruit de nos pas contre les dalles se faisant entendre jusqu'à la grande bibliothèque royale. Une fois à l'intérieur, il verrouillait les grandes portes et se retournait doucement.

- Où étiez-vous ? Il demandait fermement.

- Au bazar.

- Où étiez-vous Arslan. Je ne me répéterais pas.

- Avec Arel, au bazar des femmes.

- Bien. Retirez votre cape et rejoignez moi dans la salle d'entraînement. Nous n'en avons pas fini.

- Mais- Vous avez dit qu-

- Je ne vous envoie pas à l'arène avec pour seul apprentissage quelques heures de combat. Retirez tout ce qui vous gêne et mettez vous en place.

Il tirait un livre des étagères qui laissait la porte apparaître et pénétrait dans la pièce secrète. Je l'imitais et marchais jusque dans la pièce où nous étions plus tôt dans la journée.

Je retirais ma cape et prenais soin de camoufler la boite que j'avais récupérée au bazar dans la poche de la cape discrètement tandis que le prince ouvrait l'armoire d'attirail et en tirait une dague. Je m'attachais les cheveux en arrière et avançais jusqu'au centre du tapis.

- Bien. Plus tôt, nous avons vu les techniques d'attaques, de défense et d'équilibre lors d'un combat. Nous avons également vu vos facultés bien que je n'en sache pas plus.

- Vous m'avez dit étudier les êtres dans mon genre depuis des années, vous en savez forcément plus.

- Les facultés psioniques se déclinent en plusieurs branches. Plusieurs dons et plusieurs limites. Je ne suis pas voyant.

- Qu'êtes-vous ? Je demandais en plissant les yeux.

- Prince héritier Ezra, au service de la couronne, candidat à la quête du désert et au trône. Et vous ? Qui êtes-vous ?

- Zehra Arslan. Humaine jusque-là, dans le flou abyssal à présent.

- Vous pouvez plonger dans des êtres ou objets inanimés. Vous sondez les esprits, pouvez les manipuler. Les façonner à votre envie. Vous vous immiscez dans les pensées, les rêves, les cauchemars, les peurs, les envies ou encore les souvenirs des êtres qui vous entourent. Les facultés psionniques plus poussées vous permettent de prendre contrôle d'une enveloppe corporelle. De la faire agir, parler ou penser comme bon vous semble. Enfin, à son paroxysme, ces facultés peuvent permettre, selon les ouvrages scientifiques de nos ancêtres, de contrôler le corps par l'anatomie de ce dernier. Il est possible d'avoir la main sur le système respiratoire, et le cœur. L'arrêter en conséquence.

- C'est... C'est effrayant. Je marmonnais sans savoir quoi dire tandis qu'il tournait autour de moi.

- Pas vraiment. Voyez ça sous un autre angle. C'est fascinant. Certaines légendes font la mention de résurrection. Ces facultés une fois maîtrisées parfaitement pourraient même insuffler la vie.

- C'est impossible.

- Selon vous.

- Selon la science. Selon nos croyances. Je crachais irritée.

- Croyez-vous en une puissance supérieure aux hommes et femmes Madame Arslan ?

- Oui. Pas vous ?

- Mettez-vous en position de combat. Il ordonnait en ignorant ma question.

Sa dague fendait l'air et passait au-dessus de ma tête avant que je ne l'esquive d'un geste d'épaules.

- Je ne vous ai pas fait mention d'un détail sur l'arène. Il continuait avant de m'envoyer une nouvelle attaque que j'esquivais. Il y aura le corps, mais aussi l'esprit.

- L'esprit ?

- Les djinns. Les esprits. Les forces surnaturelles prendront votre esprit pour appât. Sa dague avançait dangereusement vers mon épaule avant que je ne me recule furtivement déjà à bout de souffle. Il vous faudra garder la tête froide. Des voix, des images ou des personnes peuvent vous apparaître. Tout est faux.

Sa jambe balayait le sol et je ne parvenais pas à suivre le rythme. Je trébuchais et m'apprêtais à rencontrer le sol dans la douleur avant de rouler sur moi-même et de me relever de l'autre côté du cercle quelque peu étourdie, mais toujours sur mes deux jambes en appui.

- Les djinns sont des créatures trompeuses. Fourbes. Ils connaissent votre être par cœur. Parfois mieux que vous-même. Ne vous laissez pas attendrir ou tromper. Concentrez tout votre être sur votre adversaire. Oubliez tout ce qui vous entoure.

D'un geste de main, sa dague manquait de se planter dans ma cuisse avant que je ne l'esquive d'un pas chassé et ne me retrouve à l'extrémité du cercle de combat.

- Vous êtes votre seul point faible une fois dans l'arène. Ne l'oubliez pas. Et à présent. Il plongeait sa main dans la poche de son pantalon et en ressortait quelque chose que je ne parvenais pas à discerner puisqu'il le jetait dans un geste rapide et précis.

La chose, coupait une de mes mèches de cheveux en frôlant mon visage et se plantait dans l'armoire d'attirail. Une pointe de flèche d'argent.

- Où étiez-vous ? Répétait le prince.

Je portais ma main à ma mèche de cheveux à moitié coupée. L'autre moitié était à mes pieds. Je relevais le regard et sentais des fourmillements s'emparer de chaque parcelle sous ma peau.

Je fondais sur ce dernier et tentais de le démunir de sa dague, mais il suffisait qu'il la lève en l'air pour que ma taille ne suffise plus à la récupérer. Sans réfléchir, je tirais son bras avant qu'il ne recule face au contact.

- Des messagers sont venus m'informer que vous étiez séparée d'Arel pendant onze minutes trente-huit. Qu'avez-vous fait pendant ce temps ?

- Je me promenais ! Je criais cette fois-ci.

- Par pitié. Ne me prenez pas pour un idiot.

- Je n'ai pas besoin de vous prendre pour, quand vous êtes déjà la chose en question.

Un faible rire nerveux se faisait entendre de sa part. Il se retournait pour piocher dans l'armoire d'attirail et en ressortait une longue épée. Elle traversait l'air avant que je ne la rattrape en plein vol.

Il s'en procurait une également avant de me faire un signe de tête de me placer au centre du cercle. J'obéissais et esquivais sa première attaque d'un geste maladroit avec mon arme. L'épée était une arme étonnamment lourde et difficile à manier.

- Tenez le manche avec vos mains perpendiculairement. Tenez vos appuis et placez vos hanches.

J'imitais les ordres et envoyais ma lame vers ce dernier qui claquait la sienne contre la mienne que je perdais de mes mains.

- Échec et mat.

- Ce n'est pas loyal. Vous maîtrisez ces armes depuis des années.

- Ce n'est pas moi qui serai sur l'arène demain. Je serais au chaud dans les gradins un verre de vin à la main vous regarder vous battre avec la mort. Donc soit vous apprenez maintenant soit vous retournez pleurer sous vos couvertures les derniers moments de vie qu'il vous reste.

Je ravalais difficilement ma salive et ramassais l'épée. Nos lames s'entrechoquaient pendant des heures. Je voyais les aiguilles de l'horloge défiler tandis que je ramassais mon épée pour la centième fois.

La chaleur de la pièce me faisait tourner la tête et éprouver des points de côté, mais le prince n'accordait aucune pause. Ni pour boire, ni pour reprendre mes esprits.

A chaque fois que je perdais mon arme, je la ramassais rapidement avant d'éviter un autre coup de sa part. Il mettait un peu plus de puissance dans ses mouvements à chaque fois alors que toutes mes forces m'abandonnaient et que la fatigue me submergeait, je rassemblais les dernières ressources d'énergie qui me restait pour contre-attaquer.

Son épée tentait de faucher mes jambes ; je la contrais et attaquais le haut de son corps sans qu'il ne voie venir l'attaque et se reculait furtivement.

- Juste comme ça. C'est parfait. Il marmonnait entre deux respirations saccadées avant de re attaquer vers mon épaule. Je me reculais et envoyais ma lame en direction de son visage.

Il bloquait l'attaque à quelques centimètres de ses yeux. Je souriais.

- Presque échec et mat. Je lançais.

- Presque. Il répliquait avant de pousser ma lame contre moi et de me faire perdre équilibre.

Je prenais appui sur mes jambes et laissais mon corps rouler sur les tapis au sol pour me relever dans le dos de ce dernier et abattre mon épée sans qu'il n'ai le temps de se retourner.

Néanmoins, sa lame bloquait la mienne quand il se retournait furtivement. Ses yeux se baissaient vers ma deuxième main qui tenait une dague contre son bas-ventre.

- Échec et mat. Je lançais.

- Parfait. C'est parfait. Je pouvais apercevoir un sourire sous le foulard qui camouflait son visage.

Je laissais tomber toutes mes armes au sol dans un fracas sourd et m'écroulais moi aussi de fatigue. Cela faisait cinq heures que nous faisons claquer nos épées dans une chaleur insupportable.

Le prince me tendait un verre d'eau que je récupérais doucement et terminais d'une traite. Il buvait en silence debout. Je brisais le silence.

- Suis-je prête selon vous ?

Il laissait planer un silence.

- Vous n'avez pas le choix que d'être prête Arslan.

─━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━─

Sous l'eau chaude du bain, mes muscles endoloris se détendaient.

J'appréciais ce moment de calme et de relaxation bien que mes pensées s'entassaient et se bousculaient dans ma tête et dans mon esprit. Il était trois heures du matin. La lune écarlate brillait dehors.

L'horloge avançait sans se soucier des événements funestes qui approchaient. Ce soir à vingt heures ; la cérémonie officielle des arènes annuelle serait ouverte.

Je frottais mes bras avec de l'huile de lavande en fermant les yeux quelques instants pour me remémorer les voix de mes sœurs.

Me remémorer Aylen et son sourire angélique ainsi que son odeur que je humais chaque soir avant de la border.

Les yeux de Seda qui me fusillaient chaque soir, contrariée de ne pas passer plus de temps en ma compagnie.

Les blagues de Miray qui me faisaient éprouver des maux de ventre à force de rire aux éclats.

Les douces paroles de Fakir qui auraient su me consoler même dans les pires peines. Demain, j'allais avoir une seule chance sur deux de revoir et entendre tout ça.

Demain, j'allais avoir une seule chance sur deux de revoir et entendre tout ça. Mes derniers instants.

J'avais promis à Maman que je m'occuperais de ses enfants comme les miens. Je ne pourrais même pas tenir ma promesse.

Il m'était impossible de laisser mes sœurs derrière moi. Je sentais une grandeur s'alourdir en moi à chaque instant. Il fallait que je la saisisse et en fasse mon arme si je voulais échapper aux griffes de ce royaume et à ses dirigeants.

Je sortais du bain et me séchais rapidement avant d'enfiler des vêtements propres. Une fois mes cheveux humides tressés, j'ouvrais la porte des appartements.

- Emmenez-moi à la bibliothèque royale.

━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━

En pénétrant dans la bibliothèque déserte, les gardes royaux s'arrêtaient au pas de la porte pendant que j'entrais et refermais les grandes portes derrière moi. Je m'avançais jusqu'à la rangée d'étagères qui possédaient le livre censé ouvrir la porte de la salle d'entraînement.

Je fermais les yeux et me préparais à la douleur en tirant le livre. La tranche du livre me brûlait les doigts. Je réprimais un gémissement de douleur et me reculais tandis que la porte s'ouvrait.

Je portais mes doigts à mes lèvres pour les soulager et entrais avant que des bruits n'attirent mon attention. Je fronçais des sourcils et me collais au mur pour avancer dans l'ombre.

Des pas rapides.

Un souffle effréné.

Des coups.

La silhouette du prince se dessinait dans la salle d'entraînement, seulement illuminée par quelques torches tamisées au mur.

Un poignard à la main, il fendait l'air avec des gestes précis, rapides et calculés. Ses pas étaient rapides.

Il se déplaçait dans la pièce telle une ombre dans la nuit. Sa lame frappait brusquement. Son souffle était court, me laissant présager qu'il était ici depuis que nous avions mit fin à la séance.

Derrière un mur, je regardais ce dernier pratiquer ses placements parfaitement. Même seul, son foulard ne quittait pas son visage.

Ses appuis étaient solides et stables. Il ne se laissait déstabiliser par rien. Son ombre avait du mal à suivre la cadence, mais pas lui. Son torse se levait et descendait rapidement.

Avant que je ne puisse espionner davantage son corps tout entier se déplaçait à une vitesse fulgurante pour se retrouver à quelques centimètres du mien sa dague contre ma gorge.

- C'est vous ... Il soufflait en retirant son arme pendant que je reprenais mon souffle. Qu'est ce que vous faites ici ?

- Je vous retourne la question.

- J'habite ici.

- Je visite l'endroit.

- Vous m'espionnez.

- Je m'informe. Je corrigeais.

- A quelles fins ?

- Je n'ai pas encore déterminé ce détail.

Il riait faiblement.

- Il vous faut récupérer du sommeil pour demain.

- Demain... Si- Si je venais à- à mourir-

- Retournez dormir Madame Arslan.

- Écoutez-moi ! Je m'exclamais.

Son regard perdait de sa fermeté et trouvait une certaine inquiétude pendant une fraction de seconde avant de redevenir sombre et froid.

- Si je venais à mourir dans l'arène, je souhaite que mes sœurs et mes proches soient pris en charge. Vous veillerez à leurs besoins et sécurité. C'est tout ce que je peut demander contre ma vie.

Un silence planait.

- Vous n'allez pas mourir de la dedans.

- Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?

- Vous ne sentez rien ? Il penchait la tête sur le côté. Un orage est prêt à exploser en vous. Vous avez refoulé votre don depuis votre naissance. Cela fait vingt-deux ans. Une fois que la flamme aura atteint la surface, tout prendra feu Arslan. Le royaume se souviendra de vous demain. Croyez-moi.

Je hochais la tête doucement. J'observais les alentours et récuperais la dague dans sa main rapidement.

- Je souhaite continuer à m'entraîner. Ne refusez pas. Je dormirais au petit matin.

Il levait les yeux au ciel. Je souriais.

─━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━─

Le lendemain, mon corps me faisait ressentir tous les efforts de la veille.

Chaque mouvement était douloureux.

Chaque souffle était pour être le dernier.

Les rayons rouges du soleil traversaient la bulle de verre. La servante venait me déposer ma tenue que je devais enfiler et m'aidait à me préparer dans un silence lugubre. Je ne désirais rien entendre.

Seul le son de mes pensées me suffisait.

Tout était trop bruyant et silencieux à la fois.

Dans une grande boite noire, ma tenue se dépliait. Une combinaison noire à la matière légère et respirante. Une fermeture éclair à l'avant permettait de la refermer.

Des épaulettes marquaient la carrure et des genouillères y était attachée pour amortir chaque chute. Tout était pensé pour le combat. Des gants épais accompagnaient la tenue. Mes cheveux étaient tressés et attachés en un chignon bas à l'arrière de ma tête par la servante.

Après un déjeuner durant lequel je ne pouvais rien avaler, la servante ramassait mon plateau.

- Dans une dizaine de minutes, des gardes royaux viendront vous récupérer. Que la lumière soit avec vous dans cette épreuve. Sur ces mots, elle quittait la pièce mon plateau à la main.

Assise sur le lit mon regard se perdait dans le vide avant que je ne me lève d'un bond. Je tirais le tiroir de la commode pour y trouver la boite en bois que j'y avais dissimulé. Celle que j'avais récupérée au bazar. Je l'ouvrais doucement.

Un mot sur un petit morceau de parchemin y figurait. Je dépliais le mot d'une main tremblante.

« 𝐶𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠 𝑑𝑢 𝑚𝑎𝑙, 𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡𝑠 𝑚𝑎𝑙𝑒́𝑓𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠, 𝑙𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑜𝑚𝑝𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑'𝑒𝑠𝑝𝑟𝑖𝑡, 𝑐𝑒𝑡 𝑎𝑟𝑡𝑒𝑓𝑎𝑐𝑡 𝑡𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑡𝑒́𝑔𝑒𝑟𝑎𝑠.

𝑁𝑒 𝑙𝑒 𝑞𝑢𝑖𝑡𝑡𝑒 𝑝𝑎𝑠 𝑎𝑢 𝑐𝑜𝑚𝑏𝑎𝑡, 𝑒𝑡 𝑙𝑎 𝑙𝑢𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑡𝑜𝑖. »

Je regardais l'intérieur de la boite dans laquelle figurait un collier d'argent auquel était attaché une pierre d'un noir de jais. J'observais l'objet.

Pour quelles raisons quelqu'un aurait voulu transmettre cet objet au prince ?

Ce collier protégeait des forces du mal. Sans réfléchir, je l'enfilais rapidement et l'enfouissais sous ma combinaison avant que la porte de la pièce ne s'ouvre, laissant entre quatre gardes royaux.

- Nous devons vous escorter jusqu'à l'arène royale.

L'heure avait sonné.






─━━━━━━⊱❉⊰━━━━━━─

À   S U I V R E  . . .

Vous pourrez retrouver la suite de l'histoire en version papier quand Empire Rouge sera édité en auto édition. Le roman est en cours de réécriture et toutes les informations seront communiquées sur mon instagram @venomglazed

Milles mercis pour chacune de vos lectures et de vos retours, je fais de mon mieux pour vous proposer une version finale qui sera le reflet de mon travail et de mon amour pour cette histoire.

Venom

Continue Reading

You'll Also Like

6.1K 246 8
« Alors Strauss, on arrive en retard ? Dès le premier jour en plus, t'a fais fort dis donc ! -Ne t'en fait pas Drear, je paris que je ne serai bientô...
101K 7.1K 73
Léandros Alastair , Alpha suprême de la meute d'arcadys est un loup-garou froid et effrayant qui voue une haine féroce envers la gente féminine. Lor...
11.3K 2.1K 55
| Urban Fantasy | MxM | 2 publications par semaine Dans l'Atrium, capitale lumière où les cinq races cohabitent presque en harmonie, la police humain...
691 70 15
Bailee-Bloom, à peine 20 ans, assiste à une scène qui peut lui coûter la vie. celle-ci s'attend à tout, sauf ce qu'il peut lui arriver. Un futur aux...