14 octobre 2022
Paris
Esmée se réveille en sentant le pilote quitter le lit en plein milieu de la nuit, comme depuis plusieurs jours. Il ne dit rien mais la brune sait qu'il ne dort plus très bien depuis leur retour du Japon. Il a le sommeil beaucoup plus agité, il n'hésite d'ailleurs plus à quitter, Esmée l'a déjà entendu sangloter dans son salon.
Mais comme à chaque fois, il revient l'air de rien et se rallonge à ses côtés comme s'il ne s'était rien passé. Cette fois-ci, Esmée l'attrape par le bras pour l'empêcher de partir ce qui provoque le consternement du pilote. Il se laisse tomber sur le lit et se justifie dans l'obscurité :
- T'as pris toute la couette, je voulais juste aller chercher le plaid sans te réveiller.
Esmée sait que ce n'est qu'une partie de la vérité et qu'il dissimule lautre derrière cette excuse. Pourtant elle ne dit rien et elle se contente de replacer la couverture correctement.
Elle donne un bout à Pierre qui s'empresse de se recouvrir et elle tente de faire abstraction de ses yeux humides.
- La prochaine fois, réveille-moi quand je prends toute la couette, dit-elle.
- Je n'osais pas.
- Moi, je t'aurais réveillé, rétorque Esmée.
- Merci de penser à mon sommeil, ironise-t-il.
- Je pense à toi tous les jours, c'est suffisant.
Pierre touche doucement son visage du bout des doigts, il tate le terrain avant de poser ses paumes sur les joues de la brune et il se penche pour embrasser tendrement ses lèvres. Elle lui tend son baiser en laissant glisser ses mains derrière sa nuque pour l'attirer plus près.
Il se détache à bout de souffle pour l'observer dans l'obscurité, il n'apercoit que ses pupilles brillantes d'avidité et Pierre murmure :
- Au fait, joyeux anniversaire p'tit cœur.
- Merci.
Pierre tire un peu plus sur la couette pour se couvrir suffisamment faisant rire la pianiste. Il se colle à elle et plante un baiser sur son front, retrouvant un peu de chaleur corporelle et il se rendort instantanément.
La pianiste se réveille bien avant lui, elle continue de l'observer dormir en étant appuyée sur son épaule malgré l'engourdissement de son bras à force de rester dans cette position.
Elle aime beaucoup les traits de son visage, elle observe ses lèvres rosées qu'elle aime tant embrasser et sa barbe taillée qu'elle aime sentir contre la peau de sa joue à chaque fois qu'il l'embrasse.
Esmée attend peut-être une heure avant que Pierre n'ouvre les paupières, dévoilant ses iris bleutés et il sourit aussitôt en constatant qu'elle a attendu qu'il se réveille.
- J'aime bien me réveiller comme ça, avoue-t-il quand elle l'embrasse doucement.
Il lui rend son baiser avant d'attraper son téléphone portable pour jeter un coup d'œil à son application de sommeil. Il soupire immédiatement en voyant les données que renvoie sa bague connectée, avec laquelle Esmée titille souvent en jouant avec ses doigts.
- Pyry doit s'étouffer en voyant les données, je suis même surpris qu'il ne m'en ait pas encore parlé, soulève-t-il en constatant la couleur rouge sur son écran.
- Cette nuit...
- C'était un cauchemar, pas seulement un problème de couette, complète-t-il avec un petit sourire triste.
Pierre attire la pianiste sur ses jambes étendues, il la serre dans ses bras tandis qu'elle se penche pour accéder à ses lèvres. Elle s'empresse de capturer ces dernières pour le rassurer, faisant soupirer le pilote.
- Ça te fait quoi d'avoir vingt-sept ans ?
- Je me sens vieille, souffle-t-elle contre ses lèvres.
- Aucune ride n'est apparue dans la nuit, rassure Pierre en riant. T'es toujours aussi belle.
- Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
- Je t'emmène au restaurant, lâche-t-il.
Esmée ne peut s'empêcher de sourire, elle pose une dernier baiser sur joue avant de se lever. Elle disparaît en laissant le pilote avec un air béat face à l'effet solaire qu'Esmée produit sur lui.
Quand il arrive à son tour dans la cuisine, la brune s'empresse de lui tendre une tasse de café fumante. Pierre s'empresse de la remercier, il sait que c'est sa manière de montrer qu'elle est à ses côtés malgré la nuit épouvantable qu'il vient de passer.
Esmée se hisse sur le plan de travail à la force de ses bras, elle s'attache les cheveux d'un geste nonchalant et elle esquisse un petit sourire à Pierre, qui l'observe ne pouvant s'empêcher de la trouver ravissante.
- Est-ce qu'on peut aller chez Céleste après ? s'empresse-t-elle de demander.
- C'est ton anniversaire, c'est toi qui décide.
- Je ne sais pas peut-être que t'as prévu un truc.
- Je ne suis pas doué pour les surprises, avoue Pierre.
Esmée secoue la tête en assurant le contraire, elle attire le pilote vers elle. La pianiste l'observe dans les yeux en enlaçant sa nuque de ses mains et souffle :
- T'es doué dans pleins d'autres domaines.
- Pas pour te convaincre de venir voir le match de dimanche, grimace-t-il.
Esmée lève les yeux au ciel, faisant rire le pilote. Depuis qu'ils sont rentrés dans la capitale française avec la pianiste, Pierre tente de la convaincre depuis plusieurs jours d'assister à un match du Paris Saint Germain, mais Esmée ne cède pas. Elle est catégorique et refuse d'y aller malgré que le pilote continue d'insister :
- Allez s'il te plaît, p'tit cœur. C'est le classico.
- Le vrai Classico c'est le Barça contre le Réal, lâche-t-elle de mauvaise foi.
- Il y aura Messi, on pourra même aller le voir en loges, rajoute Pierre en rangeant sa tasse.
- N'essaye pas de m'avoir, je t'ai dit non.
Elle n'a aucune raison de ne pas s'y rendre, elle n'a ni concert, ni représentations. Rien ne peut la retenir, elle n'a rien de prévu ce dimanche soir et Pierre soupire. Il finit par déposer les armes. Il ne comprend pas pourquoi elle ne veut pas voir un match de football de l'équipe parisienne à ses côtés alors que son père fait parti des socios du club de Catalogne et qu'elle a passé la majorité de son enfance à suivre le football.
- Je suis allé à ton concert, supplie-t-il presque.
- Et alors ? J'ai vu tes courses, balle au centre, Pierrot.
Un râle de frustration s'échappe de ses lèvres et il s'éloigne d'elle. Il s'effondre dans le canapé en enfouissant sa tête contre l'un des coussins. Il sent le canapé s'affaisser quand la pianiste s'assoit sur le bord de ce dernier. Esmée passe une main sur le dos de Pierre en le faisant frissonner. Elle remonte jusqu'à sa nuque où elle dépose sa main brûlante sur celle-ci et elle supplie :
- Ne boude pas, s'il te plaît.
- Pourquoi tu veux pas....
- La tribune dans laquelle tu vas est toujours filmée, j'ai pas envie qu'on nous voit...
- Esmée, tu sais qu'il y a déjà des photographies de nous quand t'es venue voir les courses ?
- Oui, mais les français critiquent beaucoup plus facilement que les autres et j'ai pas envie...
Elle s'arrête cherchant ses mots pour expliquer la situation au pilote. Pierre se tourne sur le dos pour l'observer les sourcils froncés par les aveux qu'elle commence à donner, hésitante :
- J'ai pas envie d'être comparée à tes ex que t'as déjà pu emmener là-bas.
- Esmée...
- Je suis juste pianiste et je suis pas aussi belle que toutes les autres filles avec qui t'as pu sortir.
- T'es juste toi, murmure-t-il en l'attirant dans ses bras. T'es juste toi, c'est toi que j'aime.
Il embrasse chastement ses lèvres en l'observant de ses yeux bleus et Esmée se perd à l'intérieur de ces derniers quand il ajoute :
- C'est toi qui est dans mes bras, alors n'écoute pas les critiques, n'écoute que moi quand je te dis que t'es belle, parce que tu l'es.
Elle acquiesce en embrassant sa joue avant de laisser tomber sa tête contre son épaule. La pianiste attrape la main du pilote dans la sienne et elle s'empresse de jouer avec ses doigts, faisant glisser sa chevalière le long de son auriculaire en souriant.
- Je voulais te demander quelque chose ce soir, mais je vais te le demander maintenant, murmure Pierre en maintenant la pianiste contre lui.
- Laisse-moi deviner, lâche-t-elle. Tu as oublié mon cadeau et tu te demandes si c'est grave ?
- Non.
- Tu te demandes quelle est la différence entre un mi bémol et un ré dièse ?
- Qu'est-ce que tu me racontes, bien sûr que je ne sais pas faire la différence. J'ai pas une oreille musicale ! s'exclame-t-il.
- Pierre, soupire la brune avec un petit sourire. Il n'y a aucune différence, c'est les mêmes notes.
Il retient difficilement un rire en constatant qu'Esmée se moque bien de lui. Elle paraît fière de sa blague au vue du sourire qu'elle lui lance et Pierre ne peut s'empêcher de replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Les lèvres pincées, il s'estime chanceux comme à chaque fois qu'il l'observe et qu'il se sait aussi amoureux que le premier jour.
- Est-ce que tu voudrais emménager avec moi ?
La surprise traverse les iris de la pianiste tandis qu'elle continue de le fixer, elle a désormais arrêté de jouer avec sa chevalière qu'elle tient dans le creux de sa main. Elle baisse les yeux vers cette dernière la trouvant soudainement bien plus intéressante que Pierre, attendant une réponse.
- À Milan ? balbutie Esmée d'une voix hésitante.
Pierre se sent si maladroit, bien sûr qu'il aurait dû précisé en sachant que la carrière de la pianiste se trouve dans la capitale française et qu'elle ne peut bouger aussi facilement que lui.
- À Paris, précise-t-il.
Elle relève aussitôt la tête et ses sourcils froncés témoignent de la concentration qu'elle fournit pour tenter d'assimiler les paroles de Pierre.
- L'usine d'Alpine est à Viry-Châtillon, à quelques kilomètres de Paris, souligne Pierre. Je veux m'en rapprocher dans tous les cas alors au lieu de squatter chez toi, on pourrait avoir notre...
- Oui, c'est d'accord.
Elle l'observe d'en haut, assise sur lui. Pierre acquiesce avec un petit sourire qu'elle s'empresse de lui rendre confirmant qu'elle accepte cette proposition. Le rouennais ne peut s'empêcher de capturer ses lèvres. Il est comme enivré par cette perspective s'ouvrant à eux quand il mumure ému contre ses lèvres :
- Ça sera notre chez nous.
Et Esmée l'embrasse de nouveau.
💙