28 août 2022
Belgique
Pierre jette un coup d'œil au synthétiseur rangé dans son étui et il demande à la pianiste écrasé dans le petit canapé de la driver-room :
- Tu joues plus ?
- Non, souffle-t-elle. Règle numéro une : on ne révise jamais la veille d'une grande échéance comme pour le bac.
- Et la règle numéro deux ?
- On n'y pense pas et on se détend en encourageant un beau jeune homme qui démarre dans les points !
- Beau programme, rit Pierre en enfilant un polo à l'effigie de son écurie. Tu me passes ma casquette s'il te plaît ?
Esmée se redresse pour saisir l'objet tant convoité, ses doigts la saisissent malgré les picotements parcourant leur face palmaire. Mais le temps de la tendre à Pierre, la casquette glisse de sa main et s'écrase sur le sol.
Pierre ramasse la casquette devant l'impuissance de la pianiste et son regard inquiet se plante dans les yeux embués d'Esmée. Et il comprend qu'elle a menti ces derniers jours quant au réel état de son poignet droit.
- Ce n'est pas une tendinite, hein ?
Elle secoue la tête en évitant son regard. Pierre est sûr à cet instant qu'elle aurait continué à s'entraîner si elle le pouvait, même la veille d'un évènement important et il déglutit difficilement en enfonçant la casquette sur le sommet de son crâne.
Esmée se lève sans un mot pour s'éclipser prétextant qu'elle doit rejoindre Charlotte pour la parade des pilotes. Elle ne fuit que la vérité, celle qu'elle craint d'avouer par peur de réaliser ce qui lui arrive réellement.
- Esmée...
- Je perd toute la sensibilité du pouce jusqu'au majeur, j'ai plus de force dans la main. Les infiltrations n'ont rien fait pour décompresser le nerf médian et... quand c'était la main gauche, les infiltrations suffisaient. Je vais devoir me faire opérer et je te jure que ça me fout la trouille, lâche-t-elle d'une traite.
- Je savais pas, je suis désolé, bredouille Pierre.
- J'aurais dû me faire opérer avant mais je ne voulais pas annuler. Je suis têtue, je sais.
Elle se tourne vers Pierre et ses yeux larmoyants déchirent son cœur. A cet instant, il se moque bien d'arriver en retard alors que des membres de son équipe l'appellent. Il enlace simplement la brune dans ses bras dans une étreinte réconfortante et il assure doucement :
- Ça ira, je te le promets.
- J'ai peur parce que le piano, c'est toute ma vie, souffle-t-elle d'une petite voix.
- Je sais.
Et Esmée blottit sa tête contre l'épaule du pilote en comprenant qu'il partage son sentiment vis-à-vis de son opération mais aussi du grand-prix et de cette ligne droite menant au Raidillon.
- Ça ira, je te le promets, répète-t-elle également pour lui.
Le couple se détache pour s'observer un court instant dans les yeux et la même pensée les parcourt simultanément : ils sont plus forts que ça et rien ne les éteindra. Un sourire étire leurs lèvres et Pierre déposer un baiser sur le front d'Esmée, en murmurant :
- Je ferai mieux d'y aller, avant d'être vraiment en retard.
- Bonne chance, souffle Esmée.
Et un sourire éclaire son visage. Il jette un dernier coup d'œil à la brune comme pour s'assurer qu'elle tient le coup avant de s'éclipser pour la parade des pilotes.
Esmée descend vers le garage et elle tombe nez à nez avec la mère de Pierre et elle se sent terriblement gênée puisqu'elle aurait dû être présente aux dernières vacances et elle ne s'attendait pas à croiser les parents du pilote lors de ce grand prix de Belgique.
Pascale encercle immédiatement les épaules de la pianiste en constatant sa timidité et elle plante un baiser sur sa joue pour la saluer. La peur de l'espagnole s'évapore instantanément et elle salue à son tour la mère de Pierre.
- Je suis contente de te voir ici, murmure-t-elle à la jeune femme. Merci pour Pierre, ça lui tenait vraiment à cœur que tu sois à ses côtés aujourd'hui.
- C'est en partie de ma faute, s'excuse Esmée en comprenant que la mère du pilote est au courant de toute l'histoire.
- Mais non, bien sûr que non, rassure Pascale. Tu ne pouvais pas savoir que tu allais avoir une telle opportunité, je croise les doigts pour demain même si je sais que tout se passera bien !
Esmée a la gorge nouée et elle ne sait pas quoi répondre sous le coup de l'émotion face à ces encouragements. Elle jette un coup d'œil aux écrans retransmettant la fin de la parade des pilotes et la mise en grille des voitures avant le tour de formation et elle aperçoit Pierre sur l'écran.
Il effectue les derniers exercices pour tester ses réflexes avant de monter dans la monoplace positionnée dans la première partie sur cette grille de départ. La grille se vide des mécaniciens avant le tour de formation mais les parents de Pierre et Esmée observent les deux Alpha Tauri revenir vers le garage dans l'incompréhension la plus totale.
- Mais c'est pas possible, il va partir des stands ! s'exclame son père.
Et il a raison. Pierre s'élance depuis la voie des stands suite à un problème électrique sur la voiture et il n'est pas difficile de mesurer la colère qui croît en lui face à cette énième déception.
Pourtant, il parvient à remonter jusque dans les points en ne partant même pas sur la grille. Un petit exploit qui fait sourire Esmée quand elle entend les exclamations de joie de Pierre à la radio alors qu'il arrête sa monoplace. Et quand il sort de la voiture, il ne peut contenir son sourire quand il rejoint le garage pour remercier son équipe en prenant le soin d'aller voir son ingénieur. Il dépose son casque sur une table et se tourne vers Esmée s'approchant de lui, elle constate :
- Tu ne m'avais pas dit que c'était ton centième grand-prix.
- Et bien, je te préviens que celui de la semaine prochaine sera le numéro cent-un.
La pianiste s'empresse de le féliciter dans une courte étreinte pour les points qu'il vient d'inscrire, les derniers remontant à l'Azerbaïdjan où Pierre avait terminé cinquième.
- Merci p'tit cœur.
Et le sourire qu'effectue Pierre réchauffe le cœur de la brune. Elle est si heureuse de voir ses lèvres s'étirer en un sourire qu'Esmée ne peut s'empêcher de sourire à son tour avant de déposer un baiser sur sa joue.
- Je mérite bien plus qu'un simple baiser sur la joue, souffle-t-il en l'observant.
Esmée rougit aussitôt et ne peut s'empêcher de baisser les yeux vers ses chaussures pour éviter de confronter les yeux charmeurs du pilote, conscient de l'effet qu'il produit sur elle comme à chaque fois.
- Il y a beaucoup trop de gens et il y a tes parents, balbutie Esmée comme excuse.
La main de Pierre se glisse sur sa joue avant qu'il ne pose ses doigts sous le menton de la brune. Ce simple contact suffit à ce qu'Esmée relève les yeux pour se perdre dans son regard bleu où elle n'y lit que de la bienveillance transmettant beaucoup de sérénité.
Sa timidité et le doute qu'elle pouvait avoir s'évaporent. Esmée prend son courage à deux mains et elle se redresse sur la pointe des pieds pour embrasser Pierre. Elle laisse glisser ses lèvres sur siennes tandis qu'il lui rend doucement son baiser en posant une main sur sa joue comme Esmée aime si bien qu'il le fasse.
Et toute l'anxiété qu'elle pouvait avoir face au lendemain s'efface.
Merci pour les 30K ❤️
Désolée, ça faisait longtemps ici. Je viens de finir Négligence et j'ai eu un petit syndrome de la page blanche pendant quelques jours :(
Je vous invite à lire Dépendance avec Pierre Gasly et Négligence avec Charles Leclerc, deux fictions liées disponibles sur mon profil.