Ténèbres d'Imshe

By ValessiaGo

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*Histoire illustrée. Dessins et cover réalisés par mes soins / tous droits réservés* *Vous trouverez... More

--- RECUEIL ILLUSTRATIONS ET CONCOURS ---
1 - « Joyeux Noël »
2 - « Renaissance express »
3 - « Isela et Suren »
4 - « Imshe ? »
5 - « Entre doutes et nouvelles croustillantes »
6 - « Alerte ! »
7 - « Rêves d'évasion »
8 - « Duo fort plaisant »
9 - « Palais d'or »
10 - « Faucheuse dorée »
11 - « Soupçons et élu »
12 - « Une renarde maligne »
13 - « Pour la cause ! »
14 - « Lecture surprise »
15 - « Traîtresse ! »
16 - « Maladie de bien et de mal »
18 - « Labyrinthe vert »
19 - « L'heure de dormir ? »
20 - « Lashinn »
21 - « Cartes sur table »
22 - « Flamme et jalousie »
23 - « Envers du décor »
24 - « Nyx »
25 - « Cérémonie »
26 - « Papillon et sang »
27 - « Rancunier »
28 - « Jeux de cœur et faux semblants »
29 - « Hors course »
30 - « Hantises »
31 - « Ville fongique »
32 - « Cliste »
33 - « Colère aveugle »
34 - « Chant d'attaque »
35 - « Vérités ou mensonges ? »
36 - « Problème ou solution ? »
37 -Les Hommes
38 - « Retrouvailles »
39 - « Projections »
40 - « Nésifie »
41 - « Derrière le masque »
42 - « Chemins croisés »
43 "?"
44 - « Folles ou déterminées ? »
45 - « Vieux ennemis »
46 - « Plus qu'un ! »
47 - « Sous l'orbe »
48 - « Mauvais rêve »

17 - « Reine ? »

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By ValessiaGo

ISELA

Le doute planait. Nolie connaissait ce noble qu'Isela avait malencontreusement traîné à Waba. Elle ne l'avait pas avoué ouvertement, mais la rouquine ne voyait que cette explication au désir si pressant de son aînée à discuter avec l'itaki.

En tant que gouvernante au palais, elle connaît beaucoup de visages, mais les nobles sont moins regardants. Et Sen l'a aussi reconnue... sinon il n'aurait pas tenté de se cacher sous sa capuche. Il se dit seulement d'éducation noble, mais pour fricoter avec les têtes pensantes, il vient de haut.

La colère prenant le pas sur ses inquiétudes, Isela frappa du poing sur la table. Le bois grinça, tandis que les pieds de mauvaises factures menacèrent de céder sous des tremblements houleux.

Bon sang! Je n'ai tout de même pas dévoilé Waba à un fils d'océbi?

Si la couronne restait son plus grand ennemi, les océbis ne se trouvaient pas moins haut sur sa liste de familles à abattre. Puissants, leur arrogance égalant leur richesse, ils ne participaient pas directement aux décisions qui régissaient le royaume de Yorze, mais comptaient des bras bien assez longs pour les influencer.

D'un autre côté, si je le mets dans ma poche, il pourrait peut-être faire entendre la voix des Wabans auprès de la couronne...

Dans un soupir, Isela s'adossa à sa chaise et bascula la tête en arrière. Le visage rivé vers le plafond, tantôt taché de marques brunâtres tantôt de toiles finement tissées, elle laissa ses paupières tomber. La fatigue commençait à l'emporter... quand un craquement sur le seuil d'entrée la réveilla d'un sursaut.

— Tu as l'air au bout du rouleau, lui sourit Nolie qui s'attabla en face d'elle.

— Et tu vas m'achever avec quelques révélations croustillantes, je me trompe ?

La mine fermée, le regard un brin calculateur, Nolie croisa les bras.

— Je vais te dire la vérité, lâcha-t-elle. Mais promets-moi de rester ouverte d'esprit et de m'écouter jusqu'au bout.

Isela haussa les épaules. Elle n'en dit mot, mais elle s'attendait déjà à la brutalité du fond de ses aveux. Sen ne pouvait être qu'un fils d'océbi qu'elle avait tiré jusqu'à Waba dans l'espoir de gagner le soutien du magicien.

— Bon, souffla Nolie. Allons droit au but.

Elle déposa un cristal à l'orange vibrant sur la table et fit tinter son ongle sur sa surface lisse dans un « ukula ».

Elle ne souhaite pas que des oreilles indiscrètes nous écoutent... C'est sûr! Sen est un fil d'océbi, pensa Isela qui s'efforça de chasser une grimace.

— Sen ne t'a pas donné son vrai nom.

Isela mima une exclamation de surprise qui suintait de sarcasme, mais Nolie ne releva pas.

— Il s'agit du surnom affectueux que lui donne en privé sa mère... la reine.

La rouquine opina du chef, l'air dégagé, avant de prendre conscience des mots de son aînée. Sa bouche se déforma en une grimace odieuse, tandis que ses sourcils menacèrent de rejoindre son nez de froncements exagérés.

— Oui, tu as amené à Waba le prince Suren, ajouta Nolie.

Isela se figea en cette expression mêlant sidération et horreur, ses pensées s'entremêlant. Une seule certitude en ressortait, de tous les nobles du royaume, elle était tombée sur le pire.

— Je sais ce que tu penses, continua l'itakie. Mais Suren n'est pas comme sa mère.

— Il est le fils adoré de cette folle ! gronda Isela. Mais attends une minute ! Il a quitté le palais comme un voleur. Donc personne ne sait que... qu'il a fui ? La reine doit le chercher.

Dans un éclair d'entendement, la rouquine barra sa bouche bée d'une main.

— Oh non... C'est pour ça que tu es blessée ! Le prince disparaît quand le magicien s'évade et qu'un intrus infiltre le palais. Ne me dis pas que cette névrosée pense qu'il a été enlevé ?

— Si, soupira Nolie en baissant le regard sur ses mains à la peau zébrée. Et elle accuse les Wabans, comme tu sembles l'avoir deviné.

Horrifiée, Isela plongea son visage derrière ses doigts.

Je n'aurais jamais dû écouter Vendi! Gagner le soutien d'un magicien... j'ai surtout réussi à rendre la reine encore plus folle.

— Il faut livrer le prince à Indu, souffla-t-elle.

— As-tu perdu l'esprit ? s'horrifia Nolie. Tu sais ce qu'il fera. Il le torturera et cherchera à faire chanter la couronne... s'il ne le tue pas.

Isela renifla.

— Et alors ? Ce n'est pas comme si ses parents nous enterrent dès qu'ils nous mettent la main dessus.

— Ce n'est pas la solution Isela, tu le sais. Aide-moi à concrétiser le plan que ton père et moi avions. Suren est un bon itaki. Si nous le plaçons sur le trône, il réparera les torts causés par le roi actuel. Tu sais que les idées de ton père étaient sensées. Bien plus que celles d'Indu !

— Parce que tu crois que les Wabans et les opprimés de tout Yorze vont lui manger dans la main simplement parce qu'il cherche à panser les plaies causées par les siens depuis des générations ? cracha la rouquine.

Nolie pinça les lèvres, ses prunelles fuyant un court instant le regard courroucé de l'itakie.

— Non. Ce ne sera pas si simple, avoua-t-elle. Mais le magicien que vous avez amené avec vous est la solution.

Plus perplexe que furieuse à l'entente de ces mots, Isela plissa les yeux.

— C'est-à-dire ? grommela-t-elle.

— Suren m'a expliqué qu'il est l'envoyé d'Imshe. Il m'a aussi montré la pierre noire. Si tu aides le prince hériter à soutenir l'élu durant sa quête, il sera adulé tel un miracle soutenu par les dieux eux-mêmes. Et toi, tu seras l'icône du peuple qu'il a enrôlée à ses côtés, d'égal à égal.

— C'est très... dégoulinant de croyances, grimaça Isela dans un frisson.

— Arrête tes bêtises ! Ne me dis pas que tu ne serais pas tout aussi subjuguée par un trio aussi dépareillé qui ramènerait les ténèbres sur le royaume ?

— Un trio dépareillé, certes, mais qui ramènerait la nuit de Limpis, nous en sommes encore loin. Pour peu que cela soit possible.

— Il faut bien démarrer quelque part ! Et l'occasion est parfaite.

Dans un sourire malin, Nolie lui glissa un clin d'œil.

— Tu pourrais même séduire le prince durant votre voyage et devenir la future reine, ajouta-t-elle. La présence d'une Wabanne au côté du futur roi calmerait d'autant plus les opprimés de Yorze, comme tu le dis.

À ses mots, Isela manqua de s'étouffer dans sa propre salive.

— Tu n'es pas sérieuse ?

— C'est un bel itaki, respectueux, qui...

— Épargne-moi ton discours de nourrice fière de son protégé. Je n'arrive pas à croire que tu le jettes dans mes bras comme un vulgaire sac de viandes bien coté.

— Je suis persuadée qu'il te plairait, si tu prenais le temps de le connaître.

— C'est sûr que si tu me coinces avec lui dans une quête insensée, j'aurai l'occasion de faire connaissance. Car, tu m'excuseras, mais entre les murs du palais, j'avais un peu de mal à lui passer le bonjour autour d'un petit thé, ironisa Isela.

— Dois-je comprendre que tu acceptes ?

Les bras croisés sous la poitrine, Isela ne dit mot. Elle serait hypocrite de prétendre que la richesse et le pouvoir ne l'intéressaient pas, mais devenir reine, cela relevait d'un tout autre niveau.

Le prince est beau, je ne le nierai pas, mais... le physique ne fait pas tout. Mais ce serait l'occasion de sortir de la misère et de tirer les miens vers le haut. Quelles sont réellement les chances qu'il s'intéresse à une fille comme moi plutôt qu'à la ribambelle de nobliettes qui lui courent après? Brochette dont il n'a jamais fait mine de se soucier jusqu'ici. Peut-être préfère-t-il les itakies moins guindées, plus brutes, comme une femelle du peuple?

Son cœur balançait entre raison et rêve, quand elle surprit un sourire en coin illuminer le visage de Nolie.

— Je constate que le sujet te fait réfléchir, lâcha la quarantenaire.

Isela roula des yeux, prise au piège.

— Ne te fais pas d'illusions. L'idée me répugne, mais je respecterai la volonté de mon défunt père de croire en ce petit prince, trancha-t-elle. En revanche, je vais m'assurer de lui faire promettre de se soucier du peuple et non d'espérer comme vous deux qu'il fera un meilleur dirigeant que ses parents. Si je ne parviens pas à prendre moi-même les rênes du royaume...

Un sourire satisfait étira les lèvres de Nolie, tandis qu'Isela se trouvait bien sale de penser ainsi. Depuis quand était-elle devenue si vénale ?

Sûrement depuis que j'ai compris qu'un pauvre le reste sans quelques sacrifices, pensa-t-elle avec amertume.

SUREN


— Es-tu sûr de toi ? s'enquit Owen qui observait le prince avec anxiété.

— Plus que certain ! lui assura Suren.

À califourchon sur le rebord de l'unique fenêtre de leur chambre, il examinait le toit qui s'étirait sous son pied, un étage plus bas.

— Pranelle... ou devrais-je dire Nolie, me ment depuis des années ! Et Isela n'a fait qu'insulter la couronne depuis que nous l'avons rencontrée. Elles vont certainement nous vendre au chef des insurgés. Nous devons fuir avant que les renforts débarquent.

Malgré la cohérence des mots du prince, le magicien restait perplexe. D'autant plus que l'idée de sauter par-dessus bord ne l'enchantait guère.

— Elle me paraissait sincère, ton ancienne gouvernante, hasarda-t-il. Et tu semblais tenir à elle. Je pensais que tu lui pardonnerais avec le temps.

— Moi aussi elle m'a paru très « sincère » durant toutes ces années. Certes, elle restait forcée de dire la vérité à cause des cristaux, mais cela ne nous protège en rien d'idées retorses non dévoilées. Et mon pardon pour cette menteuse ne devrait pas être votre priorité.

Frustré par l'hésitation d'Owen, Suren mit pied à terre dans un grognement et se planta devant lui.

— Tout ce qu'elles veulent, c'est faire tomber ma famille, cracha-t-il en se désignant d'un index griffu. Et pour ça, elles n'hésiteront pas à vous manipuler pour vous rallier à leur cause ! Mais une fois qu'elles auront eu ce qu'elles veulent, ne vous attendez pas à recevoir leur aide pour votre propre quête.

— La colère te fait parler sans savoir, soupira l'humain. Tu en veux à Nolie, je le comprends, mais ça ne fait pas d'elle un monstre manipulateur. Et même si Isela semble avoir pas mal de raisons de haïr les puissants, je doute qu'elle soit aussi abjecte.

— Comment pouvez-vous prétendre cela ? Vous ne les connaissez pas. Moi, j'ai côtoyé cette Nolie durant des années. J'ai été témoin de ses talents de comédienne !

Une grimace pincée déforma les traits d'Owen, tirant un rictus moqueur à Suren, fier de sa répartie.

— Passez devant, ajouta-t-il en désignant la fenêtre d'un hochement de menton.

Le prince inspira profondément, soulagé de constater que le magicien se résigna à l'écouter. Néanmoins, il ne put empêcher son cœur de frissonner de peur en observant ce beau mâle se hisser sur le rebord de la fenêtre.

— Vous ne connaissez vraiment aucun sort qui nous permettrait de descendre plus prudemment ? s'enquit-il.

— Combien de fois va-t-il falloir que je répète que je ne suis pas un magicien ? Le portail dont vous ne cessez tous de parler était du fait d'Imshe.

Ses prunelles d'or noyées dans son regard d'émeraude, Suren l'observa un instant, avant de lâcher un dommage désinvolte. Owen plissa les yeux, probablement décontenancé par sa réaction, mais le prince le pressait déjà de sauter.

Nous ne devons pas perdre davantage de temps, s'inquiéta Suren. Elles peuvent monter d'un instant à l'autre.

Emporté par ses craintes, il poussa davantage l'humain... qui se laissa choir en contrebas. Le prince grimpa aussitôt sur le rebord de bois et assista à l'impact. Brutal et maladroit. Heureusement, Owen se releva sans tarder, apparemment en un seul morceau, ses articulations toutes bien en place. Mais la chute n'en restait pas moins bruyante, alertant leurs geôlières sans en douter.

D'un bond souple, Suren gagna le toit inférieur avec une agilité féline qui ne fit grincer que de rares planches du toit.

— Dépêchons-nous ! lâcha-t-il en empoignant le bras de l'humain.

Ils devaient disparaître diligemment dans la foule et les ruelles des taudis. Il opta pour une marche pressée qui n'attirerait pas l'attention des badauds et sans le sou qui déambulaient entre les bâtisses délabrées. Par chance, Owen avait eu la bonne idée de relever son capuchon sur son crâne et ses oreilles rondes. Ainsi vêtu, il pouvait se confondre avec quelques races... si personne ne l'examinait de près.

— Comment comptes-tu t'échapper d'ici ? s'enquit Owen.

Bien qu'il se laissât entraîner sans batailler, son scepticisme envers l'initiative du prince ne dégonflait pas. Suren le percevait sans détours dans ses prunelles d'émeraude.

— Faites-moi confiance, lâcha-t-il simplement, une idée trop vague en tête pour rassurer son compagnon de cavale.

À la première occasion, le prince bifurqua, alternant d'un pôle vers un autre pour s'assure de ne jamais retourner à leur point de départ. Il lui tardait de regagner la surface, ses collines rougeoyantes et ses falaises d'ocre, loin des effluves pestilentiels qui lui retournaient l'estomac.

Avec quoi les Wabans lavent-ils les rues pour qu'elles empestent de la sorte?

Mais il savait la question malvenue, idéale pour être confondu avec un prince guindé, et l'instant peu propice pour s'en soucier.

Au détour d'une place, d'un équilibre douteux au sommet d'un pic, il s'arrêta. Owen dégagea son bras de son étreinte et s'éloigna d'un pas. Il s'accouda à la main courante qui séparait la terrasse d'une taverne d'un précipice sombre qui s'étirait à perte de vue. Si les ténèbres de Limpis existaient, Suren les imaginait bien de cette noirceur, mais bien moins oppressantes.

— Excusez-moi, lâcha-t-il à l'attention d'un badaud qui passait non loin.

De haute carrure, l'itaki affichait une tête féline à la truffe zébrée d'une myriade de cicatrices.

— Nous sommes des connaissances d'Isela, mais nous nous sommes perdus, mentit Suren dans un sourire amical. Elle nous attend devant la racine-mère, mais nous n'avons aucune idée d'où la trouver ?

— Connais pas. Remonte vers le nord, trancha l'inconnu en pointant la direction d'un bras, pressé d'en revenir à ses occupations.

Suren n'eut le temps d'entrouvrir les lèvres en un simple remerciement, tandis que l'itaki le bousculait déjà hors de son passage.

Charmant... maugréa-t-il dans une grimace écœurée.

Mais il n'en prit pas grief et s'en retourna vers Owen. L'humain s'élançait déjà vers le nord, lui adressant un bref coup d'œil. Son petit côté sauvage et indépendant l'usait autant qu'il le ravissait.

***


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