Pour t'embrasser sous le Sun...

By TheDuckFly

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☀️ Minsung 🍝 Minho suait sous la chaleur Jisung peignait sur sa musique Minho avait faim Août allait-il vrai... More

[1] En maudissant le soleil
[2] Au sens propre et aux figues séchées
[3] Emmerdes sous boules de glace
[4] Dear lips,
[5] Allô la Lune
[6] Par les cabanons bleus d'été
[7] Pour dire de mâcher les cumulonimbus
[8] Saturn Peach

[0,5] Grenadine à cailloux

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By TheDuckFly

Affectophobie : peur de montrer, d'exprimer ses sentiments, émotions.

---

[ Spritz de soleil ]

[🍹]

Alors qu'il avait pensé devoir tenir la chandelle entre Felix et Changbin durant toute l'après-midi, Minho fut surpris par l'ambiance affreusement pesante qui régnait dans le minuscule appartement. Il s'approcha du vieux canapé décrépit où ils étaient tous deux effondrés et se laissa lourdement tomber sur le fauteuil miteux installé à leur droite. Felix lui lança un petit sourire triste auquel Minho répondit par des yeux emplis de questions.

Pourquoi son petit-ami avait-il l'air dévasté, lui qui, de ce qu'il avait pu voir, était constamment excité et souriant ? Pourquoi ne lui avait-il rien expliqué par message ? Est-ce qu'il s'était passé quelque chose de grave ? Sûrement, en attestait la mine sombre de Changbin. Felix avait fait une connerie ? Trop courant. Mais que se passait-il alors ?

Le silence commençait à s'alourdir. La jambe de Changbin tressautait. Felix fuyait les regards. Changbin fronçait les sourcils. Felix s'affaissait. Changbin se tordait les mains.

Minho vit sa patience disparaître peu à peu et, sur un énième soupire de Changbin, lâcha un murmure ; faible espoir de détendre l'atmosphère ; qui parut résonner entre les murs de la petite pièce exiguë.

- Felix est enceint ?

Aucun des deux ne releva et le brun se demanda un instant s'il avait parlé à voix haute. Puis Changbin sembla enfin sortir de sa torpeur.

Ses yeux vides s'éclairèrent en se posant sur lui et il le détailla de haut en bas le mettant mal à l'aise. C'était seulement la troisième fois que Minho rencontrait le copain de son meilleur-ami et, bien que Felix lui parlât de lui tous les cinq messages, il avait encore l'impression de se confronter à un semi-inconnu.

Le blond posa sa main sur la cuisse de son petit-copain, lui intimant d'un mouvement de tête de parler, d'expliquer enfin à l'invité la raison de sa venue, avant de se lever pour aller à la kitchenette. Sans la présence rassurante de Felix, Minho sentit une légère pression lui tordre les organes. Changbin avait fini de l'examiner et le fixait maintenant dans les yeux d'un regard perçant, ça le destabilisait.

À première vue il ne paraissait pas très commode, Changbin, facilement confondable avec une brute. Il était constamment habillé en noir, musclé jusqu'aux bouts des cheveux et sa voix sonnait agressive. Aussi, quand Felix le lui avait présenté, Minho avait légèrement douté de la gentillesse que le blond lui avait décrite de long en large. Pourtant, en regardant de plus près, il avait remarqué ses yeux brillant d'une vivacité intelligente qui semblaient te passer au rayon X chaleureux chaque fois qu'ils se posaient sur toi ; il n'avait eu aucun mal à les imaginer empreint d'une douceur protectrice. Et son rire rayonnant avait sur le moment effacé ses restes de soupçons. Depuis, Minho ne s'était cependant confronté qu'au côté joyeux, déconnant à tout va de Changbin, voir cette mine sombre ancré sur son visage le déconcertait.

Puis le noiraud détourna le regard et soupira. Enfin, il ouvrit la bouche et sa voix rauque claqua dans le silence.

- J'espère que t'es un mec aussi bien que celui que Lixi m'a décrit.

Il laissa un ange passer, obligeant l'interpellé à digérer sa pensée.

- Si ma confiance était mal placée, je m'en mordrai les doigts jusqu'au coude pour le restant de mes jours.

Minho frissonna sous le coup de pression. Felix revint avec trois grenadines dans lesquelles flottaient des cailloux de sirop agglutiné par le temps ; il ne la sortait que pour les grandes occasions, elle devait avoir près de six ans ; ce geste accentua l'appréhension du brun. Il les posa sur la caisse en bois rectangulaire face au canapé avant de reprendre sa place auprès du noiraud qui continua.

- Minho je ne passerai pas par quatre sentiers, je voudrais que tu effectues un sauvetage.

- Pardon ? demanda le brun interloqué. Il ne s'était attendu à rien, mais encore moins à cela.

- Le sauvetage de mon gars-sûr qui étudie dans ta fac.

- Comment ça...Il va se noyer ? il comprenait de moins en moins. Comment pouvait-on prévoir une noyade ?

Changbin laissa échapper un petit sourire abattu. Minho maudissait de plus en plus cette ambiance de tristesse écrasante ; pas qu'il soit joyeux de nature, il appréciait le calme, mais il ne tenait pas non plus en estime les situations où le sarcasme et les plaisanteries devenaient tabous.

- C'est bizarre que tu dises ça, parce que c'est une belle image. Mais non mon pote, pas un sauvetage physique, je te parle d'un sauvetage moral. Le sauver de sa phobie des foules et des regards, de ses pensées qui tournent trop, de sa famille.

- Comment veux-tu que je sauve quelqu'un de tant de choses ? C'est impossible, ricana Minho.

- J'aimerais beaucoup que tu essayes pourtant, soupira le noiraud. Je te le demanderai à toi, à toi et à personne d'autre, parce qu'il m'a dit que tu l'aidais à garder le moral en le faisant se sentir moins seul à la fac. Alors je ne vois pas pourquoi tu ne saurais l'aider à oublier cette peur stupide.

Le dernier mot fit grimacer Minho. Stupide. Il croirait entendre Hyunjin lui reprocher son affectophobie ; comme si l'on choisissait ses peurs, une personne disant cela ne risquait pas de comprendre.

- Je le connais bien ? demanda-t-il pour effacer cette impression de déjà-vu.

- Juste à peine.

Le brun fut traversé d'un doute rassurant : il n'avait plus l'habitude de tenir compagnie à des inconnus depuis plusieurs années, Changbin pouvait s'être trompé de personne.

- Je ne vois pas ce que je pourrais faire. Je ne suis pas foncièrement optimiste dans la vie de tous les jours. Paraît que je semble froid et insensible en plus, dit-il en haussant les épaules, répétant ce que lui reprochait Felix depuis ses années d'étude catastrophiques en psychologie.

La pression avait baissé, il n'avait sûrement aucun rapport ni avec cette histoire ni avec ce mec. Ce mec...

- Comment s'appelle-t-il d'ailleurs ? demanda-t-il soudainement, se rendant compte de l'absurdité de parler de quelqu'un sans le nommer.

Changbin inspira bruyamment et baissa le regard vers le sol de carrelage gris uniforme.

- Là est le problème, murmura-t-il entre ses dents.

Minho vit flou, n'y avait-il pas déjà assez de problèmes comme cela ?

- Il refuse que je parle de ses terreurs à quelqu'un, si je te dis son nom, je perds sa confiance sur le champ.

Le temps que l'information atteigne son cerveau, le brun éclata de rire, faisant sursauter Felix et les cailloux de grenadines avec.

- Vous êtes des rigolos tous les deux ! Comment veux-tu que je l'aide si je ne connais pas au minimum son prénom ? s'étrangla-t-il consterné.

Changbin releva aussitôt la tête vers lui.

- Ça veut dire que tu refuses ? demanda-t-il d'un ton dur.

Minho étouffait. Au fond de lui il savait qu'après ce que le noiraud venait de lui dire, il n'était plus capable de refuser. Mise à part famille, cet étudiant lui ressemblait bien assez. Mais il refoula cette pensée.

- Je- c'est que bah...Tu-Tu peux pas l'aider toi ? balbutia-t-il. C'est ton meilleur-ami quand même, tu dois le connaître comme ta poche, connaître sa famille.

Ce fut au tour du noiraud de rire jaune.

- Le connaître comme ma poche ? Je ne m'étais même pas rendu compte qu'il allait mal ! Il y a une semaine je le pensais encore comme un poisson dans l'eau de sa fac ! Je ne sais même pas si je peux toujours me considérer comme son meilleur-ami aujourd'hui, sa voix se cassa sur la dernière syllabe et il baissa la tête pour se ressaisir. Quant à ses parents, on n'est pas du même monde mon pauvre, reprit-il plus doucement en désignant le mur que l'humidité avait commencé à ronger comme pour illustrer ses propos. De toute façon ils savent que je suis gay, alors ils ne me laisseront plus jamais mettre un pied sur leur seuil. S'ils apprenaient que leur fils me fréquente encore... il secoua la tête, il ne pourrait même plus sortir.

Minho se sentit secoué par l'affirmation de Changbin. Il avait tendance à oublier que celui-ci avait tout quitté pour venir s'installer avec Felix dans ce minuscule appartement sous les toits où l'on rôtissait l'été et caillait l'hiver. Bien que rassemblés, leur salaire de travail à mi-temps peinaient à payer les charges de l'immeuble, les empêchant d'économiser pour y faire des travaux et espérer le revendre plus cher comme il en avait été question à l'origine. Tous deux refusaient catégoriquement les aides qui leur avaient été proposées par leurs amis, affirmant qu'il leur suffirait de quitter l'université et de s'engager dans un travail à plein temps s'ils souhaitaient être plus riches. Ils considéraient donc leur pauvreté comme un choix personnel et se plaignaient si rarement qu'il arrivait à Minho d'en oublier leur situation.

Enfin, pour en revenir à son affaire, il ne voyait toujours pas ce qu'il pourrait faire de plus que Changbin. Et Felix sembla le comprendre car il ajouta :

- Il est bien conscient qu'on est tous du même bord ici, les gars c'est notre truc. Mais toi, tu es assez fort pour cacher parfaitement tes émotions ; j'ai même parfois l'impression que tu ne ressens ni la peur ni la tristesse, mais on ne va pas revenir sur ça maintenant (Minho écarquilla les yeux. C'était bien la première fois que Felix abordait cette facette de son caractère positivement, habituellement dès qu'un des deux y faisait allusion, ils partaient en pugilat et Jeongin et Hyunjin étaient forcés de s'entraider pour les séparer) ; tu ne risques donc pas d'empirer la situation en y mettant des émotions si tu rencontrais ses parents ; t'es dans sa fac, c'est-à-dire au cœur du problème ; t'es issu d'une famille assez riche pour pouvoir faire mieux illusion que nous devant celle de ce mec qui, d'après ce que j'ai compris, est plus qu'aisée... Et puis, fuck Minho !, c'est du sérieux, on parle de sauver quelqu'un d'une dépression !, tu penses que tu n'as pas un cœur assez grand pour cela, I don't buy it, qu'est-ce que t'attends, that pigs fly ?! s'énerva Felix, son emportement faisait toujours ressortir ses expressions australiennes.

Le blond lui aurait mit une gifle qu'elle lui aurait fait le même effet, Minho réalisait seulement la gravité de leur discussion. Avait-il seulement le droit de refuser ?

- Qu'est-ce que j'attends... C'est vrai ça, qu'est-ce que j'attends ? ironisa-t-il. Cette affaire pue le roussi autant pour moi que pour lui, mais il pourrait en crever, alors peu importe si je perds quelques plumes à lui courir après hein. Il est dans ma fac, je lui ai déjà parlé, il ne supporte pas les regards et les foules, ses parents sont homophobes et il est plein jusqu'aux as, c'est tout ce que je sais de lui ; autant dire tout, sauf l'essentiel ; qu'est-ce que j'attends, hein ?

Minho se leva brusquement sans faire attention aux deux amoureux à côté de lui et avala d'une traite sa grenadine caillouteuse. Évidement qu'il était obligé d'accepter, même pas besoin de se poser la question.

- Et merde ! lança-t-il en reposant violemment son verre vide sur la caisse avant de sortir en claquant la porte derrière lui, la dégondant presque. Il respirait déjà mieux.

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