Inès retourna en cours la semaine suivante. Tous les autres élèves se montrèrent très gentils avec elle, ce qui énerva Lolli, qui les traita d'hypocrites dans leur dos un nombre incalculable de fois. Après ne pas avoir travaillé pendant plusieurs jours, leur amie semblait décidée à se plonger corps et âme dans ses études afin de garder l'esprit occupé. Les jumelles étaient inquiètes de la savoir seule dans son dortoir la nuit : elles n'étaient pas sûres que ses camarades de Serpentard sauraient la réconforter si ça n'allait pas, ou même l'empêcher de travailler quand elle n'arrivait pas à dormir. Pourtant, comme il n'y avait aucun moyen pour qu'elles puissent être toutes les trois ensemble, elles durent faire avec.
Leur père donna sa démission au directeur le mercredi, après avoir passé plus de deux heures dans son bureau avec Lily. Les jumelles ne savaient pas ce qu'ils lui avaient dit, mais elles étaient à peu près sûres que le directeur savait que la décision de Lorcan avait quelque chose à voir avec le professeur Boyle. Désormais, il l'observait souvent du coin de l'œil durant les repas dans la Grande Salle et il commença à régulièrement aller voir Lily à l'infirmerie. Il remplaça aussi leur père pour donner les cours de Potions, ce qui éveilla la curiosité des élèves. Beaucoup de leurs camarades vinrent demander à Lisa et Lolli pourquoi leur père était parti, et elles répondirent simplement qu'il devait travailler sur d'autres projets. En tout cas, tout le monde semblait d'accord pour dire que les cours de Potions étaient beaucoup moins amusants maintenant qu'il n'était plus là : même si le professeur Harflor était un bon professeur, il était moins drôle et encourageant que Lorcan !
Le 27 février, ce fut le jour de l'anniversaire des jumelles. Elles n'avaient pas trop le cœur à le fêter étant donné les circonstances, mais leurs amis avaient quand même proposé qu'ils organisent quelque chose. Les deux sœurs avaient alors pensé que c'était une occasion de remonter le moral d'Inès et elles avaient préparé quelque chose avec l'aide de Bastian, Kobbey et leurs parents. Le jour J, elles se rendirent à l'infirmerie après leurs cours, attendant avec impatience de voir comment Inès réagirait à la surprise qu'ils avaient prévue pour elle.
— Vous êtes pile à l'heure, dit leur mère en venant leur ouvrir. Les autres viennent d'arriver !
— Tu as des patients ? demanda Lisa en entrant dans la pièce derrière sa sœur.
— Pas pour l'instant. Venez, nous nous sommes installés dans mon bureau !
Les deux sœurs avaient à peine fait un pas à l'intérieur que leur petit frère se précipita vers elles pour les prendre dans ses bras. Il était exceptionnellement venu avec leur père, Lily s'étant assurée que le professeur Boyle ne serait pas au château à ce moment-là. Lysander et Elizabeth étaient là aussi, mais sûrement plus pour Inès que pour les jumelles...
— Joyeux anniversaire, les filles ! dit leur père en les prenant chacune leur tour dans ses bras. Comment s'est passée votre journée ?
— Bien, même si nos cours de Potions sont beaucoup moins intéressants depuis que tu es parti, répondit Lolli. C'était vraiment le professeur Harflor qui vous faisiez cours, lorsque vous étiez élèves ici ? Comment vous arriviez à rester éveillés pendant qu'il parlait ?
Ses parents, Lysander et Elizabeth se contentèrent de rire, pensant probablement qu'elle plaisantait. Malheureusement, Lisa savait que ce n'était pas le cas : d'après Kobbey et Bastian, Lolli avait fait perdre dix points à Serdaigle en s'endormant durant leur cours, aujourd'hui. Elle évita de révéler ce détail à ses parents et se contenta d'observer la pièce, qu'ils avaient aménagée pour qu'ils puissent tous manger dedans. En attendant que leurs amis arrivent, les deux sœurs regardèrent Léo dessiner et discutèrent avec leur oncle et leur tante. Lisa avait commencé à poser des questions à son frère pour savoir comment il allait, mais elle s'était ensuite souvenue qu'il ne parlerait pas en présence de Lysander et Elizabeth.
— Hugo voulait venir aussi, mais Artie est tombé malade, leur expliqua Lorcan en arrangeant la disposition des plats sur le buffet, qu'il avait sûrement tous cuisinés. Il a la gastro, je crois.
— Oh non, le pauvre ! J'espère qu'il va vite se remettre, dit Lisa. Vous lui souhaiterez un bon rétablissement de notre part ?
— Si on passe les voir, oui, mais je préférerais éviter pour Léo, répondit son père. Ce n'est pas très agréable pour lui niveau émotionnel, et je n'ai pas envie qu'il tombe malade à son tour après. En tout cas, Hugo nous a dit de vous souhaiter un bon anniversaire ! Il nous a aussi confié un cadeau pour vous, bien sûr.
Ils entendirent soudain quelqu'un toquer à la porte, alors Lily alla ouvrir. Elle revint quelques secondes plus tard, accompagnée par les amis des jumelles. Inès s'arrêta d'un air surpris en voyant que Lysander et Elizabeth étaient là aussi.
— Je ne savais pas que vous veniez, dit-elle tandis que les garçons saluaient la famille des jumelles.
— On voulait voir nos nièces pour leurs douze ans, déclara Lysander en souriant. En plus, nous avons des nouvelles du Ministère à te transmettre.
Inès pâlit légèrement à ses mots, puis hocha la tête d'un air grave. Lorcan les invita discrètement à entamer le buffet, alors Lolli alla prendre quelques chips et commença à écouter avec attention la conversation entre son oncle, sa tante et Inès.
— Déjà, Albus nous a prévenus qu'il avait réglé certains détails concernant la succession de tes parents, expliqua Elizabeth. En tant normal, tu aurais dû hériter de tous leurs biens, mais c'était plus compliqué puisque tu n'es plus censée exister dans le monde des moldus. Albus et Rose ont réussi à arranger ça en créant un proche fictif de tes parents à qui ils auraient tout légué, donc tu pourras récupérer tout ce qui leur appartenait. On t'emmènera les voir pour qu'ils t'expliquent mieux les démarches, ne t'en fais pas.
— D'accord, dit Inès en se tordant nerveusement les mains. Leur maison est à moi aussi ?
— Elle le sera officiellement quand tu seras majeure, expliqua Lysander. Pour ce qui est de ton argent, nous l'avons transféré sur un compte à Gringotts, la banque des sorciers, et il sera géré par ceux qui te prendront en charge pour payer tes frais de scolarité.
— Ceux qui me prendront en charge, répéta Inès en déglutissant. Je vais être placée dans une famille d'accueil, c'est ça ?
— En fait, nous avons une bonne nouvelle à ce sujet, dit Elizabeth en échangeant un regard avec Lysander. Des gens ont proposé de t'adopter.
Les yeux d'Inès s'agrandirent de stupeur et elle balbutia :
— Qu... quoi ? Mais qui ?
C'était le moment que Lolli attendait avec le plus d'impatience. Elle commença à manger de plus en plus rapidement ses chips, ignorant le regard consterné que lui lança Kobbey à cause du bruit qu'elle faisait.
Ne pouvant s'empêcher de sourire, Elizabeth répondit :
— Lysander et moi.
Cette fois, le choc fut tellement grand pour Inès qu'elle faillit s'évanouir. Heureusement, Lisa et Bastian se tenaient derrière elle et l'empêchèrent de tomber. La jeune fille parut tout de même retrouver ses esprits rapidement et demanda aussitôt :
— Vous êtes sérieux ? Vous voulez vraiment... pourquoi ?
— Parce que nous t'aimons bien, répondit simplement Lysander. Et nous ne voulons pas que tu sois confiée à n'importe qui !
— Tu as le droit de ne pas être d'accord, ajouta Elizabeth. Pour l'instant, nous nous sommes arrangés avec le Ministère pour te prendre chez nous pendant les vacances de printemps pour voir si tu te sens bien avec nous. Si oui, nous pourrons commencer les procédures d'adoption cet été. Tu n'auras même pas besoin d'aller dans une famille d'accueil !
Lolli observa la réaction d'Inès et s'aperçut qu'elle avait les larmes aux yeux. Elle resta silencieuse quelques secondes, puis, sans prévenir, elle se dirigea vers Lysander et Elizabeth pour les prendre dans ses bras.
— Merci, murmura-t-elle en les serrant contre elle. Je... je ne sais pas quoi dire d'autre, merci de me donner une chance.
Lysander et Elizabeth avaient l'air trop émus pour répondre, alors ils lui rendirent simplement son étreinte.
— Nous avons encore plus de choses à fêter, ce soir ! dit Lorcan avec beaucoup d'entrain, sûrement pour cacher qu'il était ému aussi.
— Il faut qu'on vous offre nos cadeaux, les filles, ajouta Inès en s'essuyant les yeux, cherchant visiblement à détourner l'attention d'elle.
— Je commence, déclara Bastian en leur tendant à chacune un paquet. Ce n'est pas aussi exceptionnel que votre radio, mais j'espère que ça vous plaira !
Les deux sœurs ouvrirent leur paquet respectif. Dans celui de Lolli, il y avait une paire de Multiplettes, et dans celui de Lisa, une cassette d'un chanteur vampire, Lorcan d'Eath, que Bastian voulait lui faire découvrir puisqu'il avait le même nom que son père. Elles le remercièrent chaleureusement, puis ouvrirent les cadeaux des autres. Elles furent toutes les deux très gâtées et firent des câlins à tout le monde pour les remercier (même à Kobbey, ce qui ne l'enchanta pas du tout). Après cela, ils passèrent le reste de la soirée à manger et à discuter pour fêter les événements du jour. Lily dut sortir à un moment pour s'occuper d'un élève malade, et elle revint quelques minutes plus tard en leur disant qu'elle allait devoir le garder en observation pour la nuit. Ils rangèrent donc le bureau avant de repartir chacun de leur côté, non sans s'être dit au revoir avant. Pour la première fois depuis la mort de ses parents, Inès semblait presque heureuse, ce qui leur réchauffa le cœur. Alors en se couchant, Lisa se sentait plus légère que d'habitude. Elle ne pensa ni au professeur Boyle, ni à ses angoisses habituelles avant de s'endormir, et son sommeil ne fut troublé par aucun cauchemar.
Malheureusement, tout ne se passa pas aussi bien le mardi suivant. La journée s'était bien plutôt bien déroulée, jusqu'à leur cours de Défense Contre les Forces du Mal. Ils passèrent le cours à faire de la théorie sur les Chaporouges, au grand soulagement de Lisa et Lolli. Lorsqu'ils faisaient de la pratique, elles risquaient plus de devoir interagir avec leur professeur...
Dans l'ensemble, la leçon se déroula donc tranquillement. Ce fut à la fin de l'heure que les choses commencèrent à se gâter : alors que les élèves rangeaient leurs affaires, le professeur Boyle se dirigea vers elles :
— Misses Potter-Dragonneau, puis-je vous voir dans mon bureau quelques minutes ?
— Euh... j'ai mon cours d'Astronomie qui commence dans quelques minutes, balbutia Lolli.
— Dans ce cas, je peux parler seulement à votre sœur, dit le professeur en jetant un regard appuyé à Lisa.
En entendant cela, Lolli pâlit et reprit rapidement :
— Je vais quand même rester, tout compte fait. Kobbey, tu pourras prévenir le professeur Bones que je serai en retard ?
— Oui, bien sûr, répondit l'elfe, qui n'avait pas l'air plus rassuré qu'elles. À tout à l'heure !
Avant de sortir de la pièce, il se tourna une dernière fois vers elles, un air inquiet au visage. Cela rassura encore moins Lisa : si même lui se faisait du souci pour elles, alors il y avait de fortes chances qu'elles meurent dans la soirée.
— Suivez-moi, dit leur professeur une fois que tous les élèves eurent quitté la salle.
À contrecœur, les deux sœurs lui obéirent et montèrent dans son bureau à sa suite. Il referma la porte derrière elles, ce qui provoqua une nouvelle bouffée d'angoisse chez Lisa. Sans les inviter à s'asseoir, il alla ensuite se placer de l'autre côté de son bureau et ouvrit un tiroir. Elles entendirent alors un drôle de sifflement et il ne fallut qu'une fraction de secondes à Lolli pour deviner ce que c'était. Elle baissa aussitôt les yeux et plaqua son bras devant ceux de sa sœur.
— Ne soyez pas stupides, grommela le professeur Boyle. Je ne compte pas vous transformer en statues, ça m'attirerait trop de problèmes. Mais je vois que vos parents vous ont bien informées au sujet de mes recherches...
Lolli se retint de dire qu'elles avaient mené leur enquête de leur côté et releva lentement la tête vers lui. Voyant que le serpent qu'il avait sorti de son tiroir avait un bandeau au niveau des yeux, elle soupira de soulagement et laissa retomber son bras qui cachait les yeux de Lisa.
— En plus, cacher vos yeux ne changera rien, ajouta leur professeur. Ce serpent peut vous transformer en pierre seulement s'il vous regarde. Ce sont ses yeux à lui qui importent, pas les vôtres.
— Super, marmonna Lolli. Et que nous vaut le plaisir de cette présentation ?
— Je voulais juste mettre certaines choses au clair avec vous, dit-il tranquillement en se rapprochant d'elles, son serpent se baladant sur son bras. Vos parents m'ont contrarié, récemment, alors je tiens à m'assurer que vous ne ferez pas la même chose en fouillant dans ma vie privée. Vous êtes des élèves et je suis le professeur, donc je pourrais facilement vous rendre la vie difficile si vous me désobéissez. Vous en avez bien conscience ?
Lisa acquiesça en déglutissant, même si elle ne voyait pas comment il pourrait rendre leur vie plus difficile que maintenant. Voyant qu'il n'était plus qu'à un mètre d'elle avec son serpent sur le bras, elle recula d'un pas.
— Je tiens aussi à vous préciser que je suis au courant pour les petites particularités de votre frère. Et même si vos parents m'ont dit le contraire, je suis quasiment sûr que vous avez les mêmes que lui...
— Pas du tout, nia spontanément Lolli. Nous n'avons rien de spécial, nous sommes tout à fait ordinaires ! Alors n'essayez pas de tenter vos petites expériences sur nous !
Le professeur Boyle la dévisagea quelques secondes, puis il s'avança vers elle à la place de Lisa. Celle-ci se déplaça pour être un peu devant sa sœur, mais il la contourna pour se pencher vers Lolli :
— Je sais que votre frère est plus spécial que vous, mais vous êtes du même sang. Vous descendez d'une lignée de sorciers puissants, tous les trois, alors même sans « particularités », vous restez de très bons sujets pour mes expériences. Évidemment, je préférerais avoir votre frère sous la main. Mais puisque je ne peux pas l'atteindre, je vais peut-être me rabattre sur vous...
— Vous croyez vraiment que nous allons vous laisser faire ? dit Lolli avec colère. Vous allez nous tuer !
— Si vous tenez tant à la vie, débrouillez-vous pour obtenir la potion sur laquelle travaillent vos parents, répondit le professeur Boyle en haussant les épaules. Grâce à ça, vous resterez en vie quoi qu'il arrive, et en plus, je laisserai votre frère en dehors de tout ça. Sans compter que votre père pourra reprendre son travail. En somme, ça vous avantage sur tous les points. Qu'en pensez-vous ?
— Présenté comme ça, on dirait effectivement que c'est parfait, mais vous oubliez un petit détail : si votre expérience fonctionne, nous transformerons des gens en pierre avec un regard, répondit sèchement Lisa. Ce n'est pas dans mes projets de vie, désolée.
Lolli regarda sa sœur avec stupéfaction, ne comprenant pas où elle avait trouvé le courage de dire ça. Depuis qu'elle avait joué du piano et chanté devant leurs amis, Lolli avait l'impression de la voir sous un autre jour. Elle avait réalisé à quel point ça devait être dur pour Lisa de chanter devant eux seulement lorsqu'elle l'avait fait, alors elle avait été choquée de la voir aller jusqu'au bout. Elle avait toujours pensé que sa sœur n'était pas courageuse, mais elle se rendait compte que peut-être... peut-être qu'elle s'était trompée.
— Je vous conseille d'y réfléchir plus attentivement, répliqua froidement le professeur Boyle. À moins que vous préfériez que votre frère continue de courir tous les risques à votre place...
Lolli et Lisa échangèrent un regard, ne sachant plus quoi penser. Bien sûr que non, elles ne voulaient pas que leur frère soit en danger. Mais elles ne pouvaient pas se livrer au professeur Boyle non plus...
— Je dois aller à mon cours d'Astronomie, finit par dire Lolli d'un ton sec. Au revoir, monsieur.
Sans attendre son accord, elle fit signe à Lisa de la suivre et elles sortirent de son bureau. Le professeur Boyle les regarda quitter la salle de classe du haut des escaliers, un air menaçant au visage.
— Je vais raconter tout ça à maman, murmura Lisa une fois qu'elles furent dans le couloir. On se retrouve dans la Grande Salle ?
— D'accord, dit Lolli en hochant la tête, l'air tendue. Sois prudente !
— Toi aussi...
Lolli se rendit donc dans la tour d'Astronomie, où elle raconta rapidement à Kobbey et Bastian ce qui s'était passé. Pendant toute l'heure, elle se ressassa les paroles du professeur Boyle. Elle se demandait comment leurs parents allaient réagir à ça, mais elle était aussi inquiète de la réaction que leur professeur pourrait avoir s'il découvrait qu'elles leur avaient tout répété.
À la fin du cours, Lolli se précipita hors de la salle pour partir à la recherche de Lisa, suivie par Kobbey et Bastian. Elle se dirigea d'abord vers l'infirmerie, en espérant qu'elle serait encore avec leur mère. Mais elle s'arrêta net devant la porte : un écriteau était accroché dessus pour dire que c'était fermé. Or, Lily ne quittait presque jamais l'infirmerie !
— Allons voir dans la Salle sur Demande, suggéra Bastian.
N'ayant pas d'autres idées, Lolli acquiesça. Malheureusement, ils ne les trouvèrent pas là-bas non plus. Ils cherchèrent partout ailleurs dans le château, en vain : il n'y avait aucune trace de Lily, Lisa, ou même Inès. À l'heure du dîner, ils descendirent dans la Grande Salle en espérant que leurs amies les rejoindraient là-bas. Ils s'assirent à la table des Gryffondor mais ne commencèrent pas à manger, gardant les yeux fixés sur l'entrée. Bientôt, les filles du dortoir de Lisa vinrent s'asseoir à côté d'eux. Pour une fois, Lolli ne leur jeta pas un regard noir, étant trop préoccupée pour cela.
— Lisa et Inès ne sont pas là ? lui demanda Emma, qui s'était assise juste à côté d'elle.
Lolli fit non de la tête avant de se raidir en voyant le professeur Boyle entrer dans la Grande Salle.
— Oh non, pas lui, marmonna-t-elle.
Emma et les autres filles lui jetèrent un regard interrogateur, mais elle n'eut pas le temps de leur donner des explications : elle venait de voir sa mère entrer dans la pièce à son tour, suivie par Lisa et Inès.
— Boyle ! l'appela-t-elle à travers la pièce, ses yeux lançant des éclairs.
Leur professeur de Défense Contre les Forces du Mal s'arrêta entre les tables des Gryffondor et Serdaigle et se retourna vers elle. Le bruit qu'il y avait dans la pièce commença à faiblir, beaucoup d'élèves interrompant leurs conversations pour regarder ce qui se passait. Ils n'avaient sûrement jamais vu Lily en colère, et il y avait de quoi trouver cela effrayant... à la place du professeur Boyle, Lolli serait déjà partie en courant. Celui-ci semblait tout de même avoir compris qu'il était en position critique, car il sortit rapidement sa baguette et la pointa sur Lily. Cela ne parut pas l'impressionner plus que ça, parce qu'elle continua d'avancer vers lui à grands pas.
— Je suppose que vos filles sont venues pleurer auprès de vous, marmonna-t-il en jetant un regard noir à Lolli et Lisa.
— Comment osez-vous menacer mes enfants ! vociféra Lily en sortant sa baguette à son tour. Ça ne vous a pas suffi de vous en prendre à mon fils ? Maintenant, vous cherchez à détruire la vie de mes filles aussi ?
— Ne racontez pas de bêtises, Mrs Potter, dit sèchement Boyle. Je n'ai rien fait à vos filles !
Les autres professeurs les regardaient de leur table, n'ayant pas l'air de comprendre ce qui se passait. Quant au directeur, il s'était levé, mais ne semblait pas savoir s'il devait intervenir. À voix basse, le professeur Boyle ajouta :
— Je vous conseille d'arrêter votre cirque si vous ne voulez pas que je révèle le secret de votre fils adoré...
Ce fut la goutte de trop pour Lily, qui éclata :
— Vous ne savez strictement rien de mon fils ! Alors allez-y, racontez vos salades à tout le monde ! Je ne vais pas rester ici les bras croisés pendant que vous menacez ma famille et que vous mettez en danger tout le monde autour de vous ! Je ne vous laisserai pas faire de mal à mes enfants ou à n'importe quel élève de Poudlard pour faire vos expériences ridicules. C'est fini, Boyle, je vais vous dénoncer au Ministère !
Celui-ci se figea, sûrement pris au dépourvu par cette décision. L'inquiétude se peignit alors sur son visage et il commença à dire entre ses dents :
— Vous n'avez aucune preuve, c'est votre parole contre la mienne...
— Si, j'ai une preuve, répliqua Lily d'un ton sec. À l'heure où nous parlons, Lucy Ford est en train de récupérer ce que vous cachez dans le tiroir de votre bureau. Je ne pense pas que le...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, car le professeur Boyle lui jeta soudain un sortilège informulé, cédant à la panique. Lily l'arrêta sans difficulté avant de contre-attaquer. Des cris s'élevèrent dans la salle, mais la mère des jumelles fit apparaître un immense bouclier au-dessus de chaque table pour que tous les élèves soient à l'abri avant d'attaquer leur professeur avec une rapidité stupéfiante. Lolli resta bouche bée en la voyant le repousser sans prononcer la moindre syllabe, des jets de lumière fusant en continu de sa baguette. La panique se lisait désormais sur le visage du professeur Boyle, qui finit par partir en courant vers une porte du fond de la Grande Salle. Lily et d'autres enseignants se lancèrent à sa poursuite, mais le professeur Harflor arrêta les élèves qui voulaient les suivre.
— Restez tous ici ! ordonna-t-il. Tant que nous n'avons pas arrêté cet homme, ne quittez pas cette pièce !
Il demanda à quelques professeurs de surveiller les élèves, puis il partit en courant rejoindre les autres. Un brouhaha s'éleva alors dans la Grande Salle, tous les élèves étant sous le choc de ce qui venait de se passer.
— Waouh, lâcha Emma à côté de Lolli. Il ne lui a fallu que dix secondes pour mettre en fuite notre professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Surtout, rappelez-moi de ne jamais énerver l'infirmière.