Lundi 20 juin
Le bruit des vagues me réveilla. J'étais dans le bras de Pierre et je n'imaginais pas meilleur réveil. Je bougeai un peu mais il grogna et resserra son étreinte.
« On peut passer la journée au lit ? Me demanda-t-il.
- Je pourrai être tentée.
- Alors on reste.
Il me serra encore plus fort et me fit des bisous partout. Il souleva mes cheveux.
- Tu fais quoi là ? Lui dis-je.
- Je regardais ta marque. Elle est mimi.
- Chut.
- Je savais!
- Tu savais quoi ?
- Que t'aimais que je te fasse ça. Tu me fais trop rire Chiara mais je te connais par coeur. T'aimes quand je prouve que t'es à moi.
Je ris nerveusement, il avait peut-être raison. On entendit la porte s'entrouvrir et la tête de Charles apparu dans l'encadré.
- Je vous dérange pas ? Avec Charlotte on va faire des courses là, vous avez besoin de quelque chose ? Nous demanda-t-il.
- À tout hasard, mais vraiment à tout hasard, on a besoin que tu nous laisses tranquille, cria Pierre en lui jetant un coussin.
Charles claqua la porte avant que le projectile l'atteigne.
- Comment vous vous supportez ?
- Aucune idée, me répondit Pierre. Bon Chiara, parlons sérieusement.
- Oula, tu me fais peur.
- S'ils vont faire les course c'est qu'on a la villa pour tous les deux...
- T'es vraiment un obsédé.
On passa la matinée à profiter l'un de l'autre. On avait réussi à ne rien casser même si ce n'était pas évident car, ensemble, on ne contrôlait plus rien. On avait même fini nus dans la piscine. La porte d'entrée s'ouvrit et on entendit Charles crier et Charlotte se cacher les yeux quand ils nous virent. Pierre et moi on se regarda mort de rire. Il courut dans la chambre nous chercher des serviettes et je me cachai sous l'eau pour que personne ne me voit. La scène était très comique. Une fois changés, on mangea et on fit une après midi plage. Les garçons étaient dans l'eau pendant que Charlotte et moi étions sur des transats.
« Alors, raconte moi tout. Déjà Chiara c'est pas français.
- Non alors je suis italienne, née à Rome mais originaire de Sicile et je vis à Paris.
- Mais Pierre habite à Milan c'est ça ? C'est quoi votre histoire ?
- En bref, on a eu le coup de foudre et quand il a gagné à Monaco on s'est embrassés et c'était inoubliable. Mais depuis on se cache parce que je travaille chez Alpine et que c'est compliqué.
- Je vois, c'est vrai que la situation est hyper compliquée.
- Mais moins que la tienne quand même. Je connais pas votre relation et je ne te connais pas non plus mais Pierre m'a dit que Charles se rapprochait de la meilleure amie de son ex, j'avoue que j'ai jugé. Rien contre toi évidemment mais bon ce genre de situation n'arrive pas tous les jours...
- J'avoue que ça a été très compliqué. Giada c'était ma meilleure amie. On se connaissait depuis petites et puis elle s'est mise en couple avec Charles et elle s'est petit à petit éloignée. Il se sont séparés à la fin de la première année de Charles en F1 et je le connaissais déjà bien. Puis on est partis en vacances avec des amis en commun et ensuite on s'est un peu fréquentés mais rien de plus. Mais cette année, on a passé beaucoup de temps ensemble et de fil en aiguille on s'est aperçus qu'en fait on s'aimait assez bien. On a été très clairs avec Giada et elle de son côté s'est retrouvée un copain donc au final, la situation s'est apaisée.
- Je vois, bon le plus important c'est que vous soyez heureux et qu'on passe de bonnes vacances.
- Charles m'a dit qu'il aimerait beaucoup te parler. Tu sais ils sont très amis et je crois qu'il a besoin d'apprendre à te connaître pour savoir s'il peut vraiment te faire confiance.
- C'est vrai qu'on n'a jamais vraiment eu l'occasion de parler ensemble sérieusement, j'irai le voir quand ils rentreront.
On continua de parler quand on vit les garçons courir vers nous. On eut à peine le temps de s'enfuir qu'ils nous attrapèrent pour nous jeter dans l'eau.
« Chiara! Chiara! Chiara sort la tête de l'eau là! Cria Pierre.
- Elle a quoi ? Dit Charles.
- Elle bouge plus, ça fait trop longtemps qu'elle est sous l'eau.
- Mais aide là à sortir!
- J'arrive pas, je tremble... Putain Chiara!
- Je t'ai fait peur ? Rigolai-je.
- Ça me fait pas rire.
Il me lâcha et retourna énervé sur la plage. Je vis le visage inquiet de Charles et je rattrapai Pierre.
- Eh oh, c'était une blague, attends!
- T'es complètement ravagée pour faire ce genre de blague.
- Parles mieux par contre.
- Mais t'es folle Chiara, je te jure lâche moi. Je veux être seul.
Il partit et je m'assis seule dans le sable. Ces moments là me faisaient douter. Je savais qu'on s'aimait et qu'on était fait l'un pour l'autre mais à certains moments nos caractères ressortaient. Ça me faisait peur. Je me posais beaucoup de questions notamment si on ne jouait pas un rôle sans s'en apercevoir et si on ne cachait pas nos vrais caractères. Je ne savais plus.
- Chiara, viens là, me fit Charles en ouvrant ses bras.
Charlotte était partie voir Pierre.
- Je déteste ça...
- Je sais Chiara mais Pierre ne survivrait pas sans toi. Il le sait. Et savoir que t'es capable de blaguer sur ça... il a perdu beaucoup trop de monde déjà pour te perdre toi. Il ne se relèvera jamais de ça.
- Mais je rigolais juste, il a vraiment un sale caractère.
- Je sais, c'est Pierre et en plus il est amoureux alors ça n'arrange rien. Mais Chiara, tu sais, même si c'est allé très vite entre vous, n'oublies pas qu'une relation c'est sur la durée et que vous aurez toujours des choses à apprendre l'un sur l'autre.
- Je sais...
- Et là, un truc que je peux te dire, c'est ne jamais blaguer sur la mort avec Pierre.
- Mmh...
- Tu veux que j'aille le chercher ?
- Je sais pas... j'ai besoin d'un peu d'espace là.
- Restes avec moi et dès que tu le sens je vais le chercher.
- Merci.
Je m'allongea sur le sable et Charles m'accompagna. On regardait le ciel. Je fermai les yeux et entendis le bruit des vagues. Ça m'apaisait. Il avait peut-être raison. Nous avions encore des choses à apprendre sur l'autre. J'étais peut-être aller trop loin. Je me relevai et dis à Charles que j'allais voir Pierre.
- Pierre, je peux te parler, t'es calmé ?
- Si tu me parles comme ça, non.
- Pierre!
- Quoi Chiara ?
- Charles m'a dit, je suis désolée, j'ai été maladroite, je pensais faire rire.
- Tu pensais faire rire alors que tu faisais la morte ? T'es sérieuse ? Ça va pas bien dans ton cerveau.
- Pierre! Tu dis des choses que tu ne penses pas.
- Si je les pense.
Au son de nos voix, Charles courut vers nous.
- Eh oh, on se calme. Pierre je te connais mais là fais un effort. Elle a été maladroite mais toi tu l'as jamais été ? Vous avez chacun vos histoires et ce qu'il s'est passé au Grand Prix de France avec toutes les meufs du paddock, c'est la même chose. T'as touché au point sensible de Chiara. Elle t'a pardonné alors que t'as été un vrai connard. Maintenant s'il te plait tu fais un effort.
- Merci Charles, répondis-je.
- Pierre ?
- Quoi ?
- Je suis désolée vraiment, viens dans mes bras...
Je fis ma tête attristée à laquelle Pierre ne pouvait pas résister. Il s'approcha et je me réfugiai dans ses bras en lui murmurant « je suis désolée ». Je relevai la tête et l'embrassai.
- Plus jamais ?
- Promis, je t'aime.
- Moi aussi je t'aime Chiara.
La journée à la plage se finit et on rentra à la villa. On avait décidé de ne pas sortir ce soir, de rester entre nous. On avait prévu un barbecue, des cocktails et des bières, de la musique, tout ce qu'il fallait pour passer une bonne soirée après ce qu'il s'était passé l'après midi. J'avais envie de rassurer Pierre, de lui promettre que tout irait bien et que plus personne ne le quitterait. Je sentais que ce sujet était encore difficile pour lui.
Charles et Pierre étaient les deux personnes les plus courageuses que je n'avais jamais rencontré. Charles avait perdu son parrain Jules Bianchi à la suite d'un accident de F1 en 2015. Jules Bianchi avait été un pilier dans la vie de Charles. Il l'avait aidé financièrement à gravir les échelons quand son père Hervé ne pouvait plus. Son père était mort en 2017, des suites d'une maladie. Quelques jours plus tard, Charles avait gagné la course de Formule 2 à Baku. Quant à Pierre, il connaissait aussi Jules et sa mort l'avait affecté. Mais il connaissait encore mieux Anthoine, son meilleur ami mort en 2019. Charles avait dédié sa première victoire en Formule 1 à Anthoine, le lendemain de son accident mortel de Formule 2. À son premier podium, Pierre pensa directement à Anthoine. Pierre m'avait même avoué que lors de sa première victoire à Monza, il avait senti la présence de Anthoine. Pierre croyait en ces choses et je savais qu'il avait raison. Anthoine serait à jamais avec lui.
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J'espère que ce chapitre vous a plu!
Maria.