La Guilde des Émotions

Bởi Maristochats

9K 1.6K 527

Emalyne, 18 ans, quitte sa demeure familiale en plein cœur de Londres pour la prestigieuse université d'Oxfor... Xem Thêm

Entrée en matière ✨
INFO • Réécriture ❗️
Chapitre 1 : Le dernier cours
Chapitre 2 : Soins
Chapitre 3 : Oxford
Chapitre 4 : De retour à Oxford
Chapitre 5 : Des pancakes au smarties
Chapitre 6 : Petit déjeuner en famille
Chapitre 7 : La rentrée
Chapitre 8 : Première soirée étudiante
Chapitre 9 : Bataille nocturne
Chapitre 10 : Le service des défenseurs
Chapitre 11 : Mauvaise rencontre
Chapitre 12 : Réveil et danse
Chapitre 13 : Peine
Chapitre 14 : Le tatouage de perles
Chapitre 15 : Le spectre noir
chapitre 16 : Dans sa chambre
Chapitre 17 : La traque
Chapitre 18 : Douce nuit
Chapitre 19 : L'entrainement des défenseurs
Chapitre 21 : Le Cheschire
Chapitre 22 : Révélation
Chapitre 23 : Le bal d'Halloween
Chapitre 24 : L'examen de placement
Chapitre 25 : Le tunnel des sens
Bonus : Illustration
Chapitre 26 : L'ultime épreuve
Chapitre 27 : Entrée dans la Guilde
Chapitre 28 : Test émotionnel
Chapitre 29 : La carte de visite
Chapitre 30 : Le salon thé
Chapitre 31 : Le passé
Chapitre 32 : La fille du monstre
Chapitre 33 : Brunch du dimanche
Chapitre 34 : Protégez-là
Chapitre 35 : La Garde
Chapitre 36 : Le Voleur de couleurs

Chapitre 20 : Rendez-vous

218 42 22
Bởi Maristochats

Milo

— Et si je sortais avec l'une de tes petites sœurs, tu dirais quoi ?

J'essaye d'ignorer Lincoln et me concentre sur le boutonnage de ma chemise. Le ton réprobateur dans sa voix est palpable. Je retiens une grimace à la fois dégoûtée et revêche qui lui montrerait que cette idée me déplait fortement.

Je me prépare dans sa chambre pour ma soirée avec Emalyne et mon meilleur ami, bien qu'il ne cherche pas à me dissuader d'aller à ce rendez-vous, ne se prive pas de me faire remarquer que ça ne se fait pas.

— Harry sort avec Ginny et Ron l'accepte, je tente d'argumenter.

— Harry ne s'est pas tapé la moitié de Poudlard, réplique Lincoln du tac au tac.

C'est bien la première fois que j'ai le sentiment qu'il me reproche mon oisiveté envers les femmes. Je ne peux, cependant, que lui concéder que mes nombreuses liaisons ne me font pas marquer des points auprès de Griffin.

J'attache un à un, très lentement, les boutons de ma chemise. Tant que je travaille sur ma tenue, je n'ai pas à confronter le regard de Linc.

— Moi non plus !

Je mets du temps à répondre et l'effet comique voulu dans ma réplique tombe à plat. Mon meilleur ami me dévisage, dubitatif. Et puis, le sermon reprend :

— Sérieusement, Milo, est-ce que tu es prêt à foutre en l'air une amitié de quinze ans pour une nana ?

Oui !

Au travers du miroir, je jette un œil dans sa direction. Il a quand même l'air un peu contrarié. Une boule se forme dans ma gorge, je souffle. Je sais qu'il s'inquiète pour ses soirées entre potes, l'équipe qu'il forme avec Griffin dans notre jeu vidéo ou encore nos costumes d'Halloween qu'on est supposé assortir.

— Ça ne foutra pas notre amitié en l'air...

Quelle répartie !

— Si !

— Non !

Ça peut durer toute la nuit comme ça ... mais je n'ai pas envie de lâcher et ce n'est pas forcément ce que me demande Lincoln, il veut juste que j'ai bien conscience des risques... moraux ... et physiques.

Je ferme le dernier bouton de ma chemise et mon meilleur ami se laisse retomber sur son lit. Il fixe le plafond en se pinçant les lèvres.

Je supporte difficilement le silence qui s'installe. Griffin envahit mes pensées. Je sens ses iris bleus teintés de noir peser sur moi. S'il ne nous a pas dit que sa petite sœur venait étudier à Oxford, c'est sûrement pour nous en tenir éloignés. Il y a quelques jours, je m'en serais vexé, mais aujourd'hui je suis obligé de reconnaître que c'était justifié. J'ai craqué sur elle dès que je l'ai vue. Est-ce que savoir dès le début qui elle était m'en aurait empêché ? J'aurais sûrement posé un regard différent sur cette jeune femme, en tout cas. Mais maintenant, le mal ... ou le bien, est fait et j'honorerai mon rendez-vous avec elle quoi que ça m'en coûte vis-à-vis de Griffin.

J'appuie sur l'écran de mon téléphone posé sur le bureau à côté de moi. Il est presque vingt heures. Un ultime coup d'œil dans le miroir, je replace une dernière mèche et chope ma veste pour l'enfiler. Je tire sur les pans pour l'ajuster.

— Tu me trouves comment ? demandé-je à mon meilleur ami.

— Très bien, répond-il sans même tourner un œil dans ma direction.

— Tu ne m'as même pas regardé ! lui fais-je remarquer.

— Je sais que tu es très bien, Milo ! Maintenant dégage, va ruiner mes chances que Griffin me prête un jour son épée.

Je ricane. J'ai toujours été fasciné par la capacité de Lincoln (et de tout mon groupe d'amis) à être à la fois un séducteur, sportif et confiant et un geek en quête d'une arme légendaire fictive.

Je sonne à la porte de la maison. Personne ne m'a vu traverser le rez-de-chaussée et le hall et quand Brody m'ouvre, il me détaille de haut en bas, perplexe.

Je lui souris tel un imbécile heureux.

— T'as oublié tes clefs ? me demande-t-il. Tu sais que la porte n'est pas verrouillée, t'as essayé de l'ouvrir au moins avant de sonner ?

— Je viens chercher Ema, formulé-je pour toute réponse.

Mon colocataire hausse un sourcil. Sans me quitter des yeux, me dévisageant avec un air suspect, il s'écarte de la porte.

— Ema ! crie-t-il.

Pas sûr que sa voix un peu fluette passe au-dessus de la musique qui émane du premier étage.

Je tourne nerveusement le bracelet de ma montre autour de mon poignet. Ce qui m'attend, c'est un rendez-vous officiel, une soirée seul à seul, loin de la maison, avec la fille qui fait vibrer mon corps et mon cœur. Ce soir, j'ai réservé dans un restaurant huppé, on ne va pas dans notre pub habituel.

J'inspire fort, je suis gêné devant Brody qui ne comprend pas très bien ce qui se trame.

Constatant que la musique ne s'arrête pas, mon colocataire dégaine son mobile, il tapote dessus et le son cesse. L'avantage de notre maison, tous les appareils se pilotent à distance.

— Ema ! hurle-t-il à nouveau.

Puis, il me regarde hésitant.

— Tu veux quoi ? demande-t-il plus doucement.

— Je l'amène au restaurant, réponds-je alors qu'un sourire excité arrondi mes joues.

— Milo est là pour le dîner ! braille Brody.

Je glousse devant le ridicule de la scène. Ai-je bien fait de vouloir me la jouer comédie hollywoodienne en venant chercher mademoiselle à la porte ? En tout cas, si certains membres de la demeure ne savaient pas qu'Emalyne et moi sortions ensemble ce soir, maintenant, ils sont au courant.

— C'est un rencard ? C'est toi qui invites ? s'enquiert Brody avec un sourire en coin.

Je hoche la tête. Le garçon détaille une fois de plus ma tenue, ses yeux parcourent chaque parcelle de mon corps, jusqu'à ce que ça devienne gênant. Il se pince les lèvres.

— Tu t'es fait beau, ça va. Vous allez où ? continue-t-il, feignant un air strict.

— Au N°1, fais-je alors que de l'agitation à l'étage attire mon attention.

Brody continue de parler, mais j'assimile vite sa voix à un bruit de fond. Ema apparaît en haut des escaliers qu'elle descend plutôt rapidement. Sous son manteau, j'arrive à discerner un haut en dentelle noir avec un col serti de perles. Cette teinte sombre et élégante fait ressortir sa crinière blonde qui tombe, ondulée, sur ses épaules et devant son visage. Elle m'adresse un sourire un peu timide, ses yeux pétillent et j'imagine que les miens aussi.

Arrivée au bas des marches, elle enfile une paire d'escarpins qui lui font facilement gagner dix centimètres. Je ne crois pas l'avoir déjà vue avec ce genre de chaussures aux pieds, et pourtant, c'est d'une démarche plutôt sûre qu'elle s'amène vers moi. Je lui offre mon bras, elle m'offre un baiser sur la joue qui suffit à me procurer une vague de chatouille dans le ventre.

— Tu es très belle, la complimenté-je tout de suite.

Les couleurs qu'elle a appliqué sur ses yeux et ses lèvres lui vont à ravir. Ses lèvres rosées s'étirent.

— Merci, murmure-t-elle. Toi aussi.

Mes commissures s'arquent et je la remercie pour ce compliment. Dans ma vision périphérique, je repère tous nos colocataires. Même Lincoln a mis pause à son jeu en ligne pour venir assister à notre départ. C'est limite si Georgie ne nous retient pas pour une photo. Je pousse Emalyne dehors, l'attention qu'on nous accorde commence à être suffocante.

— Elle a la permission de minuit, s'amuse Brody.

Je l'ignore, mais Ema rigole.

— Et soyez sages, renchérit le garçon.

Cette fois, un son à mi-chemin entre le grognement et le rire m'échappe.

— Ça t'entraîne pour le jour où ça sera Griffin, me taquine Emalyne.

Je me contente d'acquiescer, j'espère que son grand-frère ne va pas être un sujet récurrent de notre soirée. Mon cœur se serre quand je pense que j'emmène la petite sœur de l'un de mes meilleurs amis au restaurant, sans qu'il ne soit au courant et sachant pertinemment que ça ne lui plairait pas.

La main d'Emalyne vient se glisser dans la mienne. J'enlace ses doigts et ce contact m'électrise.

Nous marchons quasiment dans le silence jusqu'au restaurant. C'est la première fois que nous passons du temps ensemble sans nous parler, sans nous taquiner, sans chercher à nous séduire de manière grossière. Surement parce que nous savons tous les deux que ce soir, ce n'est plus un jeu.

Nous sommes vendredi, il est vingt-heure et le restaurant est rempli. Un serveur nous accueille et nous débarrasse de nos vestes. J'en profite pour reluquer correctement la tenue d'Emalyne. Le haut en dentelle de sa robe moule délicieusement son corps. Puis, on nous guide jusqu'à notre table, tout contre un mur, un peu à l'abri du brouhaha de la salle. Galant, je lui tire sa chaise avant d'aller m'asseoir à mon tour. Le serveur me tend la carte, mais toute mon attention est tournée vers Ema qui détaille le lieu avec émerveillement. Des guirlandes de plantes et de feuilles, parsemées de roses et de loupiotes, serpentent au-dessus de nous. La lumière tamisée apporte beaucoup de douceur à l'atmosphère.

— Mademoiselle, fait le serveur, très aimable en lui tendant un menu. Je reviens dans un instant pour les apéritifs.

Je lui fais un signe de tête poli sans cesser d'admirer Emalyne.

— C'est très joli, ici, finit-elle pas lâcher.

Je ne peux que lui donner raison. Je me permets de souffler, soulagé d'avoir bien choisi le lieu.

— Il y a beaucoup de monde, comment as-tu fait pour nous avoir une table ?

Je me pare d'une mine impénétrable surjouée, surmontée d'un léger rictus.

— J'ai des contacts, réponds-je d'un ton mystérieux.

— Oh, c'est vrai, je suis en présence d'un prince, votre altesse.

Elle incline son buste dans une légère révérence en faisant des pirouettes avec sa main. Elle a l'air de s'amuser, mais je sens une pointe de reproche dans son ton.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit tout de suite ?

Je n'avais pas totalement tort pour le reproche. Je prends une grande inspiration. Je ne crois pas que dire que je n'y ai pas pensé soit la bonne réponse. Il est difficile d'oublier quand on est l'héritier de Grande-Bretagne. Même si je dois reconnaître que mon titre ne me pèse pas au quotidien.

— Je n'en ai pas vu la nécessité, je formule, espérant que ça suffirait.

— Hmm, hmm, fait-elle en plissant les yeux. Et alors, c'est comment d'être prince d'Angleterre ?

Sa voix est légère, enjouée et je ne peux me retenir de rire.

— Je ne suis pas prince d'Angleterre, je suis héritier de la chefferie des Émotionneurs de Grande-Bretagne. J'ai grandi dans le Cheshire, pas à Buckingham Palace.

Elle feint un air déçu, mais je sens qu'elle se détend, et moi aussi.

On nous apporte deux coupes contenant du Kirch, ce qui, je dois le reconnaître, nous change de la bière. Nous trinquons, j'aime le regard charmeur qu'elle me prête lorsque nos verres et nos doigts se frôlent.

— C'est ta mère, la reine, la grande cheffe, hein ? reprend Ema sur le ton de la conversation.

J'opine.

— Oui, ni mon père, ni mon beau-père n'ont pu accéder au titre de roi, Abigail of Lilywhite règne sans partage, m'amusé-je, prenant un ton solennel.

— Orneva, c'est le nom de ton père ?

— Oui, et mon nom d'usage. C'est plus facile de s'appeler Orneva que Lilywhite, dis-je en gobant une cacahuète. C'est plus passe partout.

Ema m'imite en prenant une petite poignée d'amuses bouche dans le creux de sa main. Elle les fait rouler une seconde ou deux avant de se décider à picorer dedans. Son sourire se fane, laissant place à une petite grimace.

— Ton père, il est ...

— Mort ? je complète, voyant qu'elle redoute de commettre un impair. Oui.

Elle m'adresse un demi sourire, à mi-chemin entre la compassion et le malaise. Ce n'est pas forcément le sujet le plus réjouissant pour débuter un premier rencard. Je bois une gorgée dans mon Kirch, malgré l'ambiance soudain plus lourde à notre table, le liquide passe sans trop de difficulté.

— C'était il y a longtemps ? s'enquiert Ema, prudemment.

Le verre tout contre mes lèvres, je hoche la tête. Et puis, je lui adresse un sourire, lui témoignant qu'elle n'a pas à être gênée de poser des questions au sujet de mon père. C'était il y a tellement d'années, j'en ai parlé tellement de fois que j'arrive à aborder ce thème de manière plutôt décontractée.

— J'avais quatre ans.

Avant qu'elle ne pose les autres questions habituelles, j'enchaine. Autant lui épargner la gêne de sa curiosité.

— Il a été tué lors d'un affrontement avec le Voleur de couleurs.

Tant que j'y suis, autant romancer un peu le récit en employant le surnom de son meurtrier plutôt qu'en énonçant son prénom quasi imprononçable. Quoique, elle l'a sûrement déjà entendu. Les yeux de la blonde s'arrondissent et l'expression qui s'affiche sur son adorable minois montre que j'ai piqué sa curiosité.

— Tu n'as jamais entendu parler du Voleur de couleurs ?

Elle hésite, je suppose qu'elle fouille dans sa mémoire.

— Si, enfin, je crois, dans le genre histoires qu'on lit aux enfants avant de se coucher.

Je ne peux résister à ricaner devant cette réplique. Effectivement, à l'image du croquemitaine ou du loup-garou dans les récits humains, le Voleur de couleur tient souvent le premier rôle du méchant dans le contes des Émotionneurs. Celui qui a tué mon père n'était pas le premier de son genre.

Je reprends mon histoire :

— Mon père était un défenseur, il était responsable de sa traque, capture ou destruction. Le jour où lui et son équipe l'ont chopé, ça a mal tourné.

Finalement, j'opte pour la version courte. L'image de ma mère venant m'annoncer l'horrible nouvelle commence à se dessiner dans mon esprit. Bien que le vin passe encore dans ma gorge, je n'ai pas envie d'assombrir mon humeur en pensant à ce jour.

Emalyne m'observe, plutôt silencieuse. Elle triture le bracelet de perles à son poignet. Elle est mal à l'aise. Et sa mine profondément désolée me donne envie de la serrer dans mes bras, de la réconforter en lui disant qu'aujourd'hui, je vais bien et que je vis tourné vers l'avenir.

— J'espère que ça a aussi mal fini pour le méchant, dit-elle la voix hésitante.

Je hoche la tête.

— Oui.

Je prononce ce seul et unique mot. Je suppose que oui. Cette journée a été un désastre, le lieu de l'altercation est devenu un néant, un endroit ravagé par un trop plein d'émotions dévastatrices. Personne n'a retrouvé une quelconque trace du Voleur de couleurs et personne n'a plus jamais entendu parler de lui. Tout comme mon père, il a été volatilisé par les spectres.

— Ce type a blessé beaucoup de familles, dont la tienne, mon père est mort pour nous défendre. Petit j'en étais triste, aujourd'hui, j'essaye d'en être fier.

Ema me sourit en levant sa coupe. Et puis, elle enchaîne sur la partie de ma phrase qui a le plus retenu son attention :

— Ma famille ?

— Griff m'a dit que c'était le grand amour de votre tante.

— Victoria ? s'exclame Emalyne avec surprise.

J'acquiesce. La tragique mort de mon père n'est pas un sujet que nous évoquons régulièrement avec Griffin, mais les liens qui unissent nos deux familles à ce meurtrier ont certainement contribué à notre rapprochement.

— Je ne l'ai jamais vue, m'apprend Emalyne. Et on ne parle jamais d'elle à la maison. Tout ce que je connais d'elle, c'est une photo d'elle et ma mère, posée sur le buffet du salon entre un portrait du mariage de mes parents et un cliché de Griffin, Landon et moi lors d'un Halloween.

La photo en question apparaît dans ma tête. Je visualise très bien la petite Emalyne dans un costume de citrouille, ses bras menus encerclant le buste de Landon. Incroyable que mon esprit ait mémorisé une telle information. Cette vision me tend, je me redresse et gigote sur ma chaise. J'attrape ma coupe pour boire une nouvelle gorgée. Puis, je prends mon courage à deux mains pour poser cette question qui me taraude discrètement depuis la veille. Et puis, ça permettra de passer sur un sujet plus sympa.

— C'est quoi votre relation exactement, à Landon et toi ?

Mon interrogation la fait éclater de rire. Je me sens soudain bête, vais-je passer pour un type jaloux et possessif ? Elle pose sur moi un regard plein de douceur, quoique, un peu moqueur.

— Landon c'est le grand frère cool que Griffin n'est pas. Sa famille vit en face de la nôtre à Londres, on a grandi ensemble.

— Je l'ai vu t'envoyer un texto hier soir, pour te prévenir qu'ils étaient là, lui dis-je. Est-ce que Landon fréquente la même Ema que moi ?

— Oui ! fait-elle sans hésitation.

Elle sourit, rigole doucement même, pensant sûrement à quelques bêtises qu'elle a faites en sa compagnie. Puis, sa mine se renfrogne légèrement. Moi, j'ai posé mes coudes sur la table, entremêlé mes doigts. J'attends qu'elle m'en dise plus.

— Landon m'a permis de vivre des expériences que Griffin ne soupçonne même pas. J'ai été saoule pour la première fois avec lui, il m'a emmené en boite de nuit, m'a fait visiter des lieux de fête insolites à Londres, il m'a prêté son épaule pour que je pleure lorsque j'ai eu mon premier chagrin d'amour...

Elle rougit et ses longs cheveux blonds viennent subitement voiler ses yeux.

— Il m'a aussi beaucoup conseillé en matière de garçons et ... de sexe, bredouille-t-elle.

Elle se mordille la lèvre. Un petit sourire amusé étire mes lèvres. Je me demande soudain si elle lui a demandé comment me séduire ?

— Souvent, le dimanche matin, Griffin est avec Rose, alors Landon et moi on brunchait tous les deux en refaisant le monde.

J'ai l'impression d'apprendre une information inédite sur l'un de mes meilleurs amis. Jamais Landon n'a parlé d'Emalyne devant moi, ni de leur proximité. Je me pince les lèvres, j'essaye de la sonder.

— Je suppose que Griffin n'est au courant de rien.

— Rien !

J'imagine que Landon se serait attiré le courroux de notre ami si tel était le cas. Voyant notre serveur arriver, je me replonge rapidement dans le menu, me demandant tout de même ce qui pousse Griffin à sur protéger ainsi sa petite sœur.

Durant le dîner, Ema boit mes paroles, elle semble adorer m'entendre lui raconter des anecdotes sur nos proches en commun et mes jeunes années de défenseurs. De temps en temps, elle pose des questions sur les Guildes, sur l'examen.

— Dans deux semaines, j'y serai, soupire-t-elle.

— J'ai hâte de voir ça et de te glisser le brassard des défenseurs autour du bras, réponds-je en lui faisant un clin d'œil.

— Ou celui des précepteurs, rétorque-t-elle.

Je contiens un soupir d'agacement.

— Si tu persistes à croire que ta place est là-bas, tu arriveras peut-être à y atterrir. Mais ce n'est pas ce que tu veux.

— Le test décide, de toute façon, rétorque-t-elle en haussant les épaules.

Et puis, elle trempe sa cuillère dans sa tarte au citron.

— Tu peux décider de la tournure qu'il prend, argué-je.

Un rire sardonique sort de sa bouche avant qu'elle y enfourne un morceau de son dessert. J'arque un sourcil.

— Tu ne me crois pas ?

Elle s'arrête de macher une seconde pour me dévisager.

— Milo, si on pouvait décider de la finalité de l'examen, personne n'irait chez les précepteurs.

— Détrompe-toi, y en a qui adorent la tranquillité et la chaleur du Conservatoire.

Nouveau haussement d'épaules. Ce qu'elle peut être têtue. Je pense qu'il est plus facile pour elle de laisser le test choisir que de s'entraîner à aller contre la volonté de sa famille. J'ai réalisé à quel point Griffin et leurs parents se font du souci pour elle. Pourtant, elle est loin d'être la petite fille fragile qu'ils s'imaginent. Elle me l'a encore prouvé cet après-midi en bouclant le parcours de la structure du premier coup.

— Peu importe, je suis sûr que tu ferais un excellent défenseur, la complimenté-je.

Un léger sourire arque ses commissures. Je vois dans ses prunelles brillantes à quel point ça la touche que je croie ainsi en elle.

Notre humeur est toute légère lorsque nous revenons vers la maison un peu avant minuit. Le bras d'Emalyne se balance au bout du mien et elle regarde en l'air les étoiles qui brillent dans la nuit. Moi, ce sont ses envoûtants iris bleus que j'essaye de capter. Un sourire béat ne quitte plus mon visage. J'aime sentir sa paume dans la mienne, elle réchauffe tout mon corps.

Avant qu'elle ne monte les quelques marches du palier, je l'attire à moi. Nos regards s'ancrent l'un dans l'autre. J'appose mes deux mains sur ses joues rougies, puis mon pouce frôle ses lèvres. Ses lèvres auxquelles je n'ai pas regoûté depuis la nuit dernière. Les pulsations de mon cœur augmentent. La nuit est fraîche et pourtant, je meurs de chaud. Elle m'intimidait moins dans la pénombre. Là, je peux lire toute l'attente sur son visage. Je n'ose pas baisser les yeux vers son poignet pour voir si ses émotions y sont retranscrites, tout ce que j'espère, c'est qu'elles soient aussi intenses que la veille.

Je me lance.

J'abaisse mon visage contre le sien et pose mes lèvres sur les siennes. Emalyne répond immédiatement à mon baiser. Je sens ses mains venir agripper ma taille. Tout mon corps est parcouru de chatouilles et de désir. Je l'embrasse avec tendresse et douceur tout en lui caressant la joue.

Quand nos bouches se séparent, nous demeurons dans les bras l'un de l'autre un moment. Nos fronts l'un contre l'autre, nous reprenons notre souffle. Puis, après un ultime bisou, elle rentre. À la manière d'une comédie romantique, elle se retourne pour m'adresser un dernier sourire. Je me délecte de la teinte rouge flamboyante que prend la gemme sur la poignée de la porte lorsqu'elle pose sa main dessus.

Dès que j'entends le claquement du battant, je lève les bras vers le ciel en signe de victoire. J'ai envie de rire. Je m'autorise même une petite danse.

Qu'est-ce qui m'arrive ?

J'attends que les battements de mon cœur se calment un peu et je rentre à mon tour. La maison est plutôt calme. Je suppose que mes colocataires sont soit sortis, soit dans leur chambre. Je m'engage dans l'escalier. Je repère vite une lumière qui filtre sous la porte de Brody et Nail. Et puis, je regarde vers la gauche, vers Emalyne. Sa porte est à demi ouverte. À pas de velours, je m'approche. Croisant les bras, prenant un air détaché, je m'appuie contre l'encadrement.

— Salut, me lance-t-elle, mine de rien.

Je réprime une envie de rire.

— Tu viens de rentrer ? je m'amuse, bonne soirée ?

Je feins un air serein, mais à l'intérieur, mon estomac se contracte douloureusement.

— Oui, incroyable, répond-elle, les yeux pétillants. Et toi ?

Ne danse pas, Milo, ne danse pas ! Ça fait si longtemps que je ne suis plus sortie avec une fille pour laquelle j'approuve de vrais sentiments que j'ai du mal à contenir mes émotions. J'ai l'impression de perdre le contrôle de mon corps et de mon esprit.

— Incroyable aussi !

Je préfère reprendre ses mots. Je ne voudrais pas en employer qui pourraient l'induire en erreur sur mon ressenti.

Elle m'adresse un adorable sourire. Nous nous observons pendant quelques secondes. Mes yeux tracent le contour de ses courbes, s'attardent sur son décolleté de manière éhonté, mais je l'ai déjà reluquée de manière bien plus impertinente, de toute façon.

— Tu m'aides à défaire ma fermeture éclair, s'il te plait ?

Je me sens immédiatement déstabilisé. La simple idée de poser mes mains sur son corps éveille mes sens. Des fourmillements me parcourent des pieds à la tête. Sans un mot, je m'avance et je m'exécute. Lentement, très lentement, je fais descendre le zip, en profitant pour faire courir le bout de mes doigts sur sa peau qui se dévoile.

— Et, tu comptes le revoir ? je me risque prudemment.

Quelques secondes de silence défilent et elles suffisent à faire monter mon stress d'un cran.

— J'espère, murmure-t-elle. C'est le genre de gars avec un tableau de chasse bien rempli, alors j'espère que lui aura envie de me revoir.

Je me prends cette phrase comme une gifle, mais je ne peux la réfuter. Je sais que mon attitude habituelle avec les filles ne plaide pas en ma faveur. Je saisis Emalyne par les épaules et la fait pivoter pour la forcer à me regarder. Je suis sérieux, plus que jamais quand mes iris s'ancrent dans les siens. Ça me fait mal qu'elle redoute mon comportement envers elle. Je prends son visage en coupe, caresse ses pommettes avec douceur.

— Ema, je te promets que je n'attends pas qu'un jeu de séduction et du sexe.

Elle se mordille la lèvre.

— Crois-moi, je ne risquerais pas de bousiller l'amitié que j'ai avec ton frère juste pour une coup d'un soir.

Elle hoche la tête, me montrant qu'elle entend bien ce que je lui dis. Je ressens ce besoin viscéral qu'elle sache et qu'elle comprenne que je ne la vois pas comme toutes les autres. Un truc en plus, ce je-ne-sais-quoi stupide dont tous les couples parlent, m'attire chez elle.

Elle me parait si innocente, si fragile, j'ai envie de la serrer contre moi, d'en prendre soin. Elle aime jouer et adore prendre un air séducteur, j'ai tendance à oublier qu'elle sort à peine du lycée et que nous avons trois ans d'écart. Sous ses airs de prédatrice, elle doit avoir besoin d'être rassurée.

— Je veux être avec toi... je lui chuchote.

Mes doigts toujours sur son visage suivent la courbe arrondie que prennent ses joues.

— Je sais que tu dis la vérité, murmure-t-elle à son tour. Je le sens.

— Attention, la Guilde des enquêteurs te guette, ris-je.

Avant que je ne rigole trop de ma blague et qu'elle rit à son tour, je m'autorise à l'embrasser à nouveau. Ses lèvres ondulent contre les miennes, s'y pressent avec avidité. Tout mon corps s'échauffe, répondant à cet appel ardent. Mes mains descendent le long de son buste, puis de ses cuisses jusqu'à saisir le bas de sa robe. Je la lui retire avec douceur et mon excitation double quand je découvre sa poitrine joliment soutenue par un soutien-gorge en dentelle noire assorti au bas. Je ne suis plus très sûr de pouvoir tolérer ses shorty pyjamas à emojis ou petits cœurs après ça.

Mon palpitant envoie le sang pulser dans toutes les parties de mon. Je dois faire preuve d'un self-control inouï pour ne pas la plaquer sur son lit en dégrafant le bout tissu qu'il lui reste sur la peau. Fort heureusement, le supplice ne dure pas longtemps et elle me conduit d'elle-même sur le matelas. Comme la veille, nous n'échangeons presque pas un mot, seulement des regards et des baisers. 

• • •

Hello, on se retrouve pour ce chapitre avec rendra-vous ces échanges et ces discussions où on e apprend encore un peu plus sur Milo et sur l'univers des émotionneurs.

J'espère que vous avez aimé et que vous avez hâte de découvrir la suite ! On va tout doucement entrer dans la seconde partie de l'histoire. 

À samedi  ❤️


Đọc tiếp

Bạn Cũng Sẽ Thích

3.6K 113 23
Un recueil d'anciens os.
100K 9K 200
𝑀𝑎𝑟𝑔𝑜𝑡 𝑠'𝑒𝑠𝑡 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑎𝑟𝑔𝑢𝑒𝑟 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑢𝑛 𝑚𝑜𝑡, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑛'𝑎 𝑝𝑎𝑠 𝑑𝑖𝑡 𝑠𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟 𝑚𝑜𝑡.
30K 1.6K 17
Et si il n'était pas mort? Tous les personnages m'appartiennent sauf Rose, Jack, Caledon et Ruth. JE NE TOLÈRE PAS LE PLAGIAT! MON TRAVAIL EST MON TR...
2.7K 65 31
Rayhana a rêvé toute sa vie de découvrir la vérité derrière les lumières qui, chaque année, apparaissent dans le ciel le jour de son anniversaire. Ma...