Les promesses du parc

By ElisaBerger039

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Jeune professeure de français, Clémence vient remplacer Adèle à Saint-André pour la seconde fois. Elle y retr... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Epilogue

Chapitre 5

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By ElisaBerger039

Clémence fut sortie de ses souvenirs par la sonnerie de son téléphone.

— Salut Adèle.

— Alors, comment ça s'est passé avec les sixièmes ?

— Très bien. Cependant, j'ai été étonnée d'y voir un élève que j'avais eu en quatrième la dernière fois : Jordan Servais.

— C'est vrai que tu lui avais donné cours il y a deux ans.

— Ne devrait-il pas avoir quitté Saint-André ?

— Le pauvre gamin a été hospitalisé un très long moment. Il a raté presqu'une année et a donc dû recommencer sa cinquième. Voilà pourquoi il est seulement en dernière année.... C'est dommage car il est loin d'être bête !

— Hospitalisé ? Pour quelle raison ?

— Je ne devrais pas te le dire mais comme il est dans ta classe, autant que tu sois au courant. D'après ses parents, durant les vacances qui ont suivi sa quatrième, il ne parlait plus et avait cessé de manger. Il avait même arrêté de dessiner pour te dire ! Il a alors fait un malaise et a été emmené à l'hôpital. Il y est resté plusieurs jours, le temps de reprendre des forces. Malheureusement, il ne voulait toujours pas s'alimenter et les médecins ont décidé de le transférer en psychiatrie. Il est resté dans ce service plusieurs semaines puis est revenu à l'école mais il n'était pas vraiment là, si tu vois ce que je veux dire. Ses parents l'ont donc renvoyé à l'hôpital et, en juin, il avait fait assez de progrès pour lui permettre de sortir et de reprendre une vie normale. Enfin, une vie normale, c'est vite dit car il n'est plus vraiment le même. Il ne dessine plus du tout et semble toujours triste comme s'il était... Comment dire...

— Vide.

— Oui, c'est tout à fait ça ! Enfin, il s'en est plus ou moins sorti et c'est le principal.

— Oui... elle marqua une pause. Sinon, pour les leçons, je peux te poser quelques questions ?

La jeune enseignante demanda quelques précisions afin de mieux aborder les cours puis mit fin rapidement à leur conversation. Elle était chamboulée par ce qu'elle venait d'apprendre. Elle culpabilisait de ce qui était arrivé à Jordan. Elle en était responsable : le timing collait trop. Ce soir-là, elle ne put rien avaler et sa nuit fut courte et agitée.

Le lendemain, Clémence alla se promener. Elle était revenue dans sa ville natale, près de ses parents. Son déménagement après Saint-André lui avait permis de prendre du recul mais elle ne se sentait pas chez elle. Alors, après deux ans, elle était revenue ici où s'étaient construits ses souvenirs. Au gré de sa promenade, elle arriva au parc. Elle déambula sur les nombreux sentiers qui le traversaient et elle observa les arbres, feuillus et épineux, qui l'arboraient puis elle s'assit sur un banc au hasard. Elle ferma

les yeux et pencha la tête en arrière. Elle resta là un moment à écouter les bruits qui l'entouraient. Cela l'apaisait et l'empêchait de trop penser. Soudain, une voix la fit sursauter.

— Pourquoi êtes-vous revenue ?

La professeure ouvrit les yeux et trouva Jordan planté devant elle, la fixant. Il était nerveux.

— Pourquoi êtes-vous revenue ?

— Bonjour, Jordan. Madame Michaux a demandé que je la remplace.

Il resta muet.

— Tu sais, Jordan, je ne pensais pas te revoir non plus. Je croyais que tu avais quitté cette école. Ce n'est qu'hier soir que j'ai appris ce qu'il t'était arrivé. Je suis...

— Non, vous ne savez pas ce qu'il m'est arrivé, la coupa-t-il. Personne ne sait vraiment.

— Jordan...

— Non ! Il a fallu presqu'un an pour que vous disparaissiez de ma tête. J'avais réussi à effacer ces quelques semaines de ma mémoire. J'avais repris ma vie comme si je ne vous avais jamais connue et vous êtes revenue. Vous êtes là, assise sur un banc, dans ce parc comme un fantôme du passé. Vous êtes là et ...

Il n'arriva pas à finir sa phrase. Ses yeux étaient humides. Il fit quelques pas pour s'éloigner de Clémence mais celle-ci le rattrapa par le bras.

— Je suis tellement désolée. Désolée de ce qui s'est passé. Désolée de ne pas avoir compris. Désolée de t'avoir vu simplement comme un ado et non comme une personne. Désolée d'être ignorante. Ne me laisse pas être celle qui gâche ta vie. Tu as réussi à te reprendre et je suis certaine que cela t'a demandé des efforts énormes. Si j'avais su que tu étais encore à Saint-André, j'aurais refusé ce remplacement. Je veux que tu tiennes bon et je ferai tout ce que je peux pour t'y aider. Mais j'ai besoin que tu me dises quoi faire...

Le jeune homme ne répondit pas. Clémence ne savait pas comment réagir. Elle remarqua que le regard de son élève était posé sur sa main qui retenait toujours son bras. Elle lâcha alors prise en pensant qu'il s'enfuirait. Elle fut donc surprise lorsqu'il lui fit face et la dévisagea pendant plusieurs secondes. Ensuite, il partit calmement. La jeune femme resta abasourdie. Une avalanche d'émotions s'abattit sur elle mais elle ne pouvait les identifier. Elle n'avait plus eu de conversation aussi éprouvante depuis... sa dernière conversation avec Jordan ! Ce garçon avait l'art de provoquer des échanges extrêmement émotionnels. Elle espéra que son élève suivrait ses cours malgré tout. Il ne lui restait qu'à attendre lundi pour le savoir et celui-ci arriva rapidement.

En troisième heure, Clémence retrouva les sixièmes et fut soulagée de constater que Jordan était présent. Il suivit le cours en évitant de regarder sa professeure. Elle sentait une certaine tension mais dispensa son cours normalement. A la fin de celui-ci, leurs regards se croisèrent. Elle lui sourit alors pour lui faire comprendre qu'elle avait fait table rase du passé. Cependant, il ne desserra pas sa

mâchoire. Elle espérait que son élève s'apaiserait et que le reste de l'année serait plus détendu entre eux.

A midi, Clémence contemplait distraitement la cour de récréation par la fenêtre de la salle des professeurs. Son regard s'arrêta sur un couple en pleine dispute. En y prêtant plus attention, elle reconnut Marie et Jordan. Le ton semblait monter chez la jeune fille alors que le garçon paraissait détendu. Elle le bouscula puis courut en pleurant vers les toilettes.

— Ça ressemble à une rupture, dit Albert.

— Vous croyez ? C'est peut-être une simple dispute...

— J'en ai vu assez pour le savoir. D'après le visage du garçon, il la quitte parce qu'il en aime une autre.

— Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

— Il sourit. Alors, sauf s'il s'agit d'un sadique, il est simplement heureux d'avoir le cœur et l'esprit libres pour une autre.

— Vous déduisez tout cela d'un sourire ?

— Depuis le temps que je côtoie des adolescents, je commence à les connaître.

— Vous m'avez manqué, Albert.

Elle posa de nouveau son regard sur Jordan, pensive, pendant qu'Albert la scrutait.

Au fil des semaines de septembre, le malaise entre Clémence et son élève s'atténua. Il participait en classe comme il le faisait en quatrième. Elle se réjouit que leurs retrouvailles, difficiles au début, n'aient pas été un frein dans l'apprentissage de Jordan ni dans son travail.

Pour fêter cette petite victoire, elle décida de s'accorder un moment de détente en ce premier samedi d'octobre. Après avoir cherché des activités dans sa région, elle opta pour une séance dans un petit cinéma de quartier qui proposait durant ce mois des films adaptés de romans. Ce soir-là, il projetait "Des souris et des hommes". Elle se souvint que Jordan l'avait qualifié de "petite merveille" et estima qu'elle devait se faire son propre avis.

La jeune femme acheta son ticket et prit place dans la salle obscure. Il n'y avait que quelques spectateurs et parmi eux, elle reconnut justement Jordan, assis quelques rangées devant elle. Sa présence la surprit mais en y réfléchissant, c'était cohérent avec la façon dont il avait parlé du film. Ce dernier démarra et Clémence fut immédiatement absorbée par l'histoire. Elle reconnut chaque passage qu'elle avait lu. Les personnages, incarnés avec justesse par les acteurs, la bouleversèrent. Elle en eut la chair de poule. A la fin du film, elle pleurait. Elle resta assise un moment pour se remettre de ses émotions. Quand la lumière se ralluma, elle se leva enfin et elle croisa le regard de son élève qui sortait de la salle. En quittant le cinéma, Clémence fut interpellée par Jordan :

— Alors ?

— Une petite merveille !

Ils discutèrent quelques minutes du film ainsi que du roman puis arrivèrent à un débat pour savoir lequel des deux était le meilleur. La professeure soutenait qu'une adaptation cinématographique ne dépasserait jamais le roman car les mots de l'écrivain étaient choisis avec précision et qu'il était le seul à décrire parfaitement son intention. Le garçon, quant à lui, préférait le film. Selon lui, les acteurs donnaient plus de profondeur aux personnages et l'émotion était plus palpable que sur papier. Les deux jeunes gens étaient en total désaccord mais leur échange restait respectueux. Ils s'écoutaient sans s'interrompre et entendaient les arguments de l'autre sans les réfuter totalement. Un appel de la mère de Jordan le prévenant qu'elle l'attendait mit fin à leur discussion. Avant de se séparer, ils s'accordèrent sur le fait qu'ils n'étaient pas d'accord. Clémence regagna sa voiture en souriant. Elle n'aurait jamais imaginé que cette sortie se terminerait par une conversation si sérieuse mais très agréable. Elle se rendit compte que la victoire était encore plus grande qu'elle ne le pensait.

Les vacances d'automne étaient arrivées sans qu'on ne s'en rende compte. Les températures étaient descendues, le vent se faisait plus fort et il pleuvait souvent. Clémence aimait pourtant beaucoup cette saison : les couleurs, le bruit des feuilles qui craquent, l'odeur de la pluie... Il y avait quelque chose de très réconfortant dans tout cela. L'enseignante profita de son congé pour prendre des nouvelles d'Adèle qui devait bientôt accoucher, passer du temps avec ses parents et revoir ses amis de l'université. Le samedi, elle s'acheta de nouveaux romans et, au retour de la librairie, passa par le parc où elle s'arrêta un instant. Elle se blottit dans son écharpe et cacha ses mains dans les poches de sa veste. Le seul bruit parvenant à ses oreilles était celui de la circulation lointaine. Elle promena ses yeux au hasard. A un moment, elle s'attarda sur un coin d'herbe et réalisa que c'était depuis ce dernier qu'elle avait eu l'occasion de voir Jordan dessiner le couple de personnes âgées. Elle frissonna. Elle se rappela soudainement que c'est aussi à cet endroit qu'elle lui avait, malgré elle, servi de modèle. Elle rougit au souvenir de ce croquis. Elle secoua la tête pour revenir dans le présent. Elle commençait à avoir la chair de poule et rentra donc chez elle. Elle s'installa dans son canapé, un roman dans une main et un thé au tilleul fumant dans l'autre. Le frisson ne la quitta pas.

A la reprise des cours, Clémence avait attrapé un gros rhume. Le nez bouché et la gorge sèche n'étaient pas l'idéal pour enseigner mais elle pouvait gérer. Elle n'aurait pas dû traîner dans le parc, elle devait désormais assumer. Les deux premières heures furent difficiles : les élèves, au retour d'un congé, étaient trop bruyants. L'enseignante avait l'impression que sa tête allait exploser. La récréation lui apparut comme une délivrance. A la salle des professeurs, elle avala une aspirine et prit une pastille pour la gorge pour assurer son prochain cours. Lorsqu'elle arriva dans la classe des sixièmes, les élèves la regardèrent bizarrement.

— Vous avez une sale tête, M'dame.

— Merci pour ton accueil très délicat, Xavier.

— Ah mais non ! Pardon... J'veux dire que vous n'avez pas l'air d'aller bien.

— J'avais compris. C'est d'ailleurs pour ça que je ne te mets pas de retenue. C'est juste un rhume. Je n'allais pas rester chez moi et vous priver du contrôle prévu aujourd'hui.

Elle distribua les copies puis s'installa à son bureau pour se reposer. Elle ne surveilla que d'un œil ses élèves qui, pour sa plus grande joie, restèrent silencieux. A la fin du cours, ils déposèrent leur contrôle sur le bureau de Clémence puis partirent en salle d'étude, leur professeur suivant étant absent. Jordan, resté en classe, s'approcha d'elle et lui proposa de porter ses affaires jusqu'à la salle des professeurs. Elle accepta, se sentant vidée de ses forces. Il attrapa son sac ainsi que les copies et ils quittèrent la pièce.

— Vous auriez dû rester chez vous. Je suis certain que personne en classe ne vous en aurait voulu pour le contrôle.

— Je sais mais je suis une prof sadique : j'aime faire souffrir mes élèves.

Elle réalisa immédiatement la bêtise qu'elle venait de dire.

— Oh ! Je suis désolée. Ce n'est vraiment pas à toi que je devais faire cette blague stupide.

— Ne vous inquiétez pas avec ça. Vous savez, avec le recul, je me suis rendu compte que j'étais le seul responsable de ma souffrance. Je n'aurais dû garder que les bonnes choses de notre rencontre. Mais à 15 ans, j'étais trop naïf pour réfléchir de cette manière. Et surtout, je sais que votre but n'était pas de me faire du mal. Il n'y a que pour les contrôles que vous êtes sadique.

A cette plaisanterie, l'enseignante rit avant d'être prise d'une quinte de toux. Ils arrivèrent à destination et Jordan déposa ce qu'il avait en main sur un bureau.

— Vous devriez vraiment rentrer chez vous, Madame.

Albert, qui était là, approuva le garçon. Il somma sa collègue de prendre ses affaires et de retourner chez elle. Il demanda à Jordan d'accompagner son enseignante jusqu'à sa voiture pour transporter ses sacs et classeurs. Le jeune homme acquiesça en reprenant ce qu'il venait de poser sur le bureau. Clémence se résigna et quitta l'établissement accompagnée de son élève.

— On dirait que tu as été désigné volontaire malgré toi.

— Aucun souci, vraiment. Ça me permet de prendre l'air. L'automne est tellement vivifiant quand on le respire.

— C'est vrai. Quand on peut respirer, dit-elle en pensant à son nez bouché.

Il eut un sourire sincère. Le même sourire qui montrait toutes ses dents lorsqu'il avait 15 ans, l'appareil dentaire en moins. Ce sourire qui, à cet instant, perturba Clémence. Elle sentit le rouge lui monter aux joues mais mit ça sur le compte du rhume.

— Je peux vous poser une question, Madame ?

— Je t'en prie.

— La rumeur sur Monsieur Sion était vraie ? On ne l'a plus revu depuis le jour où vous avez vomi dans ce buisson.

Il indiquait ce fameux bosquet.

— Je vois que tu as gardé de bons souvenirs de moi, dit-elle en haussant les sourcils. Pour répondre à ta question, je ne peux rien te dire.

— Donc, c'était vrai.

— Mais...

— Vous auriez simplement dit non si elle avait été fausse.

— Tu m'as eue ! Mais elle était en cinquième et non en sixième... Néanmoins, tu ne dois rien dire. Promis ?

Elle leva son auriculaire, comme elle l'avait déjà fait avec lui précédemment. Il lui donna le sien.

— Promis !

Ils arrivèrent devant la voiture de Clémence. Elle ouvrit le coffre et Jordan y déposa ses affaires.

— Je te remercie Jordan. Maintenant, rentre avant d'attraper froid à ton tour.

— Avec plaisir, Madame. Oui, je me dépêche.

Il retourna vers l'école pendant que la jeune femme s'installa au volant. Elle démarra sa voiture et quitta sa place de parking. Elle jeta un coup d'œil dans son rétroviseur et regarda son élève s'éloigner. Un frisson la fit trembler et elle se rendit chez son médecin.

La jeune femme fut de retour le vendredi et avait repris assez de forces pour assurer cette journée. Elle la commença en remerciant Albert d'avoir insisté pour qu'elle retourne chez elle. Elle admit qu'elle avait été imprudente. Il lui répondit qu'il fallait toujours l'écouter et il en profita pour parler de Jordan.

— Le jeune homme qui vous a accompagnée à votre voiture, savez-vous qu'il a fait une grave dépression il y a deux ans ?

— Oui, Adèle m'a parlé de son hospitalisation.

— Je vais vous dire quelque chose à son propos. En septembre, lors de sa rupture avec sa petite amie, je vous ai dit qu'il en aimait une autre. Vous en souvenez-vous ?

— Oui, vaguement...

— Je crois que cet amour est très fort. Je me demande même s'il n'est pas réciproque...

— Pourquoi pensez-vous cela ?

— Son regard est entier et son visage s'est ouvert. Quelqu'un qui a dû se reconstruire ne peut être ainsi que s'il a un profond espoir ou qu'il se sent aimé. Je ne l'ai jamais eu en classe mais j'entends les collègues parler de son "réveil" alors que l'année dernière, il était comme ...

— Vide, acheva Clémence à sa place.

— Exactement.

— Adèle me la décrit ainsi, précisa-t-elle pour se justifier.

— Vous devriez lui en parler, à Adèle. Elle s'inquiétait beaucoup pour lui. Elle sera ravie d'apprendre qu'il va mieux.

— Je l'appellerai ce soir. J'avais prévu de prendre de ses nouvelles...

La fin de leur conversation correspondit au début des cours. Les deux enseignants rejoignirent alors leur classe respective. Les paroles d'Albert sur la réciprocité des sentiments de Jordan restaient comme un écho dans la tête de la jeune femme. Elle se demanda s'il était de nouveau en couple et, le cas échéant, avec qui. Elle tenterait de le savoir, par simple curiosité.

Lors de sa pause de midi, elle chercha par la fenêtre Jordan et son éventuelle petite amie. Elle le trouva mais il était seulement avec les garçons de sa classe. Elle l'observa un certain temps en espérant le surprendre à écrire quelque chose sur son téléphone. A l'heure du numérique, il était improbable que des jeunes amoureux ne communiquent pas sans arrêt par cette voie-là. Toutefois, son attente fut vaine car il ne sortit pas son téléphone de sa poche. Tout à coup, il leva les yeux en direction de la salle des professeurs et vit Clémence qui l'observait. Il sourit. Elle aussi avant de détourner son regard, gênée. Elle se prépara un thé afin de s'occuper l'esprit lorsqu'elle reçut un appel. Elle lut le prénom de l'appelant et pensa que ses appels tombaient toujours au bon moment.

— Salut Adèle. Comment vas-tu ?

— Pas trop mal. Et toi ?

— Ça va, merci. Je me rétablis de mon rhume. Je comptais t'appeler ce soir. Albert m'a dit de t'informer que Jordan s'était réveillé. Il voulait que tu sois au courant car tu étais inquiète pour lui l'année dernière.

— C'est une bonne nouvelle. Je suis contente de l'apprendre. Il le mérite tellement ! C'est vraiment un chouette garçon.

— C'est vrai... Tu m'appelais pour une raison particulière ?

— Oui, pour te dire que je serai moins disponible les prochaines semaines.

— Rien de grave, j'espère ?

— Non. Sauf si avoir un second bébé est quelque chose de grave.

— Tu m'appelles encore alors que tu es sur le point d'accoucher ?

— C'est que le début. C'est gérable.

— Il ne faut vraiment pas que ça devienne une habitude, rigola la remplaçante.

— Il y a peu de chance : je ne compte pas en avoir d'autres.

— Je raccroche. Je te laisse avec tes contractions. Courage !

Clémence coupa la communication et rit en pensant au sens des priorités de sa consœur. En soirée, cette dernière lui envoya un message pour lui annoncer la naissance de Lily

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