La première soirée de Lisa à Poudlard fut horrible. La salle commune de Gryffondor avait pourtant l'air très confortable et chaleureuse, sans compter qu'elle lui rappelait énormément la décoration du salon chez ses parents. Il fallait un mot de passe pour y accéder auquel tous les élèves de Poudlard avaient accès, à donner au portrait de la Grosse Dame, mais seulement passé une certaine heure pour que seuls les Gryffondor puissent y rester la nuit. En revanche, des portraits ou des statues se trouvaient devant l'entrée des dortoirs avec un mot de passe à donner impérativement, que seuls les occupants des chambres connaissaient. Lisa partageait le sien avec cinq autres filles, dont Zoé et Emma, qui s'étaient tout de suite bien entendues avec les trois autres (une humaine, une elfe de maison et une demi-vampire diurne du côté de son père). Pour sa part, Lisa n'avait pas réussi à leur parler et les deux autres filles semblaient déjà leur avoir dit des choses pas très positives à son sujet... Elle n'avait donc pas osé leur demander si elle pouvait afficher son poster des Keepers et elle avait caché sa guitare sous son lit pour qu'elles ne la voient pas. La dernière chose dont elle avait envie, c'était qu'elles commencent à lui poser des questions dessus !
De son côté, Lolli n'avait pas eu plus de chance : le fonctionnement des mots de passe de sa salle commune et de son dortoir était le même que celui des Gryffondor, excepté qu'il fallait répondre à des énigmes pour pouvoir passer. Or, Lolli n'avait jamais été très douée pour les énigmes. Elle était arrivée devant la porte de son dortoir après les autres et n'avaient pas pu y entrer à cause de ça. Ce n'était qu'au bout d'un quart d'heure qu'elle avait pu y avoir accès, lorsque l'une des filles qui partageaient son dortoir en était sortie. Ses camarades de classe avaient l'air plutôt sympas, mais elle se sentait complètement décalée par rapport à leurs conversations et leurs centres d'intérêt. Elle avait essayé de parler avec les autres filles, mais elles n'avaient pas eu l'air très à l'aise avec elle : peut-être que Lolli était trop agitée à leur goût ? C'est ce que Lisa lui reprochait le plus souvent, et ces filles étaient un peu comme elle... Encore une preuve que sa sœur aurait plus eu sa place qu'elle parmi les Serdaigle !
Le lendemain, les deux sœurs se retrouvèrent dans le hall, toutes les deux aussi déprimées l'une que l'autre. Elles allèrent s'asseoir à la table des Serdaigle, où il y avait moins de monde à cette heure-ci (ils étaient beaucoup plus lève-tôt en général).
— J'ai failli ne pas me réveiller, ce matin, marmonna Lolli en se servant de pancakes. Les autres filles étaient déjà toutes parties quand je me suis levée !
— Moi, c'est l'inverse, dit Lisa d'un air abattu. J'ai eu beaucoup de mal à me préparer sans les réveiller ! Je ne comprends vraiment pas comment cette situation a pu arriver, ce n'est pas comme si le Choixpeau Magique avait pu nous confondre !
— Au moins, nous allons avoir quelques cours ensemble, dit Lolli en essayant de positiver.
Au moment où elle disait ça, le professeur Londubat se dirigea vers elles avec une pile de parchemins dans les mains.
— Je ne t'ai pas encore donné ton emploi du temps, Lisa, dit-il en lui souriant. Comment s'est passée ta première nuit au château ?
— Plutôt bien, mentit-elle en se forçant à sourire.
Le directeur des Gryffondor tapota un parchemin de sa baguette en prononçant son nom, puis il le lui tendit en répondant :
— Tant mieux ! Je te souhaite une excellente première journée ici, et à toi aussi Lolli !
Sur ces mots, il s'éloigna pour aller rejoindre un groupe de sixième année à la table des Gryffondor.
— Alors, quels cours as-tu aujourd'hui ? lui demanda Lolli avec curiosité.
Pour toute réponse, Lisa lui passa son emploi du temps avant de se forcer à manger au moins un pancake en entier.
— Nous avons cours de Sortilèges et de Défense Contre les Forces du Mal ensemble, dit Lolli en lui rendant son emploi du temps. Mais tu commences par Histoire de la Magie, ma pauvre !
— Avec un peu de chance, ce n'est pas aussi ennuyeux que ce qu'on raconte, dit Lisa avec un sourire dépité. Au pire, ce n'est pas grave : j'aime bien m'ennuyer, je peux laisser mes pensées aller !
— C'est là qu'on voit la différence entre nous deux, dit Lolli en haussant un sourcil. Je déteste ne rien faire, moi.
Le professeur Lucy Ford, aussi la cousine de leur mère, vint voir Lolli quelques minutes plus tard pour lui remettre son emploi du temps à son tour. Elle commençait par un cours de Botanique en commun avec les Serpentard, une très bonne nouvelle à ses yeux : en Botanique, il y avait plus de pratique que de théorie !
Les deux sœurs se séparèrent dans le hall, chacune se dirigeant vers sa salle de classe. Lolli était plus optimiste que Lisa. Pourtant, sa matinée ne se passa pas mieux que celle de sa sœur : contrairement à ce qu'elle avait espéré, ils ne firent que de la théorie en cours. Ensuite, elle avait Histoire de la Magie. Elle croisa Lisa qui sortait de la salle, l'air extrêmement mal à l'aise avec les autres élèves de sa classe. Le cours parut durer une éternité aux yeux de Lolli, qui fut même reprise par le professeur parce qu'elle ne prenait pas de notes. Tous les Serdaigle la regardèrent bizarrement et elle eut soudain envie de disparaître sous terre. C'était bien la première fois de sa vie qu'elle se sentait comme ça...
Après l'Histoire de la Magie, Lolli avait une heure de libre où elle attendit que Lisa ait fini son cours de Métamorphoses pour qu'elles aillent manger ensemble. Elle se rendit donc dans sa salle commune en espérant trouver de quoi s'occuper. Lolli découvrit avec effarement que les autres élèves de sa classe étaient presque tous en train de s'avancer pour leurs prochains cours de Botanique et d'Histoire de la Magie.
N'ayant aucune envie de travailler, elle chercha un coin où s'asseoir pour être tranquille. Elle vit alors un elfe de maison de son année assis à part, en train de lire d'un air concentré, n'ayant visiblement aucune envie de se mêler aux autres non plus. Cette constatation suffit à Lolli pour qu'elle se décide à le rejoindre pour faire sa connaissance :
— Salut, dit-elle en s'asseyant sur la chaise en face de lui. Je m'appelle Lolli, je suis en première année aussi ! Et toi, comment tu t'appelles ?
L'elfe releva la tête vers elle d'un air méfiant et demanda en bougonnant :
— Que veux-tu ?
— Euh... faire connaissance, répondit-elle en riant nerveusement. Je te dérange peut-être ?
— J'étais en train de lire, dit-il en lui montrant son manuel de Botanique. Alors oui, tu me déranges.
Le ton sec de l'elfe énerva Lolli : elle souhaitait juste discuter ! Il y avait de meilleures manières de congédier les gens qu'en se montrant désagréable comme ça, tout de même.
— D'accord, désolée, dit-elle donc d'un ton agacé. Tout le monde ne pense qu'à travailler, ici !
Elle se leva en ne cachant pas sa mauvaise humeur, mais au moment où elle s'apprêtait à partir, elle entendit l'elfe répondre :
— Je ne te le fais pas dire.
Lolli se tourna à nouveau vers lui, étonnée :
— Ça t'énerve aussi ? Mais tu fais comme les autres !
— Je suis bien obligé. Mes parents attendent de moi que j'ai d'excellents résultats, alors je dois travailler dès maintenant. Si tu crois que ça me plaît !
Lolli hésita un instant à partir pour ne plus le déranger, mais elle finit par se rasseoir à côté de lui, ayant envie d'en savoir plus sur sa situation.
— Ils te mettent beaucoup de pression ?
— Oui, mais c'est assez courant chez les elfes de maison, dit-il avec une grimace. Nous avons été si longtemps les esclaves des humains qu'on tient vraiment à faire nos preuves à présent. Et mes parents comptent sur moi, puisqu'ils n'ont pas pu étudier ici, eux.
— Je ne pense pas que ça va beaucoup t'aider de commencer à tout apprendre par cœur dès aujourd'hui, dit Lolli en lui prenant le manuel des mains. Je suppose que tes parents ne t'ont jamais appris que c'était bien de s'amuser de temps en temps ?
— Ce n'est pas leur priorité, en effet, répliqua l'elfe en essayant de reprendre son manuel. Et si j'ai été envoyé à Serdaigle, c'est qu'il y a une raison !
Lolli réfléchit un court instant, puis elle répondit avec un grand sourire :
— Les Serdaigle adorent apprendre, pas vrai ? Alors peut-être que tu as été envoyé ici pour apprendre à t'amuser, avec moi comme professeur !
Sa remarque parvint enfin à arracher un sourire à l'elfe de maison, qui arrêta d'essayer de récupérer son livre. Il soupira d'un air résigné et se laissa aller contre le dossier de sa chaise en disant :
— Je m'appelle Kobbey, au fait.
— Ravie de faire ta connaissance, dit Lolli d'un ton joyeux en posant le manuel le plus loin possible de l'elfe. Euh... c'est ton nom de famille ou ton prénom ?
— Les deux, dit-il avec un sourire en coin. Tu n'as pas remarqué que tous les elfes de maison et les gobelins étaient appelés par un seul nom, pendant la Répartition ?
— J'avais d'autres préoccupations sur le moment... Mais que se passe-t-il quand vous êtes deux à avoir le même nom ?
— Ça n'arrive presque jamais, mais j'imagine qu'on se donnerait des surnoms, dans ce cas, répondit-il en haussant les épaules. Je suppose que ce système ne marcherait pas chez les humains : vous êtes bien plus nombreux et bien moins créatifs !
— Tu n'as jamais rencontré ma sœur, toi ! Je ne connais pas de personne plus créative qu'elle, c'est une véritable artiste.
— Attends, tu ne serais pas la fille qui a une sœur jumelle ? dit soudain l'elfe en fronçant les sourcils.
— Si, c'est moi. Ma sœur, Lisa, est à Gryffondor.
— Je vous ai remarquées pendant la Répartition. Une troisième année qui était assise à côté de moi a dit que vous étiez de sa famille.
— Elsa Ford ?
— Je n'en sais rien, je ne lui ai pas demandé comment elle s'appelait, dit Kobbey en levant les yeux au ciel.
— C'est la fille d'une cousine de ma mère, le professeur Lucy Ford, lui expliqua Lolli. Son grand frère et sa petite sœur sont tous les deux à Poufsouffle. Mais elle a aussi un petit frère qui entrera à Poudlard dans deux ans. Tu as des frères et sœurs, toi ?
— Un demi-frère plus jeune que moi. Mais on ne s'entend pas très bien, pour être honnête...
— Pourquoi ?
— Des histoires compliquées, répondit Kobbey d'un ton évasif.
Lolli songea qu'il valait mieux ne pas insister, puisqu'elle ne connaissait pas encore très bien l'elfe de maison. Elle ne voulait pas se mettre à dos la première personne avec qui elle sympathisait à Poudlard...
— Je m'entends plutôt bien avec ma sœur, moi, même si nous sommes très différentes. Hier, nous étions persuadées que j'allais être envoyée à Gryffondor et elle à Serdaigle. Je ne comprends toujours pas pourquoi ça n'a pas été le cas !
— Tu aurais préféré ne pas être dans cette maison ?
Lolli ne put s'empêcher de jeter un regard aux personnes qui l'entouraient, toutes aussi calmes les unes que les autres. Oui, elle aurait largement préféré être dans un endroit plus vivant !
— C'est juste que ça ne me ressemble pas beaucoup, répondit-elle en haussant les épaules.
Elle s'aperçut que Kobbey avait profité qu'elle regarde ailleurs pour reprendre son manuel de Botanique, mais heureusement, il ne le rouvrit pas.
— Tu l'as dit toi-même, les Serdaigle aiment apprendre, dit-il d'un ton moqueur. Tu finiras bien par découvrir ce que tu as besoin d'apprendre ici !
Finalement, Lolli passa le reste de l'heure à discuter avec Kobbey. Elle lui proposa ensuite de manger avec Lisa et elle. Au départ, il refusa, prétextant qu'il préférait être seul, mais Lolli savait se montrer convaincante. Soit il avait changé d'avis grâce à ses arguments, soit il en avait assez de l'entendre parler, mais dans tous les cas, il finit par accepter !
Lolli et Kobbey se rendirent tous les deux dans le hall pour attendre Lisa. Ils virent tout le groupe des Gryffondor de première année passer devant eux, et elle arriva la dernière en traînant des pieds.
— Lisa, je te présente Kobbey ! dit Lolli avec entrain lorsque sa sœur s'arrêta devant eux. Il est en première année à Serdaigle, comme moi !
— Super, bredouilla Lisa en essayant de lui adresser un sourire poli. Ravie de faire ta connaissance.
— Ça ne te dérange pas qu'il mange avec nous ? demanda Lolli.
— Non, bien sûr que non...
Ils allèrent s'asseoir tous les trois à la table des Serdaigle, mais Lisa ne mangea presque rien, trop stressée par l'après-midi à venir. Elle ne participa pas beaucoup à la conversation non plus, n'osant pas parler à Kobbey puisqu'elle ne le connaissait pas. Lolli essayait de lui faire la conversation, même s'il n'était pas très bavard non plus. Alors qu'elle était en train de lui demander à quel cours il avait le plus hâte d'assister, leur père entra dans la Grande Salle avec Agathe Lewis, leur professeur de Quidditch et Vol. Il les repéra et se dirigea vers elles avec un grand sourire.
— Salut les filles ! Je ne vous dérange pas ?
— Pas du tout, dit aussitôt Lisa, ravie et soulagée de le voir.
— Votre matinée s'est bien passée ?
— Les cours étaient très longs, mais j'ai pu parler avec Kobbey, dit Lolli en désignant l'elfe de maison en souriant.
— Euh... vous n'êtes pas notre professeur de Potions ? demanda l'elfe d'un air perdu, ne comprenant sûrement pas pourquoi ils discutaient tous les trois comme ça.
— C'est notre père aussi, lui expliqua Lolli.
Kobbey écarquilla les yeux d'un air étonné, mais n'ajouta rien, l'air soudain intimidé.
— Et toi Lisa ? Tout s'est bien passé ? demanda Lorcan.
— Oui, dit-elle sans conviction en fixant son assiette.
Enfin, si elle ne prenait pas en compte le cours d'Histoire de la Magie où elle avait dû s'asseoir dans le fond de la classe, ne pouvant pas voir le tableau de sa place. Ou l'heure de pause qu'elle avait passé toute seule dans un coin de la salle commune. Ou encore le cours de Métamorphoses où Zoé l'avait traitée de fayotte parce qu'elle avait réussi du premier coup à transformer son allumette en aiguille. Bref, si elle ne prenait pas en compte tout ce qui s'était passé depuis qu'elle s'était levée, sa matinée avait été géniale.
— Tu as cours avec moi cet après-midi, lui dit son père d'un ton encourageant, ayant sûrement compris qu'elle ne lui disait pas la vérité. Tu pourras rester à la fin de l'heure, si tu veux !
Lisa le remercia du regard, ayant presque envie de pleurer. Son image n'allait pas s'améliorer si elle se réfugiait dans le bureau de son père juste parce qu'elle avait passé une mauvaise journée. Mais en même temps, elle se sentait tellement seule... Et maintenant que Lolli s'était faite un ami, elle allait probablement passer plus de temps avec lui qu'avec elle !
— Je vais chercher mes affaires pour cet après-midi dans mon dortoir, dit Lisa en ramassant son sac, se sentant trop oppressée par les regards de son père, sa sœur et Kobbey. À plus tard.
Elle s'empressa de quitter la pièce, laissant son assiette à moitié remplie. Elle alla ensuite dans son dortoir, où elle put rester tranquille quelques minutes avant que les autres filles arrivent en parlant bruyamment. Lisa s'en alla donc à nouveau et se rendit directement devant les serres pour son cours de Botanique, même si son cours ne commençait que dans une demi-heure. La première personne à arriver après elle fut un garçon de Poufsouffle, qui était un vampire diurne. Comme elle n'avait eu que des cours avec les Poufsouffle pour l'instant, elle commençait déjà à se souvenir de leurs visages, mais le prénom de celui-ci ne lui revenait pas.
Pendant l'heure de Botanique, le professeur Londubat leur parla du programme de l'année et de la première plante qu'ils allaient étudier : le dictame. Ils n'eurent que le temps de faire un peu de théorie, puis ils se rendirent en cours de Sortilèges. Lorsqu'elle arriva devant la salle, Lisa repéra tout de suite Lolli qui l'attendait. Sa sœur se rapprocha d'elle avec un grand sourire :
— On se met à côté ?
Lisa acquiesça, rassurée de voir qu'elle n'allait pas la laisser tomber pour Kobbey. Quelques élèves les regardèrent bizarrement, s'apercevant sûrement qu'elles étaient jumelles. Les deux filles allèrent s'asseoir dans le fond de la salle, derrière l'endroit où Kobbey s'était installé. Lucy Ford, la cousine de leur mère, arriva quelques instants après, rangeant des parchemins sur son bureau d'un coup de baguette magique. Elle se présenta ensuite à ses élèves, se montrant extrêmement douce et gentille. Pour l'instant, c'était l'enseignante que Lisa préférait avec le professeur Londubat, mais c'était peut-être parce qu'elle les connaissait personnellement...
Lucy commença à leur donner un cours sur la façon de tenir correctement sa baguette, ce qui s'avéra utile pour beaucoup d'élèves. Lolli fit accidentellement voler en morceau un carreau de la fenêtre qui se trouvait à côté d'elle, provoquant le fou rire de Lisa et Kobbey. Elle en fut d'ailleurs surprise, car ils paraissaient être les deux personnes les plus tendues de la salle !
Lorsqu'elles étaient allées acheter leurs baguettes dans le magasin de Fred Weasley, aussi un cousin de leur mère, Lolli et Lisa avaient toutes les deux mis une éternité avant d'en trouver une qui leur convenait. Finalement, Lolli en avait eu une en bois d'aubépine avec un crin d'Abraxan, tandis que celle de Lisa était en bois de sorbier avec une plume d'Oiseau-Tonnerre, une créature capable de créer des tempêtes. Elles avaient donc toutes les deux des baguettes puissantes et difficiles à contrôler, et Lucy ne parut pas étonnée en le remarquant :
— Avec des parents comme les vôtres, il fallait s'y attendre, leur glissa-t-elle en souriant.
Tandis qu'elle continuait de passer voir chaque élève, Kobbey se retourna vers les jumelles :
— Tous les professeurs vous connaissent déjà ici, en fait !
— On a grandi juste à côté, c'est normal, dit Lolli en haussant les épaules. Sans compter que nos parents travaillent tous les deux ici.
— À la réflexion, je commence à me dire qu'on va pouvoir devenir amis, finalement, dit l'elfe avec un sourire en coin. Si je dis à mes parents que je fréquente des enfants de professeurs, ils vont être ravis ! Surtout qu'il s'agit de Lorcan Dragonneau et de Lily Potter.
— Parce qu'ils sont contre le fait que tu aies des amis, sinon ? demanda Lisa en fronçant les sourcils.
— Si ça me distrait de mes études, oui...
— Dis donc, ça ne doit pas rigoler tous les jours, chez toi, dit Lolli avec une grimace.
— Les repas de famille sont généralement une horreur, c'est vrai.
Lisa jeta un regard un peu perdu à Lolli, n'arrivant pas à savoir s'il plaisantait ou pas. Mais elle aussi semblait avoir un doute, alors elles furent contentes d'entendre leur professeur annoncer la fin du cours à ce moment-là. Lolli et Kobbey allèrent en Métamorphoses tandis que Lisa descendit dans les cachots pour son cours de Potions. Elle ne savait pas si elle devait se réjouir d'avoir son père comme professeur ou non, puisque ça lui faisait craindre encore plus le regard des autres élèves de sa classe.
Lorsqu'ils arrivèrent devant leur salle de cours, la porte était déjà ouverte pour qu'ils puissent entrer. Lisa se glissa à l'intérieur derrière les autres élèves de Gryffondor. Mais comme tous les Serpentard étaient déjà tous là, il ne restait plus qu'une place de libre pour qu'elle puisse s'installer. Elle se sentit gagnée par la panique en réalisant que la place était à côté de la fille qu'elle avait vue tomber dans l'eau, la veille. Celle-ci lui jeta un regard blasé lorsqu'elle s'installa, alors Lisa n'osa pas engager la conversation.
— Tout le monde est bien installé ? demanda le père de Lisa une fois que le silence régna dans la salle. Nous allons pouvoir commencer le cours, dans ce cas !
Il se présenta rapidement et Lisa vit beaucoup d'élèves de Gryffondor se tourner vers elle en entendant son nom de famille. À part les nés-moldus, tout le monde devait désormais savoir qui étaient ses parents et ce qu'ils avaient fait...
— Pour le premier cours de l'année, je préfère débuter par de la pratique, dit Lorcan avec son entrain habituel. Il existe une potion très simple par laquelle on peut commencer et qui vous sera sans doute utile si jamais vous avez des accidents magiques dans mon cours ou celui de quelqu'un d'autre : le remède contre les furoncles !
— Euh... on risque vraiment d'en avoir pendant un de nos cours ? demanda un élève de Serpentard d'un air inquiet.
— On ne sait jamais ce qui peut arriver, répondit Lorcan d'un air exagérément mystérieux. Mais juste au cas où, vous aurez le droit d'en prendre un flacon avec vous si vous réussissez correctement la potion.
Il se tourna vers le tableau noir qui se tenait derrière lui et fit s'écrire toute la recette d'un coup de baguette.
— Vous devez avoir tous les ingrédients nécessaires avec vous, mais vous pouvez vous servir dans l'armoire au fond de la salle s'il vous en manque, leur dit-il en s'asseyant derrière son bureau. Faites cette potion par deux, ça vous permettra de faire connaissance avec votre voisin !
Lisa se sentit paralysée en entendant ça : elle allait devoir adresser la parole à la Serpentard ! Pourquoi est-ce que son père avait des idées pareilles ? Tous les élèves étaient déjà en train de se préparer pour se mettre au travail, mais elle n'osait même pas se tourner vers sa voisine. De loin, elle croisa le regard de son père et elle sentit qu'il l'encourageait à faire le premier pas. Elle prit donc son courage à deux mains, puis elle se tourna vers son binôme :
— Euh... est-ce que tu as des crochets de serpent pour la première étape ?
— Oui, répondit-elle en se penchant pour ramasser son sac. Je n'ai pas de mortier, par contre.
— On peut utiliser le mien, ce n'est pas grave...
Elle le sortit de son sac, ainsi que le reste du matériel dont elles allaient avoir besoin. Alors qu'elles effectuaient les premières étapes, Lisa se demanda comment faire pour amorcer une conversation ne portant pas sur le cours. Comment Lolli parvenait à faire ça, elle ? La jeune fille était tellement perdue dans ses réflexions qu'elle sursauta lorsque sa coéquipière fit tomber tous ses crochets de serpent par terre, provoquant un vacarme même si la salle était animée par les conversations des autres élèves. La jeune fille devint toute rouge et s'agenouilla aussitôt pour les ramasser, ayant l'air de vouloir disparaître dans le sol au passage. Lisa se pencha également pour l'aider et posa ensuite les crochets qu'elle avait ramassés sur la table.
— Je suis désolée, s'excusa l'autre fille. Je suis hyper maladroite...
— Ce n'est rien, je le suis souvent aussi, dit Lisa en lui souriant gentiment.
— J'imagine que tu le savais déjà, continua-t-elle d'un air gêné. C'est toi qui m'as vu tomber dans le lac hier ou c'est ta sœur jumelle ?
— C'est... c'était moi, balbutia Lisa, mal à l'aise. Je suis désolée, je ne voulais pas que tu aies l'impression que je me moquais de toi à ce moment-là... J'étais plutôt en train de compatir, parce que c'est le genre de choses qui aurait pu m'arriver, et je me serais sentie très mal à ta place...
Elle s'interrompit, ayant plus l'impression de s'embrouiller qu'autre chose. Elle reprit précipitamment la fabrication de la potion en se maudissant elle-même de ne pas être aussi douée en relations sociales que Lolli.
— Je m'appelle Inès, au fait, dit l'autre fille après un moment de silence. Toi, c'est Lisa ?
— Oui, comment tu le sais ? s'étonna cette dernière, aussi soulagée de voir qu'Inès continuait leur conversation malgré ses balbutiements.
— Je vous ai tout de suite remarquées à la Répartition, ta sœur et toi, répondit-elle. Je suis une née-moldue, alors j'ai lu beaucoup de livres sur l'histoire des sorciers avant de venir ici. Et ce que tes grands-parents et tes parents ont fait est vraiment incroyable ! Tu dois intimider beaucoup de personnes.
— Ça m'étonnerait, dit Lisa d'un air gêné. Si je suis toute seule, c'est plus parce qu'on me trouve bizarre qu'intimidante...
— Ce n'est que le premier jour, lui fit remarquer Inès. Moi aussi, je ne me suis pas fait beaucoup d'amis pour le moment. Je suis un peu dépassée par tout ce qui m'entoure !
— Je n'imagine pas ce que ça doit être pour toi, puisque tu viens d'une famille de moldus, dit Lisa d'un ton compatissant.
— Mes parents n'étaient pas vraiment d'accord pour que je vienne ici, mais après avoir parlé avec le directeur, le professeur Harflor, je voulais absolument venir. C'est lui qui est venu me voir cet été pour me dire que j'étais une sorcière... C'était difficile de dire au revoir à tout ce que je connaissais et à mes anciens amis, mais j'étais trop curieuse au sujet de la magie pour renoncer, alors j'ai convaincu mes parents !
Tout en parlant, les deux filles continuaient d'avancer sur la potion et Lisa put constater qu'Inès était vraiment très maladroite : elle renversait tout ce qui se trouvait à portée de main et était visiblement incapable de faire deux choses en même temps. Lisa parvint à empêcher un mauvais ingrédient de tomber dans la potion plus d'une fois, si bien que ça devint même machinal pour elle de rattraper tout ce qu'Inès faisait tomber.
Une fois qu'elle était lancée, la Serpentard s'avérait être aussi bavarde que Lolli ! Mais ça arrangeait bien Lisa, puisqu'elle n'était pas à l'aise pour parler elle-même. Pendant que leur potion reposait, elles lurent l'introduction de leur manuel. Ensuite, comme tous les élèves attendaient, Lorcan commença à leur parler des bézoards, une pierre se trouvant dans l'estomac des chèvres et étant un antidote contre les poisons courants. Il leur posa quelques questions dessus, auxquelles Lisa connaissait toutes les réponses puisqu'il le lui avait appris. Pourtant, elle n'osa pas lever la main pour répondre, ne voulant pas que les autres élèves de sa classe aient une autre raison de la critiquer.
À la fin de l'heure, Lorcan passa dans les rangs pour vérifier leurs potions. Il n'y avait que quelques groupes qui l'avaient faite correctement, dont Lisa et Inès. Elles purent donc prendre toutes les deux un flacon de la mixture tandis que Lorcan les récompensait de cinq points chacune.
— On pourrait continuer de se mettre ensemble pour faire les potions, proposa Inès en rangeant ses affaires. Si tu es d'accord, bien sûr...
— Euh... oui, répondit Lisa d'un ton surpris, ne s'attendant pas à ce que la Serpentard veuille à nouveau passer du temps avec elle.
Inès resta un moment sur place, ayant l'air d'hésiter à partir. Lisa se demanda si elle devait lui proposer de dîner avec elle et sa sœur, mais elle mit trop de temps à prendre une décision et Inès finit par quitter les cachots en la saluant.
— Ton après-midi s'est mieux passé que ta matinée ? lui demanda son père en la rejoignant une fois que tous les autres élèves furent partis.
— Un peu, oui. J'avais cours de Sortilèges avec Lolli tout à l'heure, c'était trop bien !
— Et la fille avec qui tu étais en binôme ? Elle était sympa ?
— J'ai trouvé que oui, acquiesça-t-elle. Mais j'ai peur d'avoir paru trop froide...
Elle hésita un moment, puis elle ajouta :
— Je suis désolée de ne pas avoir répondu aux questions que tu as posées pendant le cours. Je connaissais les réponses, mais il y a une élève de ma classe qui m'a traitée de fayotte tout à l'heure, alors je n'ose plus participer...
— Ne t'inquiète pas Lisa, je n'attends pas de toi que tu t'investisses plus dans mon cours juste parce que tu es ma fille, dit son père en prenant un tabouret pour s'asseoir en face d'elle. L'essentiel, c'est que tu fasses ce qui est le mieux pour toi. Si possible sans te soucier du regard des autres, mais je sais que c'est compliqué à ton âge...
— C'est juste que je ne me sens pas du tout à ma place avec les autres Gryffondor, dit Lisa en baissant la tête. Je n'arrive pas à être moi-même sans avoir l'impression que tout le monde va me critiquer. Pour Lolli, c'est facile : même si elle est différente des autres, elle arrive à leur parler et à sympathiser avec eux ! Moi, j'ai fait fuir la seule personne à m'avoir adressé la parole aujourd'hui, alors qu'elle est toute seule aussi.
— Tu es trop dure avec toi-même, la gronda son père. Ce n'est que le premier jour, tout le monde a dû mal à s'adapter ! En plus, ce que tu as fait aujourd'hui ne va pas déterminer toute ta scolarité ici. Tu verras, les choses vont changer petit à petit sans que tu t'en rendes compte. Il faut juste que tu t'accroches, et je sais que tu es capable de faire ça. Tu ne baisses jamais les bras, même quand tu aimerais pouvoir le faire.
— Ce n'est pas comme si j'avais le choix, en même temps, marmonna Lisa.
Elle soupira, puis elle décida de changer de sujet :
— Au fait, comment va Léo ?
— Un peu mieux qu'hier soir, répondit son père d'un air soudain plus préoccupé. Il est avec votre mère à l'infirmerie. Tu veux qu'on aille les voir ? Je pense que vous lui manquez déjà !
Lisa n'hésita pas une seconde de plus et bondit sur ses pieds en acquiesçant avec un grand sourire.
— Je vais chercher Lolli et on vous rejoint après !