« L'échec est le fondement de la réussite » voici les mots d'un sage philosophe chinois. Après une vie d'échecs, ce ne sont pas des paroles très réjouissantes mais aujourd'hui, sous un nouveau jour, je comprends enfin leur sens.
Les lumières s'éteignent et un tonnerre d'applaudissements retentit. Tout brille autour de moi. Je me sens planer. Les yeux se retournent vers moi, et les larmes aux yeux, je souris comme jamais auparavant.
Il est difficile de croire qu'une histoire soit capable de changer une vie, cela a pourtant été le cas pour moi. Si je devais définir le succès aujourd'hui, je mentionnerais sans doute l'échec car ce sont des concepts indissociables.
Une vingtaine de personnes s'approche de moi, me serrent dans leurs bras, me félicitent et me font part de leurs remerciements. Je réponds poliment et malgré cette sollicitude permanente je ne peux pas m'empêcher de le chercher du regard.
La pièce est bondée après la première du film inspiré de mon ouvrage, des grandes célébrités sont venues de loin pour y assister et le casting est au complet. Il ne manque que lui, j'avais cru l'apercevoir en arrivant mais il n'est plus là, j'aurais du l'interpeller...
Je vais me servir une flûte de champagne au buffet et regarde autour de moi. Tout ceci paraît un rêve. La salle est incroyable : une énorme scène, plus d'une centaine de tables, toutes réservées à des personnalités publiques. Le sol est tapissé en rouge et un énorme miroir placé au centre de la pièce permet de garder un oeil sur l'établissement. Des grands écrivains sont présents et des acteurs font des selfies avec d'autres célébrités.
Je regarde le tout essayant d'enregistrer jusqu'au moindre détail, je me retourne et vois une énorme impression de la couverture de mon livre accompagnée d'une pile d'exemplaires placés en pyramide sur une table. Une énorme photo en noir et blanc est accrochée et je m'y vois sourire encore impressionnée par tout ce qui est en train d'arriver.
Après quelques heures, la fatigue commence à se faire sentir, et je n'ai qu'une envie : retirer ces talons et m'allonger sur le lit de mon nouvel appartement. Après avoir salué tout le monde et échangé quelques formalités avec le directeur, je me dirige vers le parking où se trouve ma voiture, courtoisie de la maison d'édition avec laquelle j'ai signé un an en arrière. Ce contrat a changé ma vie à tout jamais.
Mon Audi noire est garée au fond, à côté du Pick-up du directeur. Je prends ma clé et allume la voiture. La petite sonnerie résonne dans le parking froid et peu illuminé. Mes jambes tremblotent sous ma robe en satin bleue. J'aurais du mettre des collants, il fait encore très froid la nuit, même si on est presque en juin. Je regarde ma montre, il est presque trois heures du matin. Lorsque je mets ma main sur la portière pour l'ouvrir une voix grave et rauque, que je reconnais tout de suite, me fait sursauter.
- Où allez-vous madame ? La nuit est encore longue...
Il s'approche de moi, les mains dans les poches de son pantalon de costume gris. Sa cravate est dans sa poche et sa chemise blanche ouverte de façon très évocatrice laisse apparaitre la ligne de son cou et ses clavicules. Les cheveux en arrière, je peux bien voir son visage et ce regard qui me fait frissonner instantanément.
C'est lui.
Il est là.