Ada :
29...
29 jours que je suis dans cette épicerie . Je n'ai pas à me plaindre au regard des circonstances.
Je ne manque de rien. J'ai connu tellement pire.
J'ai récupéré quelques tissus et rideaux que j'ai disposé au sol, dans un coin de la remise du commerce, afin de me faire une couchette de fortune. A côté, il y a un lavabo et par je ne sais quel miracle, de l'eau continue d'en sortir.
Les rayons sont quasi indemnes et remplis de boîte de conserve en tout genre. Assez drôle lorsque l'on sait le peu de nourriture que je suis capable d'avaler.
Le rideau métallique est verrouillé et je suis en sécurité. Les morts ne peuvent pas entrer. Les vivants, s'il en restent, non plus. La seule fenêtre présente dans cette boutique est trop haute et ridiculement petite.
J'ai mon sac à dos qui contient peu de choses auxquelles j'attache une réelle importance, mais qui m'accompagnent depuis le début de toute cette merde.
Je ne manque de rien. Tout va bien.
Derrière le comptoir, j'avais découvert à mon arrivée dans cette épicerie, une arme feu. Je ne sais pas réellement m'en servir, mais je la garde. De toute façon, il y a trop peu de balles pour que je m'excerce au tir et le bruit va affoler les cadavres.
Alors je la garde, en me disant que peut être, si je fais une mauvaise rencontre, ce flingue suffirait à dissuader mon agresseur.
Mais là, je déraille.. Pour faire une mauvaise rencontre, il faut déjà que des gens soient vivants. C'est sans doute prétentieux de ma part, de penser que j'étais la seule survivante, mais ça fait tellement longtemps que je n'ai pas vu une...âme qui vive.
29 jours que j'ai pris possession de cette épicerie. J'avais courru en sa direction, telle une athlète olympique. Je l'avais verrouillée et je devais y rester seulement quelques jours pour me reposer. Puis, les jours sont devenus des semaines, et bientôt cela fera 1 mois que je suis ici...
Que je reste enfermée comme un animal en cage.
Je reste éveillée la nuit et je dors le jour.
L'épicerie vendait du tabac et je fume comme un poêle à bois, pour garder mes yeux ouverts.
J'ai même rangé les étagères de cette boutique. Les produits avec des dates de consommation plus courtes sont sur les devants des rayons.
29 jours...
Si j'ai déjà pensé à mettre fin à cet enfer ? Oui.. Peut être une dizaine de fois.
Mais chaque fois, une lueur d'espoir sortait de ce tunnel infernal.
Je survie. Je ne sais pour quelles raisons, j'ai réussi à passer entre les mailles du filet.
Si l'univers m'offre cette chance de rester en vie, ce n'est pas pour lui faire le plus gros fuck du siècle, et me tirer une balle en pleine tête.
La nuit commence à tomber. Je ne suis pas fatiguée, mais il faut que je dorme pour que le temps passe plus vite. Seulement, mon rythme de sommeil est complètement foutu et inversé.
29 jours que je peux rester plusieurs heures prostrée, les genoux recroquevillés sur ma poitrine à me balancer sur moi même. Je ne supporte plus le bruit des morts. L'expression "un silence de mort" n'a plus aucun sens dans ce monde.
Je me fais violence et me lève. Je replace mon couteau dans son étui. Ce geste est devenu une habitude. Au lieu de ranger mon téléphone dans ma poche, à présent je range mon couteau.
J attrape mon sac à dos et me dirige vers les rayons.
Je commence par y mettre du beurre de cacahuète, du bœuf séché et quelques barres de céréales.
J'ai aussi pris des piles, une lampe torche, des cigarettes et des bouteilles d'eau. Je referme la fermeture éclair.
Je me dirige à présent vers le rayon des alcools forts. J'attrape une bouteille de rhum, puis revient m'asseoir sur ma couchette.
Je détaille l'étiquette. D'une main, je joue avec les breloques de mon sautoir et de l'autre, je tourne plusieurs fois la bouteille. Je me penche sur le côté et j'attrape mon vieux MP3. Je visse les écouteurs sur mes oreilles et démarre la play liste. J'aime tellement la musique.
Je contemple chaque breloque de mon sautoir. A ce jour, c'est l'objet auquel je tiens le plus. Celui qui me rappelle qui je suis, ou plutôt qui j'étais.
Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. La personne que j'étais, est morte, avec une bonne partie du reste de la planète.
Je n'ai jamais été bien épaisse, mais à présent, je dois peser à peine 45kg du haut de mon 1,65m. Cependant, je n'ai pas l'impression de faire rachitique.
Mes cheveux blonds sont d'une longueur impressionnante. En temps normal, j'aurais trouvé ça très sexy. Mais aujourd'hui... Cela n'a guère d'importance.
La jeune femme que j'étais, forte, indépendante et prête à abbatre des montagnes pour s'en sortir, est, elle aussi en train de disparaître progressivement, au même rythme que l'humanité. La solitude me pèse.
Je finis par ouvrir la bouteille. Après quelques secondes d'hésitation, je bois une première gorgée.
-Santé, dis-je à haute voix.
Je serais vite ivre et je pourrais sombrer dans un sommeil profond.
Rapidement, j'avalé la moitié de la bouteille et je ressens déjà les effets de l'alcool. Mes paupières sont lourdes. Je me sens bien. Je fume une dernière cigarette qui m'ecoeure rapidement.
J attrape ma veste en jean et l'enfile maladroitement. Je passe ma main dans mes cheveux et les replace sur un côté de mon visage.
Je me couche tout en continuant à me laisser happer par la musique dans mes écouteurs. Je ne prends pas la peine de retirer mes bottes.
Dehors, il fait nuit. Je n'entend plus leurs râles macabres. La musique et l'alcool les couvre.
Je sombre doucement. Je fais le point. Pas sur ma vie passée, mais sur ce qui m'attend. Mon ancienne vie se résume à prendre mon sac à dos et à partir. Inutile de s'y attarder.
Je dois avoir une sacrée bonne étoile vu le nombre de situations foireuses dans lesquelles j'avais réussi à m'échapper, depuis le début de mon existence. Ma survie, je la dois à moi seule et à ma bonne étoile.
Pourquoi je suis toujours en vie ? Quel avenir ? Est ce que quelque chose va me permettre de retrouver ma rage, ma rage de vivre ?
29 jours.. Une chose est sûre, il n'y aura pas de 30ème jour, car demain je pars.
Je vais sans doute mourir, mais mourir en étant libre, comme je l ai toujours été.
Et puis, ce n'est pas la première fois que je prends mon sac à dos pour partir vers l'inconnu.
Je ne manque de rien. J'ai connu pire et je vais bien !
Bordel... Faut que j'arrête de me mentir! La situation n'a jamais été aussi critique et je ne vais pas bien!
Je veux VIVRE, plus survivre ! Vivre libre ! Vivre forte ! VIVRE !!
Je ne manque pas de nourriture, ni d'eau ou d'un toit, mais je manque d'une seule chose ! Une seule, mais elle est tellement essentielle : me sentir exister...
Je ne vais pas bien. Je suis seule et je dois me saouler pour faire taire mes pensées qui sont devenues mes seules interlocutrices. La folie me guette, ça fait trop longtemps. Faut que tout s'arrête..
Une larme perle au coin de mon œil. Toutes ces pensées et l'alcool ont eu raison de moi. Je lâche prise.
Je m'endors.
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Il y a eu un bruit je crois. Enfin non, je ne crois pas. Je sais plus. Je m'en fou.
Encore ces stupides cadavres qui ont dû percuter le rideau métallique.
Je m'engouffre un peu plus sous mon plaid. Je vais partir aujourd'hui mais je profite un dernier instant de ce "confort".
J'ai envie d'ouvrir un œil mais le rhum que j'ai avalé hier m'en empêche encore .
Si ! Il y a bien du bruit! Bordel, si la situation n'était pas aussi dramatique et dangeureuse, je pourrais presque rire en imaginant les morts déambuler et se heurter sur la façade du magasin, comme des papillons dans un réverbère.
... Le bruit s'accentue...
Mon envie de rire passe subitement, lorsque je me décide à ouvrir les yeux et que j'aperçois trois hommes armés, pointant leurs armes sur moi.
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Bonjour à tous,
Première écriture pour moi. Je vous invite à découvrir les aventures d'Ada Wilson.
Cette fan fiction me trotte dans la tête depuis quelques temps et je décide de me lancer.
N hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce premier chapitre d'introduction.
Les prochains chapitres vous réserve de nombreuses surprises