Ma copine me manque mais je v...

By MartinMalcense

5.5K 174 26

Alex n'en peut plus du confinement et surtout, de ne pas voir sa petite amie. Ils sont unis par un amour véri... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Epilogue

Chapitre 18

172 4 0
By MartinMalcense

Les examens sont à présent terminés. Comme je le pensais, tout s'est bien passé pour moi. Je n'étais pas obligé de les passer en fait. J'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, la médecine, c'est pas trop mon truc. Est-ce que j'étais un peu trop jeune, il y a 3 ans, pour résister au rêve de mes parents ? Sans doute, mais j'étais une victime consentante. C'est le soucis quand on a un peu trop de facilités à l'école. On finit par ne pas nécessairement être passionné par quoi que ce soit. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. J'ajouterais que l'on n'y prend, du coup, aucun plaisir. Faute de mieux, je me suis lancé dans des études qui m'assuraient l'approbation de mes géniteurs. Est-ce l'affirmation de ma nouvelle identité sexuelle qui me donne à la fois courage et conviction dans le changement ? Sans doute cela m'aide à me forger un caractère et à savoir ce que je veux dans d'autres domaines. Si je sais maintenant avec qui je veux partager ma vie, je sais aussi ce que je veux en faire de cette vie. La biologie me paraît plus correspondre à mes goûts avec le but de faire de la bio-informatique un jour. Vous l'avez deviné, je devrai d'abord étudier la bio et augmenter mes connaissances en informatique également. Ces deux ingrédients permettant, seulement ensuite, de se lancer dans cette fameuse bio-informatique. Je ne pense pas avoir perdu 3 ans avec la médecine, j'ai acquis des notions qui me serviront, c'est certain.

La semaine chez mes parents est sympa. Ca fait du bien de les revoir. Je ne suis plus rentré depuis le début de la pandémie. Auparavant, je rentrais toutes les deux ou trois semaines et les assouplissements sanitaires de ce début d'été sont les bienvenus. Je me rends compte ne pas nécessairement avoir brossé un chouette portrait d'eux jusqu'à présent. Vous devez sans doute ne les voir que comme des vaches à lait dont je profite financièrement. Ce n'est pas tout à fait faux mais mes parents, c'est plus que ça. Bien sûr, le grand confort matériel dans lequel je vis depuis ma naissance facilite beaucoup de choses. Mais, même s'ils portent facilement la main au portefeuille, mes parents ont des valeurs et je sais que mon coming-out ne devrait pas poser trop de soucis. Ce n'est pas l'homosexualité de leur fils qui va représenter une déception pour eux. En famille, le journal télévisé ou les émissions de reportage de société sont généralement l'occasion de débats et de partages d'opinions. Papa et maman sont très larges d'esprit et nous avons déjà eu plusieurs fois l'occasion de parler sexualité. J'ai ainsi l'assurance que seul le bonheur de leurs progénitures importe. Pas la manière dont ce bonheur est atteint.

– Sauf avec les animaux hein Alex... tu sais bien que médecins et vétérinaires ne sont pas vraiment des amis.

Papa conclut souvent ses interventions sur des sujets sensibles par une note d'humour absurde. C'est sa manière à lui de montrer tout le sérieux de la substance principal de son propos.

Maman aborde souvent ces débats avec des considérations plus concrètes et ce sont souvent les aspects pratiques des choses qui l'interpellent. Sur le fait d'avoir des enfants dans les couples du même sexe, elle trouve dommage que seulement l'un des parents pourra être biologiquement père ou mère. Elle le pense sincèrement sans aucune arrière-pensée malsaine.

– Quand je vous regarde, toi et ta sœur, ce qui me fait chaque fois chavirer c'est d'admirer à quel point vous êtes l'addition de votre père et moi. L'amour de deux êtres, c'est la fusion de leurs identités. Et les enfants en sont la plus belle émanation. C'est un aboutissement qui ne peut être vraiment complet pour les gays ou les lesbiennes.

Et j'insiste, ce n'est pas le discours de quelqu'un qui serait contre la procréation assistée pour les homos. Elle est vraiment triste que tant de gens qui le mériteraient passent à côté de ça.

Non, mon homosexualité ne sera pas le soucis. Ce qui va les chagriner, c'est Sam. Et cela me renverra à toutes mes contradictions vis-à-vis d'elle. Ils l'aiment beaucoup et la considère depuis longtemps comme leur belle-fille. La récente séparation de ma sœur a été un coup dur pour eux. Ma mère a pleuré plus d'une fois, même si Charlotte n'avait de cesse de la rassurer en lui expliquant qu'ils se quittaient en bons termes. Son compagnon rêvait de mariage et d'enfants, ma sœur pas. Il était prêt à mettre sa carrière entre parenthèses et être père au foyer mais, même ainsi, Charlotte ne se sentait pas encore prête. Elle disait souvent qu'elle a eu la séparation la plus difficile qui existe parce que c'est dur de se quitter quand on s'aime encore si fort. Mais elle ne voulait pas l'enfermer dans une vie qui ne le rendrait pas heureux. Il avait promis qu'il pourrait s'en accommoder mais avait rapidement dû avouer qu'il n'en aurait sans doute pas toujours le courage. C'était la meilleure décision comme papa l'avait, avec son style bien à lui, si bien illustré :

– Il vaut mieux une bonne amputation nette et précise que de passer sa vie à soigner un membre qui se meurt.

Je me mets à imaginer quelle punchline il pourra sortir à mon égard. J'en accepterais sans doute plus facilement une si j'étais droit dans mes bottes. Mais, tout comme avec Kevin, j'ai décidé de m'en tenir à mon scénario.

– Tu as des nouvelles de Sam ? Elle est bien installée ?

– Oui maman. Je l'ai eue au téléphone hier. La maison où elle loge est parfaite et elle s'est faite une amie déjà. La voisine a son âge et est passionnée de littérature française.

– Ah, c'est chouette ça. C'est sûr que, du coup, ça permet de faire connaissance. Pas évident les premiers jours dans un nouveau pays.

Sur ces mots, mon père se lève et ramasse son assiette et ses couverts pour les porter en cuisine.

– Papa, attends. J'ai quelque chose à vous dire et c'est pas facile.

Suspendu à mes lèvres, mon père reste ainsi, debout avec sa vaisselle sale en équilibre incertain. Mes parents me regardent à présent, interloqués.

– Bon, en fait, c'est fini avec Sam.

Il m'est de plus en plus facile de mentir et le goût de la honte m'emplit déjà. Je ne suis pour autant pas encore expert en la matière et mon cœur sursaute à l'idée qu'ils en parlent avec elle à l'occasion.

– Quoi ? C'est, c'est sérieux ? C'est définitif ?

– Oui maman. D'autant plus définitif que c'est parce que j'ai rencontré quelqu'un d'autre pour qui mes sentiments sont encore plus forts.

– Tu es vraiment sûr de ça ? Sam et toi, vous êtes ensemble depuis si longtemps. Elle fait partie de la famille Alex.

– Je sais papa, je sais. Tu penses bien que je me suis torturé l'esprit plus d'une fois et j'ai retourné le problème dans tous les sens. J'ai essayé de me forcer, de revenir à la normale mais c'est impossible. La personne que j'aime est... c'est...

– C'est qui ? On la connaît ?

– Mais noooon. Arrête de m'interrompre maman. Ce que j'essaie de vous dire c'est que...

– C'est que tu aimes un garçon c'est ça ?

Merci papa. Tu n'es plus le seul homme que j'aime sur cette terre mais tu restes mon héros. Mes larmes sont ma seule réponse à sa question qui n'était que toute rhétorique. Ses mots avaient l'intonation d'une interrogation mais mon père savait qu'il tapait dans le juste. Nous sommes trois à pleurer à présent. Deux traits humides barrent le visage de ma tendre maman, tout comme le mien. Papa, quant à lui se retient un peu mais je vois clairement que ses yeux ne brillent pas uniquement à cause de l'éclairage de la cuisine.

– Pfiou. Ca c'est de la nouvelle ! Je vais pas te cacher que c'est un jour auquel on pense quand on est parent mais, du fait que tu étais avec Sam, je n'étais pas préparée pour toi. Ta sœur, à la limite, mais pas toi.

– Vous allez continuer de m'aimer ?

– Mais qu'est-ce que tu racontes-là ? Mais t'es pas mon fils pour dire une bêtise pareille ! Bien entendu qu'on va continuer à t'aimer. Arrête, je ne mériterais plus d'être ton père si ça changeait quoi que ce soit.

– Merci papa.

– La même chose pour moi Alex. Viens ici, viens, laisse-moi te faire un câlin. Interdiction de refuser.

Nous restons ainsi collés à trois. Papa a redéposé ce qu'il avait dans les mains pêle-mêle sur la table, il me caresse les cheveux d'une main et me donne des petites tapes dans le dos de l'autre. Maman a collé sa joue contre la mienne et ses pleures se mélangent aux miens. Aucun de nous ne semble vouloir briser l'harmonie de ce moment.

– Comment Sam a-t-elle pris la nouvelle, je veux dire, que tu la quittes pour un garçon ?

C'est papa qui lâche, le premier, la question. C'est maintenant que je dois jouer serré. Je regrette déjà ce mensonge. Avoir tout avoué à mes parents m'a enlevé un sacré poids et j'ai l'impression que je pourrais être en mesure de faire pareil avec Sam.

– Euh, elle n'est pas au courant. Et j'aimerais qu'elle ne le soit pas pour le moment.

– Que lui as-tu dit alors ? Elle n'a pas essayé de savoir pourquoi tu la quittes ?

C'est un véritable champ de bataille qui se déclare dans ma tête. Ce sentiment de confiance, procuré par ces aveux si bien acceptés, lutte contre mon impossibilité à sortir du scénario prévu. Une fois Sam envolée vers les États-Unis, la première question de Kevin avait été au sujet de la rupture. Nous avions conversé par texto ce qui m'avait permis d'être à l'aise dans mon script. Je ne pouvais pas raconter une version des choses à Kevin et une autre à mes parents. C'est mon père qui me tire, bien involontairement, de ce mauvais pas.

– Ah mais ça va être bizarre en fait alors !

– Euh, quoi, papa ?

– Bon, concernant la biologie, je t'avais parlé de Berkeley en Californie.

– Euh oui mais ne revient pas avec ça. C'est trop tard pour Berkeley, les inscriptions sont clôturées.

– Je sais mais, j'ai échangé des emails avec Christopher, celui chez qui loge Sam. Son école propose des cours préparatoires pour les étudiants étrangers. Avec l'aide de Charlotte, tu pourrais suivre le même chemin que Sam. Tu serais intégré dans une unité de biologie avec, à la clé, un examen qui t'ouvrira les portes de Berkeley. Tes trois années de médecine comptent dans la balance. J'attendais encore la réponse définitive du secrétariat avant de t'en parler mais ça pourrait le faire avec deux ou trois appels téléphoniques aux bonne personnes.

Mon père, ce fou à qui tout réussit ! Il ne finira jamais de m'étonner. Mais là, il m'énerve. J'explose :

– Mais quand arrêterez-vous de tout faire dans le dos des autres dans cette famille !

***

– Alex ?

– Oui mon chéri.

– Ca va ?

– Bof.

– Que se passe-t-il ? Rien de grave... Oh, tu as parlé à tes parents c'est ça ?

– Oui. Ca c'est fait.

– Et ? Comment ont-ils réagit ?

– Plutôt bien. Niveau coming-out, il y a eu des larmes mais c'était de l'émotion surtout. Ils doivent digérer l'info mais ça va aller.

– Et pour ta rupture d'avec Sam ?

– C'est là que ça se complique. Ils l'adorent mais ils s'en remettront.

– Tu leur a parlé de moi ?

– Euh, j'ai pas eu l'occasion en fait. Je t'explique le truc : tu sais que pour la biologie et depuis le beau coup qu'il a réalisé pour Sam, mon père me voit déjà inscrit à Berkeley ?

– Oui tu m'as parlé d'un truc comme ça mais je t'avoue que ça m'a fait peur alors je suis bien content que ce ne soit pas possible en fait.

– Eh bien, Monsieur-Le-Maître-Du-Monde ne s'est pas avoué vaincu. Il m'a dégotté une année de cours préparatoires dans une école de Los Angeles.

– Oh, c'est génial pour toi Alex !

– Non c'est pas génial. C'est la même école que Sam !

– ...

– Kevin ? Tu es toujours là ?

– Euh... oui. Je ne sais pas quoi dire. Tu vas accepter ?

– Bien sûr que non ! Ca va pas la tête ?

– Attends, réfléchis un peu. Tes parents sont prêts à te payer des études dans l'une des meilleures universités du monde et tu vas refuser ?

– Et toi ?

– Moi ? Je sais pas. C'est de toi dont il est question ici.

– Donc, si je comprends bien, tu me laisserais partir loin sans même essayer de me retenir ? Sympa !

– Non c'est pas ça. Bien sûr que je ne saute pas de joie. Mais, mets-toi à ma place. Tu es le mec que j'aime et je veux le meilleur pour toi. Si je t'oblige à rester pour moi, je te coupe les ailes et c'est le meilleur moyen pour que tu ne sois plus heureux avec moi. On sera séparés pendant une année scolaire seulement peut-être. Moi, il ne m'en reste qu'une à faire et je pourrais me mettre à bosser. Il doit bien y avoir des bureaux de design à Los Angeles dans lesquels un petit Français comme moi pourra postuler ?

– Vivre une année scolaire à distance ? Tu as vu ce que ça a donné avec Sam et moi ? Et c'était même pas une année complète !

– Quoi, tu vas à nouveau changer d'orientation c'est ça ? Tu vas te remettre avec elle ? Fais-toi confiance bordel ! Je le fais bien moi.

– Mais ça va pas être possible. Ca va être une torture de pas te voir, de pas te toucher, de ne plus faire l'amour avec toi.

– Moi, j'ai bien résisté jusqu'il y a peu non ? Dès le début de notre coloc j'ai dû ronger mon frein. Mais la différence maintenant, c'est qu'on s'aime. Tu es à moi, je suis à toi et je suis sûr que notre amour survivra. Et, si les voyages touristiques sont autorisés, je pourrais te rendre visite non ?

– Si tu le dis... Je sais pas. Viens déjà jusqu'ici. J'ai besoin de tes bras là. Y a urgence !

Notre échange se conclue par des nouvelles de Léa, chez qui Kevin est hébergé. Elle veut absolument que je passe chez elle avant de partir pour Los Angeles. Je lui promets de le faire. Kevin me dit qu'il prépare tout de suite sa valise et fera la route qui nous sépare demain dans la journée. Mais il insiste pour que je prévienne mes parents et que je leur parle un peu de lui avant. Ce que je compte bien faire.

Un SMS de Sam apparaît au même moment en haut de l'écran. Il doit être long car il est tronqué. J'embrasse Kevin et lui souhaite une belle soirée. Je sais que nous nous parlerons encore ce soir, par texto au moins.

"Coucou mon chéri. Christopher vient de m'apprendre ton plan pour me retrouver ! C'est trop génial ! Quand je rentre au logement, on se fait une visio sur la wifi ? Je suis trop contente, c'est une super surprise ! J'arrive pas à croire que tu seras bientôt ici, avec moi. Je t'embrasse partout et je te dis à ce soir."

Un second message vient s'ajouter au précédent :

"On peut aussi se parler demain si tu préfères, je ne rentres pas avant 18h et ça sera la pleine nuit pour toi. Bisous mon amour, je t'aime tant."

Une toile collante de mensonges, voilà dans quoi je suis empêtré. Je ne peux en vouloir qu'à moi-même, je l'ai tissée tout seul.

Continue Reading

You'll Also Like

33.8K 1.8K 35
[1] Et si depuis votre écran, il était possible de torturer des personnes ? D'un simple clic, choisissez une victime et ensuite décidez les tortures...
1.1M 46K 75
LA CHRONIQUE EST ACTUELLEMENT EN RÉÉCRITURE 📢 Uɴᴇ ᴄʜʀᴏɴɪqᴜᴇ ᴅᴇ ᴋɪᴅɴᴀᴘᴘɪɴɢ ᴘᴀs ᴄᴏᴍᴍᴇ ʟᴇs ᴀᴜᴛʀᴇs‼️ Venez découvrir l'histoire de Tessnim, une jeune fi...
332K 20K 35
[EN RÉÉCRITURE/CORRECTION] Tome 2 de The Guardian Club, si tu veux comprendre cette petite histoire, tu ferais mieux d'aller la lire avant, crois-moi...
2.5K 184 25
Contraint de quitter sa ville natale à cause de son harcèlement, Ely se retrouve à fréquenter un nouveau lycée peuplé de toute sorte de personnes dif...