Intrication

By TempestaireV2

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Seo se réveille à bord d'une station spatiale ennemie après l'évacuation de sa colonie. Outre la perte brutal... More

Chapitre 1 - La Catastrophe du Vide
Chapitre 2 - L'Entropie du Vide
Chapitre 3 - L'Horizon des Evénements
Chapitre 4 - L'Énergie du Vide
Chapitre 5 - Le Principe d'Incertitude
Chapitre 6 - La Mécanique Ondulatoire
Chapitre 7 - Fond Diffus Cosmologique
Chapitre 8 - Le Principe Anthropique
Chapitre 9 - L'Expérience des Fentes
Chapitre 11 - Conjonction Supérieure
Chapitre 12 - Désintégration du Vide
Chapitre 13 - L'Univers Primordial
Chapitre 14 - La Théorie des Cordes
Chapitre 15 - Le Mouvement Propre
Chapitre 16 - Les Dimensions Supérieures
Chapitre 17 - La Théorie du Tout

Chapitre 10 - Superposition Quantique

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By TempestaireV2

J'étais assez soulagé qu'Arès ait choisi de s'occuper d'abord de Feid. Pas parce que je n'avais pas envie d'en arriver enfin aux choses sérieuses – bien au contraire ! – mais parce que le voir à l'œuvre me rassurait.

Arès, malgré son gabarit de géant et ses yeux de prédateur, faisait preuve de beaucoup de douceur, plus d'ailleurs que ce que Feid, qui était d'un tempérament plus impulsif, était capable de supporter.

Le mnéméïde avait commencé par recevoir les doigts de son amant avec de petits grognements d'inconfort, puis finalement, lorsqu'il s'était habitué, il avait exigé plus. Il avait remonté son genou pour le placer sur ma cuisse, s'offrant aux doigts d'Arès et ses hanches cognaient d'impatience contre les miennes, frottant frénétiquement nos membres l'un contre l'autre, me suffoquant d'excitation.

Arès, l'air profondément satisfait, le tortura en ralentissant encore, et Feid finit par jurer entre ses dents et gronder d'une façon presque menaçante. L'Aphaïs me sourit alors de son plus beau sourire de carnassier. Entre les fesses de Feid, il me sembla qu'il plongeait quatre doigts, et ses doigts à lui étaient bien plus larges que les miens.

De sa main libre, il me tendit le tube de lubrifiant qu'il avait utilisé sur Feid un peu plus tôt.

― Occupe-toi de son sexe, Seo, caresse-le, m'intima-t-il. Et caresse-toi aussi, je veux te voir faire.

Je me sentis devenir écarlate. Je n'avais pas le niveau pour tellement d'assurance. Ma respiration s'accéléra et mon cœur s'emballa, presque paniqué.

― Du calme, dit soudain Feid, d'une voix basse, mais claire.

Je relevai les yeux vers son visage et découvris son regard sombre, voilé par le plaisir, rivé sur moi avec cette habituelle concentration qu'il avait quand il essayait de décoder mes expressions.

― Fais ce qu'il te dit, ne réfléchis pas. Laisse-toi guider.

Feid posa la main sur mon torse, qu'il caressa en descendant lentement vers mon ventre et jusqu'à nos membres tendus. De son autre main, il me prit le tube des doigts, le suspendit au-dessus de ma paume et pressa pour faire couler le lubrifiant transparent. Il en versa une généreuse quantité. Son souffle était rapide et il émit plusieurs halètements désespérés en réponse aux gestes que faisait Arès entre ses fesses pour l'aider à s'ouvrir.

Je plongeai ma main entre nos deux sexes et le fixai pour voir sa réaction lorsque je saisis son membre. J'étais si concentré sur son visage, sur celui d'Arès, sur l'effet que ça me faisait de le voir au-dessus de nous, en train de l'ouvrir avec ses doigts, que je n'avais pas remarqué que le membre de Feid s'était autant engorgé. Il était si épais maintenant !

Il était brûlant et lourd dans ma main, long et très ferme et la première chose que je remarquai fut les veines saillantes qui le parcouraient.

Feid se cambra à mon contact, s'empalant sur les doigts d'Arès et s'enterrant dans ma main avec un profond grondement de contentement.

J'osai alors les caresses. Lentement, je fis glisser ma main le long de la hampe, enduisant de lubrifiant la peau soyeuse. Je découvris avec plaisir les légères différences anatomiques : l'absence de prépuce, le gland plus large à la forme légèrement ovale... Feid était épais et long, peut-être vingt-cinq centimètres, ce que je trouvais déjà vraiment énorme. Puis j'osai un coup d'œil vers le membre d'Arès et dus revoir mon estimation de ce qu'état un gros sexe.

Le membre de l'Aphaïs était un monument érigé à la gloire de la débauche. Proportionnel à son imposante stature, il mesurait au moins trente centimètres et devait faire la largeur de mon poing fermé. J'étais à peu près certain que dans mon corps à moi, il ne rentrerait jamais, et cette pensée me déçut.

Feid surprit mon regard et eut un léger sourire, ses pupilles étaient deux puits noirs entre ses paupières plissées.

― Pas ce soir, fit-il, le souffle court. Ce soir tu es à moi.

Je souris, soufflé par sa manière si naturelle de me revendiquer. Ma main remonta sur son membre, l'explorant avec délice, étonné de trouver cela si agréable.

― Je ne crois pas que j'en serais capable un autre soir non plus, dis-je en osant fixer le membre d'Arès. Je ne suis pas sûr que nous soyons anatomiquement compatibles.

― Feid était naturellement aussi serré que toi, m'apprit Arès. Si un jour tu en as envie, je t'ouvrirai.

Je ne pus réprimer un grand frisson à ces mots, ils ressemblaient à la fois à une douce promesse de plaisir et à la menace d'un irrésistible tourment.

― J'en ai déjà envie, avouai-je, ce qui fit s'étrécir sa pupille en une fine ligne verticale.

Cet aveu était intimidant à faire, mais je ne voulais pas qu'il s'imagine que son corps ne me plaisait pas alors que c'était faux. Lui m'avait accepté, il m'avait pris dans ses bras, réconforté et ramené chez eux, sans même me connaître.

Je tendis mon autre main vers lui et effleurai son gland, lourd et massif. Il était dur et ferme, plus chaud encore que le sexe de Feid. Je les caressai tous les deux, leur tirant des soupirs.

― Touche-toi aussi, exigea Arès, me rappelant à l'ordre.

Obéissant, j'attirai alors mon sexe dans ma main, avec celui de Feid. Je ne pouvais plus tout à fait refermer les doigts à cause du volume, mais sentir la peau de Feid contre la mienne, à cet endroit, était renversant.

Arès offrit sa main libre à son amant et Feid versa du lubrifiant sur sa paume, en enduisit ses doigts d'une façon lente et érotique, le regard rivé sur lui.

― Je veux voir, exigea le mnéméïde.

Et il tendit son mnéis qu'il souleva pour le passer autour des épaules d'Arès, assurant le contact entre eux. Les doigts de l'Aphaïs plongèrent alors lentement entre mes fesses et je pris une vive inspiration quand il effleura mon anus.

Mes yeux se levèrent vers le mnéis de Feid que je regardais plus en détail, son extrémité particulièrement. Elle était exactement aussi large que son membre en érection. Et le bout était également légèrement ovale. Néanmoins, je devinai que cela n'allait pas passer facilement.

Les doigts d'Arès caressèrent mon entrée sensible, jouant avec, passant lentement sur l'intérieur de l'anneau déjà légèrement relâché par le lavement. C'était tellement différent d'une préparation à un acte médical. Arès prenait son temps, il n'était pas seulement attentif, il était tendre aussi, je sentais qu'il aimait ce qu'il me faisait, et il n'y avait aucun autre but que le plaisir en cet instant.

― Il est tellement étroit, tu vas adorer, murmura l'Aphaïs.

Feid hocha lentement la tête et pressa ses lèvres contre ma pommette avant de descendre mordiller l'angle de ma mâchoire.

― Oui, je sens ça...

J'écarquillai les yeux, j'avais ralenti mes caresses sur nos membres, incapable de gérer à la fois la sensation de toucher leurs sexes en plus du mien, et celle de sentir les doigts d'Arès jouer avec mon entrée.

― Tu sens ce qu'il me fait ? m'étonnais-je.

Feid hocha la tête, le visage enfoui contre ma gorge. Arès sourit, il fixait son regard sur mes fesses.

― Et il voit aussi.

― Je n'arrive pas à le croire...

― Bientôt, tu vas l'expérimenter.

Et tout en disant cela, il me glissa délicatement son index. Feid et moi soupirâmes à l'unisson. Moi parce que j'étais pénétré, et Feid parce qu'il sentait Arès s'enfoncer en moi.

― Est-ce..., commençai-je haletant. Est-ce que le mnéis est sensible ? Est-ce que ce sera agréable d'être en moi ?

Arès m'adressa un regard pétillant.

― Il est aussi sensible qu'au niveau des doigts. Le mnéis ne sert pas à la reproduction mais c'est aussi un organe de plaisir. Ce sera moins puissant qu'avec son sexe, et il ne pourra pas jouir, mais il va aimer te pénétrer.

Feid mordillait ma gorge. Je raffermis la pression sur nos sexes. Le doigt d'Arès initia de petits mouvements circulaires. Il ne fit pas de va-et-vient, il m'aidait simplement à m'habituer, et je me relâchai facilement autour de lui. Après des jours à être forcé par des machines et contraint par des médecins, découvrir le sexe pour le plaisir était étonnamment facile et naturel. Toutes mes craintes refluaient, et je me sentais de plus en plus à l'aise, de minute en minute.

― Je ne te fais pas mal ? me demanda Arès.

― Absolument pas.

― Bien, tu es détendu. On peut continuer.

Et toujours avec précautions, il retira son doigt, et m'en présenta deux à la place. La pénétration fut douce et lente et j'avais l'impression que leur excitation à tous les deux était momentanément retombée pour faire place à autre chose. Ils étaient profondément attentifs, l'intensité du regard de Feid sur moi était troublante et Arès avait cessé de le préparer, laissant simplement ses doigts en lui.

À force de petits va-et-vient et de mouvements circulaires pour me dilater, Arès parvint à faire entrer ses deux doigts en moi. Je soupirai en sentant qu'il bloquait sur les dernières phalanges, troublé à la fois par le léger inconfort d'être un peu plus ouvert, et par le plaisir de l'avoir pris en moi.

Et soudain quelque chose de totalement irréel se produisit. Toutes mes sensations se fragmentèrent et je basculai dans un monde de perceptions inconnues. Il me sembla tout à coup que j'avais trois corps, étroitement enchevêtrés. Je sentais les doigts d'Arès en moi, mais je percevais aussi la sensation de mes parois douces fermées autour d'eux, et je sentis celles de l'intérieur du corps de Feid, plus ouvert, à l'intimité douce et chaude également. Je percevais ma propre main, sur le membre d'Arès, mais de son point de vue à lui, je sentis la chaleur de ma proximité, du point de vue de Feid, le goût de ma peau contre laquelle il pressait sa bouche.

Aux perceptions physiques se mêlèrent des éclats d'émotions : la joie d'Arès qui venait de comprendre que nous étions entrés en contact, et une masse intense et compacte d'émotions puissantes comme du diamant brut, mélange de plaisir, de désir, de satisfaction et d'impatience, de surprise, de joie. La psyché de Feid.

Je sursautai. Mes muscles intimes se crispèrent et je pris une inspiration paniquée. Les doigts d'Arès glissèrent légèrement vers l'extérieur et le lien se brisa. Cela n'avait duré qu'une seule longue seconde.

― Hé ! me rassura Arès dans un souffle, un sourire ému sur les lèvres. Tout va bien, Seo, tout va bien. C'était juste nous.

Je papillonnai des yeux, le souffle court, complètement choqué. C'était une chose de me dire que j'allais avoir un lien télépathique avec eux, et une autre de le vivre. En réalité, je n'avais pas été en mesure d'imaginer ce que cela serait, et je m'en rendais compte maintenant. J'avais naïvement cru à quelque chose comme entendre leurs voix dans ma tête, comme une conversation par transmetteur que j'aurais reçue dans un casque. Rien de plus.

Je n'aurais jamais supposé tout le reste. Les sensations simultanées, l'impression de sentir les choses des deux côtés d'une même paroi, les émotions à l'état brut, l'immédiateté de la pensée... Et le fait de les sentir tous les deux en même temps. Je n'avais pas réalisé que si j'étais connecté à l'un, j'étais aussi connecté à l'autre, puisqu'ils se touchaient.

Feid caressa ma joue et se redressa un peu pour que nos regards se croisent. J'étais encore sous le choc de ce qui venait de se passer.

― Dis-moi que ça va, m'implora-t-il. Dis-moi que tu ne veux pas arrêter. Maintenant que je t'ai senti je ne veux plus attendre, j'ai envie de te percevoir en entier. Je veux un lien stable.

Je perçus le regard d'Arès, posé sur son amant avec un mélange de plaisir et de fierté. Il avait dit plus tôt que Feid ne parlait pas au lit. Mais avec moi, il était contraint de faire l'effort de dire à voix haute ce qu'il désirait. Et cela avait l'air de beaucoup plaire à Arès. Qu'éprouvaient-ils en cet instant, tous les deux ? Que percevaient-ils de l'autre ? À quel point leurs sensations étaient-elles mêlées ? Maintenant que la première surprise était passée, j'avais envie de le savoir.

Les humains parlaient souvent de l'amour physique comme d'un moyen de ne faire qu'un avec l'autre. Cela me semblait à présent très en-dessous de la vérité. Les facultés humaines étaient incapables de ce genre de prodige. Mais Arès et Feid pouvaient m'entraîner vers des abysses de plaisir et de sensations intimes entièrement partagées.

― Pardon, soufflai-je, j'ai été surpris. Ça va. Tu peux continuer, Arès. Je veux vous sentir encore. C'était incroyable.

Le soulagement de Feid se peignit sur son visage et il plongea à nouveau contre ma gorge pour embrasser et mordiller ma peau avec possessivité, comme s'il voulait me marquer.

Arès recommença ses caresses intimes, entrant doucement en moi, attendant que je me relâche à nouveau.

― Je ne te touche pas assez profondément et avec suffisamment de surface de peau pour établir un lien stable, m'expliqua-t-il en caressant mes parois, mais tu pourrais avoir d'autres flashs... Essaye de ne pas te crisper, je ne veux pas te faire mal.

― Oui...

J'expirai lentement et à nouveau, mon anneau de muscles se desserra, offrant un accès facile à Arès. Il plongea ses doigts en moi jusqu'à la dernière phalange, et je me concentrai, espérant les sentir à nouveau. Cependant rien ne se produisit.

À la tension qui régnait, cette espèce d'attente fébrile que je percevais dans l'air, je sus qu'ils étaient aussi avides que moi de sentir se reformer le lien entre nous.

Arès effectua de lents mouvements de va-et-vient en moi, me faisant à nouveau haleter et gémir. Au même rythme, il recommença à préparer Feid qui respirait aussi lourdement que moi. Puis l'Aphaïs retira ses doigts et me pénétra à nouveau, avec trois cette fois.

Je me mordis la lèvre, surpris par la légère brûlure et le tiraillement pénible, alors que jusque là, je n'éprouvais aucune douleur.

Arès, très attentif à moi, s'en rendit compte immédiatement, et au lieu d'essayer de me pénétrer, il massa à nouveau mon anneau de muscles, le cajola comme pour le convaincre de s'ouvrir jusqu'à ce que je soupire de plaisir. Il plongea à nouveau en moi lorsque je fus parfaitement détendu et il effectua plusieurs pauses pour me laisser le temps de contrôler les petits spasmes naturels de défense. Le lien se forma à nouveau, m'envahissant tout à la fois de pensées, d'émotions et de sensations qui n'étaient pas les miennes.

Je sentis cette fois encore la brusque chaleur du plaisir d'Arès, lorsqu'il perçut notre connexion, et je ressentis tous nos contacts depuis chaque point de vue, dans les détails les plus infimes. La tension du corps d'Arès toujours penché au-dessus de nous, le désir bouleversant de Feid qui bandait chacun de ses muscles, presque douloureusement. Le mnéméïde avait envie de nous, d'Arès et de moi, avec une telle intensité que je compris pourquoi il parlait si peu. Il était inutile d'essayer d'exprimer cela par des mots, les mots étaient insuffisants.

Le lien se rompit et je me retrouvai seul, grognant de frustration. Je pris les lèvres de Feid, durement, le heurtant avec toute la force du besoin que je venais de sentir en lui, et lâchant le sexe d'Arès, je tendis le bras, enserrai la nuque de se dernier et l'attirai à nous pour dévorer sa bouche en même temps que celle de Feid.

― Ça suffit, dis-je en cessant de les embrasser, les prenant visiblement par surprise. Je veux vous sentir complètement. Je ne peux plus attendre.

Feid avait les yeux entièrement noirs et son torse se levait à s'abaissait au rythme de son excitation. Les pupilles d'Arès s'étaient dilatées également, ce qui ne rendait pas ses yeux de reptile moins effrayants.

― Tu es sûr ? demanda-t-il de sa voix profonde. Tu n'es pas tout à fait prêt, le mnéis de Feid est plus large que trois...

― Je suis sûr ! tranchai-je. Je t'en prie, dépêche-toi.

L'Aphaïs eut un rire silencieux qui révéla deux rangées de couteaux acérés. Mais obéissant à mon injonction, il retira ses doigts de moi.

Immédiatement le sentiment de vide revint, et l'inconfort d'être ouvert et élargi sans être rempli me frappa. Arès retira également ses doigts de Feid.

― Allonge-toi sur le dos, demanda l'Aphaïs à son amant. Le premier lien sera moins déstabilisant pour lui s'il est déjà en contact physique avec toi.

Feid hocha la tête et se tourna pour se placer sur le dos, m'attirant afin que je m'allonge sur lui, sur le ventre. Nos poitrines se soulevaient l'une contre l'autre et je callai mon visage dans le creux accueillant entre son cou et son épaule.

Je sentis derrière moi Arès qui me préparait. Il me fit écarter les jambes de part et d'autre de celles de Feid, et ancrer les genoux dans le lit. Ma croupe se retrouva légèrement relevée, mes reins cambrés et Arès m'écarta les fesses.

― Tu es tellement excitant, murmura Feid qui me regardait par les yeux de son amant.

Je tournai légèrement la tête pour voir Arès verser du lubrifiant sur ses mains, saisir le mnéis de Feid, qui reposait comme un serpent sur ses épaules, et l'enduire sur une longueur affolante.

J'étais très dur contre Feid, et il était rigide contre moi.

Mon entrée était si glissante qu'elle n'avait plus besoin d'être lubrifiée, du moins de mon point de vue. Je pris donc une vive inspiration surprise lorsqu'Arès pressa le tube dans mon anus, l'introduisit sur deux ou trois centimètres, et pressa, éclaboussant mes parois internes de lubrifiant froid.

― Désolé, je sais que c'est inconfortable mais je ne t'ai pas dilaté en profondeur, et Feid va entrer loin. Ce lubrifiant est conçu pour protéger les orifices étroits.

― Vous avez un lubrifiant pour ça ? ris-je, nerveux malgré mon impatience.

― Oh oui ! Tout membre d'une autre espèce qui souhaite devenir intime avec en Aphaïs en a besoin.

Mon rire avorta parce qu'Arès venait de retirer le tube de mon anus et que je le sentis déposer le mnéis de Feid sur mes fesses.

Feid plaqua une main forte et possessive sur ma nuque. Arès guida l'extrémité du mnéis contre mon anus, et me tint les fesses bien écartées pour faciliter la pénétration.

― J'ai envie de faire ça depuis des jours, gronda Feid. Depuis le soir du jour où je t'ai rencontré, quand Arès m'a expliqué que c'était possible.

Le bout légèrement ovale du mnéis se pressa contre mon anus entrouvert et se faufila délicatement en moi. Les premiers centimètres furent faciles, et j'accueillis naturellement l'agréable sensation d'être à nouveau plein. Je haletai de plaisir, au même rythme que mes deux amants à qui la pénétration semblait faire beaucoup d'effet.

Feid arriva très vite à ma limite et commença à pousser doucement. Il était vraiment large, lourd, et dur. Et je fus surpris de sentir la force musculaire de son mnéis, il ressemblait pourtant à un long serpent souple, je ne l'aurais pas imaginé aussi puissant.

Soudain, il glissa contre un point précis, ne le pressant pas assez fort pour me faire décoller, mais suffisamment pour me donner un aperçu du bien qu'il allait me faire. Je me concentrais pour me laisser envahir sans résister, malgré le volume qui devint très rapidement un problème, même dans la première dizaine de centimètres.

Feid sentit ma détresse et ralentit. Les doigts d'Arès se glissaient entre le mnéis et mes chairs et les étiraient progressivement, comme s'il jouait avec la texture d'un tissu élastique. Malgré ma volonté de le prendre, je finis par atteindre ma limite, et j'allais implorer qu'ils fassent une pause, au moment où le lien se forma.

Cette fois, ce ne fut pas un flash passager et confus, un caléidoscope flou de pensées et de perceptions. Cette fois, le lien fut stable.

Nous nous figeâmes tous les trois et cessâmes de respirer.

Dans les premières secondes, je sentis uniquement leurs esprits inquiets qui fouillaient le mien. Ils y cherchaient la douleur, la crainte, l'inconfort. Je perçus toute la sincérité de leur sollicitude et je me sentis entouré et protégé.

Puis Arès s'exprima à haute voix :

― Tu peux établir le premier contact de pensées, Feid, mais va doucement, comme avec un nourrisson. C'est sa première expérience mnéique.

Je sentis Feid acquiescer mentalement, et lentement, comme un niveau d'eau qui monte, il me donna accès à ses émotions. Il avait apparemment réprimées, forçant son esprit à rester le plus neutre possible, ce qui devait être un exercice de concentration intense.

« Ferme les yeux », m'intima son esprit. Je frissonnai de surprise. Ce n'était pas du tout comme entendre sa voix. C'était plutôt comme entendre mes propres pensées. Mon cerveau reconstituait le message et y associait des mots et une voix, et je savais que c'était lui, comme si je pouvais reconnaître son empreinte. J'obéis sans mal, aimant l'idée de me concentrer sur ce que je ressentais d'eux, plutôt que sur ce que je voyais ou entendais. C'était une expérience intime et intérieure, plus intime qu'aucune expérience humaine que j'avais jamais vécue.

Je me blottis davantage contre lui, enfouissant mon visage contre sa gorge. Je perçus leur plaisir, leur tendresse. Et je me sentis profondément et intensément heureux. Je n'avais jamais rien éprouvé de semblable, c'était au-delà des mots. Je découvris avec fascination comment fonctionnait l'esprit d'Arès qui n'avait pas une once de jalousie envers moi, et qui vivait même ma présence dans leur lit et dans leur appartement comme un besoin enfin comblé. Je sentis que Feid était parfaitement satisfait que je sois là, parce qu'il faisait plaisir à Arès, qu'il savait qu'il allait me faire du bien à moi, et parce qu'il me désirait pour lui. Pour eux, jalousement.

Je ne perçus aucune malice, aucune intention de se jouer de moi, ils n'étaient que respect, acceptation, désir et possession. J'étais à eux, je le sentis. Pas seulement pour quelque heures ou pour quelques temps. Ils désiraient que je leur appartienne définitivement, et ils craignaient que je refuse, ou que je ne sois pas heureux.

Tout cela, je le sentis dans un complexe réseau de pensées qui ne furent même pas formulées en mots, mais qui flottaient entre eux comme des références à des réflexions communes.

Leur façon de penser était stupéfiante. C'était impossible à concevoir sans l'avoir ressenti : leurs deux esprits, visiblement habitués à fonctionner ensemble s'assemblaient et se complétaient, parfaitement à l'aise l'un avec l'autre. Chacune de leurs personnalités demeurait intacte et distincte, mais dans l'espace qui se trouvait entre eux, les pensées communes à leurs deux esprits s'entrelaçaient et formaient une harmonie à laquelle ils m'invitaient.

« Termine de le pénétrer », intima doucement l'esprit d'Arès à celui de Feid, tandis que la main de l'Aphaïs caressait le mnéis. Feid qui avait jusque là muselé ses émotions perdit momentanément le contrôle et laissa éclater une bulle de joie et d'excitation à cette perspective. Je frissonnai physiquement, sentant la réplique de son émotion me parcourir. Et ma joie répondit à la sienne, comblé qu'il aime être en moi autant que j'aimais l'avoir à l'intérieur.

Feid reprit la pénétration en caressant mes reins, tandis qu'Arès travaillait toujours le pourtour de mon anus, m'aidant d'une façon aussi efficace que douloureuse. Ce qui était étrange était que maintenant, ils sentaient que j'avais mal. Mais au lieu d'être troublés ou ébranlés de souffrir avec moi, je me rendis compte que cela les soulageait et les rassurait. Ils pouvaient ainsi s'assurer que c'était supportable et que la douleur physique ne s'associait pas à une émotion négative ou au sentiment d'être blessé.

Vers vingt centimètres, je finis par ne plus pouvoir supporte la pénétration et Feid anticipa ma douleur. Il arrêta de progresser en moi bien avant que j'atteigne le point où cela devenait trop pénible, me surprenant par sa prévenance.

Au-dessus de nous, l'esprit d'Arès nous réconforta tous les deux, moi parce que j'avais mal et Feid parce qu'il me faisait mal et n'aimait pas cela du tout.

« Encore », l'encouragea l'Aphaïs après un court répit. « Ancre-toi, le lien sera plus stable. » Je sentis l'hésitation dans l'esprit de Feid, la manière dont ma douleur se reflétait en lui. En réponse, Arès invoqua des images de leurs propres ébats, je vis l'énorme membre de l'Aphaïs pénétrer Feid, lui faire mal, et entrer quand même, pour le plus grand plaisir du mnéméïde. Arès lui rappela que lui-même n'avait jamais détesté être forcé, les petites adaptations anatomiques parfois un peu délicates étaient normales entre espèces.

Feid finit par accepter, mais je sentis que me faire mal ne lui plaisait vraiment pas. Il poussa doucement. Malgré moi, mon corps réagit à la brûlure de la pénétration par un léger spasme. Feid s'immobilisa aussitôt. « Pardon », me dit son esprit, et ses bras se resserrèrent autour de moi, me communiquant tendresse et réconfort.

Les doigts d'Arès se refermèrent alors sur le mnéis et je vis dans son esprit ce qu'il allait faire, en même temps que Feid. Je sentis simultanément ma crainte, la confiance d'Arès qui était certain de ce qu'il faisait et de ma capacité à en recevoir plus en moi, et le mélange de réticence et d'excitation de Feid.

Et puis fermement, Arès guida le mnéis en moi. Il effectua plusieurs va-et-vient très courts, me faisant l'amour avec le membre de son amant, puis, ayant constaté que mes chairs étaient assez souples malgré leur douloureuse tonicité, il le plongea en moi, inexorablement.

Je poussai un long gémissement entre mes dents serrées. Feid était tendu contre moi. Dans la masse compacte de ses émotions si intenses, je sentais s'affronter des courants contradictoires : il prenait un plaisir immense à s'enfoncer en moi, et il adorait qu'Arès le pousse à me prendre, sans plus rien maîtriser. Il aimait que je ne contrôle rien non plus, que je sois pénétré par la force, il sentit même le refus de mon corps, les tentatives inutiles de mes muscles pour empêcher l'intrusion, et tout cela embrasa furieusement ses reins. Et venant à rebours de ses émotions les plus immédiates, un courant contraire de sincère culpabilité enfla dans sa poitrine.

Ce sentiment-là me sembla plus intolérable que la douleur dans mes reins. Mille fois plus. Et pour combattre ces remords qui germaient dans son esprit, j'abandonnai toute résistance, physique comme morale, lui prouvant qu'il ne me faisait rien que je n'aie pas entièrement accepté. J'accueillis complètement le mnéis, je fis savoir à Arès que ses gestes étaient les bienvenus, que malgré la douleur, j'aimais qu'il m'ouvre, ce qui était vrai. Cet abandon total eut pour effet de me laisser complètement submerger par la volonté de l'Aphaïs. Ce fut comme s'il maîtrisait mon corps, et avec une fermeté pleine de douceur, il me fit prendre Feid jusqu'à ce qu'il me pénètre sur presque trente centimètres.

Je ne pus retenir de petits couinements de détresse, j'étais si plein ! Arès, ravi par ma confiance, m'enfonça le mnéis jusqu'à être satisfait par la profondeur et la pénétration. Il caressa le pourtour de mon anneau distendu, testant l'élasticité qui avait atteint son maximum. Ma douleur et le plaisir que prenait Feid à être piégé dans mon corps si étroit, se reflétèrent dans l'esprit de l'Aphaïs, parfaitement contrebalancés comme si le monde était à sa place.

Je mordillai la gorge de Feid qui conservait un fond d'anxiété.

― Je vais bien, le rassurai-je à voix haute. La douleur s'estompe.

Puis je fermai les yeux et ressentis, simplement, profondément, pendant plusieurs secondes, le plaisir d'avoir été défloré. Il était si émouvant de sentir son mnéis plongé au fond de moi, de vibrer du bonheur de m'être donné à lui, à eux. J'avais été dépucelé par le corps de Feid, mais c'était Arès qui avait exécuté l'action. D'une certaine façon, ils m'avaient pris ma virginité tous les deux. J'adorai me dire cela. Je laissai cette pensée merveilleusement érotique s'imposer à mon esprit, embraser mes reins, exciter mes fantasmes. Je laissai se graver en moi l'image de la main d'Arès guidant le membre au fond de mon corps, extraite de la mémoire immédiate de l'Aphaïs.

Et je sentis que ma perception positive de l'expérience éteignait toute culpabilité chez Feid, le soulageait, et décuplait son excitation. Je sentis sa reconnaissance, et une bouffée presque suffocante de plaisir et de tendresse, mêlée à l'assentiment profond d'Arès dont la confiance en mes réactions n'avait pas faibli une seule fois.

Après cette première pénétration, je compris que le sexe était momentanément remis à plus tard. Sans savoir exactement de quoi il s'agissait, je sentais leurs esprits évoquer une pratique importante qu'ils devaient d'abord avoir avec moi.

Arès, sans relâcher le mnéis, pour rester en contact avec nous, s'allongea sur le côté, et Feid nous fit à nouveau basculer sur le flanc pour que je me retrouve pris dans leur étreinte. Je frissonnai parce que le mouvement avait frotté imperceptiblement le mnéis au fond de moi, renforçant le sentiment d'être délicieusement écartelé de l'intérieur.

À ma grande surprise, Feid adorait cette façon de communiquer avec moi, si nouvelle pour un membre de son espèce, habitué à échanger par simples légers contacts. Il ne considérait pas du tout le fait de devoir me pénétrer comme une contrainte, un moyen délicat et plein de précautions embarrassantes, au contraire. Il sentait à quel point c'était intime, particulièrement pour moi qui étais vierge quelques minutes plus tôt. Il sentait combien je me sentais livré à eux, vulnérable, intensément sensible, et profitant de mon état de fragilité émotionnelle, il me submergea d'émotions.

Je ressentis tout de plein fouet, comme si une tempête gigantesque s'était levée et avait fondu sur moi. J'eus l'impression de vivre une seconde éruption solaire, mais une belle, cette fois, une qui réparait au lieu de détruire. Je fus noyé au milieu d'un sentiment de réconfort bouleversant, Feid m'attira au cœur de ses émotions, dans un mélange volcanique de douceur violente, de désir brûlant, d'amour naissant, à vif, étreint par une exigence de propriété indiscutable.

Dans son esprit, il n'en était même pas à se demander si je pouvais faire partie de leur famille, si j'étais compatible avec eux, si Arès me désirait aussi, si un équilibre allait naître entre nous. Il savait tout cela avec une absolue certitude, parce qu'il le sentait au plus profond de lui, de nous, et il voulait que je sache que j'étais déjà à lui, à eux, déversant directement dans mon cœur un océan de confiance.

« C'est le réconfort que je voulais t'offrir depuis le début », me dit son esprit en me faisant voir notre première rencontre, les expressions tristes et anxieuses de mon visage, sa frustration à ne sentir aucun lien mnéique se former quand il m'avait touché.

La psyché d'Arès se superposa à celle de Feid, m'offrant la même consolation merveilleuse, déversant en moi les mêmes sentiments à la douceur touchante, les offrant aussi à Feid qui les lui rendait.

Arès changea de position et s'installa sur le lit. Feid me poussa doucement sur le côté et je me retrouvai à nouveau entre eux, étreint par leurs corps.

Pendant presque une heure, ils ne firent rien d'autre que m'aimer. Je recevais caresses et baisers, leurs mains étaient partout sur moi, et leurs esprits m'envahissaient complètement. Toute douleur fut éclipsée et écartée, je n'éprouvais plus ni tristesse, ni solitude, ni peur. Je flottai dans un océan de bien-être et de paix.

Je compris que c'était l'état que les médecins avaient cherché à me faire atteindre, c'était cela que j'aurais dû ressentir grâce au traitement. Et je compris pourquoi cela n'avait pas marché. On ne pouvait pas imiter ce que je ressentais en cet instant avec quelques orgasmes et des contacts offerts en milieu médical ; il fallait que les émotions soient vraies.

Arès et Feid se concentraient pour ne pas penser, et seulement ressentir et partager. C'était comme un état de profonde méditation auquel ils avaient dû s'habituer au fil de longues années passées à former des liens avec leur entourage. Moi, mon esprit n'avait pas une telle discipline. Ayant toujours été seul dans ma tête, j'étais habitué à sauter d'une idée à l'autre, librement, bruyamment et sans discipline. Je me sentis gêné au début de leur imposer le désordre qui régnait en moi, alors qu'ils se contenaient pour ne pas saturer mon esprit des leurs.

Mais ils me firent sentir que je ne les gênais pas, qu'ils étaient curieux de la manière dont je réfléchissais, qu'ils étaient heureux de faire ma connaissance de cette façon. Ils attendirent tous deux que mon état émotionnel se stabilise complètement, et ils ne furent satisfaits que quand ils me sentirent profondément serein.

Lorsque je parvins enfin à un état qui leur convenait, les caresses qu'ils n'avaient jamais cessé de me prodiguer changèrent peu à peu.

La douceur devint désir, et la chaleur devint brasier. Feid recommença à m'embrasser comme s'il voulait me dévorer et Arès joua avec le mnéis, le faisant coulisser en moi. La sensation était purement extatique. Le très long membre glissait hors de moi sur une vingtaine de centimètres, avant d'entrer à nouveau, me ravageant de merveilleuses décharges sur son passage, frottant longuement ma prostate. Je devins rapidement fou de plaisir et mes deux amants changèrent à nouveau de position.

Feid me poussa sur le dos et se plaça au-dessus de moi, entre mes cuisses écartées par le passage de son mnéis. À nouveau nos membres durs furent l'un contre l'autre. Je tremblais de sentir leur excitation, leurs émotions brûlantes et les pensées obscène qui peuplaient leurs esprits.

Arès s'installa au-dessus de nous, fit à nouveau pénétrer ses doigts dans l'intimité de Feid, et comme il me l'avait fait un peu plus tôt, il lui inséra le tube de lubrifiant, et versa une grande dose directement à l'intérieur. L'Aphaïs et moi sentîmes très bien le froid et le léger inconfort de Feid, et comme son visage reposait sur mon épaule, j'embrassai sa tempe et caressai sa nuque, juste sous le mnéis.

Puis Arès lubrifia son propre membre, m'adressa un sourire de carnassier tenant sa proie entre ses griffes, et pressa son sexe contre l'entrée de Feid. Je vis tout à travers son regard, et ma seule pensée fut que cela n'allait pas entrer. Le membre d'Arès était trop volumineux.

« C'est ce que je me dis à chaque fois », m'apprit Feid, amusé par mes pensées.

« Et il me prend à chaque fois », contra l'esprit d'Arès, espiègle. « Tu me prendras aussi quand tu seras prêt, Seo. »

Je sentis le frisson de leur excitation à tous les deux, et le gland d'Arès poussa dans l'intimité de Feid qui se tendit légèrement sur moi.

Je ne cessai de le caresser, et Arès se pencha vers nous. Tout en pénétrant Feid d'un coup de reins ferme et maîtrisé, il ravit mes lèvres qu'il mordilla de ses crocs avant de plonger sa langue en moi.

Feid et moi gémîmes en même temps. Feid de douleur, moi de plaisir. Le tiraillement de la pénétration se répercuta à travers le lien et par réflexe, j'enveloppai l'esprit du mnéméïde, en même temps qu'Arès. Notre réconfort le toucha, mais il allait bien, et Arès continua à s'enfoncer lentement en lui. L'ouverture était terriblement difficile, pourtant, je lus dans l'esprit de Feid que leur dernier rapport remontait à peine deux jours lorsqu'ils s'étaient retrouvés après le travail. Il n'était apparemment pas possible de s'habituer à un tel volume.

L'excitation d'Arès nous submergea tous les deux. Il adorait se sentir à l'étroit, contenu et serré dans le corps de son amant et il poussa un grondement bas de pur contentement en poussant son sexe jusqu'au fond. Feid cria et haleta, étourdi de douleur mais tellement bouleversé d'être plein et de sentir le profond ravissement d'Arès, qu'il était évident qu'il adorait ça.

Alors chacun de nous perdit tout contrôle. Arès se redressa et agrippa les hanches de Feid, d'une main, de l'autre, il saisit son mnéis à la base, maintenant sa tête sur mon épaule dans un geste profondément dominateur. Il s'ancra en lui et le laboura d'abord lentement mais durement, puis finalement, sans aucune retenue, s'enfonçant jusqu'au bout, et se retirant complètement, avant d'entrer à nouveau. Feid criait, sa voix grave était montée d'une octave, et il répondit à la frénésie torride qu'il subissait, par des mouvements de reins incontrôlables, frottant son sexe contre le mien d'une manière bestiale. Son mnéis s'activa en moi, m'arrachant des cris semblables aux siens, en particulier quand il intensifia l'allure et la profondeur de ses va-et-vient.

Il était incapable d'arrêter, et je n'avais pas la moindre envie de le lui demander. Mon esprit était saturé des leurs, chacun percevait les émotions des deux autres et j'eus l'impression d'être à la fois dans le corps d'Arès, frottant chacune de mes terminaisons nerveuses contre les parois échauffées du mnéméïde, comprimé par les chairs dont je ne m'échappais que pour replonger immédiatement, et dans celui de Feid, qui plongeait en moi frénétiquement et subissait les assauts sauvages d'Arès avec une satisfaction qui confinait à la vénération ; tout cela, en plus de mes propres sensations.

Faire l'amour avec un troisième partenaire était une première pour eux, du moins au sein de la famille qu'ils formaient. Et ils étaient aussi excités que déstabilisés par ma présence, par mes sensations et mes émotions qui se reflétaient dans leurs esprits. Mon inexpérience les mettait à vif, sentir à que point tout était nouveau pour moi, que ce soit le contact mnéique, les différents points de vue, le sexe intense et brutal, l'excitation formidable que j'éprouvais à m'unir à des mâles qui n'étaient pas de mon espèce, tout sapa leur contrôle et précipita leurs orgasmes.

Feid jouit le premier, lorsqu'Arès changea légèrement l'angle de la pénétration et rudoya sa prostate, son orgasme secoua ses reins, jaillit de son membre, et provoqua immédiatement le mien, crispant presque douloureusement mon anus autour du mnéis et répandant ma semence sur mon ventre avec la sienne. Arès ne tint pas plus longtemps, nos deux orgasmes furent trop pour lui et il éjacula profondément dans le corps de Feid.

Plusieurs choses se passèrent alors simultanément. Les dernières répliques de l'orgasme nous laissèrent à bout de souffle, Feid et moi, nos poitrines se soulevant l'une contre l'autre. Arès libéra un dernier trait de semence dans le ventre de Feid, et son corps émit soudain une odeur incroyable, quelque chose de profondément rassurant et relaxant. Leurs esprits me révélèrent que le corps de l'Aphaïs préparait son partenaire pour la suite, qui était difficile. Je ne sus pas ce qu'était la suite, parce qu'ils n'y pensèrent pas directement, mais je percevais la très légère appréhension de Feid qui se forçait à se détendre et à respirer profondément pour se laisser envahir par les phéromones.

Je sentis alors le membre déjà énorme d'Arès enfler dans le corps de Feid et je sifflai de surprise tandis que le mnéméïde poussait une série de petits grognements de détresse.

― Détends-toi, amour, murmura Arès. Tu t'es trop crispé...

Feid essaya vraiment de se relaxer et y réussit à peine, ne contenant pas la souffrance.

― C'est presque aussi dur que les premières fois, commenta l'Aphaïs en enveloppant Feid d'un profond sentiment de réconfort, l'empêchant de paniquer à cause de la douleur et de se crisper davantage. Tu n'as pas l'habitude d'être actif pendant que je te prends, tu ne t'es pas suffisamment relâché. On travaillera ça...

Le grand calme d'Arès me rassura et je pus enfin surmonter ma surprise et communiquer moi aussi mon réconfort à Feid. Je vis dans leurs esprits que ce qui était en train de se passer n'avait pas été aussi difficile pour Feid depuis très longtemps, mais que c'était néanmoins sans danger. Le sexe des Aphaïs gonflait considérablement après l'orgasme pour que le partenaire ne puisse pas se retirer et soit fécondé. Bien sûr, Feid ne serait pas fécondé. Arès, comme tous les mâles de la station, était stérilisé tous les jours. Mais le nouage était néanmoins une étape normale de la relation sexuelle pour lui, cela ne durait que quelques instants, ne blesserait pas Feid, et il était soutenu par les phéromones de l'Aphaïs.

La douleur se dissipa peu à peu, et le membre d'Arès désenfla enfin, jusqu'à devenir flasque et glisser sans mal hors du corps de Feid.

Soulagé de sentir que Feid n'avait plus mal, je m'assoupis immédiatement, incapable de garder les yeux ouverts plus longtemps. Je poussai un gémissement de surprise lorsqu'Arès brisa le lien pour se lever du lit.

« Il revient », me rassura Feid. « Il est parti chercher de quoi nous laver. »

Il enfouit son visage contre ma gorge et m'attira sur le côté pour ne plus peser de tout son poids sur moi et me permettre de respirer un peu mieux. Je glissai une main dans ses cheveux et caressai l'arrière de sa tête, comme Arès l'avait fait avec moi plus tôt dans la soirée. Son anus le tiraillait encore.

« Est-ce que ça va ? » lui demandai-je.

Il me communiqua un mélange de bonheur et de gratitude à l'état brut. Feid était si intense, c'était bouleversant.

« Oui, je vais très bien. J'ai été pris de court par tout ça, te sentir et te prendre m'a égaré. Normalement, ça ne fait jamais aussi mal. »

Je repensai à la sensation de gonflement dans le sexe d'Arès et à l'étirement insoutenable qu'avait ressenti Feid. J'avais du mal à imaginer que cela puisse être autre chose que très difficile... bien que l'idée avait quelque chose d'excitant. Être coincé sous le corps de géant d'Arès, son énorme sexe à l'intérieur, incapable de s'en dégager. J'avais senti combien c'était dur dans le corps de Feid, mais je voulais le découvrir dans le mien. D'autant qu'il n'avait pas l'air particulièrement traumatisé, au contraire, il était serein et repus maintenant que l'inconfort était passé.

Feid avait suivi le flot ininterrompu de mes pensées et l'idée que je prenne Arès l'enthousiasmait complètement.

Je n'avais pas envie de cesser de le sentir, mais il allait sans doute être temps de retirer son mnéis, il devait vouloir retrouver sa liberté de mouvements.

« Je veux rester en toi », m'apprit-il aussitôt. « Toute la nuit. J'ai besoin de te sentir pour être sûr que tu vas bien. »

Et c'était vrai. Il éprouvait presque une véritable angoisse à l'idée de ne plus être en contact avec moi et que je puisse à nouveau me sentir mal comme en début de soirée, sans qu'il le sache, sans que cela se voie sur mon visage.

Avoir l'anus plein toute la nuit allait être une expérience troublante, mais je n'eus pas du tout envie de m'y opposer. Moi non plus, je ne voulais pas me retrouver si tôt seul avec moi-même.

Arès revint avec une éponge humide et nous nettoya tous les deux après avoir à nouveau refermé sa main sur le mnéis de Feid, recréant le lien avec nous. Je poussai un soupir de soulagement lorsqu'il fut à nouveau connecté à nous, et je me laissai laver tandis que Feid lui racontait mon fantasme de vivre à mon tour le nouage. Je sentis le soulagement d'Arès de ne pas m'avoir fait peur ni dégoûté, je lui répondis par un élan de reconnaissance et de tendresse. Puis, abandonnant l'éponge, il s'installa sur le dos et se glissa entre nous en faisant attention au mnéis.

Feid et moi nous collâmes à lui, chacun posant sa tête sur une épaule du colosse. Je m'endormis en quelques secondes, épuisé au dernier degré, et bercé par le sentiment de bien-être que me procura leurs émotions et leurs pensées.

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