La Sofect(fpath) : qu'en est-il VRAIMENT ?

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  Alors. Là, peut-être que certains et certaines d'entre vous ne savent pas de quoi je parle, donc on fait un rapide point.

  La Sofect est la Société Française d'Études et de prise en Charge de la Transidentité (avant 2019, le T était pour transsexualisme), on peut aussi la retrouver sous le nom de Fpath. Elle possède plusieurs équipes médicales (psychologues, psychiatres, endocrinologues et chirurgiens) et juridiques implantées dans plusieurs grandes villes à travers la France, et a pour objectif d'accompagner les personnes trans.

  C'est également le moyen le plus simple d'avoir les changements physiques totalement pris en charge par la Sécurité Sociale à ce jour. En passant par le privé, c'est possible que vous obteniez remboursement, mais je ne vous cache pas qu'il faudra sans doute passer devant les tribunaux (décision rendue par la Cour de Cassation, Chambre civ 2, le 27/01/2004, n° 02-30.613).

  Et elle a été beaucoup décriée par la communauté trans comme étant transphobe.

  Je sens que mon titre est putaclic. Et la réponse va être décevante, j'en ai bien peur, mais je vous mets un mélange de ce que j'ai glané et de ce que j'ai vécu, donc je fais ce que je peux x')

  Jusqu'en mai 2018, le "transsexualisme" était considéré comme une maladie mentale dans le système français. La Sofect, existant depuis 1979 (première équipe constituée sur Paris), regroupait alors des équipes principalement médicales, ne prenant pas en compte les sciences plus humaines, et se voulait le moyen pour aider les personnes trans à effectuer leur transition.

  Les personnes trans en général ? Pas vraiment, plutôt une image fantasmée de la personne trans, très dysphorique, qui jouait avec les mauvais jouets quand elle était petite et qui se travestissait en secret quand personne ne regardait. Ce genre de trans.

  S'en suivait alors des périodes d'attente très longues pour être d'abord considéré.e comme trans, puis pour obtenir des hormones, puis pour faire de la chirurgie, puis pour faire les changements légaux. Des années pour obtenir des autorisations, de vrais parcours du combattant.

  Sauf que... Le monde évolue. Et la sofect (ou fpath) a aussi évolué au fil du temps.

  Lorsqu'en 2019, la société décide une refonte pour changer de nom, elle exprime aussi un désir de changer de conduite pour mieux accompagner les personnes trans, avec une approche moins médicale de l'identité.

  Vous pourriez me rétorquer que les mots sont honorables, mais ce qu'on veut, ce sont des actes. C'est le petit moment pour mon témoignage, je pense.

  J'ai eu affaire à la Sofect entre 2019 et 2020, et ... Bah ça s'est pas si mal passé que ça.

  Les gens étaient humains.

  Je comprends parfaitement que certaines personnes aient pu tomber sur des gens de la Société avec des idées plus vieillottes et clichées sur les trans, et j'en suis désolé, mais ce n'est pas le cas de toutes les personnes.

  C'est pas hyper inclusif pour les non-binaires ou les personnes un peu trop androgynes non plus, loin de là, mais je m'attendais à pire.

  Et puis, tou.te.s les "spécialistes" du privé sont loin d'avoir tou.te.s des pensées révolutionnaires sur les personnes trans. J'en ai déjà rencontré un soit-disant expert en la matière qui a bien été incapable de me genrer correctement pendant tout le rendez-vous.

  Pour revenir sur la Sofect, je ne pense pas non plus pouvoir être cent pour cent objectif, car je dois quand même pas mal ressembler à l'image typique du gars trans pour eux.

  Et je ne veux pas du tout être celui qui vient voir les autres et disant "je comprends pas, MOI, j'ai eu aucun problème", car je me doute bien que ça doit être arrivé et que ça peut arriver encore, même en 2021.

  Est-ce que les délais sont longs ? Un peu. Et sur le moment, c'est vraiment rageant. Mais disons que c'est un peu la condition pour que ce soit remboursé facilement, donc un mal pour un bien, en soit.

  En conclusion, je dirais que des efforts sont faits, et que je les encourage vivement à persévérer dans cette voie. Encouragements du conseil de classe pour le second trimestre.


  C'est le moment où je peux donner mon avis sur le fait qu'il y ait encore besoin de psychiatre pour déterminer si on a le droit ou non d'avoir accès à des hormones et des chirurgies ?

  Parfait.

  "On ne peut pas juste laisser les gens prendre des décisions aussi graves pour eux/elles-même si jamais iels sont réellement malades !"

  En règle générale, lorsque les personnes sont diagnostiquées avec une maladie les empêchant de faire des changements majeurs dans leur vie (comme fermer un compte en banque, ce genre de choses...), on les place sous des régimes de curatelle, voire de tutelle dans les cas plus sévères. Il y a DÉJÀ, dans la législation française, des moyens de protection pour les personnes dans l'incapacité de se gérer seules.

  Rendre aussi compliqué les processus de transition pour les personnes qui en ont besoin est, selon moi, plus une méthode pour contrôler l'image de la personne trans légitime que pour protéger la personne.

" Oui, mais ce changement est pour toute  la vie ! Il y a des personnes qui l'ont regretté et qui ont détransitionné."

  ... Bien sûr, ce genre de changement n'est pas à prendre à la légère. C'est pas non plus "hormones gratuites pour tout le monde". Mais 6 mois minimum avec un.e psychiatre pour voir un.e endocrinologue ? Deux ans pour un.e chirurgien.ne ?!? Excusez-moi de penser que c'est excessif. Pour la chirurgie esthétique, le délais se compte en semaines. Surtout que les pourcentages de personnes ayant regretté leur transition (je n'ai vu que des chiffres en dessous de 1% dans mes recherches) sont bien souvent très inférieurs à ceux des personnes ayant regretté leur chirurgie esthétique (j'arrive pas à vous trouver des chiffres, j'ai trouvé un 40% chez les jeunes français.es, mais je leur fais vraiment pas confiance donc cherchez par vous même si ça vous intéresse x') )

  Je m'en excuse sincèrement si ce n'est pas l'effet escompté, je pense même que c'est dû à une incompréhension envers la communauté trans dans son intégralité (compréhensif, ça fait beaucoup de gens donc c'est forcément complexe). Mais une telle difficulté d'accès aux opérations de changements physiques est, selon moi, non seulement une ostracisation des personnes dont l'expression ou l'identité genre n'est pas conforme aux standards des  comportements de genre, mais aussi à l'origine d'un mal-être pour les personnes souhaitant y avoir accès et voyant la montagne qu'il y a à gravir.

  Pour me re-citer (car je suis brillant, je sais) quelques paragraphes plus haut : il faut persévérer dans cette voie. Ça vous simplifiera la vie de nous la simplifier aussi.

Non Mais GenreWhere stories live. Discover now