II

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- Lucy!

Oubliant la retenue propre aux bourgeois de ce monde, Mr. Henson vint me prendre dans ses bras, me soulevant presque du sol. Lorsque je n'étais encore qu'une enfant, j'étais impressionnée par cet homme de haute stature, aux bras aussi épais que des troncs, au torse musclé et aujourd'hui, malgré son âge avancé, il n'avait rien perdu de ces caractéristiques. Il en était d'autant plus impressionnant que le seul sport qu'il pratiquait était « la chasse à la donzelle », comme il aimait l'appeler. C'était un sacré bonhomme.
Lorsqu'il me libéra enfin de son emprise de titan, il me tint à bout de bras pour m'observer sous toutes les coutures. Son regard scrutateur passa sur chaque recoin de mon anatomie, sans pour autant s'arrêter outre mesure sur quoi que se soit, et j'eus l'impression de me retrouver face aux membres de la guilde qui nous avaient retrouvés après sept ans. Ils nous avaient fixés pendant de longs moments, histoire d'êtres sûrs que nous n'étions pas des fantômes revenus les hanter. Macao m'avait peut-être un peu trop palpée, par ailleurs...

- Tu as bien grandi, fit-il en me tapotant la tête. Une belle jeune femme.
- Et tu as bien vieilli. Tu es encore plus musclé que dans mes souvenirs!
- Ça maintient en forme la chasse.

Un sourire m'échappa mais, avant de lui laisser le temps de me parler de ses dernières conquêtes, je me tournai vers mes amis restés dans mon dos, tout en gardant une main affective sur son bras.

- Voici Reby, Gajil et Luxus de ma guilde et Sting et Rogue de Sabertooth. - Ne me prend pas pour le vieux que je suis, rouspéta-t-il. Je les connais tous.
Il me tapa amicalement la main et, armé d'un large sourire, il s'approcha de mes amis, prêts à les couvrir de politesses, comme il savait si bien le faire. Mais, quand son regard se posa sur Sting, et plus particulièrement sur son t-shirt blanc couvert de poussière et ses cheveux en pétard, il ouvrit de grands yeux.

- Par tous les petits saints, est-ce que tu t'es battu mon garçon?
- On m'a attaqué, à la gare, avoua le blond.
- Non! Décris moi ton agresseur, je vais tout de suite aller voir...
- N'écoute pas un traitre mot de ce qu'il dit, soupirais-je.

Par-dessus son épaule, Mr. Henson m'adressa un regard perplexe. Et, alors, il fixa son attention sur ma jupe déchirée et la lumière se fit dans son esprit. Il éclata d'un rire gras.

- Les mages sont des créatures bien étranges, conclut-il.

Puis, il posa à nouveau l'une de ses grosses paluches sur mon épaule frêle.

- Tu as bien changé.
- Père, on devrait abréger, intervint Akiro.
- Oui, tu as raison, fit-il dans un hochement de tête avant de se tourner de nouveau vers moi. Nous aurons tout le loisir de rattraper le temps perdu un peu plus tard, tu veux? Pour l'heure, on va vous conduire à vos chambres.

Je hochai poliment la tête et accordai mon attention à une jeune et jolie servante qui s'inclina légèrement devant nous avant de nous inviter à la suivre dans les longs corridors du manoir. Je les avaient arpentés des dizaines de fois, courant derrière un Akiro plus rapide que moi à l'époque, mais je ne reconnus pas grand chose. Les belles peintures d'artistes représentant des paysages à couper le souffle avaient laissé place à des portraits de grandes personnes dont les parures rivalisaient de beauté. Et la plupart des fleurs qui trônaient dans chaque pièces, aux coins de chaque couloirs, avaient purement et simplement disparues. La vie avait déserté les lieux. Pourtant, Mr. Henson semblait toujours être un sacré boute-en-train qui aimait la vie et ses plaisirs alors, pourquoi avait-il transformé sa demeure en château froid?
On nous fit grimper au troisième étage, juste sous les combles qui servaient de chambres et serviteurs des lieux, et la jeune femme nous guida tranquillement le long d'un couloir un peu moins décoré que le rez-de-chaussée. Les maîtres des lieux ne devaient pas beaucoup venir dans cette partie de la demeure. Ça ne m'étonnait pas. Dans la plupart des grandes maisons de familles nobles, les étages supérieurs étaient délaissés parce qu'il était « trop fatiguant » de grimper si haut. Déjà petite, je ne comprenais pas ça. Depuis les chambres des étages, on avait une vue prenante sur les jardins qui entouraient ce genre de maisons.
Après quelques instants, la femme s'arrêta devant une large porte ouverte sur un petit salon dans lequel nos valises avaient été montées dès que nous avions passé la porte.

- Puisque nous ne savions pas qui prendrait quelle chambre, nous nous sommes permis de laisser vos effets ici, fit-elle d'une petite voix avant de faire un geste vers les portes closes dans le couloir. Tout cet étage vous est réservé. Il comprend neuf chambres, autant de salles de bain et deux salons comme celui-ci. Je vous laisse vous installer.

Elle inclina profondément la tête et déguerpit en silence. Hé bien.

- Hé bien, lâcha Sting, comme s'il avait sondé mon esprit. Cette baraque est démente.
- Si tu avais écouté ce que je vous ai dit, tu aurais su qu'on venait dans un...
- Ça suffit vous deux, grogna Luxus. Vous vous êtes assez crêpé le chignon pour aujourd'hui.
- Crêpé quoi? S'exclama Reby. Oh ciel, Luxus, t'es devenu un grand-père!

Le regard qu'il lui lança aurait fait fuir les mages sacrés et, en bonne vieille poule mouillée, Reby ne perdit pas une seconde avant de se jeter littéralement derrière Gajil. Elle était rusée.

- Pourquoi tu le provoques si t'as si peur? S'enquit Gajil, un sourcil levé.
- Il m'a insultée tout à l'heure!
- Te traiter de rat de bibliothèque n'est qu'un constat, intervins-je.

Ayant nettement moins la frousse de mes pouvoirs, elle me tira effrontément la langue et mon sourire s'épanouit en réponse. Reby avait beau se comporter parfois comme une enfant, je savais qu'elle était bien plus sérieuse que nous tous réunis. Elle n'était pas mon amie pour rien.

- On devrait choisir nos chambres, déclara Rogue. Et parler de ce qui nous attend.

Je lançai un regard en coin à Sting qui, n'ayant visiblement pas non plus peur de moi, leva un sourcil de manière suggestive en souriant, bien content que son petit camarade demande des explications avant qu'il n'ait eu besoin de le faire. Car je ne pouvais décemment pas en vouloir à Rogue dans la mesure où il avait attentivement écouté tout ce que je lui avais dit, lorsque je les avaient contactés, quelque jours auparavant. Et malheureusement, je ne pu empêcher un léger sourire d'étirer mes lèvres. Sting avait gagné une petite victoire et pouvait être fier. Mais il était très loin d'avoir gagné la guerre. J'avais mené suffisamment de bataille de ce genre contre Natsu pour ne plus avoir la moindre limite.
Après un hochement de tête collectif, on empoigna nos sacs respectifs avant de nous diriger vers les portes closes. Bien entendu, Gajil et Sting ne perdirent pas de temps et se mirent à courir comme des dératés dans le couloir afin de pouvoir dénicher la meilleure chambre. Mais je les pris tous de vitesse en allant ouvrir la porte de celle que je savais être parfaite. À vrai dire, elle n'avait rien de plus que les autres, à première vue, elle était même un peu plus petite. Mais les fenêtres donnaient sur les jardins ouest derrière lesquels on pouvait apercevoir le manoir de ma famille, presque camouflé par une myriade d'arbres. Enfant, lorsque je passais la nuit dans le manoir des Henson, j'avais toujours dormi ici.
Je hissai ma valise sur le lit bien fait et n'en sortis qu'une simple robe noire que je troquai contre mes vêtements sales et déchirés. La famille Henson avait beau me voir comme la jeune fille casse cou et aventureuse que j'avais été, je me devais tout de même de me présenter à eux dans une tenue respectable.

- Lucy! S'écria Luxus. On t'attend.

Je jetai mes vêtements maintenant inutilisables dans un coin et m'empressai de rejoindre mes camarades déjà installés dans le salon près des escaliers.

- On a failli attendre, marmonna Sting.
- Si t'avais pas déchiré ma jupe, t'aurais pas attendu.
- Je me suis changé aussi, fit-il remarqué. Mais je suis arrivé avant.
- Tu aurais mieux fait de choisir ta tenue avec plus de soin...

J'étais la pire des garces : son pantalon sable et son t-shirt blanc lui allaient comme un foutu gant. J'avais envie de les lui retirer avec les dents. J'étais aussi la pire des obsédées. Mais je n'étais pas la seule : son regard descendant sur mon décolleté ne m'avait pas échappé.

- Alors, intervint Rogue pour nous faire taire, reprend depuis le début.
- Quand j'étais enfant, cette ville était magnifique, fis-je en m'approchant de la fenêtre donnant sur la fameuse ville. Vous auriez dû voir ça. Ça n'avait rien à voir avec aujourd'hui.

Face à moi, Rogue fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé?
- Quand ma famille a perdu son héritière, les économies de mon père en ont pâti. Ça a été le début de la fin pour les Heartfilia et, quelque mois plus tard, nous avons fait faillite. Ceux que nous employions ont été renvoyés et, par conséquent, la ville a perdu énormément d'argent. J'imagine que depuis ce moment, cet endroit s'est transformé en... ça.
- Monsieur Henson est très riche, pourquoi ne fait-il rien? Demanda Reby.

Je tournai mon regard vide vers elle. Ne le comprenait-elle pas d'elle même? D'une part, il n'était pas aussi fortuné que mon père l'avait été, et n'avait pas les moyens d'employer beaucoup de personnel et, d'une autre part, il se fichait éperdument du petit peuple. Il avait beau être très humain, il n'en restait pas moins un aristocrate de naissance. Pourquoi aurait-il injecté son argent dans l'économie locale? Ça devait lui paraître impensable. Néanmoins, il avait besoin de cette ville pour parfaire son image, pour le distraire. Il avait besoin de la beauté des rues, de spectacles, de restaurants gastronomiques... Bref, il avait besoin que la vie reprenne.
Je détournai les yeux vers la ville en contrebas en posant une main sur la vitre impeccable, sur ces bâtiments gris, sur ces rues vides, sur ces parcs désertés par les enfants. Ça n'était plus ma ville, ça n'avait plus rien à voir avec ce que j'avais connu, aimé, chéri.

- Mon père n'était pas un homme bon, il a fait de très mauvais choix presque tout au long de sa vie et pourtant, il a prit soin de cette ville et l'a faite vivre pendant tellement d'années...
- Alors il nous reste plus qu'à faire ce qu'il a fait, me coupa Sting.

Je me tournai vers lui mais, avant que je n'ai pu enchaîner, il reprit :

- Tu te sens responsable, n'est ce pas?

J'ouvris la bouche pour protester, mais je restai obstinément silencieuse. Ciel, oui, je me sentais responsable de ce qui était arrivé à cette ville. Si je n'avais jamais quitté la maison, si ma famille avait conservé son héritière, les affaires de mon père n'auraient pas souffert. Aujourd'hui, je serais sûrement mariée à un aristocrate, peut-être même à Akiro et je serais la maîtresse d'un manoir aussi beau que celui-ci. J'aurais sûrement un ou deux enfants qui, quand ils seraient prêts, prendraient les rênes de l'entreprise. D'ailleurs, dans ce petit monde, mon père serait encore en vie. Malheureusement, ça n'était pas la vie que j'avais choisi. Avant de revenir ici, je m'en étais voulu, je m'en étais tellement voulu que ça m'avait plus d'une fois coupé le souffle. Et pourtant, quand j'y pensais, entourée de mes amis, et alors que mon père était mort et que la ville souffrait, j'étais incapable de le regretter. J'avais des remords, mais pas des regrets. De la colère, en revanche, ça j'en avais.

- Sois pas si rude, murmura Rogue à son ami.
- Elle l'a dit elle même, fit Sting en secouant la tête. Tout est parti en cacahuète quand elle a quitté la ville il y a neuf ans.
- C'est vrai, soufflais-je.
- Mais ce que je veux dire, blondinette, c'est que tu n'as pas à t'en vouloir.

Ses beaux yeux bleus se plantèrent dans les miens et ses mots virent se graver directement dans mon cœur ouvert :

- Tu as fais tes propres choix et tu es devenue ce que tu es aujourd'hui, une grande mage. Tu as sauvé tant de gens, tant de vies pendant tes missions alors, comment pourrais-tu t'en vouloir d'une fois, avoir fait souffrir quelque personnes? Qui plus est, je suis sûr que tous ces gens ont été bien heureux de te voir quitter ton père et ne t'ont jamais tenue pour responsable de quoi que se soit. Car si tu ne l'avais pas fait, peut-être auraient-ils eu plus d'argent, mais auraient-ils été heureux pour autant? Je n'en suis pas sûr.

Je me détournai légèrement vers la fenêtre, histoire de cacher à demie mes yeux baignés de larmes. Je ne les laissai pas couler devant mes camarades, mais je savais avec certitude que, seule dans mon lit à la nuit tombée, quand je me souviendrai des paroles de Sting, elles couleraient à flot. Car pendant tout ce temps, je m'en étais voulue d'avoir quitté mes proches, d'avoir abandonné tout ceux qui avaient pris soin de moi avec tant d'amour et, maintenant que j'étais ici, j'avais eu la rage, la rage contre moi. Mais Sting... Il avait tourné le problème dans un autre sens, un sens qui ne faisait pas de moi la coupable de toute cette misère. Et, au fond de moi, je savais qu'il avait raison. Diable, oui, il avait raison. Cet enfoiré avait raison.

- Tu aspires à devenir poète? S'enquit Gajil.
- Je suis étonné que tu saches employer ce verbe, s'amusa Luxus.
- Et je suis étonnée que tu saches que s'en est un, rétorqua Reby.

Dès que son beau dragon était attaqué, la mage des mots sortait les griffes. Je souris.

- Tu as raison, Sting.
- J'ai raison? S'étonna-t-il avec un petit sourire horripilant.
- C'est bien la première fois, soulignais-je.

On échangea un regard complice mais, avant de me perdre dans ses beaux yeux bleus, je détournai la tête vers les autres membres de la fine équipe que j'avais réunie :

- Si Mr. Henson nous a demandé de venir, c'est pour assister au bal qu'il donnera dans quelque jours. Il espère attirer beaucoup de monde à cette occasion, et plus particulièrement des investisseurs qui accepteraient d'aider à la reconstruction de la ville.
- C'est pour ça qu'on est là, n'est-ce pas? S'enquit Luxus. Pour convaincre ces gens de donner de l'argent pour la ville.Il pense que les gens sont plus susceptibles d'aider pour une cause qu'on plaide, nous.

Face à moi, Luxus hocha la tête. Il comprenait. Ils comprenaient tous.

- Ok, conclut-il en se levant de son fauteuil. On va t'aider.

Un sourire nouveau étira mes lèvres. Ils étaient mes amis, ma famille, et j'étais soulagée qu'ils aient accepté de m'aider sans contrepartie. Je n'avais jamais eu le moindre doute quant à l'engagement de Reby et Gajil à mes côtés, mais la présence et le soutien de Luxus, Sting et Rogue était plus louable. Aujourd'hui, j'avais trouvé des gens sur qui je pouvais compter.
Je m'éclairci la gorge pour dissiper mes émotions.

- Il est donc question d'un bal, un vrai de vrai. Est-ce que vous savez danser?

Sans que cela ne m'étonne outre mesure, seuls Sting et Gajil grimacèrent. À mon humble avis, ils n'avaient jamais mit les pieds dans le genre de soirée à laquelle nous nous apprêtions à assister. Il allait falloir les briefer sur tout un tas de trucs. Et j'étais à peu près certaines qu'ils mettraient un temps fou à tout assimiler. Mais nous n'avions que quelque jours devant nous. Sans compter qu'on devrait aussi tout organiser, de la décoration aux invitations en passant par le menu. Mr. Henson avait était clair : il voulait une soirée spéciale mages. On avait du pain sur la planche.

- Je peux t'apprendre, si tu veux, déclara une Reby rougissante en se tournant vers son dragon.

Tout aussi écrevisse, Gajil hocha lentement la tête.
Ce qui voulait dire que... Je soupirai théâtralement.

- Bon, je me charge de Sting, du coup...
- Cache ta joie.

Je lui adressai une grimace à moitié feinte. Est-ce que j'avais envie de me coller à son corps divin? Oui. Est-ce que j'avais envie de lui écraser les pieds avec mes hauts talons à aiguilles? Aussi.

- Ce que je propose, c'est que Luxus et Rogue, vous alliez commencer les préparatifs avec Mr. Henson. Nous, on va réquisitionner la salle de bal pour quelques heures.

Tout le monde accepta avec plus ou moins d'entrain. Sting et Gajil ressemblaient à deux gamins qu'on forçait à manger des épinards. Mais ils allaient devoir y mettre un peu plus de bonne volonté s'ils voulaient que cette mission soit une réussite. Ils allaient devoir adopter un comportement exemplaire, porter des vêtements distingués, et dire adieux à toutes les grossièretés qu'ils débitaient habituellement à tour de bras. Nous devions nous comporter comme des nobles, apprendre à parler à des nobles, à les séduire, à leur soutirer de l'argent.
On se sépara en bas des escaliers. Alors que Luxus et Rogue - un duo assez atypique, soi dit en passant - allaient rejoindre le maître de maison pour le servir, nous nous dirigeâmes vers la fameuse salle de bal. Enfants, alors que nos parents y donnaient des soirées endiablées, nous allions toujours dans le jardin plongé dans le noir afin de regarder par les fenêtres. Ainsi, personne ne pouvait nous voir. Mais nous, on observait tout. Les parures des femmes me subjuguaient, les danses me passionnaient. Ces soirées m'attiraient comme une abeille peut être attirée par du miel. Aujourd'hui, c'est moi qui allait donner un de ces bals.
La salle était comme dans mes souvenirs. Les gigantesques fenêtres donnaient sur un jardin parfaitement entretenu, un immense lustre de cristal trônait au centre de la pièce, l'estrade réservée à l'orchestre était richement décorée. J'avais l'impression de me retrouver dans la salle de réception du château. C'était comme terminer les jeux une deuxième fois.

- Alors, fis-je en tapant dans mes mains. Vous allez voir, ça n'a rien de très compliqué.

Près de la scène, je repérai une lacrima musicale vers laquelle je me dirigeai.

- Mais vous avez besoin de connaître plus que les bases, leur annonçais-je. Des femmes voudront sûrement danser avec vous.
- Quoi? S'exclama Sting.

Un doux sourire se dessina sur mes lèvres. Oh, c'était jouissif.

- Oh, ne sois pas si prude, ricanais-je. Tu n'as jamais dansé avec une femme?

Sa non réponse en fut une, et mon sourire s'accentua de plus belle.
J'activai la lacrima sur une douce musique qui vint bientôt emplir toute la pièce, apportant encore un peu de magie dans ce décor déjà féerique. Et, laissant Reby prendre soin de son cavalier, je me dirigeai vers un Sting qui semblait avoir perdu toute sa grandeur. Il était un mage fière, il était toujours si sûr de lui, si maître de tout ce qu'il entreprenait, mais en cet instant, il ressemblait plus à une proie sous mon regard.
Parvenue jusqu'à lui, j'attrapais l'un de ses bras ballants pour poser sa main sur ma taille. Il sursauta presque. Oh, j'allais m'amuser comme une folle... Puis, déposant mon bras sur son épaule, je saisis sa main libre que je serrai dans la mienne. Et je me collai à lui. Peut-être un peu plus que ce que j'aurais dû, mais il n'était pas obligé de le savoir. Mais je ne savais pas ce qui me poussait à agir ainsi : la satisfaction de le voir si peu sûr de lui? ou le désir d'être intimement collée à ce corps d'Apollon? J'étais incapable de trouver la réponse.
Je levai la tête pour lui parler, et fus prise à mon propre jeu quand je constatais le peu de distance qui séparaient nos lèvres. Il suffirait d'un rien pour qu'elles se rejoignent...

- Bon, dans un premier temps, je vais guider. Tu as juste à suivre mes mouvements, d'accord? Si je recule le pied droit, tu avances ton pied gauche, compris?
- Je ne suis pas aussi attardé que ce que tu penses.
- C'est ce que nous verrons. Prêt?
- Prêt.

Alors, nous nous lançâmes dans les premiers pas les plus simples.
Il me marcha sur le pied.
Ça allait être très long.

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⏰ Last updated: Nov 21, 2020 ⏰

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Pour mon pèreWhere stories live. Discover now