Chapitre 15- Noyer son chagrin

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« Il y a un pays où les joies sont visibles mais fausses, et les chagrins cachés mais réels »

- Jean de La Bruyère

Un mois auparavant, Lana avait reçu un mail suspect, un homme, prétendant être son père voulait entrer en contact avec elle. Elle se souvenait bien l'avoir reçu, c'était un matin alors qu'elle prenait son petit déjeuner, son cœur c'était arrêté de battre un moment. Elle avait reprit ses esprits et c'était convaincue que ce n'était pas possible, il ne connaissait pas son mail et il n'y avait aucunes raisons pour qu'il la recherche près de vingt ans après l'avoir lâchement abandonnée... Johanne quand elle lui en avait parlé avait suggéré une mauvaise blague de Florent et , après tout, ça lui avait semblé plausible. Elle en était restée là et le message en question était tombé aux oubliettes comme un vulgaire spam.

– Lana ! Téléphone pour toi ?

– Qui est-ce ? Interrogeât-elle Frank.

Il haussa les épaules. Personne ne l'appelait via le secrétariat du bureau, elle avait sa ligne personnelle et tout ses contacts professionnels transitaient par là généralement, ses contacts personnels se contentaient de son numéro de mobile. Elle espérait intérieurement que ce n'était pas Florent qui l'avait retrouvé. Elle fit signe à Frank de lui transférer dans son bureau. Elle reconnut sa voix aussitôt, elle n'avait pas changée, son sang se glaça, elle hésita un instant à raccrocher.

– Lana ! Ma chérie c'est papa !

Sous le choc elle n'eut pas le courage de répondre quoi que ce soit.

– Tu es là ? Lana ? C'est bien toi ?

– Oui... Souffla-t-elle d'une voix blanche. Qu'est ce que tu me veux ?

Son ton était hostile, quel culot de se faire appeler papa après tout ce qu'il avait fait !

– Je me disais que ce serait bien qu'on reprenne contact toi et moi comme au bon vieux temps !

– Tu veux peut-être dire comme avant que tu nous abandonnes maman et moi ? Répondit-elle amèrement.

– Ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé Lana ! Enfin, chérie souviens-toi...

– Je sais exactement ce qui s'est passé, j'étais là tu sais ! Elle laissait la rage qu'elle couvait depuis tant d'année refaire surface. Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi ! Jamais tu entends !

– Mais... La..

Elle raccrocha, tremblante, s'en était trop, elle fondit en larmes sur son bureau. Comment avait-il osé ?

Elle se souvenait du jour où son père était partit comme si ça c'était passé la veille. Tout était gravé dans sa mémoire à jamais. Elle n'avait que sept ans à l'époque, elle avait une relation plutôt fusionnelle avec son père, elle était sa petite princesse, sa fille unique. Ce jour là il pleuvait, tout était gris, il était rentré tard, encore une fois, c'était de plus en plus fréquent. Depuis quelques temps il passait moins de temps avec elle, prétextant du travail en retard où un coup de fil à passer. Elle avait comprit plus tard, à l'adolescence, qu'en fait il avait déjà tout planifié et qu'il s'était éloigné d'elle pour ne pas le faire brutalement. Elle se souvenait de sa mère qui lui avait encore fait remarqué qu'il passait peu de temps à la maison, qu'elles avaient besoin de lui. Il ne lui avait pas répondu, il s'était dirigé vers la chambre parentale, avait sortit la grosse valise verte qui leur servait habituellement aux vacances, l'avait rempli de ses effets personnels, puis sans un mot à sa femme qui le questionnait et lui hurlait d'arrêter, sans un regard pour sa fille bien-aimée, il avait lâchement claqué la porte derrière lui sans une explication.

Lana in loveOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz