Chapitre 4

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La nuit est tombée sur Paris, déposant un voile de fraîcheur dans ses rues presque désertes.

Dans sa chambre, Adrien Agreste fait les cent pas. Il commence à se ronger nerveusement l'ongle du pouce, quand il réalise avec horreur ce qu'il est en train de faire, et les conséquences auxquelles un tel geste pourrait aboutir : non seulement son père risque de piquer une crise – dans l'hypothèse où il ne serait pas suffisamment débordé pour remarquer le moindre changement chez son fils –, mais en plus, s'il doit poser pour le Roi des Spaghettis avant que ses ongles soient de nouveau de la même longueur, il n'ose même pas imaginer le carnage.

Non, c'est une très mauvaise habitude, et si Marinette arrive au même moment, qui sait ce qu'elle pensera de lui ?

En essuyant la salive sur son pouce, il tourne le regard vers son horloge murale, et sent un frisson lui remonter l'échine.

Il n'est pas loin de vingt-et-une heures trente, et pourtant, Marinette – enfin, Multimouse – n'est toujours pas là.

« Peut-être qu'elle en a eu marre d'attendre que tu te décides enfin à te remuer le derrière. »

L'espace d'un instant, Adrien croit avoir affaire à sa conscience ; mais le bruit gluant de la mastication de Plagg et son ton sarcastique le trahissent.

« Si la journée avait été différente, j'aurais pu te croire sur parole et commencer à paniquer, prononce Adrien dans un soupir.

– Moi, ce que j'en dis, c'est que Marinette est bien trop gentille pour te faire comprendre quand tu la blesses, et qu'avec tes œillères, tu n'y vois que du feu !

– Arrête ça, Plagg.

– J'essaie juste de t'aider. »

Puis le kwami retourne à sa dégustation. Au menu ce soir, une tomme de Savoie trouvée par le chef cuisinier dans un marché local. Plagg préfère de loin l'odeur et le goût du camembert, mais force est de constater que ce produit est d'une grande qualité. Sa pâte est fondante à souhait et laisse après son passage un arrière-goût absolument...

« Tu... Tu crois vraiment que j'aurais pu la blesser ? »

Plagg expulse tout l'air de ses poumons en affichant sa plus belle grimace de la semaine.

On ne peut même pas penser fromage en paix, dans cette maison !

Il dépose soigneusement la part qu'il s'apprêtait à engloutir dans son emballage et se frotte les pattes pour se débarrasser – en vain – de la pellicule de gras qui les recouvre.

« Gamin, ça s'entendait dans sa voix. Des fois, tu ferais mieux de fermer les yeux et de te servir de tes autres sens pour appréhender le monde tel qu'il est vraiment. »

Puis, le kwami s'étrangle avec ses conseils avisés : s'il vient vraiment à les mettre en pratique, Adrien risque de faire le lien entre Ladybug et sa camarade de classe, et Plagg ne parvient pas à déterminer ce qu'il a le plus à craindre entre les répercussions que cela aurait sur le rôle de gardienne de la jeune fille, et ce que Tikki allait lui faire subir pour expier ses fautes.

Il se masse douloureusement les yeux. Trop réfléchir lui donne la migraine, et à cela, il ne connaît qu'un remède.

« Tu l'as mis où, mon maroilles ?

– Oh, Plagg, c'est pas vrai ! Me dis pas que cette horreur traîne encore dans les parages ! Ça va bientôt faire trois semaines que je te l'ai acheté !

– Pour savourer le maroilles, il faut le laisser s'affiner patiemment.

– Tu veux dire le laisser pourrir, oui ? T'es au courant que les produits laitiers finissent par tourner quand on ne les met pas au frais ?

Rendez-vous sous un marronnier - Miraculous Ladybug FanfictionWhere stories live. Discover now