Rendez-vous sous un marronnier - Miraculous Ladybug Fanfiction

Chapitre 2

Les jours suivants, Marinette apprend à ses dépens que son intuition ne l'a pas trompée : une semaine s'est égrenée au compte-gouttes depuis sa visite improvisée chez Adrien sous le masque de Multimouse, et aucun mot n'a été glissé sous le tronc du marronnier.

Elle s'est préparée à cette éventualité à la minute où elle a franchi l'ouverture béante de son velux, mais cela ne représente encore que la partie émergée de l'iceberg : en plus de repousser ouvertement la main qu'elle lui tend, Adrien s'est davantage renfermé sur lui-même. Isolé dans le coin de son bureau, il passe ses pauses avachi sur ses livres et sa tablette numérique, faisant mine de se reposer sans parvenir à tromper quiconque.

Nino essaye tous les jours d'entamer le dialogue avec lui ; sans résultat. Chloé tente dès qu'elle le peut de le faire réagir à grands renforts de Adrichou minaudés avec des battements de cils exagérés ; en vain. Tout le monde s'est à un moment ou à un autre approché de lui pour attirer son attention, et à force, tout le monde a fini par baisser les bras : Adrien est devenu un mur que rien ni personne ne parvient à sonder.

Concernant Marinette ?

Eh bien, Marinette s'est elle aussi, petit à petit, confortée dans un mutisme impossible à briser.

Quoi que, pour son cas, ce n'est pas tout à fait exact : elle répond bien quelques bribes de phrases à ses copines quand celles-ci insistent un peu, mais elle ne s'étend jamais sur ses sources de préoccupation, et esquive généralement les interrogatoires comme une souris fuit un chat.

Durant les récréations, les élèves de la classe de Mlle Bustier se confondent en hypothèses pour tenter de trouver une explication rationnelle au comportement étrange adopté par leurs camarades ; cependant, plus ils font preuve de créativité, plus ils s'éloignent de la réalité.

Si Marinette devient aussi étrange qu'Adrien, c'est parce qu'elle a l'impression que tout est de sa faute ; que, sans son intervention de l'autre soir, le jeune mannequin ne serait pas, à l'heure actuelle, aussi fermé qu'une huître, et qu'il sortirait encore de classe pour prendre l'air pendant les quelques minutes de liberté qu'on leur accordait.

Qu'il aurait encore un semblant de vie sociale, somme toute.

Mademoiselle Bustier, leur professeure principale, a bien remarqué que quelque chose cloche chez la déléguée et son voisin de devant. Elle a fini par en conclure qu'il devait s'agir d'un problème entre eux – peut-être une dispute –, et si elle a hésité un instant à en informer leurs parents pour briser la glace, elle a rejeté cette idée en se convaincant que le mieux à faire pour eux est encore de les laisser se réconcilier sans faire intervenir d'autres protagonistes dans leur délicate situation.

Une semaine toute ronde sépare à présent Adrien du marché conclu avec la forme super-héroïque de Marinette. Alors qu'il est, une fois encore, le dernier à réaliser que la sonnerie vient de retentir pour marquer la fin des cours, il a à peine conscience de sa professeure de français qui s'approche de sa table d'un pas incertain.

« Excuse-moi si je suis un peu brutale, Adrien, mais... t'es-tu disputé récemment avec Marinette ? »

Adrien relève la tête, les yeux arrondis à leur paroxysme. Pour la première fois depuis une éternité, il regarde Mlle Bustier avec toute son attention, la bouche entrouverte, les sourcils froncés.

Caline Bustier, qui voit dans la réaction de son élève la confirmation de ses pires craintes, poursuit avec un sourire compatissant :

« Je vois bien que tu n'es pas très bien depuis quelques temps, et j'entends que tu sois fatigué par toutes les activités extra-scolaires que tu pratiques ; mais depuis une semaine, tu t'es complètement renfermé sur toi-même, et Marinette également. Je m'inquiète pour vous deux. »