Chapitre 10

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Les vomissements d'Archibald se stoppèrent après dix bonnes minutes. Lawrence le souleva avec douceur et l'allongea sur le canapé pendant qu'il nettoyait, en se retenant tant bien que mal de respirer. Avec son odorat de druide, ce genre d'effluves, au même titre que les charognes et les détritus, le dérangeait particulièrement. Alfy se posa sur un accoudoir et couina d'inquiétude.

— Je vais bien...

Le jeune homme tenta de lever son bras pour caresser le merle, mais échoua lamentablement, angoissant davantage le pauvre animal.

— Tu es livide Archie... As-tu besoin d'un médecin ?

Le brun aida son ami à s'asseoir pour qu'il puisse s'hydrater, à l'aide d'une tisane adéquate.

— Pour lui dire quoi ? Tout le monde pense que nous sommes des mages. Aucun accident de leur pseudo-magie ne peut conduire à de tels effets secondaires. Mais ça va aller.

Il attrapa la tasse d'infusion que lui tendait sa moitié.

— Cela devrait apaiser ta nausée.

— Merci.

Lawrence s'installa à ses côtés et lui frotta le dos. Il s'apprêta à questionner Archibald sur ce qui s'était passé, mais la pièce commença à trembler.

— Archie ?

Le druide pouvait voir distinctement l'énergie s'échapper du corps de son cadet. Il savait que les ensorceleurs pouvaient être sujets à des fuites de magie, notamment s'ils ne se nourrissaient pas suffisamment ou n'utilisaient pas leurs pouvoirs pendant longtemps. Toutefois, la situation semblait quelque peu différente.

— Archie ? Tu m'entends ?

Le regard vairon était fixé sur un point invisible de la table, table qui commença à prendre feu.

— Archie ! Tu vas détruire la maison !

Alfy vint à la rescousse et donna un violent coup de bec dans la main droite de son maître. Archibald sursauta, stoppant ainsi les secousses et le départ d'incendie. Il tenta de se lever, mais Lawrence lui saisit le poignet.

— Où comptes-tu aller dans un état pareil ?

Le jeune homme, toujours silencieux, usa de ses dernières forces pour se dégager et se précipita dans sa chambre avant d'en claquer la porte. Le druide était certain de l'avoir entendu s'écrouler sur le lit. Il soupira. Qu'avait-il bien pu se passer ?

Alfy, la tête basse et le regard triste, s'était pelotonné contre un coussin. Même lui ne tentait pas de rejoindre son maître, signe évident d'un gros problème. Lawrence patienta une petite heure avant de ne plus tenir en place. Il fut toutefois incapable d'ouvrir la porte de la chambre.

Cette andouille l'a ensorcelée...

Il respira profondément pour calmer son irritation.

— Archie, je te laisse tranquille. Mais dès demain matin, même si je dois défoncer cette porte, je le ferai. Tu as lancé ce sortilège par ma faute, je veux savoir ce qu'il t'arrive. Et, accessoirement, je suis inquiet pour toi. Repose-toi bien. Je t'aime.

Archibald se mordit la lèvre pour ne pas répondre.

Désolé mon petit renard, mais ma culpabilité m'a fait perdre les pédales.

Lawrence ne parvint pas à fermer l'œil de la nuit et il se contenta de fixer le plafond, tout en caressant Alfy qui dormait à ses côtés. Bien que l'aube ne naisse pas avant deux ou trois heures, il perçut du mouvement provenant de la chambre d'à côté. Visiblement, il n'était pas le seul que Morphée avait oublié.

Paris n'existe plusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant