Chap XV : Ce Qui Donne La Force De Continuer II (1/2)

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Je me sens soudain plus mal à l'aise. Je tousse plus d'une fois, les poumons brûlant. Le simple fait de bouger, agit sur mes plaies, qui se réveillent, tout à coup. Stopper l'hémorragie n'a rien changé au fait que je n'avais plus assez de sang dans le corps.

Une image me brouille la vue. Je vois un homme sur une balustrade, prêt à sauter dans le vide. C'est un immeuble. Je distingue juste la silhouette du garçon de dos, prononçant ses derniers mots : « tout est terminé... j'en finis avec cette douleur. »

Je reviens à moi, contemplant le ciel. Les secondes qui défilent me permettent d'identifier de quel e-motio il s'agit, mais aussi de savoir exactement de quel titulaire, il s'agit.

Le firmament est à présent couvert de milliards de lignes lumineuses, les lignes éternelles. Cette vue me rappelle Adlann et me mets dans une mauvaise posture. Mais, je ne sens aucun regret. Je suis comme entrain de profiter d'un repos bien mérité.

J'entends les pas d'une créature se rapprocher. Je reste stoïque, incapable de bouger. Pourquoi le devrais-je ? Si c'était une preuve que c'en était finit désormais ?

D'un coup, je distingue les traits de l'e-motio possédé par l'envie. Et pas n'importe laquelle. C'est le déviant qui m'a attaqué durant ma première nuit dans la forêt.

— Oh non ! m'exclamé-je, en inclinant ma tête vers ma droite. Pas toi.

L'animal lève l'une de ses pattes à sa droite. Il est d'un violet prononcé, avec une tête différente. Il a comme évolué quelque peu. À présent, il a des pattes avec des extensions lui permettant d'atteindre sa cible plus rapidement. Il possède une dentition rebutante, preuve qu'il ne s'est pas contenté de faire un régime.

Il m'a certainement suivi depuis mon entrée dans l'Eden. Il a profité de ma distraction, pour mieux me surveiller.

— Tu as bien joué ! Je suis à bout... je ne résisterai pas. Tu as été plus intelligent que tous ces adversaires arrogants. Fais ce que tu as à faire.

Je me retrouve alors surchargée de vision de titulaires poursuivant des gens dans la rue. L'un, suivant une femme au coin de la rue ; un autre, notant le numéro de l'appartement de sa prochaine cible. Un autre se place comme une balance et brûle les documents d'un de ses collègues dans un bureau. Une image me saisi : celle d'un drogué perturbé, suppliant d'obtenir le reste de ses calmants.

— Je suis désolé, mon grand. Mais je ne peux rien faire pour toi. Je n'ai plus la force de m'occuper de toutes ces âmes si lointaines.

Alors que je tente de l'obliger à abréger l'attente, je revois le jeune homme sur la balustrade. D'un simple aperçu du visage du titulaire, je comprends mieux. C'est Karyo. Il a jeté à terre son tablier de travail. L'aube colore le ciel de son gris avec une touche de lumière, preuve que le soleil sera dans quelques heures, colons de cette partie du continent.

L'homme est mi-ivre et tient à tout abandonner. Il sanglote jusqu'à s'arracher la mâchoire. Toute sa vie, il s'est consacré à ce que les autres pensaient. Il avait essayé de se conformer à leur règle. « C'est la vie », lui avait-on signifié. Il se devait de se battre, comme tout le monde le fait.

Mais ne le faisait-il pas ? N'essayait-il pas de se conformer ? Chaque jour, il a dû encaisser la douleur d'un supérieur sans scrupule qui lui donnait une boutade à l'épaule, lui gâchant ainsi son travail ?

Il tremblait de rage et de vengeance. Il voulait que les autres ressentent sa douleur. Mais il se savait trop faible pour changer quoique ce soit. Il est là, maintenant, sur le toit de son immeuble. Il veut en finir. C'est enfin le dernier acte. Ces collègues culpabiliseront peut-être après sa mort ? Sa mère et son père, ingrats personnages, se jetteraient au pied de sa tombe pour lui faire leurs excuses inutiles et plates. La fille qu'il aimait secrètement, déposerait certainement une gerbe de fleurs, les larmes aux bords des yeux.

— Vous allez voir, bande de vaurien. Avec tout votre fric... et vos femmes faciles. Plus rien n'est vrai dans ce monde... vous culpabiliserez...

Il se met à rire, à gorge déployée. Soudain, il réfléchit. Le sourire s'efface. Il baisse la tête, en direction des petits points, au loin. Le vent, à cette hauteur, le fouette sans cesse. Il n'est plus sûr de vouloir attendre.

— Non, je crois plutôt qu'ils vont plutôt se foutre de ma gueule, au final. Les parents ne viendront même pas. Les collègues fêteront ce moment, en se remémorant mon corps fracassé au sol, baignant dans mon sang.

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Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now