Chap XIV : Ce Qui Donne La Force De Continuer I (2/2)

Start from the beginning
                                    

— Minos, c'est bien cela ? dis-je, en caressant mon arc.
— Finissons-en, toi et moi.
— Alors... ne me déçois pas.

Dans la seconde, je vois arriver l'e-motio de la peur, trois fois plus imposant que la dernière fois, sur la falaise. Il a une tête tel un masque au visage grimaçant. Une tête macrocéphale avec des dents telles des canines de félins, une gueule grande ouverte, formant de ce fait, des rides repoussants, un nez rond et des yeux globuleux, dont deux flammes violettes brûlant tel un feu de camp offrent une vision singulière et tétanisant de ce qui attendent ces victimes.

Son corps ayant triplé de volume, possède une peau recouverte d'un pelage noir fort grisant. On dirait un énorme ours. Cependant, la posture de son corps me précise qu'il a une physionomie s'approchant plus taureau avec ses membres musclés et puissants et son corps renversant.

L'animal est rapide. Encore plus vif que tous les e-motios que j'ai pu rencontrer. Il dévale la pente à une telle vitesse que je le confondrai presque avec un véhicule de course. Sans parler du cri qui l'accompagne. Tel un fauve, son hurlement nous parcourt l'échine et nous place en position de respect vis-à-vis de la force à l'état brute.

Je cligne des paupières et la bête est déjà près de leur position. Les deux autres assassins se retournent pour contempler cette arrivée en grande pompe. Seuls Minos et moi, nous désintéressons à présent du spectacle, considérant, que plus rien autour de nous n'a d'importance, sauf notre règlement de compte.

— Tuez l'e-motio, lance le nouveau maître de la bande.

Les deux ne lui répondent pas, certainement, ayant compris le message. À l'instant où le dévoreur est sur les lieux soulevant avec lui une quantité considérable de neige, nos deux corps s'élancent, afin de sceller ce différend dans le croisement funeste de nos armes.

La rencontre se joue sur le contact de nos lames, tentant de viser nos gorges respectives. Nous nous rapprochons. J'encaisse un violent coup de jambe à la hanche. Je chancelle tout en pivotant mon arc, de sorte à lui trancher une part de sa jambe.

J'atterri sur la neige fine et la lutte reprend de plus belle. Nous sommes tous les deux, d'excellents combattants. Je remplace furtivement mon arc par mes lames en fer noir et l'oblige à reculer face à la brutalité de mes portées.

Il arrive à me trouver une faille. Cela me force à supporter une écorchure sur mon côté droit de l'abdomen. J'y porte une main tout en l'observant s'approcher. Nous nous remettons au jeu, ne baissant point d'intensité.

Le monde semble se résumer à nos deux corps, prêts à infliger le plus de souffrance à l'autre. Je ne sais si cela pourrait finir autrement, mais je suis certaine que je ne veux surtout pas le laisser partir dans la minute. Je suis comme détachée du peu de soucis remplissant mon quotidien. Je ne pense qu'à briser mon ennemi comme lors des entraînements à Éris.

Je détaille à quelques dizaines de mètres, l'e-motio de la peur se jeter en plein sur le premier misérable, tandis que l'autre, lui enroule sa chaîne autour du cou. L'e-motio se débat en doublant ses gesticulations, au point de balancer le reste de la carcasse du premier, sur le corps de l'adepte.

Je décide d'en finir avec mon adversaire, en lui lançant ma lame dans la direction de son cœur. Il esquive le coup, bien entendu, cela me permet de me munir de mon arc et de continuer le croisement. À un moment où je crois glisser et qu'il pointe son arme vers moi, je saute sur moi-même et avant qu'il n'ait compris, je lui tranche la tête dans ce mouvement.

Je me retrouve sur la couche enneigée. Le souffle semble ne plus vouloir m'être accordé. Je vois double. Je n'arrive pas à atténuer la douleur de mes blessures, cette fois moins superficielles. Je distingue que le masqué a tout de même eu le temps de m'entailler à nouveau, rendant ma perte de sang sans précédent.

Pourtant, je me dépêche de chercher dans mes poches, un peu de l'élixir pouvant me permettre d'endiguer la douleur et stopper l'hémorragie. Je la retrouve, la débouche rapidement et avale cul sec, le peu restant. Je laisse tomber le flacon sur la neige teintée de mon sang, certaine de n'en avoir pour quelques heures tout au plus, avant de finir morte d'anémie. 

 

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now