Chap VIII : Ce Que Cinq Faces Ont En Commun (1/5)

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Brusquement, Synda me somme de me concentrer, le ton semblant aux aguets :

— Attention, Alpha ! Quelque chose approche.
— Je perçois cela aussi.

Je pressens un danger depuis tout à l'heure. Une sorte de malaise m'asséchant le gosier. Je me retourne comme attirée par une présence invisible. Je m'arrête net pour mieux sonder les environs.

— Oui... c'est limpide. Un de mes congénères te suit à la trace.

Alors qu'elle me parle encore, j'aperçois une silhouette bien droite me lançant un regard menaçant de ses sclérotiques rouges luisants. Il ressemble fort à un des gardiens de l'entrée.

Il possède une douzaine de boule noire qui se remarque derrière ses bras qui sont relativement bien sculptés comme son corps. Son torse blanc contraste avec son corps noir de jais comparable subjectivement à du métal brillant. Il possède une crinière du même alliage que son corps, tandis que sa tête est blanche traversée de sillons rouges, au niveau de ses paupières glaciales. Sa mâchoire inférieure se situe deux centimètres en arrière du crâne, dont la dentition est à nu. On se croirait en face d'une de ses inventions difformes mi bestiale mi humaine, au soir d'Halloween.

Avant même de me mettre en position, j'entends les avertissements répétés de Synda :

— Alpha ! Un autre se rapproche... Je sens aussi l'approche d'un troisième...

À ces alertes précisées, je pivote sans attendre et force sur mes jambes. La rapidité est de mise, sachant parfaitement que ces bêtes me poursuivront.

La course me paraît n'avoir de fin. Ma respiration saccadée pointille à mes ennemis, ma position. Je m'élance telle une gazelle sautant une bûche, virant à l'approche d'un arbre. Lorsque je sens de moins en moins leurs présences à mes côtés, je sors de mon sac à bras une aiguille que je lance à la seconde tout en sautant vers ma droite, éparpillant la poussière dans toutes les directions.

Je me découvre une entaille au niveau de mon coude. Je n'ai pas le temps de considérer l'infime douleur. Je me précipite vers la forêt, espérant pouvoir les semer de par la trop grande étendue du domaine, me faisant face.

Mais avant de pouvoir m'en rapprocher, je distingue, un énorme animal tout beige sortant doucement de la forêt et s'avançant dans ma direction. Au moment où nos yeux se croisent, je reçois un flash : un homme se battant dans un bar, brisant des verres avec brutalité sur un autre personnage en costume noire à ses côtés. Le temps que je comprenne quelle était la route destinée à cet évènement, je me retrouve face un homme masqué qui braque un fusil sur des civils dans une banque...

Je reviens à moi et me stoppe net. Je respire difficilement, je transpire à grosse goutte. J'incline mon dos pour tenter de récupérer plus vite, mais aussi me munir de mes lames. Je me redresse d'un seul coup et considère les bêtes, se rapprochant de ma position. Le beige se place devant moi, à la lisière de la forêt dont les arbres me poussent à penser que j'aurai eu droit à un terrain bien plus avantageux, si je m'y étais engouffré.

L'herbe fine mais haute nous entoure comme des épis de maïs. Jaune comme du blé, elle ne facilite pas la distinction des ennemis. J'arrive cependant à compter les trois formes, se rapprochant à grande enjambée, le regard prédateur. Le beige est celui d'il y a une dizaine de minutes. Sa coloration vire au rose. Cela me précise une accumulation d'émotion en équivalence avec un ressentiment. Il se trouve devant moi. Celui à ma gauche, ressemble à un ours polaire terrestre. Celui de droite, par contre, ne manque pas de m'apporter une étrange appréhension. Son corps entier est d'un noir pur. Ce qui se démarque au premier regard sur lui, est une tête conique allongée, telle une lance d'un mètre. D'ailleurs, je ne constate ni nez ni œil, encore moins une gueule. Il ressemble plus à une armure qu'une bête.

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now