Chapitre 25: Mensonges

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Il interprète ainsi la chanson entière, sans la moindre erreur ou fausse note. Je suis plus qu'impressionnée: je suis tout simplement bouche-bée. Après qu'il ait effectué le dernier accord, je souffle:

- Alex, tu ne m'avais jamais dit que tu étais aussi talentueux en musique! C'était magnifique, crois-moi.

- Mon père n'aimait pas que je fasse de la musique, soupire-t-il simplement. J'ai appris à jouer seul et je devais le faire en secret. Tu es donc la première à me dire que j'ai un quelconque talent. Merci.

- Il y a un club de musique, à l'école. Tu iras t'y inscrire aujourd'hui même. C'est un ordre.

- Je verrai bien, rit-il doucement.

- Mais, dis-moi... Pourquoi cette chanson? lui demandé-je après quelques instants.

Il hausse les épaules.

- Je l'ignore, pour être franc. Elle m'interpelle. Il y a quelque chose avec le message qu'elle passe qui me fait sentir... je ne sais pas... concerné? Je veux dire, elle a une signification vraiment négative et tout, mais...

- Je vois, dis-je doucement. Les chansons n'ont pas à être tous très heureuse, tu sais. Et puis, tu étais excellent.

Je vois aussi qu'Alex commence à être terriblement blême et qu'il doit probablement sortir bientôt dehors prendre un peu de soleil. Je consulte ma montre. Il est six heures du matin. Il n'a pas nécessairement besoin de remonter à la surface maintenant, mais je l'incite tout de même à y aller après quelques moments.

- Tu commences à manquer de soleil, commenté-je. Allez, file. De toute façon, je dois me rendre au Toit avant que tout le monde ne soit réveillé.

- Ouais, t'as probablement raison. Bonne journée dans ce cas.

- Bonne journée.

Alex me serre longuement dans ses bras. Il me murmure un petit "Je t'aime" à l'oreille avant de m'embrasser le dessus de la tête et de partir en courant vers l'autre bout de la ville, là où il y a l'arche, le seul accès vers la surface.

Je le regarde s'éloigner avec un léger pincement au coeur. Je voudrais tant pouvoir me lancer à ses trousses, le suivre vers la surface, sentir les rayons du soleil sur ma peau et les flocons neige sur mon nez. Pouvoir respirer l'air frisquet d'automne et me laisser caresser par les brises de l'hiver qui s'approche. Et dire qu'il y a un peu plus d'une semaine, je me plaignais que je détestais le mois de novembre, que je n'aimais pas avoir le rhume, et d'autres enfantillages du genre. Maintenant, je paillerais cher pour simplement avoir à reporter l'écharpe multicolore de ma grand-mère... Je ne suis pas faite pour vivre confinée sous terre.

C'est le coeur un peu lourd que je me rends au Toit, les pieds traînants et le moral à plat. J'ai la chanson Take me to Church prise dans la tête, ce qui n'est pas une mauvaise chose, remarquez. Il jouait si bien! 

Lorsque j'aboutis au Toit, il est six heures et demi. J'ouvre discrètement la porte ronde qui mène du côté des filles et entre dans la salle commune. Les lumières sont éteintes et c'est le calme plat. Je soupire de soulagement: les autres dorment toujours, heureusement! Mais je sais pertinemment que le test est à huit heures et que les autres ne vont pas tarder à se réveiller. Je file en silence vers la chambre que je partage avec Anna pour y prendre des vêtements propres pour aujourd'hui. Par contre, en entrant dans la chambre, je constate qu'Anna n'y est pas. Je n'ai pas le temps d'en être surprise.

- Qu'est-ce que tu fais là? s'exclame quelqu'un dans mon dos.

Je crois pendant un instant d'on s'adresse à moi, mais je comprends que j'avais tort. Je saisis mes vêtements et sors doucement de la chambre. Je vois, à quelques mètres dans la salle commune, Daphné. Elle. Je me sens bouillir de colère rien qu'à sa vue. Puis je remarque la fille près d'elle. Anna. Anna? Mais qu'est-ce qu'elle fait là?

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