La soirée touche à sa fin, Mellony et Cole rentrent chez eux, mon père va se coucher dans mon lit, et je m'étale sur le canapé.

Mes pensées divaguent, mon père est revenu, depuis si longtemps que je n'avais pas vu son visage. Il est venu me faire une surprise, rien que pour moi.

Un jour, je lui ai demandé pourquoi il était si patient et gentil avec mes amis, je lui ai également dit que s'il ne les aimait pas, il n'était pas obligé de faire semblant.

Il m'a simplement répondu, assis dans le canapé, les mains liées sur ses genoux : « Tant que tes amis te rendent heureuse, il n'y a pas de raison pour que je les déteste. La seule chose qui m'importe Halsey, c'est ton sourire. »

Ça m'avait touchée et émue. J'étais pourtant très jeune, je devais avoir environ onze ou douze ans. Ça pourrait être un souvenir insignifiant, sans grande importance, d'un jour pluvieux, j'aurais pu l'oublier et ne pas y prêter attention. Mais je m'en suis toujours souvenue. Parce que ce souvenir tourne toujours en rond dans ma tête.

Je fais en sorte de choisir mes amis en pensant à la réaction de mon père. Je veux des amis polies, qui s'inquiètent pour moi, sur qui je peux compter, des amis qui m'épauleront dans n'importe quelle situation.

Parce que, je sais que c'est le genre d'amis que mon père aimerait pour moi. Je veux qu'il s'entende bien avec eux sans avoir à se forcer, être naturel.

Si mon père veut mon bonheur, je veux aussi le sien.

Durant la matinée, j'ai travaillé au salon, laissant mon père visiter le cœur de L.A en suivant les quelques bons plans et conseils que je lui avais indiqués tantôt.

Nous sommes l'après-midi, je termine mon travail, vais ranger ma tenue au vestiaires, dis au revoir à mes collègues, ainsi que Mellony et Cole qui travaillent jusqu'à ce soir, et je sors enfin de la boutique.

J'ai rendez-vous avec Havana dans une trentaine de minutes, alors je me rends au café Saint-Blue.

Une fois arrivée à destination, je me pose sur une table à deux, mon sac à terre, je commande deux thés.

Mes doigts frappent frénétiquement la table, le stress commence à courir dans mon corps. Je vais devoir me livrer.

À vrai dire, je n'ai jamais vraiment dévoiler mes sentiments à quelqu'un. Mes amis savent combien ils comptent pour moi. Mais je n'ai jamais vraiment eu de relation sérieuse.

Les seules fois où je me suis livrée sur mes sentiments, j'étais encore une adolescente. C'était les quelques amourettes de lycée, sans grande importance pour les adultes, mais qui prennent tout leur sens chez les jeunes.

On dit d'ailleurs que les années de lycée sont nos meilleures années.

Après cette période, j'ai changé et je suis devenue une fille avec une mauvais réputation.

À cause de mes sorties incessantes en pleines nuits, mes coups d'un soir qui faisaient rager ma mère, j'avais complètement oublié ce qu'était l'amour. Je ne sortais avec personne, profitant seulement des avantages au Palmas Club.

Cette période a duré trois ans. J'ai arrêté cette été. Je me rappelle de ce jour comme ci s'était hier.

Une fille avait voulu me revoir plusieurs fois après que nous ayons fais l'amour. Mais ce n'était pas dans mes principes, je n'en n'avais pas envie.

Alors elle a menti à sa mère. Cette dernière a appelé la police et la jeune femme à porté plainte contre moi. Elle avait fait croire que je l'avais violé.

Alors que nous savions toutes les deux que c'était elle qui était venue me voir, elle qui avait voulu tout ça. Je n'avais fait qu'accepter, parce que j'étais comme ça à l'époque.

Ma mère était devenue folle quand nous avions du nous rendre au tribunal, chercher un avocat afin de plaider ma cause et rendre justice.

Ça avait été dur. J'ai dû tout dire de moi, mes intentions, mes habitudes. J'avais honte d'être devenue une traînée au yeux de la loi.

Alors quand j'ai été inculpée, j'ai couru chez le tatoueur.

Je me suis fais tatoué cette fleur sur la hanche. C'est mon symbole de la liberté. Le commencement d'une nouvelle vie, ma renaissance.

Ce tatouage représente mes nouveaux choix, mes projets, mes prochain regrets, mes défaites, mes victoires, mes fiertés, mes désespoirs.

En voyant ce tatouage, je me rappelle chaque fois de cette vie que j'ai laissé derrière moi. Cette vie pleine de malheurs que je ne veux pas retrouver.

Je veux changer, être une meilleure version de moi. Me surpasser. Je veux que mes parents soient fiers de moi, je veux être fière de moi.

Je veux que dans quelques années, quand je regarderai mon chemin parcouru, je sois fière de moi et avoir le moins de regrets possible.

Je veux que ma vie aboutisse à quelque chose, cette vie que Dieu m'a offerte, je veux la mettre à l'honneur et l'utiliser comme il se doit.

Je veux être maîtresse de moi, apprécier chaque seconde qui passe comme ci c'était la dernière.

Je veux être heureuse, entourée de ma famille, celle que j'aurais choisi et celle qui m'aura été destinée.

Savourer chaque moment de la vie, même les plus mauvais.

Tirer des solutions de mes problèmes, des leçons de mes échecs.

Je ne veux plus être une parodie de moi-même, je veux vivre dignement et mourir librement.

Je veux mourir en me rappelant toutes les belles choses que j'aurais réalisé, les sourires que j'aurai crée.

Et Havana est la clé de mon bonheur, alors peu importe que je doive me livrer, je le ferai. Car je ne veux pas avoir de regrets.

Singer Dream (C.S W/ Halsey) ⛛Where stories live. Discover now