8 - La phrase la plus excitante

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La phrase la plus excitante à entendre en science,
celle qui annonce les nouvelles découvertes,
n'est pas «Eurêka» mais «c'est amusant...»

Isaac Asimov


Besoin de partager un moment, avec un être aimé... mais c'est encore du rêve...

La journée qui avait si bien commencé a tourné au fiasco.

La réunion de travail a tourné avec des piques ou des flagorneries, selon les personnes. J'ai découvert une nouvelle facette de la personnalité des gens avec qui je travaille !

Ils ne comprennent pas. Je ne leur en veux pas, ils ne doivent pas savoir pour l'instant. Mais c'est tellement dur de sentir le mépris dans les regards de personnes qui vous auraient suivi au bout du monde quelques jours avant... et de voir des personnes que l'on appréciait se transformer en lèches-bottes subitement.

C'est la nature humaine, mais ça fait mal.

Depuis le temps qu'on travaille ensemble, ils auraient pu me faire confiance, certes, le projet pour lequel j'ai demandé des crédits énormes est bateau, tout ce qu'ils détestent, mais ils pourraient me faire confiance, ou tout au moins, venir me parler et me poser des questions. Au lieu de cela, silence total, et réflexions...

S'ils veulent travailler avec moi, c'est justement parce qu'on ne succombe jamais à la facilité, au buzz, aux recherches attendues et qui ne font pas avancer le savoir, ou qui ne débouche pas sur une nouvelle question.

Une découverte est une porte que l'on ouvre, et qui éclaire par la lumière qu'elle fait pénétrer d'une part, la pièce où on se trouve, mais qui, en même temps, nous fait découvrir une autre pièce, un autre couloir rempli d'autres portes que l'on ne soupçonnaient pas, et qui sont à explorer.

Une découverte qui clos un problème, n'est pas une découverte. C'est juste un problème mathématique résolu.

Aucune des grandes avancées de la science n'a refermé de chapitre. Toutes les plus grandes sont arrivées à expliquer une partie de l'équation, tout en engendrant des tonnes de nouvelles questions.

La théorie de la relativité restreinte, élaborée par Einstein en 1905 a réussi à démontrer le plafond que représentait la vitesse de la lumière dans le vide. Einstein a réussi ce tour de force en douceur, à trouver l'explication des équations de Maxwell et sans froisser Newton pour autant. Grâce à elle, toute la vision de l'espace-temps en a été chamboulée à jamais, et les recherches continuent et les théories que sa découverte a entraînée ne sont pas encore définies. Tout reste à faire.

Aristote pensait que le coeur était le siège de l'activité mentale, il le pensait chaud et sec. Puis, Platon a imaginé que c'était le cerveau qui en était le siège. En aujourd'hui ? Aujourd'hui, on dispose de machines de plus en plus sophistiquées et précises pour traquer les moindres activités du cerveau, j'en sais quelque chose. Et nous nous focalisons dessus... et depuis quelques temps, les biologistes nous parlent de bactéries qui vivent en symbiose, dans notre propre corps (ce que l'on savait déjà)... mais dont la composition altéreraient nos humeurs et comportements...

Les relations entre certains troubles mentaux et la composition du microbiote intestinal n'en est qu'à l'état de recherche, mais tout de même... La corrélation entre la diminution de la population des bactéries Coprococcus et Dialister et la dépression est intrigante.

Qui de l'oeuf ou de la poule ? Y a-t-il diminution de ces bactéries parce que le patient déprime... ou... déprime-t-il parce que ces bactéries sont en moindre nombre ?

Question suivante... pourquoi est-ce que des bactéries diminueraient en nombre à cause de nos pensées négatives ?

Ou une autre... plus folle... est-ce que nos bactéries ne possèderaient pas le pouvoir d'influencer nos idées...? et autant que je poursuive sur la voie de l'utopie ou de l'anticipation ou de la folie pour certains : Pourquoi est-ce qu'une colonie de bactéries ne serait-elle pas à l'origine de nos pensées... et qu'en fin de compte, nos rêves ne soient que les leurs...?

La phrase elle-même est indécente, et mes collègues me riraient au nez, ou plutôt, se détourneraient instantanément de moi si je disais tout haut ce qui pourrait, en partie, être vrai.

Serait-il donc possible qu'en fin de compte, notre activité mentale ne dépende que des rêves que des bactéries feraient pour nous, ou plutôt que des ordres que des bactéries nous enverraient sous forme de rêve ou de pulsions ?

Bon, stop. Arrête de penser justement ! C'est n'importe quoi ! Tu dérailles !

Au bout du rêveWhere stories live. Discover now