Chap IX : Eskiell (2/4)

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Son attitude me laisse perplexe. Dois-je réellement me confier à elle ? Cela ne va pas être gai, mais j'en ai vu d'autres. Je me rapproche d'elle doucement en inclinant ma tête.

— Écoute... Je soupçonne le chef de vouloir nous mener droit vers un piège...
— Tes preuves ?

J'essaie de la mettre au parfum de mes doutes. Elle a l'air de ne pas suivre, mais je perçois un certain examen de mes propos. Les prend-t-elles au sérieux ?

Je suis revenu dans mon pays pour prendre des nouvelles de ma famille, mais aussi effectuer le paiement d'une dette qui me pesait sur le cœur auprès d'Illit, une amie très chère qui a contribué à mon évolution grâce à ces humbles conseils. C'est là que j'ai revu mon collègue m'attendant dans un bar. Oyphul me proposa cette quête en me vantant les multiples bénéfices que nous pourrions en tirer. Je n'adhérais pas tout de suite, puis étudiais l'opportunité d'un autre œil.

Ce dernier est mort, maintenant. Suis-je touché ? C'est secondaire. Nous n'étions pas attachés. Ai-je des regrets ? Oui, ça fait mal quelque part... dans un coin de mon cœur.

* *

— Qu'est-ce que c'est que...

Je me retourne vers notre vigile de cette nuit, tenant à enclencher clairement une dispute — Non, je n'essaie pas — Je veux placer une discorde entre nous, maintenant.

— Eh ! Où as-tu mis mes affaires ?

L'explorateur lève doucement la face pour mieux comprendre.

— Mes babioles étaient près de moi... où les as-tu placés ? vociféré-je, prenant à chaque nouvelle seconde, un ton plus grave et se voulant crieur.
— Seigneur... dit-il en se dressant d'un bond.

Il tourne son regard autour du camp et près des fardeaux de l'ensemble de l'équipe. Je ne me sens plus apte à rester en place et imagine très vite le plus sournois de tous les coups : il l'a caché pour nous laisser sans armes. C'est son premier acte pour se retrouver seul maître de je ne sais quoi.

Je n'ai point le temps d'y réfléchir consciencieusement et laisse libre cours au reste des hypothèses. Je m'approche presqu'en sautant vers lui alors qu'il pivote pour croiser mes pupilles.

— Il n'y a pas que les tiens... me répond-t-il droit dans les yeux, ce menteur.
— Écoute-moi bien, pauvre hypocrite... riposté-je en l'empoignant. Si tu n'me donne pas ce qui m'appartient tout de suite, par Devada, je te refais...
— Calme ton foutu emportement... me sort-il, m'empoignant à son tour au blouson de toutes ses forces...

Je ne trouve pas les mots. Je n'ai aucunement envie d'entendre ses mensonges — Oui, elles en sont — J'ai la rage qui me monte jusqu'au nez. Pourquoi me ment-il ainsi ? Non, je le sais. Il veut tous nous avoir pour nous dicter ces conditions. J'expire avec forte haleine. Je dois découvrir son problème.

— Du calme, soldat... continue le meneur.

« Du sang-froid... garde le contrôle... t'entends ? Maîtrises-toi... Ce n'est pas en se cherchant à la première appréhension que nous allons résoudre le problème... »

— Que se passe-t-il ? intervient le prêtre.

Celui-là, il ferait mieux de ne pas venir m'embrouiller tout de suite.

— Il se trouve que nos charges ont mystérieusement disparu... essaie de voir si tu trouves des traces de pas sur la paille fermement ancrées. Et si tu reconnais les traces des semelles de Bordos, viens sans attendre...

Ce Que Tes Émotions Leur FontWhere stories live. Discover now