Prologue

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Elle aurait juré avoir entendu un bruit !

Elle en était certaine, sinon pourquoi aurait-elle fait une fausse note sur ce morceau qu'elle pouvait jouer les yeux fermés ? Un bruit inhabituel, venant de l'extérieur, comme plusieurs branches mortes sur le sol qui craqueraient sous le poids de la course d'un animal. Ou d'une personne. Cette pensée lui donna la chair de poule, un courant glacé parcourut sa colonne vertébrale lui donnant la sensation d'être plus vulnérable que jamais. Elle eut subitement envie de courir se cacher au fin fond du placard le plus proche mais elle n'avait personne à qui demander de l'aide, elle allait devoir surmonter sa peur et aller voir par elle-même quel animal pouvait bien rôder autour de sa maison. Elle replaça ses cheveux derrière ses oreilles et se dirigea vers la porte avec une démarche faussement assurée. Elle resta sur le pas de la porte d'entrée, les yeux plissés, tentant de discerner quelque chose au milieu des arbres qui entouraient sa maison. Au bout de plusieurs minutes, n'ayant rien vu et rien entendu de plus que le sifflement du vent dans les branches, elle retourna à l'intérieur décidant qu'il était l'heure pour elle d'aller enfin se coucher. Après avoir vérifié huit fois que les portes et fenêtres étaient bien toutes verrouillées, elle récupéra son téléphone posé sur le bord du piano et monta les escaliers qui menaient à sa chambre. Juste avant de se glisser dans son lit, elle se posta devant la baie vitrée faisant face à son lit. La forêt s'étendait à perte de vue de l'autre côté de la vitre ; hormis le sentier en terre qui menait à la route principale, il n'y avait rien d'autre que des centaines et des centaines d'arbres au-delà de la clôture délimitant le jardin de la jeune femme. Bien que la nuit cette immense forêt offrait l'ambiance propice à un film d'horreur, elle se sentait bien dans sa nouvelle demeure ; au calme, au grand air, loin du bruit de la ville et de la mauvaise humeur des gens ; elle avait trouvé, après des mois de recherche, son coin paisible, entouré de verdure, empli de l'odeur des sapins, silencieux.

Au moment même où elle appréciait le côté silencieux de sa nouvelle maison, elle entendit à nouveau ce mystérieux bruit. Elle balaya du regard ce qu'elle pouvait voir de sa fenêtre mais encore une fois rien ne bougeait dans son champ de vision. Certaine de ne pas réussir à dormir avant d'avoir percé le secret de ce bruit, elle s'aventura dans la forêt, cette masse sombre que seule la lune éclairait. Dans sa main gauche se trouvait son téléphone servant de lampe poche de fortune, source de lumière ridiculement faible dans l'immensité de la forêt mais rassurante pour la jeune femme ; un vase non utilisé qu'elle avait récupéré sur le meuble de l'entrée était dans sa main droite, une arme de fortune qui s'avérerait probablement inefficace face à un agresseur mais elle n'avait pas pu se résoudre à sortir les mains vides. Elle marchait lentement, pas à pas, dans le noir, sans savoir réellement où elle allait mais elle s'assurait de ne pas perdre de vue la lumière sortant de la baie vitrée de sa maison. Plus elle avançait dans la forêt, plus le bruit se répétait de façon régulière, presque au rythme de ses propres pas. Le vent soufflait légèrement, faisant voler ses cheveux autour de son visage. Avançant à pas léger dans les feuilles mortes, elle se figea quand un nouveau bruit s'éleva au loin. Un hurlement, comme un ours qu'on égorgerait. Les yeux écarquillés de peur, elle n'osait plus bouger d'un millimètre. Son corps entier était secoué par des tremblements et elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de crier quand un deuxième hurlement se fit entendre. Les mains tremblantes elle éteignit la lampe de son téléphone et tendit l'oreille, elle voulait être attentive au monde bruit. Très lentement, elle se retourna et commença à marcher aussi silencieusement que possible vers sa maison. Elle avait à peine fait quelques pas quand quelque chose la frôla. Elle fit volte-face, regardant tout autour d'elle mais il n'y avait rien, rien d'autre que le vent, les arbres s'étirant vers le ciel et les feuilles mortes qui se froissaient sous ses pieds. Tremblante de froid et de peur, elle se mit à courir en direction de sa maison, quitte à ce que quelqu'un ou quelque chose soit dans les parages autant tenter de fuir. Elle ferma la porte d'entrée à double tour derrière elle et s'adossa contre la porte pour reprendre son souffle, maintenant une chose était sûre, elle ne fermerait pas l'oeil de la nuit. Résignée à rester éveillée jusqu'à l'aube, elle mit en route la machine à café, le regard rivé vers l'extérieur pendant que sa boisson coulait dans la tasse. Guettant par la fenêtre tout ce qui pouvait paraître étrange, elle s'installa à nouveau à son piano et après avoir bu quelques gorgées de son breuvage encore brûlant, entreprit de jouer un morceau pour se détendre.

Elle en était à peu près à la moitié de la partition, toujours le regard fixé sur la rangée d'arbres bordant son jardin, laissant ses mains faire ce qu'elles savaient faire, quand quelque chose attira son attention. Dans la partie droite de la forêt que dévoilait sa baie vitrée, une forme plus sombre se détachait du reste. Tout en continuant de jouer, elle plissa les yeux pour tenter de distinguer cette forme. Une silhouette humaine. Ses mains s'arrêtèrent de jouer et à ce même instant la silhouette sembla frémir. Quand la jeune femme s'approcha de la vitre, poussée par l'adrénaline bien que livide de peur, elle aperçut un reflet doré dans les yeux de la silhouette puis cette dernière disparut. 

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 02, 2020 ⏰

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