Depuis des décennies, un petit nombre d'habitants d'Aphatis sont formés à devenir Gardiens des Mondes. Aymee, jeune femme énergique et intrépide, en fait partie. Envoyée sur Eyama, l'une des quatre planètes qui composent son système, elle a pour seu...
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Aymee ignorait depuis combien de temps ils marchaient, mais à la vue du visage d'Edwin, elle n'avait pas osé demander une pause. Ses blessures devaient être désinfectées et elle savait qu'à un moment ou à un autre, elle serait obligée de le faire. Le cœur n'était seulement pas à l'ouvrage. Elle avait perçu son air renfrogné et elle ne connaissait que trop bien les émotions qui devaient le tirailler, à cet instant. Mieux valait ne rien dire.
Son regard était sombre et fixait un point inexistant. Chacun de ses pas était accompagné d'une respiration ample et de ses narines dilatées. Edwin était visiblement en colère et rien ni personne ne pouvait le calmer. Pas même sa sœur, qui avait tenté à deux reprises de le faire. Il ne répondait pas à l'appel ou se contentait de la foudroyer du regard. La tension était rude et cela ne plut pas à Esmeralda, qui s'arrêta brusquement et mit un coup de pied dans un tas de feuilles mortes qui jonchait le sol et qui n'avait rien demandé.
— Bordel, Edwin. Tu vas t'arrêter ! s'écria la benjamine dans un élan de colère qui les surprit tous deux. Nous devrions parler de ce qu'il s'est passé.
— Nous n'avons pas de temps à perdre.
— Tu es blessé. Aymee aussi, d'ailleurs.
Le grand brun sembla comprendre à quel point son attitude était puérile. Ses muscles se détendirent et il porta son attention sur la Gardienne, avant de constater sa blessure à la cuisse. Edwin sembla se reconnecter à la réalité et ses sourcils se redressèrent légèrement, pour laisser place à de l'inquiétude et de la culpabilité. Ne l'avait-il vraiment pas vu se retirer une fourchette de la cuisse ?
— Je suis désolé... Je... Je n'avais pas vu, souffla-t-il en se grattant l'arrière de la nuque.
Comme pour couronner le tout, il n'osa pas la regarder dans les yeux. Il grommela quelques mots qui ne parvinrent pas aux oreilles des deux jeunes femmes, mais son attitude suffit à faire sortir Esmeralda de ses gonds.
— Oui, oui, tu peux râler si tu veux. Pour ma part, tu me reparleras quand tu auras décidé de ne plus te comporter en parfait égoïste.
Elle croisa ses bras sous sa poitrine, d'une folle énergie qui ne lui ressemblait pas. Eh bien... Cette famille n'était pas aussi parfaite qu'elle en avait l'air. Aymee était fille unique, mais si elle avait eu un frère ou une sœur, elle était persuadée que leur relation aurait été virulente, entre l'amour, la jalousie et l'agacement. Ainsi, la Gardienne était rassurée que ces deux-là n'aient pas une relation aussi lisse. Cela les rendait d'autant plus humains à ses yeux et la déculpabilisait de ses propres élans de colère.
