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Une journée lambda, je me réveille.
Je peux le dire haut et fort, je suis vivant.
Bien vivant.
Je n'ai pas perdu la vie, en deux semaines !

Je m'étonne quand je me sens sourire tout seul.
Mais ce n'est pas si extraordinaire car je suis au meilleur de ma forme.

Prêt à quitter ma maison, mon regard rencontre celui de la fille sur mon poster.
Tu ne veux pas ta dose ce matin ?
Un rire et je sors.
Pas aujourd'hui ma belle.

Mes quatres amis attendent déjà le bus.
Ils me saluent comme chaque matin.
Et je leur rends avec un enthousiasme nouveau.

"- On ne te vois plus en ce moment Kenny.

- Stan a raison. Tu nous évite ou quoi ?

- Pas du tout les gars. J'étais occupé.

- Mouais vu comment t'es pervers j'suis sûr que ton occupation c'était parcourir les clubs de striptease en cherchant une nouvelle proie.

- Cartman parfois il y a des choses qui sortent de ta bouche qui me donnent envie de frapper ta tête contre le bitume.

- Bah vas-y Kyle je t'attends ! Montre moi la puissance de ta rousseur."

Une scène tellement habituelle.
Éric x Kyle, c'est magique.
Stan soupire de désespoir.
Moi je ris sous cape.

J'adore mes amis.
Ils peuvent continuer à oublier mes morts.
Je ne leur en veux plus.
Ce n'est pas leur faute mais celle de cette malédiction à la con.

Je dois faire avec même si c'est dur.
Apprendre à arrêter de plonger dans mes pensées noires et dans la drogue dès que je suis envahi par le doute.

Le bus arrive, stoppant Éric et Kyle dans leur pseudo début de combat.

Tucker est au fond de celui-ci, écouteurs aux oreilles, discutant avec Tweek, Token et Clyde.
Ils ne semble pas les écouter.
Perdu dans la contemplation de son ami shooté au café.
Quand nos regards se croisent il me fait un clin d'œil.
Je vais m'assoir avec Stan, le rouge aux joues.

Ce bâtard me fait de l'effet même à distance.
Juste avec un simple regard.
Je hais cette sensation autant que je l'aime.
Autant que je tiens à Craig.

Le bus s'arrête et on en descend.
Une main que je connais par cœur m'attire loin des autres en toute discrétion.
Direction l'arrière du bahut.

Il m'embrasse sans me laisser respirer et mes mains parcourent son corps.
Il est pris de frissons et moi aussi.
Les bosses qui se forment dans nos jeans se frottent l'une à l'autre.
Ne me lâche jamais.

Son visage est dévoré par un sourire, le mien n'est sûrement pas mieux.
Ce genre de moment est presque commun.
J'aime être dans ses bras.
J'adore l'avoir contre moi ou en moi.
Il me fait oublier la mort.
Il me fait tout oublier.
Il est aussi instable que moi.
Notre relation est bancale.
Mais elle est parfaite ainsi.
Comme lui et moi.




Tu es semblable à moi.
Tu n'es pas l'amour par définition.
Tu es la pilule que je prends quand j'ai la tête lourde et l'esprit fuyant.
Je pourrais être le cadavre et toi le tueur.
On se complète autant qu'on se ressemble.
Je ne ressens toujours rien lorsqu'on s'embrasse ou qu'on couche ensemble.
Mais ta présence suffit à me rendre heureux.

𝐏𝐨𝐫𝐤 𝐒𝐨𝐝𝐚 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant