La double vie d'Artémis Wolf

Chapitre 2

Blue - Indigo Sparke
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Je me réveille en sursaut au beau milieu de la nuit, mes vêtements adhérant à ma peau à cause de la sueur. Ma respiration saccadée résonne dans mes tympans tandis que les battements affolés de mon cœur tambourinent contre ma poitrine.

Rapidement, je réalise que je ne suis pas dans mon lit mais au beau milieu de la forêt.

Allongée à même le sol avec pour seuls vêtements un short de pyjama en coton et un débardeur, mes mains s'enfoncent dans un tas de feuilles mortes, pleines de terre. Affolée, je me redresse et regarde autour de moi, confuse. Des questions me viennent à l'esprit : qu'est-ce que je fous ici ? En dix-huit ans d'existence, je n'ai jamais été somnambule, c'est étrange. Ça a toujours été Nathan qui se réveillait la nuit et marchait dans la maison sans en avoir conscience. Mais encore une fois, dans la maison et non dans les bois.

Flippant.

Mes pieds nus raclent le sol humide. Frigorifiée, je croise les bras contre ma poitrine tout en tentant d'apaiser la peur qui me paralyse. Dès l'instant où mes yeux s'adaptent à la pénombre, je remarque que je me trouve sur un chemin d'ores et déjà tracé. Me mettant à marcher d'un pas prudent, je me rends compte que la blessure sur mon biceps n'est plus douloureuse. Pour en avoir le cœur net, je décide d'enlever le pansement de fortune que je me suis fait.

Rien.

Ma peau est intacte, aucune blessure n'est apparente. Pétrifiée par cette vision surnaturelle, mon souffle se coupe et je me mets à trembler.

Non, ce n'est pas possible. C'est comme si rien ne s'était déroulé. Comme si le loup aux yeux rouge sang ne s'était jamais jeté sur moi pour me mordre.

Terrifiée et complètement désorientée, je me mets à courir. Mes jambes sont faites de coton, je me fais violence pour ne pas m'effondrer face contre terre. Je me presse de m'enfuir de cette forêt hostile. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Sur mon chemin, des branches fouettent et griffent  mon visage alors que des feuilles humides me font déraper. Pour couronner le tout, la pluie commence à tomber.

En arrivant sur une route menant au centre-ville où se trouve ma maison, je constate que je ne suis ni essoufflée ni fatiguée. Bon sang mais qu'est-ce qui m'arrive ? Soudain, une voiture surgit de nulle part et manque de me renverser. Éblouie par les fards, je ne la vois pas arriver. Elle m'évite in extremis, les pneus crissent contre le bitume mouillé. Le klaxon me fait tressaillir tandis que le chauffeur hurle des choses inaudibles. La pluie s'abat sur moi, plaquant mes cheveux contre mon crâne. Transi par le froid, mon corps ne tient plus. Il faut à tout prix que je rentre.

Après une bonne quinzaine de minutes sous le déluge, je parviens à retrouver ma maison mais la porte est fermée. Comment est-ce que je suis sortie si la porte d'entrée est verrouillée ? Je jette un coup d'œil vers la fenêtre de ma chambre et constate qu'elle est entrouverte. Je décide alors d'escalader la façade en m'aidant de la gouttière et des quelques branches de lierre. Je me surprends à le faire aussi facilement.

Une fois à l'intérieur, je pars troquer mes vêtements trempés par un pyjama propre et en profite pour examiner mon bras de plus près. Ma peau est lisse, comme neuve. Je ne peux pas y croire, c'est forcément une hallucination.

Demain, je vais lire le livre sur les différentes manières de devenir loup-garou et trouver ce qui ne va pas avec moi. Je mets un nouveau pansement au-dessus de mon biceps que je badigeonne de vernis rouge afin que ça puisse paraître vrai. On ne sait jamais.

Je pars ensuite me coucher. Néanmoins, je me tourne et me retourne dans mon lit à la recherche du sommeil, en vain. Des doutes envahissent mon esprit agité : et si ce que ma famille redoutait le plus était enfin arrivé ? Et si un membre de la famille Wolf devenait la créature sans merci, assoiffée de vengeance et justice, qu'il chasse sans relâche depuis des générations ? Refoulant cette idée angoissante, je refuse d'être ce que je ne veux pas être. Mes paupières finissent par se fermer lentement et la fatigue m'emporte.