Âme gardienne

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Respire.

Ouvre les yeux.

Et respire.

Calme toi et observe. Peut-être que cela te prendra quelques secondes, peut-être que cela te prendra plusieurs siècles. Mais ne t'inquiète pas, n'abandonne pas. Tu finiras toujours par voir.

Je ne peux pas te guider plus. Je ne sais pas ce que tu cherches. Je sais seulement comment faire.

Mais je crois en toi. Je croirais toujours en toi ! Tu es peut-être au fond du trou ou perdu. Ou perdue. Ce n'est pas vraiment important. Je ne sais pas où tu es et je ne sais pas où je suis, alors tout va bien.

Il fait un peu sombre, non ? Essaie d'allumer la lumière, ça fonctionnera sûrement. Au pire, c'est beau l'obscurité aussi ! Et si cela t'oppresse, c'est que tu as arrêté de respirer comme je te l'avais dis. Rappelle toi, l'air ne devient pas opaque. Même s'il n'y a plus de lumière, même si tu étouffe à cause de ce qui t'entoure.

Respire !

Calme ton cœur, calme ta tête.

Ouvre les yeux et regarde. Tu verras alors ce qu'il te manque ou ce que tu veux.

Puis écoute ensuite.

Que ce soit le silence nocturne, le piaillement des oiseaux qui accompagne une ou deux grenouilles, la musique qui tambourine tes tympans, un souffle -le tiens ou celui d'un autre- ou le vent. Voir le tic tac infernal d'une horloge ou autre chronomètre, les sanglots de la pluie ou la rumeur des voitures. Tu auras toujours quelque chose à écouter. Fais en sorte de ne pas le rendre désagréable.

Bon je sais que moi, je ne supporte simplement pas le tic tac des réveils et autres.

Mais essaie de t'accrocher à ce que tes oreilles perçoivent. Poses y ta respiration. Cales y les battements de ton coeur.

Respire.

Écoute.

Concentre toi, tu vas y arriver.

Prends ton temps et essaye et réessaye.

Et regarde.

Observe ta vie, ton passé, ton présent, ton futur.

Observe toi, tes démons, tes rêves, tes espoirs, tes craintes.

Observe ce que tu aimes, ceux que tu aimes. Et l'inverse aussi.

Observe, n'analyse pas. On ne fait pas des sciences là.

La vie ce n'est pas des maths. C'est ce que l'on décide d'en faire. C'est comme de la pâte à modeler.

Tu vois mieux ?

Je suis fière de toi, tu fais changer les choses en faisant ça.

Oui je pèse mes mots. Parce que maintenant que tu vois ce que tu cherchais, tu a la possibilité d'agir. Si tout le monde faisait ça, peut-être que le bonheur gratterait de la place ?

Je suis une incorrigible rêveuse, je sais. Une idéaliste pur souche !

Mais je m'en fiche. Mon rôle c'est de t'aider. Je le sais parce que c'est moi qui en ai décidé ainsi. Je sais ce que c'est, d'être perdu, d'être seul en plein milieux de la foule pourtant face à des panneaux de signalisation. Alors je me suis dit que j'allais essayer de t'aider ! Je ne souhaite à personne de se sentir comme ça.

Dis moi, tu vas mieux ? Tu à rejoins la rive en arrêtant de boire la tasse ?

Ça m'étonnerait... ça prend du temps.

Veux tu savoir un peu plus de choses sur moi ? Je suis sûre que parmi tous ceux qui sont toi, il y en a qui sont curieux !

Par où commencer ?

J'ai été à ta place. Aveugle, étouffée, sourde, muette, perdue, seule. En train de se noyer.

Peut-être que je le suis toujours. Mais j'ai pas arrêté de sourire alors personne n'a rien vu. Pourtant j'ai respiré, regardé, écouté. J'ai fait tout ça. Au détail que je n'étais pas là pour moi comme j'espère je le suis pour toi.

Enfin si, justement, je n'avais que moi pour remonter à la surface.

Je ne sais pas crier. Je ne sais pas montrer ce qui est cassé en moi. Pourtant mon visage est un vrai miroir sur mes émotions. Non pas un miroir, à ce point là c'est un véritable écran tactile ! Je ne sais pas non plus retenir mes larmes. Et bon dieu, je pleure souvent ! Je ris souvent aussi.

Le problème c'est que je vais sourire quand ça ne va pas. Je vais sourire parce que je ne veux pas qu'on s'inquiète. Même quand je pleure. Même quand j'ai mal.

Ne fais pas comme moi. Ne souffre pas en silence, ça ne ferait qu'empirer la peine.

La vérité c'est que j'ai peur. J'ai peur des autres et de moi. J'ai peur de ne pas être à la hauteur. Sauf que je ne sais pas quelle hauteur doit être atteinte.

...

C'est dur d'être moi. Je suis comme un fantôme, les autres glissent et ne me voient pas. C'est fait exprès, bien sûr, si on me voyait ce serait un peu bête. C'est l'inverse de mon job ! Invisible, silencieuse, simple ombre à peine perçue. C'est pour ça que beaucoup doutent de ma présence.

Qui suis-je ? On s'en fiche en vérité.

Et toi ? Qui es tu ? Non, en fait ça ne m'intéresse pas ça. Es tu la personne que tu voudrais ? Dis oui, dis oui, dis oui !! S'il te plaît !!! Ou dis moi que ce sera bientôt le cas ! J'aimerais bien que tu sourie et rie comme moi. Trop.

Respire.

Regarde.

Écoute.

Tu n'es pas morte, tu vois ?

Je ne t'ai pas abandonnée, je suis toujours là. Je serais toujours là, ça marche ? Tu ne seras plus seule. Je t'aiderais à trouver ta route, rassure toi. Tout ce qui s'est passé avant, est passé. Tout ce qui se passera après, c'est toi qui en aura décidé.

Moi, je me charge du reste. Laisse moi les larmes, les cris et la douleur. Laisse moi tout ce qui est trop lourd. C'est mon rôle de te soulager de ta peine. Je suis ce truc, ce réceptacle qui s'occupe de tes émotions, de ce qui te forge.

Tu sais qui je suis, ça y est ! Pas vrai ?

Je vais juste m'endormir, tu vois ? Je suis un peu fatiguée maintenant que tu es de nouveau éveillée.

Je vais peut-être disparaître mais je ne m'envais pas.

Je reste là.

Sourie, je t'offre les couleurs de ton monde. Tu pourras peindre ta vie avec ça.

Ne t'inquiète pas, va... Je ne te quitterai jamais, parole d'âme.

Rêves LucidesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant