15. Le parallélisme

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     Comme mes parents travaillaient et ne semblaient de toute manière pas emballés à l'idée d'aller chercher Agathe à la gare, j'y suis allé tout seul. Le réveil à neuf heures a été difficile, j'avais une gueule de bois pas possible faute du rosé pamplemousse d'hier. Je savais que j'aurais dû rester au jus d'ananas, c'était une valeur sûre. J'avais pris mon mardi pour m'occuper de ma petit Agathe, et quand je suis passé devant le supermarché pour me rendre à l'arrêt de bus qui allait jusqu'à la gare, je n'ai pas manqué de narguer Clarisse et Véro qui semblaient subir leur journée de boulot. Elles m'ont insulté de bon cœur.

En attendant mon bus, j'ai sorti mes écouteurs pour écouter de la musique.

« Il y a un gosse assis à côté de moi. Ça fait une heure qu'il piaille. JE CRISE. » m'a textoté Agathe. « J'ai même pas pu écrire un chapitre ! ».

« Raconte lui un de t'ai Drarry», lui ai-je répondu.

« Il y a sa mère à côté –' ça l'a fout mal si je raconte à son gosse comment Drago aime prendre soin d'Harry juste avant un match de Quidditch . »

« Sa lui apprendra la vie. »

« Grave, 2020, fini les mamans coincées. »

- C'est Eminem qui te met de si bonne humeur ?

J'ai sursauté et ai retiré un de mes écouteurs pour vérifier que c'était bien à moi que cette phrase était adressée.

J'ai relevé mon regard et je suis tombé nez-à-nez avec une Léontine toute pimpante.

- Oh, euh, oui. Enfin, non... , ne suis-je surpris à bégayer.

Ça a eu le mérite de la faire rire.

- Désolée, je t'ai surpris. Tu vas où comme ça ?

- À la gare, je vais chercher ma copine Agathe.

- La fameuse.

- Oui, ai-je souri.

Léontine est venue s'asseoir à côté de moi sur le banc de l'arrêt de bus.

- J'organise une petit soirée piscine chez moi ce soir si tu veux venir, tu peux y emmener Agathe aussi. J'aimerais bien la rencontrer.

Je l'ai remercié pour son invitation.

- Il y aura beaucoup de monde ?

- Moins qu'à la soirée que j'avais faite au début de l'été, enfin j'espère... Donc vous viendrez ? s'est-elle enquis.

Je n'ai pas osé le lui dire, mais l'idée de passer une énième soirée à regarder Lou et Sami-ffraie se bouffer littéralement la bouche ne me donnait pas du tout envie. J'avais assez donné en tant que spectateur. Pour ne pas paraître impoli, je lui ai promis que j'allais en parler à Agathe et que j'allais lui envoyer un sms dans l'après-midi pour la tenir au courant. Cette réponse a eu l'air de lui convenir. Mon bus est arrivé à cet instant.

- À ce soir, alors ! m'a salué Léontine. J'ai hâte de rencontrer Agathe !

J'ai levé les yeux au ciel.

- On verra !

         En arrivant à la gare, je me suis perdu trois fois, jusqu'à me retrouver dans les toilettes pour dames, avant de trouver le quai où le train d'Agathe allait s'arrêter. Lorsque le train est entré en gare, j'ai cherché des yeux la petite rouquine à travers les fenêtres. Même un myope comme Lou n'aurait pu la louper : elle avait collé son visage à l'une des vitres et agitait ses bras dans tous les sens. Dans la même position, à côté d'elle, un petit garçon faisait des grimaces.

La Métaphore du CaméléonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant