1| Cloches(L xreader)

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Le vent faisait violemment s'écraser le visage de Ryûzaki, ramenant de la pluie dans la noirceur de ses cheveux. 
Il restait là, immobile, les yeux fixé vers les nuages aussi sombre que ses cheveux. La pluie lui tombait sur son visage pâle ainsi que sur son t-shirt blanc qui collait à son torse et le gênait légèrement. Ses mains restaient dans les poches de son jean bleu, lui aussi mouillé. 

Près de la porte, tu étais là, appuyée contre un des piliers, tenant de tes mains gelées le métal trempé qui composait ce sur quoi tu étais appuyée. Ton regard allait droit au visage de Ryûzaki, lui qui levait le sien vers les cieux, comme si quelque chose l'avait appelé et qu'il cherchait à savoir qui. 

"Ryû', tu l'appelas, viens te mettre à l'abri !

Le noiraud tourna la tête vers toi et, avec son meilleur air innocent, plaça sa main derrière le lobe de son oreille pour faire comme s'il ne t'avait pas entendu.

- Viens dépêches toi! Hurlas-tu en entourant ta bouche de tes mains glacées.

Ton aîné, voulant te forcer à venir te mouiller sous la pluie, resta immobile, sa main coincée derrière le lobe de son oreille. Alors, dans un soupir, tu te dirigea vers le jeune homme, prête à le tirer en dessous de l'abri.

- Pourquoi tu ne rentres pas ? 

Ta voix arrivait à peine à arriver aux oreilles du garçon, et cela pour une chose:

- N'entends-tu pas les cloches ? Demanda-T-il en relevant son menton vers le ciel nuageux, elles sonnent fort aujourd'hui.

- Tu es sûr que tu dors assez ? 

Ta question fit rire Ryûzaki qui abaissa légèrement son regard vers toi pour te sourire.

- Bien évidemment. Mes nuits se résument à deux ou trois heures mais elles me suffisent. Mais ne les entends-tu pas ? Je les entendais depuis le bas de l'immeuble. Tu devrais toi aussi.

Il redirigea son regard vers les cieux, laissant le vent combler ce petit moment de blanc. 

Cette histoire de cloches t'inquiétait. Est-ce que Kira avait trouvé un moyen de le tuer ? Si c'était le cas, le traître devait être parmi eux dans ce cas.

- T/P, lâcha-T-il pour combler le blanc, si jamais je meurs, je veux que tu me promettes quelque chose.

Il se tourna vers toi en attrapant subitement tes mains qui étaient le long de ton corps. Son regard se planta dans le tien. Même s'il semblait vide, tu sentais qu'il était sincère. 

- Si je meurs, je veux que tu surveilles Light et que tu arrêtes Kira. Je place en toi toute ma confiance. J'ai besoins de quelqu'un comme toi qui comprennes ça. 

- Oui... Je ne comptais pas m'arrêter... Encore moins si tu deviens une de ses victimes. 

Un nouveau petit sourire orna le visage du noiraud pendant qu'il te regardait.

- Mais... Rentrons avant que tu n'attrapes un rhume." 

Une de tes mains fut lâchée par le détective, mais l'autre resta entre ses doigts alors que celui-ci te tirait à l'intérieur. Dans le hall, la chaleur fut immédiate. Une vague t'arriva en plein visage et un éternuement t'échappa à cause du changement soudain de chaleur. Ryûzaki, qui était quelques marches plus bas que toi, se tourna vers toi en t'entendant éternuer et te força à t'asseoir sur le bord d'une des marches gris perle.
Il lâcha ensuite ta main et s'éloigna, muet comme une carpe, des dizaines de marches plus bas. Tu le regardais avancer, tout aussi silencieuse que lui, jusqu'à ce que celui-ci ne tourne une fois arrivé à un palier.

Tu tournas alors la tête pour te perdre dans tes pensées. Pourquoi te parlais-T-il de sa mort, et surtout, pourquoi maintenant ? Pourquoi lorsque ton cœur avait décidé de battre pour lui maintenant et pas plus tôt ? Pourquoi lui et pas Light par exemple ? Non, pas Light. Matsuda ? Non plus. Ton cœur a fait son choix: il bat pour Ryûzaki.

Une petite dizaine de minutes passa et tes éternuements n'ont pas cessés. Tes mains se sont même mises à frotter tes bras recouverts de ton pull trempé. 
Mais, comme un héro, Ryûzaki pointa le bout de son nez sur le palier sur lequel il avait  disparu juste avant. Dans ses mains, il tenait une couverture, et sur sa tête une serviette blanche qui empêchait ses cheveux de prendre du volume. Son regard était fixé sur toi, tout comme le tiens qui était fixé sur lui. 
Le détective s'installa à ta droite et enroula la couverture autour de tes épaules, puis te sécha les cheveux, frottant tout doucement ton crâne.

"Tu n'as plus froid maintenant ? T'interrogea-T-il en reprenant la serviette sur ses genoux.

- No- Un éternuement te coupa la parole et tes mains se placèrent automatiquement devant ta bouche pour éviter une situation gênante puisque tu regardais toujours Ryûzaki.

- Ne me ment pas." Dit le détective de manière autoritaire.

Il n'attendit d'ailleurs pas ta réponse pour t'enrouler dans ses bras et te frotter le dos avec la couverture pour te réchauffer. Ce geste t'aida bien à te réchauffer, mais pas à cause de la couverture. Plutôt à cause de ce contact soudain. Tu sentais tes joues te cramer et ton cœur s'accélérer dans ta poitrine étouffée contre le torse de Ryûzaki. Lui, semblait ne rien remarquer, du moins, c'est ce que tu croyais. 
Au dessus de toi, il avait les joues légèrement rougies. Il ne voulait pas mourir, comme tout être humain. Il voulait envoyer Kira à l'échafaud, mais bizarrement, il ne voulait pas partir loin de toi. Il ne voulait pas te rendre triste. Et c'est aussi pour cela qu'il veillait sur toi comme un grand frère. Il n'aimait pas le contacts humains, mais celui-là le faisait se sentir bien, même si triste.
Il allait mourir. Il le savait. Mais rien ne pouvait empêcher cela, pas même la pitié inexistante de Kira qui allait prendre un malin plaisir à le tuer et rire de son triomphe.

Et toutes ses pensées, comme il les gardait bien enfouies dans son cœur, tu ne le voyais pas. Pour toi, cet amour était à sens unique. Pareil pour Ryûzaki qui doutait de ton empathie. 

"T/P, murmura-T-il à proximité de ton oreille, je te fais confiance pour la suite. Je... Vais bientôt quitter ce monde. Je le sais et je le sens. Mais promets moi une chose.

Vos regards se croisèrent immédiatement après cette demande de promesse.

- Oui ? 

Ta voix était tremblante, sûrement à cause de la proximité entre vos deux visages.

- Promets moi de m'aimer, même après ma mort."


DEATH SHOTWhere stories live. Discover now