Chapitre 12 Impuissance

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- On y arrivera Maddie. Toi et moi ensemble.

Je veux être sur de moi, réconfortant mais la note suppliante dans  ma voix, je déteste. 

Je veux y croire. Je ne veux pas envisager...ce que je lis dans ses yeux.  Je fais sans réfléchir un pas de plus vers elle et sa main  effleure sur mon épaule avant  qu'elle ne pose brièvement sa tête contre mon torse.  L'espoir renait en moi.  Puis elle recule un peu et me regarde. Je me perds dans la profondeur de ses grands yeux tristes.

- Merci Cameron. Si je dois avoir un enfant... un jour, j'aimerais que ce soit avec toi. Mais...

Elle remue tristement la tête. Je recule encore un peu. J'ai froid. J'ai mal.  

Elle veut dire quoi là ? 

Soudain je crains de comprendre.  La fureur m'envahit.

- Tu veux avorter ?

Le mot est dit. Je l'ai craché.

- Je ne veux pas. Je n'ai pas d'autres choix.

- Si ! 

J'ai crié. Elle doit comprendre.  On peut le faire. Je réfléchis très vite à toutes les autres possibilités. Elle n'a pas le droit de ....Je secoue la tête et poursuis. 

- Je t'offre un autre choix. Ensemble on peut y arriver. On trouvera l'argent. Je travaillerais et tu étudieras. Je le garderai pendant tes cours et le soir aussi. 

J'ai haussé le ton.  J'ai peur. Comme je n'ai jamais eu peur. Je ne cherche pas comprendre pourquoi ce futur bébé  donc j'ignorais l'existence il y a dix minutes est si important. Elle ne peut pas. Elle n'a pas le droit !   Je secoue la tête lorsqu'un fait  évident m'apparait avec clarté : je suis l'homme et donc je n'ai aucune prise sur cet embryon, ce morceau de moi. 

Si elle veut le faire...disparaitre je n'ai pas mon mot à dire. 

 Sauf maintenant. Je veux tellement la convaincre.

- Cameron ! Calme-toi. On va réfléchir. Mais un bébé demande du temps, de la tendresse. De la patience. Éduquer un enfant n'est pas que...acheter de couches ou faire du babysitting. C'est aussi... être fatigué, stressé, attentif, occupé, présent pour lui. Responsable.

Dans sa voix, je devine une blessure secrète. Une blessure d'enfance. J'ai deux parents aimants et attentifs. Maddie a été ballotée entre sa mère et son père. Elle ne parle jamais de sa maman et je me demande si une partie de ses peurs ne vient pas de ce qu'elle a vécu à Los Angeles avec elle. Avant son arrivée.

Un silence s'installe. Je ne sais plus que dire. Comment lui dire. 

La porte s'ouvre. On se retourne en même temps. C'est M. Banning. Il semble gêné. Autant que nous. Il s'avance et je vois qu'il me tend mon portable.

Comment l'a-t-il eu ? C'est pas possible je l'avais sur mes genoux quand...

Mon regard incrédule passe de lui à Maddie. Elle incline légèrement la tête comme pour me dire oui.

Merde. Il sait.

- Je vous rends votre bien, M Myers. Et je suis là si vous avez besoin de parler tous les deux.

Silence gêné. Je regarde par la fenêtre.

- Bien. Comme vous voulez. Je vous conseille juste de réfléchir. De prendre votre temps et d'en parler à un adulte de votre choix.

Maddie aquiesce de la tête, sans un mot.  Elle est rouge. Rapidement elle  ramasse ses affaires et je saisis mon sac prêt à la suivre. Nous n'avons pas fini de discuter. Il est hors de question qu'elle m'échappe. 

Au dernier moment, sur le pas de la porte, je me retourne, hésitant,  vers mon professeur de Biologie.

- Merci pour votre conseil, M Banning. Je vais le suivre. Nous allons le suivre. 

°• Quand la théorie ne suffit pas •°Where stories live. Discover now