Prologue - Flambé

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Pourquoi fallait-il toujours qu'il meurt ? Même s'il revenait à la vie, n'était-ce pas injuste qu'une personne le tue à chaque fois pour qu'il puisse revivre encore et encore ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement fait de lui un être immortel ?

D'apparence calme, je combattais intérieurement mes tourments par des questions auxquelles je connaissais déjà les réponses. Mais il me fallait un coupable, quelqu'un à qui en vouloir.

Assise sur la terre devenue visqueuse, j'avais l'impression de m'enfoncer de plus en plus dans le sol terreux de la forêt. Comme si celle-ci voulait m'engloutir vivante. Je me sentais petite, très petite au milieu de cette immense verdure.

Mes jambes, repliées sous mes fesses étaient engourdies à cause de mon immobilité. Épuisée, je ne souhaitai que me reposer près du corps allongé devant mes yeux.

Cela faisait des heures que je l'observai, le teint pâle et les yeux fermés, il souriait. Je me rappelai encore des dernières paroles qu'il avait prononcé.

« Je t'aime et t'aimerais toujours. Même après la mort. Ne l'oublie jamais, petite sœur. »

Le ciel grondait. Une cacophonie détrôna le silence. Mes larmes se mélangèrent à la pluie battante. Les Dieux effaçaient mes pleurs me signifiant par la même occasion qu'il était temps de se relever.

Je fermai les yeux un instant et respirai un bon coup pour me donner du courage. D'un geste qui devenait habituel, je pris la chaîne encerclant le cou du défunt. A mon contact, le cristal d'un rouge brûlant pendant au bout du collier devint bleu et froid. Je l'accrochai à mon cou puis laissai ses pouvoirs m'envahirent.

Je tremblai. De froid. De peur. De tristesse. De désespoir. De colère. Mon cœur saignait encore une fois et seuls les Dieux étaient témoins de ma douleur.

Après plusieurs tentatives, je réussis à tenir sur mes jambes. Comme par magie, la pluie diminua son intensité jusqu'à disparaître complètement.

Stable sur mes pieds, je me rendis enfin compte des autres corps éparpillés aux alentours. Je n'entendis aucun battement de cœur… mis à part le mien qui tapait furieusement contre ma cage thoracique.

Il fallait que je brûle tout, sans laisser aucune trace, sachant que la pluie avait bien aidé à dissiper le sang. Je me hâtai et pris le briquet se trouvant dans le pantalon de mon frère. Dans le pantalon du corps de mon frère.

Puis me dirigeai vers la voiture que nous avions empruntée pour venir dans la forêt afin de prendre le bidon d'essence. J'en versai aveuglément partout puis laissai tomber le briquet portant une belle flamme. L'embrasement fut immédiat.

Brûlant. Chaleureux. Cuisant.

Le feu semblait se réjouir d'avoir été libérée. Il dansait et virevoltait au gré du vent. C'était presque amusant de le voir jouer ainsi. Je n'étais pas inquiète pour la forêt, les Dieux feront tomber la pluie avant que le feu ne se propage trop loin.

Une purification des corps par le feu. C'était mon boulot. Pendant que mon frère combattait les êtres surnaturels. 

Un papillon passa devant moi puis s'installa sur mon épaule droite. Sur un fond blanc, des rayures noires se dessinaient sur les ailes antérieures et des points bleus recouvraient la partie basse des ailes postérieures. Un petit arc orange au milieu du papillon venait agrémenter son embellissement. 

Je levai ma tête vers le ciel et souris avec tendresse.

« A bientôt, grand frère. »






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