Chapitre 34

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Je suis seule avec le proxénète et j'essaye de me défendre avec les moyens que j'ai.

- Monsieur, je vous en supplie, je n'ai pas voulu ça, il m'a forcée. Laissez-moi partir !

Il respire et me dévore en plissant ses lourdes paupières, j'espère qu'il ne va pas me sauter dessus.

- C'est Yaël ton prénom ? Hein ?

- Non, c'est Gabrielle, je suis la femme de Durand. S'il vous plait, téléphonez à mon père, je vous donne son numéro en France. Il a raconté des mensonges, il veut se venger de moi.

- Et bien, ma belle, tu en as de l'imagination...

- Je vous en supplie, téléphonez et vous serez récompensé !

- Je suis déjà récompensé avec toi. Je n'ai pas eu de nouvelles filles depuis des mois, je vais te vendre cher.

Des larmes coulent sur mes joues et, il fallait s'y attendre compte tenu de la situation, je commence à hyperventiler... Il voit mon état et me saisit le bras pour m'entrainer vers une chambre du couloir.

- Durand m'a dit que tu fais des crises, mais que tu es capable de les maitriser, je te préviens que si tu ne te reprends pas rapidement, je vais te faire passer ça à coup de tranquillisants pour chien !

Il ouvre une porte et me jette à l'intérieur. Je tente de faire mes exercices de respiration quand il continue :

- Je reviens dans dix minutes, si tu n'es pas calmée, je t'injecte une bonne dose !

Il m'enferme à clé et étrangement, pour une fois, je me sens en sécurité. Le lit semble fait avec des draps propres, il y a un petit miroir et une douche dans la pièce. Je m'assois et arrive doucement à reprendre mes esprits. Je ferme les yeux et imagine que je suis ailleurs, peu à peu je me détends. Enfin, détendre est un bien grand mot compte tenu de ce qui se passe et je retrouve tout juste un peu de sérénité.

Mais qu'est-ce que je fais là ? C'est cauchemardesque ! Je me lève en oubliant presque mes douleurs et tente de voir s'il est possible de m'échapper. Je n'ai pas beaucoup d'espoir, mais cela me rassure de chercher. Il n'y a évidemment rien pour servir de levier, les fenêtres sont clouées... Il y a une petite penderie que je finis par ouvrir. Je n'aurais pas dû, je tombe sur une collection d'objets sexuels très explicites, des fouets, des menottes... Je referme rapidement.

C'est à instant que la porte de la chambre s'ouvre sur Rodrigue. Il s'amuse de voir ma tête et parle d'une voix autoritaire.

- Parfait, tu n'as pas fait ta crise finalement ! Comme quoi un peu de menaces, ça remet les idées en place.

Il me montre une seringue puis la jette sur une petite table, avant de s'approcher de moi. Je recule et il me bloque en me posant une main sur les fesses et une autre sur mes seins.

- Ma belle, finalement, tu me tentes bien. Je vais voir ce que tu vaux au lit.

Je suis plaquée contre son ventre et son odeur de transpiration me donne la nausée. Je tourne la tête au moment où il veut m'embrasser. Aussi il me force en me tirant les cheveux, sa poigne est si forte que je me mets à crier lorsqu'il écrase sa bouche sur moi, heureusement pour moi, il n'y reste pas longtemps...

- Tu me parais bien loquace et bien agitée, je vais te faire la piqure finalement, je pourrais te prendre comme il faut.

Je me débats quand il me traine vers la table et qu'il saisit la seringue. Il me serre si fort les poignets que mes doigts deviennent rouges et gonflés. Je supplie, je dis des "non", mais cela le motive encore plus. Il veut me droguer et abuser de moi maintenant ! Au moment où il lève l'aiguille en évitant mes assauts, un homme pénètre dans la chambre et lui parle en anglais :

- Rodrigue ! Il faut que tu viennes au bar.

Il se retourne très agacé, mais ne me lâche toujours pas.

- Quoi ? Tu vois bien que je suis occupé avec la nouvelle !

Je gesticule dans tous les sens, et d'un coup je parviens à me libérer de lui pour me cacher derrière le lit.

- Merde ! J'espère que c'est urgent !

- Oui, je crois, patron, on a un gros poisson qui veut parler avec toi !

- Si jamais, je me déplace pour rien, je vais te le faire payer. Elle commençait à me faire bander...

Il se plante devant moi un doigt dans ma direction.

- Tu ne perds rien pour attendre. Je vais te faire essayer tous les objets du placard dès que je remonte...

Il se lèche les lèvres avant de s'essuyer son front en sueur d'un geste de sa grosse main et repart avec la seringue.

Ça a été moins une, il ne faut pas que je reste ici, je me précipite vers la porte, et tente de la défoncer à coup de pied. Elle ne bronche pas, si je pouvais la bloquer de l'intérieur, je pourrais gagner du temps. J'avance vers le lit et commence à vouloir le pousser, mais il parait soudé au sol tellement il est lourd. Alors je prends la table et la déplace quand j'entends des pas dans le couloir.

Mon Dieu ! C'est trop tard ! Je n'ai pas pu bloquer la porte et je me réfugie le plus loin possible, j'utilise les rideaux pour me cacher, mais lorsque la porte s'ouvre, à l'évidence ma dernière heure est bel et bien arrivée. Mon cœur s'accélère et je sens mes veines se gonfler sur mes tempes, une migraine se pointe par la même occasion. Rodrigue avance dans la pièce sombre et pousse en jurant la table qui est devant lui.

- Toi, viens ici !

Mais je ne bouge pas, je suis prostrée et essaye de glisser vers le sol. Je suis comme un animal sauvage pris au piège. Le proxénète se tourne alors vers le visiteur qui entre aussi dans la chambre. Ils sont tous les deux en contrejours et il lui parle en anglais avec une petite voix mielleuse tout en se frottant les deux mains.

- Voici, la nouvelle, c'est une juive ! Elle est garantie sans maladies, mais elle est un peu farouche. Si vous voulez, je peux lui administrer un calmant.

Je suis apeurée, et je tremble comme une feuille, mes dents s'entrechoquent comme si j'étais dans le froid de l'hiver. L'homme ne dit rien, mais donne une liasse de billets à Rodrigue en lui faisant signe de nous laisser seuls. Nous sommes dans la pénombre, il est devant moi et s'avance. Aussi, je me mets à parler une main vers lui en espérant qu'il pourra me comprendre.

Ma voix monte dans les tours.

- Monsieur, je vous en prie, j'ai été enlevée, je suis française, appelez mon père et il vous récompensera. Je suis Gabrielle Durand...

Il s'avance en me faisant un signe de tête, il me répond à voix basse, une voix à peine audible tant je suis bouleversée. Je me mets à pleurer, et je tente quelques mots en anglais. Des "help me", "please", "I'm french"...

Mais, il ne me laisse pas le temps de continuer, ses poings se referment doucement sur eux, et soudain, dans un bond, il se jette sur moi...

MB MORGANE - Trois jours et deux nuits [terminé] #Wattys2020Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu