Chapitre 15

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À son réveil, il n'eut pas le temps de se poser de questions. Les molosses de l'autre bâtiment le cueillir dès la sortie de sa chambre. Ils lui prirent une partie de ses valises sans plus d'explications. Comme il avait vu sa tante faire à mainte reprise, il leur adressa un franc sourire et un petit mot gentil. Il refoula à grande peine l'angoisse qui montait. Une nouvelle étape dans sa vie se jouait. Il ne connaissait toujours pas les règles de cette nouvelle vie.

Ils parcoururent le couloir étrangement vide. Perdu dans ses pensées, il sursauta quand on l'appela. Bruno leur barrait la route. Il avait une rage dans les yeux qui lui fit froid dans le dos. Il sentit les hommes qui l'entouraient se tendre. Il lui transmit un petit sac. Cela ressemblait à un petit-déjeuner à emporter. Son geste toucha Stéphane. Il repartit aussi vite qu'il était apparu.

En sortant, il jeta un regard au carré potager qui allait de nouveau mourir sans lui. Toute cette énergie dépensée, n'aurait-elle servi à rien ?

Il se souvint que grâce à cette activité, il avait pu se rapprocher des gens. Il s'avoua qu'il avait même pu aider des gens avec. Si aujourd'hui les plantes devaient mourir, les heures passées dans cet endroit avaient amené de belles graines qui, il l'espérait, germeront dans le cœur des autres.

Ils traversèrent pour rejoindre le bâtiment d'en face. Les allées regorgeaient de fleurs plus jolies les unes que les autres. Un doux parfum se répandait autour d'eux. Le cadre était vraiment beau. Sur une plaquette cela devait faire son effet. Rien ne pouvait refléter la vérité que cachaient ses immondes blocs de béton. Stéphane soupira en entrant dans ce nouvel endroit. Il était aussi moche et peut être même plus délabré que le précédent. Une odeur forte de javel fraichement diluée lui prit à la gorge. Dès le matin le ventre vide, ce n'était guère sympathique.

Ils montèrent également au dernier étage. Cette fois sa chambre se trouvait en plein milieu du couloir qui ressemblait à s'y méprendre au couloir qu'il venait de quitter. Sa nouvelle chambre était encore plus petite que celle qu'il quittait. Elle comportait un lit une table de chevet, un petit placard et une salle d'eau.

Le placard déborda vite de ses affaires, même en étant ingénieux, il n'avait clairement pas assez de place pour tout ranger. Il dut se résoudre à laisser ses affaires de dessins dans une valise sous son lit. La pseudo salle d'eau, ne contenait que de quoi se soulager et se laver vite fait les mains. Il sortit en quête du reste des pièces.

Les douches se trouvaient dans une pièce commune. Avec de nouveaux sanitaires, elles étaient au fond du couloir. Il s'agissait d'une pièce commune séparée en deux : d'un côté les toilettes, desquels il avait vu sur le mur et d'immondes barbelés ; de l'autre côté, des douches s'alignaient. Il en compta une dizaine. Elles étaient fermées sans ventilation, si bien que la moisissure se développait partout. Elles ne donnaient clairement pas envie de se doucher. Il se demanda même s'il ne ressortirait pas plus sale après avoir pris une douche. Un frisson d'horreur le parcourut.

Il retourna dans sa chambre. Cette disposition permettait d'aligner plus de chambres et donc plus de patients. De ce qu'il avait compris, les règlementations faisaient qu'il ne pouvait y avoir deux patients dans la même chambre. Il était connu que chaque patient était différent et devait être traité à part. Il aurait au moins ça, un peu d'intimité ?

Il fut déçu de ne pas croiser Marion. Il avait espéré, il avait même prié un dieu qu'il ne reconnaissait pas, toute la nuit pour la voir. Un visage familier dans cette nouvelle péripétie n'aurait pas été pas un luxe.

— Alors c'est toi le petit nouveau. Elle avait raison Marion. Tu es plutôt mimi, lui dit franco la première soignante qui entrât dans sa chambre une fois qu'il eut fini son rangement.

Les Roses SéchéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant