Chapitre 25

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— Alors cette première nuit ? le sorti de sa torpeur son copain de chambrée.

Stéphane avait dû se rendormir sur le petit matin, car le jour entrait désormais dans sa chambre. Quelques secondes lui furent nécessaires pour se remémorer où il était et pourquoi une armoire à glace tatouée était penchée sur lui et le fixait longuement.

— Longue, soupira-t-il en essayant de se désincruster du matelas. C'est quoi le planning de la journée ?

— S'ennuyer ! Enfin tu peux aller te promener, mais je te le déconseille vivement et surtout pas sans moi, gronda Boss.

Ses yeux étaient on ne peut plus sérieux. Stéphane allait lui balancer qu'il en avait marre qu'on pense pour lui quand l'homme continua ;

— Tu es jeune, tu es plutôt mignon. Il y en a plus d'un qui risque de ne pas savoir se tenir. Alors tu me fais le plaisir de ne pas sortir sans moi.

Il ne sut quoi répondre. L'homme avait le mérite d'être explicite. Une vision d'horreur s'invita dans son esprit, mais il la repoussa avec force. Il resterait sagement près de l'homme.

— Du coup il ne te reste qu'à méditer sur tes mauvaises actions ou finir mon dessin, se frotta-t-il les mains dans un sourire radieux.

— Ça, je sais faire, répondit Stéphane. Et le petit déjeuner ?

— Servi à la cantine. Au fait, je me suis pas présenté correctement hier, scuse moi. Je suis un rustre. Je suis Thomas, mais je me fais appeler Boss. Ça fait plus classe dans le milieu, ponctua-t-il d'un clin d'œil complice.

— Enchanté, moi c'est Stéphane.

— C'est long, bouda Boss, Stèph c'est mieux.

Il ne répondit rien, c'était toujours mieux que Princesse. L'homme le laissa reprendre son activité, mais rapidement il ne put s'empêcher de lui parler, comme si cela lui manquait trop et lui démangeait la langue.

— Dis, si t'étais pas là, tu ferais quoi ? commença l'homme, vautré dans son lit.

— Je ne sais pas, répondit Stéphane, peu enclin à discuter d'un sujet aussi sensible, surtout dans un endroit pareil. Je passerai mon bac et je chercherai quoi faire.

— Tu n'as pas trop à chercher, lui dit Boss, dessinateur c'est évident.

La simplicité de la réponse dérangea Stéphane. Étonnement pour lui, ce n'était pas évident. Dessinateur, ce n'est pas un métier, mais une passion. Et on ne fait pas de sa passion un métier. Se faire payer pour des choses qu'il ferait avec plaisir ? Et puis qui voudrait de ses dessins ? Il ne faisait que reproduire ce qu'il voyait, aucune imagination là-dedans. Ces pensées naviguèrent, s'entrechoquèrent même. Il n'avait pas pensé à son futur depuis un long moment.

Son temps de réflexion avait été trop long, une main s'agita devant ses yeux focalisés dans le vague.

— Et mec t'es parti ? Çà te mine tant que çà d'être là ? Déjà ?

— Non, c'est juste que je n'ai pas encore choisi ma voie, murmura-t-il. J'ai l'impression que je n'en aurai pas.

— T'avance pas trop, un mec comme quoi aura un futur. T'inquiète pas pour ça. Choisis-le et construis-le, pour tous ceux qui n'auront jamais cette chance.

Une petite voix dans sa tête murmura : deviens un modèle ? Montre l'exemple, sois un professeur. Plusieurs idées s'emboitèrent soudain dans son esprit. Il utilisait l'art pour aller mieux. Il avait navigué dans les eaux sombres de son âme. Un mot s'alluma dans son esprit : thérapie par l'art.

Les Roses SéchéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant